Les annuaires PagesBlanches ne seront plus distribués à partir de 2018
Une page se tourne
Le 11 mars 2016 à 08h21
5 min
Droit
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De moins en moins utilisés à l’heure d’Internet, les traditionnels bottins PagesBlanches ne sont aujourd’hui plus distribués qu’en province. Les célèbres annuaires vont même disparaître totalement d’ici 2018, suite au vote de la loi Macron.
Véritable fourre-tout, la loi « croissance et activité » ne vient pas uniquement délester Orange de son obligation de service universel, qui lui imposait jusqu’ici de maintenir au moins une cabine téléphonique par commune. Depuis l’entrée en vigueur de ce texte, en août dernier, le groupe Solocal – qui édite et distribue les célèbres annuaires PagesJaunes (pour les professionnels) et PagesBlanches (pour les particuliers) – peut officiellement distribuer ses bottins « sous forme imprimée ou électronique ». Et non aux deux formats, comme le prévoyait auparavant l’article L35-4 du Code des postes et des communications électroniques.
Au travers d’une question écrite transmise mardi au ministre de l’Économie, le député Thierry Lazaro s’est toutefois inquiété de cette réforme, qui met selon lui « en difficulté nombre de personnes, notamment âgées, qui ne disposent pas de connexion Internet à leur domicile et qui se trouvent donc dans l'impossibilité de rechercher un numéro de téléphone puisque ces annuaires ne leur sont plus distribués ». L’élu Les Républicains demande à Emmanuel Macron ce qu’il compte faire « pour mettre un terme à cette situation ». S’il semble guère réaliste d’imaginer que l’exécutif puisse revenir sur ce virage fraîchement entrepris, nous nous sommes néanmoins rapprochés de Solocal pour savoir ce qui attendait effectivement les Français dans les mois et années à venir.
Distribution partielle avant un arrêt total en 2018
« Pendant des années, nous avons été soumis à cette obligation de service universel, issue d'une directive européenne. Le gouvernement lançait un appel à candidatures, auquel répondait qui voulait – essentiellement PagesJaunes », nous a raconté Isabelle Lascombes, directrice des annuaires imprimés chez Solocal. « Nous avons ainsi été désignés pour répondre à cette obligation de service universel, qui consiste à acheter les listes aux différents opérateurs et à publier un annuaire universel des particuliers, pour le mettre à la disposition du public. »
La loi Macron a en fait simplement entériné un choix acté d’assez longue date par les pouvoirs publics, puisque aucun appel d’offres n’avait été lancé au titre de l'année 2015. L’éditeur des PagesBlanches continue malgré tout d’assurer une diffusion traditionnelle, tout du moins dans les territoires où cela reste rentable – soit dans plus de 80 départements de province et d’outre-mer. La distribution a plus précisément cessé l’année dernière en Ile-de-France (départements 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94, 95), avant de s'étendre en 2016 aux Alpes-Maritimes, aux Bouches du Rhône, à la Haute-Garonne, à l’Hérault, au Nord, au Rhône ainsi qu'à Saint-Pierre-et-Miquelon. « On en publie encore cette année, en 2017 et nous arrêterons totalement en 2018 » annonce Isabelle Lascombes.
Adapter la distribution aux besoins, de plus en plus tournés vers le numérique
Le groupe Solocal affirme avoir constaté, « avec l'évolution des technologies, des changements dans les usages, et notamment dans les régions les plus urbaines où l’on voit bien que les annuaires imprimés ne sont plus beaucoup utilisés ». De plus en plus de personnes effectuent dorénavant leurs recherches par l'entremise du site PagesJaunes.fr.
L’entreprise, lourdement endettée, avait d’ailleurs commencé à s’adapter à cette situation depuis quelques années en région parisienne : « Lorsque nous distribuions les PagesJaunes, nous mettions une information soit sur la couverture de l'annuaire, soit sur un petit flyer, pour que les gens qui souhaitent les PagesBlanches puissent se manifester et qu'on imprime des annuaires juste pour les personnes intéressées. » Résultat, entre 3 et 5 % des Franciliens ont réclamé leur bottin lors des éditions 2013 et 2014.
