SoftBank abandonne son projet de puces avec Intel, qui a revendu toutes ses actions Arm
Vendeur d'ARM
La série noire continue pour le géant états-unien des semi-conducteurs. Après avoir publié l'un des pires résultats en 56 ans d'existence, Intel a revendu sa participation dans la société britannique Arm Holdings. Le japonais SoftBank, principal actionnaire de ce dernier, vient de son côté d'abandonner le projet de puces d'IA qu'il avait conçu avec Intel pour concurrencer NVIDIA.
Le 16 août à 14h57
6 min
Économie
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Intel, qui avait été l'un des principaux investisseurs lors de l'introduction en bourse d'Arm au NASDAQ en septembre dernier, vient d'indiquer à la Securities and Exchange Commission (SEC) avoir vendu l'intégralité de sa participation dans Arm Holdings. L'entreprise a aussi revendu ses actions de la société de cybersécurité Zerofox, et réduit sa participation dans Astera Labs, un développeur de plateformes de connectivité pour les entreprises, résume Tom's Hardware :
« Intel a généré quelque 147 millions de dollars en vendant sa participation dans Arm Holdings, une somme relativement faible pour une société qui a enregistré une perte de 1,6 milliard de dollars au cours de son deuxième trimestre. Cette opération s'inscrit dans le cadre des efforts continus d'Intel pour réduire les coûts, qui comprennent d'importantes suppressions d'emplois et des réductions de dépenses. »
Bloomberg a en effet repéré que dans sa déclaration à la SEC en date du 13 août, Intel ne détenait plus les 1,18 million d'actions qu'elle avait déclaré posséder il y a trois mois. Le prix moyen de l'action d'Arm durant cette période était de 124,34 dollars par action, ce qui lui aurait permis de récupérer 147 millions de dollars.
Un des pires rapports de résultats en 56 ans d'existence
Intel n'en a pas moins enregistré une perte nette de 120 millions de dollars sur ses investissements en actions au cours de la même période, souligne Bloomberg, pour qui la société « peine à reprendre pied dans un secteur qu'elle dominait autrefois » :
« Au début du mois, la société a publié l'un des pires rapports sur ses résultats en 56 ans d'existence, ce qui a fait perdre à l'action près d'un tiers de sa valeur. Pour se remettre sur les rails, Intel supprime 15 000 emplois et réduit d'autres dépenses. Le fabricant de puces a également suspendu son dividende. »
Le cours de l'action d'Intel, qui avait dépassé les 50 $ en décembre 2023, est depuis tombé sous la barre des 20 $ début août (- 42 %, dont - 33 % depuis juillet après l'annonce de ses résultats). Il avait commencé à plonger en avril, lorsqu'Intel révéla une perte d'exploitation de 7 milliards de dollars pour son activité de fabrication, rappelle le Financial Times :
« Des rapports faisant état d'un défaut de conception dans ses puces pour PC ont suivi. Puis, lors de l'annonce de ses derniers résultats au début du mois, elle a lancé un plan de réduction d'environ 15 % de ses effectifs en raison de la baisse de son chiffre d'affaires. Ses actions ont perdu un quart de leur valeur en une journée, laissant sa capitalisation boursière en dessous de 100 milliards de dollars. »
SoftBank abandonne aussi son projet de puce IA avec Intel
Le FT révèle en outre que le groupe japonais SoftBank, qui détient la majorité d'Arm Holdings, vient de son côté d'abandonner son projet de créer une puce d'intelligence artificielle en collaboration avec Intel.
Un partenariat avec Intel avait notamment été envisagé afin de permettre à SoftBank de bénéficier du financement du gouvernement américain au titre du Chips Act. Ce dernier vise en effet à stimuler la production nationale de semi-conducteurs, aux États-Unis, en investissant près de 20 milliards de dollars sous forme de subventions et de prêts.
Depuis que le gouvernement américain a approuvé en mars le financement du Chips Act, Intel investit ainsi massivement pour tenter de rattraper ses rivaux TSMC et Samsung dans la fabrication de puces, et trouver de nouveaux clients pour ses activités de fonderie.
Les sources du FT indiquent que SoftBank a rendu Intel responsable de l'échec des négociations. Elles précisent que le fabricant américain de puces aurait été incapable de répondre à ses exigences en matière de volume de puces et de vitesse de traitement.
SoftBank prévoit d'investir des dizaines voire centaines de milliards de dollars
Le japonais réorienterait désormais ses efforts vers le géant de la fabrication de puces taiwanais TSMC. Or, relève Verdict, TSMC ayant de son côté déjà du mal à répondre aux demandes de ses clients actuels, tels que NVIDIA, des pourparlers pourraient néanmoins reprendre avec Intel en raison du nombre limité de fabricants capables de produire des processeurs d'IA à la pointe de la technologie.
Dans le cadre de son projet Izanagi (du nom d'une divinité du shintoïsme, co-créateur du monde et du Japon), SoftBank prévoyait en effet de développer ses propres processeurs d'IA capables de rivaliser, en termes de performances et de capacités, avec les GPU du leader du marché NVIDIA, rappelle Tom's Hardware.
