Semi-conducteurs : les acteurs européens appellent à un Chips Act 2.0

Semi-conducteurs : les acteurs européens appellent à un Chips Act 2.0

Lobbying de rentrée

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Semi-conducteurs : les acteurs européens appellent à un Chips Act 2.0

Les acteurs européens des semi-conducteurs appellent Bruxelles à rapidement poser les bases d’un nouveau plan de soutien à l’industrie. Un « Chips Act 2.0 » sans lequel l’Europe n’arrivera pas, selon eux, à atteindre l’objectif fixé de 20 % de parts de marché à l’échelle mondiale d’ici 2030.

Réunis au sein de l’ESIA (European Semiconductor Industry Association), les acteurs européens de l’industrie des semi-conducteurs ont publié lundi un rapport en forme de cahier de recommandations destiné aux institutions européennes, relayé par Reuters. Avec comme fil rouge un message clair : l’industrie européenne n’arrivera pas à tenir son rang sur la scène internationale, et donc à atteindre l’objectif de 20 % de parts de marché à l’échelle mondiale d’ici 2030, sans un soutien politique plus affirmé. L’association appelle ainsi de ses vœux la mise en œuvre rapide d’un Chips Act 2.0, qui fixerait et encadrerait la politique européenne sur la mandature 2024 - 2029, dont les bases sont en train d’être posées à Bruxelles, suite à la réélection d’Ursula von der Leyen.

L’association, qui réunit notamment Infineon, STMicroelectronics, ASML ou NXP ainsi que plusieurs instituts de recherche comme le Fraunhofer ou le CEA-Leti, prend la parole deux ans après le vote, à Bruxelles, d’un Chips Act pensé pour déclencher jusqu’à 45 milliards d’euros d’investissements sur le Vieux Continent. Un effort qualifié de « fondamental », mais qu’il appartiendrait désormais aux institutions de prolonger « pour ne pas perdre l’élan ».

Une politique holistique de soutien à l’industrie

Pour y parvenir, l’ESIA réclame aux institutions européennes de prioriser les problématiques de ses membres dans l’ensemble des politiques et donc des réglementations susceptibles d’avoir un impact sur l’industrie. « Des politiques contradictoires et de nombreuses exigences administratives empêchent l’industrie européenne des semi-conducteurs d’être compétitives au niveau mondial et donc de contribuer à l’objectif global de l’Union européenne en matière de résilience de la chaîne d’approvisionnement », estime l’association.

Elle appelle ainsi en premier lieu à une politique incitative, basée sur un assouplissement des contraintes réglementaires liées aux projets d’installation de nouvelles usines, ainsi qu’au renforcement et à l’accélération du régime d’aides financières. L'ESIA invoque dans le même temps le rôle crucial de son industrie dans la transformation de la société et la réponse aux enjeux de transition, pour demander une souplesse supplémentaire en matière de contraintes environnementales.

Alors que la nomination des futurs commissaires européens se prépare en coulisses à Bruxelles – avec une possible reconduction de Thierry Breton au marché intérieur – l’ESIA demande par ailleurs à l’Union européenne d’accélérer la mise en place des instances de gouvernance dédiées, l’Alliance for Processors & Semiconductor Technologies et le European Semiconductor Board. Sur ce volet, elle requiert également la création d’un poste de représentant permanent de l’industrie à Bruxelles, et le renforcement des ressources dédiées à ce domaine d’expertise au sein de la commission.

Une approche « positive » de la sécurité économique

Autre motif d’inquiétude : la politique commerciale adoptée par Bruxelles au nom de la sécurité économique. Sur ce sujet, source de tensions géopolitiques récurrentes entre l’Europe, la Chine et les États-Unis, l’ESIA appelle à une approche « positive », en rappelant que la complexité de sa chaîne d’approvisionnement et ses modèles économiques exigent un accès sans restriction au marché mondial.

« Un modèle d’affaires valide démarre souvent à partir de 500 millions d’unités pour des composants de haute qualité. Le marché européen à lui seul ne peut répondre à une telle échelle », argue l’association. Plutôt que d’adopter des mesures protectionnistes, elle suggère donc aux instances européennes de faire du développement de nouveaux partenariats commerciaux avec les États-Unis, le Japon ou la Corée des priorités stratégiques d’ici 2029.

Lutter contre la pénurie de talents

Outre le renforcement des mécanismes de soutien à l’innovation, l’ESIA tire enfin la sonnette d’alarme quant à la pénurie programmée des talents. « Les experts prédisent qu’il manquera 350 000 employés dans l’écosystème européens des semi-conducteurs d’ici 2030, écrit l’association. Un scénario basé sur le statu quo entraînerait de graves lacunes dans le fonctionnement des sites de fabrication et, tout aussi important, dans la conception des futures innovations en matière de semi-conducteurs ». Sur ce volet, l’association appelle à une plus large coopération entre institutions et États membres, dans l’optique de lancer une véritable stratégie européenne de promotion et de formation aux métiers de l’industrie.

Commentaires (8)


La société Brets promet d'intensifier sa production locale de chips.
Même les fabricants de chips ont besoin de semi-conducteurs :o)

Alexandre Laurent

Même les fabricants de chips ont besoin de semi-conducteurs :o)
Il est encore temps de sauver Vico

Alexandre Laurent

Même les fabricants de chips ont besoin de semi-conducteurs :o)
Et la patate est conductrice

Dj

Et la patate est conductrice
Mais elle conduit comme une patate, on donne le permis à n'importe qui.
Intel ne vient-il pas d'annoncer la fin de son projet en Allemagne (malgré de très généreuses subventions)? C'était il me semble le plus important des tous les projets européens...
Non, c'est juste en discussion pour l'instant, on connaîtra leur proposition qu'à la mi-septembre.
Ce qui me dérange ici, c'est qu'entre les lignes, on demande un genre de moratoire sur les contraintes environnementales pour les usines...
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