Une campagne semblable a été menée en province, pour les personnes vivant en maison individuelle. « Nous avons appelé 14 millions de foyers pour savoir s'ils étaient intéressés par les annuaires imprimés. Environ 70 % des gens nous ont répondu qu'ils voulaient recevoir leurs annuaires » explique la responsable des impressions. S’agissant des immeubles collectifs, une distribution systématique reste prévue (avec toutefois une « décote » : il y a moins d’annuaires déposés dans les halls que de logements).
Environ un euro par annuaire
Le coût moyen d’un annuaire ? Environ un euro, impression et distribution comprises. Le tout est dorénavant financé grâce aux publicités insérées dans le bottin. Ce qui rapporte toutefois moins que les célèbres PagesJaunes – qui répertorient quant à elles les numéros des professionnels. Cet annuaire-là continuera d’ailleurs à être diffusé sur l’ensemble du territoire, au moins à court terme, « parce qu’il est rentable et qu'il y a toujours un usage qui est plus important ».
Quand on lui demande ce qu’elle répondrait au député Lazaro, qui s’inquiète pour les personnes n’ayant pas les moyens ou la capacité de se servir d’Internet, Isabelle Lascombes rétorque : « Il faut savoir tourner la page ! Les usages évoluent très vite... Les personnes qui ont vraiment besoin du papier auront intérêt à garder la dernière édition qu'on publiera en 2017 (là où il y a encore des éditions papiers). Et après, de toute façon, si vous avez vraiment besoin d'un numéro, le service des renseignements téléphoniques restera disponible. » Un service qui demeure toutefois payant – et parfois même « exhorbitant », comme le dénonçait récemment 60 Millions de consommateurs.
Les annuaires PagesBlanches ne seront plus distribués à partir de 2018
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Distribution partielle avant un arrêt total en 2018
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Adapter la distribution aux besoins, de plus en plus tournés vers le numérique
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Environ un euro par annuaire
Commentaires (25)
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Abonnez-vousLe 11/03/2016 à 08h30
Moi je reçois ni les pages blanches ni les pages jaunes…
Le 11/03/2016 à 08h34
Oh non… Avec quoi je vais allumer mon feu maintenant? " />
Le 11/03/2016 à 08h34
Quand on lui demande ce qu’elle répondrait au député Lazaro, qui
s’inquiète pour les personnes n’ayant pas les moyens ou la capacité de
se servir d’Internet, Isabelle Lascombes rétorque : « Il faut savoir
tourner la page ! Les usages évoluent très vite… Les personnes qui
ont vraiment besoin du papier auront intérêt à garder la dernière
édition qu’on publiera en 2017 (là où il y a encore des éditions
papiers). Et après, de toute façon, si vous avez vraiment besoin d’un
numéro, le service des renseignements téléphoniques restera disponible. »
Quelle démagogie.
Je ne pense pas qu’il y ait beau de personnes de plus 75 ans qui sachent utiliser Internet. Ajoutez à cela les nombreux français situés en zone blanche.
Comme d’habitude, les minorités sont marginalisées puis discréditées.
Le 11/03/2016 à 09h03
Surtout à 1€ l’annuaire tout compris. Qu’ils le vendent, même à 2 ou 3€ sans pub et le problème est réglé
Le 11/03/2016 à 09h05
C’est assez amusant, cette opposition papier vs numérique : les personnes qui utilisent le web autour de moi, l’utilisent bien souvent au détriment de la téléphonie (voix), alors que les personnes (rares) qui n’accèdent pas au web lui préfèrent le téléphone (avec un contact de vive voix).
