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« Payer ou consentir » de Meta : des « pratiques sournoises » selon la Commission européenne

Meta irrespect

« Payer ou consentir » de Meta : des « pratiques sournoises » selon la Commission européenne

Après avoir mis une première fois la pression en mars sur l’alternative paiement ou publicité comportementale de Meta, la Commission européenne explique maintenant coordonner une action des autorités nationales de protection des consommateurs contre ce modèle. Věra Jourová, la vice-présidente de la Commission chargée des valeurs et de la transparence, qualifie, à cette occasion, ce modèle de « pratiques sournoises » qui « induisent les consommateurs en erreur ».

Le 22 juillet à 17h13

Dans un communiqué publié sur son site, la Commission européenne explique coordonner, depuis la mise en place par Meta de son alternative paiement ou publicité comportementale sur Facebook et Instagram, une action des autorités nationales de protection des consommateurs contre l'entreprise de Mark Zuckerberg.

Plus précisément, la Commission a travaillé avec le réseau de Coopération en matière de protection des consommateurs (CPC, qui réunit les autorités chargées de faire appliquer la législation de l'Union européenne en la matière, telles que la DGCCRF en France).

Cette action aurait été lancée dès l'annonce par Meta, en octobre 2023, de son nouveau système.

Le réseau a envoyé une lettre aujourd'hui à l'entreprise pour lui faire part de ses préoccupations sur d'éventuelles infractions au droit européen en matière de protection des consommateurs.

Celle-ci vient s'ajouter aux autres démarches de la Commission contre ce système. En effet, début juillet, elle a déjà rendu les résultats préliminaires sur l'incompatibilité de ce modèle avec le DMA. Et en mars, elle demandait plus d'informations à Meta pour vérifier la compatibilité avec le DSA.

Des pratiques peu scrupuleuses pour pousser à choisir

Cette fois-ci, en ligne de mire de la Commission et des autorités de la concurrence, non pas le système en lui-même, mais les pratiques de Meta pour pousser l'utilisateur à choisir le plus rapidement possible entre les deux alternatives proposées.

Plusieurs reproches sont listés par le réseau CPC. Déjà, Meta a utilisé le terme « gratuit » pour qualifier le choix de la publicité comportementale, « alors que, pour les utilisateurs qui ne souhaitent pas souscrire à un abonnement payant, Meta leur impose d'accepter que l'entreprise puisse tirer des recettes de l'utilisation de leurs données à caractère personnel pour leur afficher des publicités personnalisées ».

Les autorités reprochent aussi au géant des réseaux sociaux d'avoir créé de la confusion dans l'esprit de ses utilisateurs pour trouver les informations sur l'utilisation que Meta fera de leurs préférences, de leurs données à caractère personnel et des données qu'ils ont générées pour leur afficher des publicités personnalisées.

Elles lui reprochent de leur avoir imposé « de naviguer sur différents écrans de l'application ou de la version web de Facebook/Instagram et de cliquer sur des hyperliens les orientant vers différentes parties des conditions de service ou de la politique de confidentialité ».

Des termes imprécis, une pression pour un choix immédiat

Les autorités estiment que Meta a fait usage de termes et d'un langage imprécis pour informer ses utilisateurs. Par exemple, l'entreprise utilise l'expression « Vos informations » pour désigner les « données à caractère personnel » des consommateurs. Elles considèrent aussi que Meta a suggéré « que les consommateurs qui décident de payer ne verront aucune publicité, alors qu'ils pourraient toujours en voir lorsqu'ils s'intéressent à des contenus partagés par l'intermédiaire de Facebook ou d'Instagram par d'autres membres de la plateforme ».

Enfin, elles considèrent que Meta n'a pas donné aux utilisateurs européens de Facebook et Instagram d'avertissement préalable, de temps suffisant et de « possibilité réelle d'évaluer comment ce choix pourrait avoir une incidence sur leur relation avec Meta » avant de leur imposer ce choix, alors que les consommateurs utilisaient gratuitement Facebook et Instagram depuis longtemps. Elles ajoutent que Meta l'a fait sans leur donner accès à leur compte avant qu'ils n'aient fait leur choix.

Le réseau a donné à Meta jusqu'au 1er septembre pour lui répondre et proposer des solutions, et la menace de sanctions si ses observations ne sont pas prises en compte en se basant sur la directive relative aux pratiques commerciales déloyales vis-à-vis du consommateur. La Commission insinue aussi que les pratiques visées pourraient être considérées comme des allégations trompeuses. Elle indique également que ces pratiques pourraient être contraires à la directive sur les clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs.

La vice-présidente de la Commission, chargée des valeurs et de la transparence, affirme que l'institution européenne ne va pas « rester les bras croisés alors que des pratiques sournoises induisent les consommateurs en erreur ». Elle ajoute que « dans l’UE, les consommateurs sont en mesure de faire des choix réellement éclairés et nous prenons maintenant des mesures pour protéger ce droit ».

Commentaires (14)

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Qu'ils paient ou non, leurs données personnelles seront de toute façon exploitées jusqu'à la moelle, consentement ou pas.
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ils ne pourront pas tout exploiter et pas non plus revendre les données, en théorie ... mais on sait comment fonctionne Meta & Co
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Je lis :
"Elles ajoutent que Meta l'a fait sans leur donner accès à leur compte avant qu'ils n'aient fait leur choix".

Je comprends alors que si je veux accéder à mon compte pour le supprimer par exemple, il faut que je paie ou que j'accepte "officiellement" que Facebook/Meta utilise (une dernière fois? Lol) mes données.

Est ce que quelqu'un confirme ?
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Oui, c'est cela.
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Étant donné que Meta dispose de données sur des personnes non inscrites et qu’il les utilise sans leur consentement. Je doute qu’il tiennent compte du choix de leurs utilisateurs.
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Les biens français Marmiton ou Le Figaro procèdent ainsi me semble-t-il. Ou je n'ai rien compris.
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Ce ne sont pas des contrôleurs d’accès (au sens de la commission européenne) il me semble que c’est la raison ?
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Non, pas ici. Ce n'est pas lié au DMA dont a parlé un autre article sur la même pratique de Méta. Ici, il s'agit de protection des droits du consommateur pour rester général.
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S’il n’y avait qu’eux ! D’ailleurs ça donne une idée de la valeur d’un utilisateur pour le site web.
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Meta, c'est toi qui créé le contenu, donc on te demande de payer pour accéder au contenu que tu as toi-même créé..
Marmiton, Le Figaro, c'est eux qui créent le contenu, tu payes pour accéder au contenu créé par un tiers qui se rémunère soit via la pub, soit via un paywall. Quand tu vas faire tes courses tu payes pour avoir le produit, ici c'est la même chose.
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Il y a plein de gros business où ce sont les utilisateurs qui créent le contenu pour d'autres utilisateurs en payant des commissions et/des abonnements pour louer l'endroit où ca se passe. Ca date largement d'avant Internet avec tout les trucs du genre petites annonces dnas les journaux, annuaires papier en tout genre, et même simplement les clubs privés ou les agences matrimoniales.

C'est du business de mise en relation, c'est vieux comme le monde.
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Marmiton c'est pas du contenu utilisateur ? Me semblait que si.
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Merci pour vos réponses.
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« Elles ajoutent que Meta l'a fait sans leur donner accès à leur compte avant qu'ils n'aient fait leur choix. » ah ça c’est clair !

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