Masayoshi Son, le PDG de SoftBank, prévoit d'y investir des milliards de dollars afin de placer son entreprise au premier rang de l'industrie de l'IA, en concurrence avec AWS, Google, Microsoft Azure et Meta, « dans une démarche qui pourrait modifier de manière significative le paysage concurrentiel », souligne Tom's Hardware :
« Financièrement, l'entreprise pourrait être extrêmement coûteuse et atteindre des dizaines, voire des centaines de milliards de dollars, bien qu'il soit difficile d'avancer un chiffre précis à ce stade. Son aurait contacté des investisseurs en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis pour un financement potentiel, bien qu'aucun accord concret n'ait été conclu. »
Pour soutenir sa vision du projet Izanagi, Son a été jusqu'à présenter l'idée à de grandes entreprises technologiques telles que Google et Meta, afin d'obtenir leur soutien et leur appui financier. Il pense qu'avec les bons partenaires, SoftBank pourrait contribuer à contrer la domination de Nvidia dans le secteur des processeurs d'intelligence artificielle.
Toutefois, compte tenu de la portée de l'initiative de SoftBank en matière d'IA, « qui comprend le matériel, les logiciels, l'infrastructure des centres de données et les centres de données eux-mêmes », souligne Tom's Hardware, « elle entrera inévitablement en concurrence avec les entreprises susmentionnées, ce qui pourrait ne pas leur plaire ».
SoftBank abandonne son projet de puces avec Intel, qui a revendu toutes ses actions Arm
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Un des pires rapports de résultats en 56 ans d'existence
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SoftBank abandonne aussi son projet de puce IA avec Intel
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SoftBank prévoit d'investir des dizaines voire centaines de milliards de dollars
Commentaires (14)
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Abonnez-vousModifié le 16/08/2024 à 15h25
C’est pas faux mais on parle plus en milliards là non ?
Le 16/08/2024 à 16h09
Modifié le 17/08/2024 à 05h05
1 - Plus efficace & plus rapide
2 - Moins de temps perdu pour le journaliste
3 - Moins de commentaires de ce type dans les forums...
Merci...
Le 16/08/2024 à 16h30
Modifié le 17/08/2024 à 05h01
Modifié le 17/08/2024 à 05h09
1 - Plus efficace & plus rapide
2 - Moins de temps perdu pour le journaliste
3 - Moins de commentaires de ce type dans les forums...
Merci...
Modifié le 18/08/2024 à 08h49
Je connais la fonctionnalité, je l'ai utilisé 178 fois depuis qu'elle existe (et peut-être plus car je compte juste les retours d'e-mail).
En l'occurence je corrigeais rm car il signalait une erreur et en en faisant une nouvelle. Je ne pense pas que "Signaler une erreur" lui envoie une notif sur son e-mail perso (ou alors je ne suis pas au courant).
De plus la réponse de Manach indique bien que les commentaires sont lus (qu'on y signale une erreur ou autre chose), alors que l'e-mail est peut-être relevé par un rédacteur en vacances. Donc le signalement en commentaire peut aussi être pertinent.
Modifié le 17/08/2024 à 14h06
Ca n'a rien de personnel. Je suis abonné au Figaro qui a aussi la même fonction en bas des articles et dès que je vois un commentaire du genre "le journaliste ne sait même pas écrire correctement", car une faute de frappe, je réponds systématiquement à la personne, que tout le monde peut faire des erreurs et pas la peine de le mettre en commentaire quand il y a un bouton pour le signaler directement.
Bref, en tout cas, merci pour ta réponse détaillée.
Bon weekend,
Le 16/08/2024 à 15h36
Le 17/08/2024 à 11h11
Modifié le 17/08/2024 à 06h35
Intel n’a réalisé que US$ 147 millions de bénef… ?
Alors :
- Soit ils en avaient vraiment pas achetées beaucoup et pourtant de la thune, ils en ont…
- Soit ils ne croyaient pas dans l’avenir d’ ARM et l'architecture RISC d'ARM et pourtant… au total plus de 230 milliards de puces RISC ARM ont été fabriquées à ce jour au total jusqu'en 2022 (Wiki) ou bien Intel a été forcé de vendre ses parts pour X raisons (décision Corporate, comité de direction, ou actionnaires, etc...).
Quand on est à fond sur le CISC depuis 50 ans, acheter des actions dans le RISC, ca peut éroder la confiance des investisseurs... Comme si Renault allait acheter un max d'actions Stellantis... ou des actions Tesla...
- Soit le département Tresaury d’Intel est vraiment à la ramasse, mais c'est vrai que les boules de cristal n'existent pas encore...
Le 17/08/2024 à 09h28
Modifié le 17/08/2024 à 10h40
Enfin, quand même, investir dans un "concurrent" (oui ARM est fabless) alors que pour Intel les produits RISC sont vraiment une tout petite niche comparée au CISC, et aussi contrairement à AMD qui une (petite) gamme en RISC (produits serveurs) plus étoffée qu'Intel, AMD ayant aussi les GPU qu'Intel n'a pas vraiment (anecdotique en terme de CA)..
Que de plus Apple a déserté pour retourner vers du RISC... ("il était une fois les PowerPC") et que Qualcomm a l'air d'y croire dur comme fer à nouveau encore une fois... et un Nvidia qui apparemment serait en embuscade pour élargir la gamme de ses produits...
Bref Intel n'a jamais été autant menacé qu'en 2024...
Je trouve assez surprenante la décision d'Intel à l'époque d'avoir investi dans ARM, un contrat aurait suffi car stratégiquement, je vois assez peu de synergie entre ces 2 sociétés mais au contraire à renforcer une menace.
Le 17/08/2024 à 13h39
Côté trésorerie, Intel dispose de quelques milliards en réserve qui lui permettrait même (et ça ne sera pas le cas) d'enchainer tranquillement plusieurs années de suite du même scénario.
Non, Intel ne va pas mal.