D’autant que cette peur de voir disparaître le papier me paraît irrationnelle. L’imprimerie existera toujours, ni la radiodiffusion, ni la télédiffusion n’en sont venus à bout, alors pourquoi la webdiffusion serait le remplaçant définitif du papier ? D’ailleurs, on vend toujours des imprimantes de nos jours et pour longtemps à mon avis et La Poste n’a certainement jamais livré autant de colis que depuis l’apparition du commerce électronique.
Le 11/03/2016 à 09h10
Ah… la résistance au changement…
Remarque, ça été quand même utile en ‘40 " />
Le 11/03/2016 à 09h19
Le 11/03/2016 à 09h20
A mon avis, beaucoup de personnes âgées utilisent le web avec beaucoup plus d’aplomb, grâce à leur expérience de vie, que les “digital natives” qui font plus souvent des erreurs de jeunesse (sur le net comme dans le reste de leur quotidien).
Le 11/03/2016 à 09h30
Le 11/03/2016 à 09h38
Ce n’est pas le Minitel qui déjà à son époque avait commencé à remplacer le bottin ? " />
Le 11/03/2016 à 09h58
et comment vont faire les flics pour faire parler les délinquants ? " />
Le 11/03/2016 à 10h19
Très bien.
La distribution universelle des annuaires est un scandale écologique sans nom.
Le 11/03/2016 à 11h11
Grilled " />
Le 11/03/2016 à 11h13
" /> la perche était tendu faut bien le dire
Le 11/03/2016 à 13h06
Le 11/03/2016 à 13h34
Le 11/03/2016 à 13h38
Le 11/03/2016 à 16h01
Sont pas passer au taser ou flashball les forces de d’ordres?" />
Le 11/03/2016 à 17h11
" /> ca ca sert à arrêter le suspect, ensuite tu lui fous des coups de bottin dans la poire tout en lui dictant ce qu’il doit dire " />
Le 11/03/2016 à 17h14
Cela peut aussi servir à ce qu’il arrête de la fermer,un peu de douleurs." />
Le 11/03/2016 à 17h15
tout à fait " />
Le 11/03/2016 à 19h31
Le 11/03/2016 à 19h44
Y’a les ramettes de papier pour l’imprimante " />
Le 12/03/2016 à 09h35
C’est marrant cette manie qui consiste à croire qu’au delà de 60 balais tu ne connais forcément rien au web et à l’informatique en général alors que c’est précisément les gens de cette génération qui ont tout inventé dans ce domaine…
C’est d’autant plus drôle que ceux qui pensent ça aujourd’hui seront aussi considérés comme des vieux schnocks ignares dans quelques années par les futurs “jeunes” à la science infuse (ou diffuse ?)… " />
Vous avez des exemples d’inventions révolutionnaires faites par des “jeunes” dans ce domaine ?
Par “jeunes” je veux dire moins de 30 ans puisqu’il semble que la vieillesse commence au-delà de cet âge… " />
Je ne parle pas de fabriquer des vidéos “rigolotes” pour Youtube, parce que ça ça devient assez banal et même très lucratif pour certains…
Quel drôle de monde où avant 30 ans t’es un “gamin” plus ou moins “irresponsable” qui ne sait pas forcément ce qu’il fait et au-delà tu commences déjà à être un vieux con qui ne sait plus vraiment ce qu’il fait… " />
Bien que n’étant pas encore atteint de cet âge “canonique” je trouve ça assez consternant surtout de la part de certains dont le seul talent informatique est d’avoir un compte sur tous les réseaux sociaux de la planète…
Le 12/03/2016 à 17h59
Ah ouais, je plussoie fortement …
J’utilise une connexion internet depuis 1989, une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas avoir connu …
Ceci dit, malgrès mon (grand) âge ( voir profil ), je ne me considère pas comme un vieux con, en revanche ma maman qui est encore de ce monde et qui a 25 ans de plus que moi, ne sait même pas se servir d’une souris, et, pour elle, la perte de la distribution des annuaires blanc et jaune risque de présenter un véritable handicap.
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