Le brouillage des portables « n’est pas à l’ordre du jour » de l’Éducation nationale
#RadioLonde
Le 15 juin 2016 à 13h20
5 min
Droit
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Cette année encore, aucun brouilleur d’onde ne sera utilisé afin d’éviter les tricheries au bac. Le ministère de l’Éducation nationale affirme que le déploiement de tels appareils « n'est pas à l'ordre du jour », y compris afin d’empêcher d’une manière plus générale les élèves d’utiliser leurs mobiles en cours.
Convié hier à une audition relative au brouillage des communications électroniques, Mathieu Jeandron, le Directeur du numérique pour l’éducation, a détaillé devant l’Assemblée nationale les nombreuses raisons qui poussaient la Rue de Grenelle à écarter (de longue date) cette solution. « Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l'utilisation durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d'un téléphone mobile est interdite », indique pourtant l’article L511-5 du Code de l’éducation – ce qui exclut de fait les lycées.
Une « disproportion claire » entre bénéfices et dommages collatéraux du brouillage
« Évidemment, il ne s'agit pas d'avoir un discours angélique sur ce qui peut se passer dans les établissements », a tout d’abord soutenu Mathieu Jeandron. Selon lui, le brouillage des téléphones présente cependant bien trop de « problèmes collatéraux » : « Nous développons de plus en plus les usages pédagogiques des outils numériques. Ces usages seraient limités également par le brouillage, sans compter les questions de coût que ça représenterait pour aller équiper plusieurs dizaines de milliers d'écoles, d'établissements publics d'enseignement... » Autre souci, connu également de l’administration pénitentiaire : en cas de proximité avec d’autres bâtiments, ceux-ci peuvent se trouver impactés par le brouillage...
« Sans compter l'inefficacité de la mesure, a poursuivi le Directeur du numérique pour l’éducation. Certes, Periscope ne pourrait pas être utilisé en direct, mais rien n'empêche dans ce cas-là un élève de filmer ce qui se passe en cours et de le poster le soir à la maison avec quasiment la même efficacité. »
Même pour les examens, le jeu n’en vaudrait pas la chandelle d’après Mathieu Jeandron. L’intéressé a pointé une nouvelle fois le coût d’un tel dispositif, ainsi que sa complexité de mise en œuvre pour seulement « quelques jours [d’utilisation] par an ». Les organisateurs et surveillants communiquent par ailleurs par téléphone durant le bac par exemple, ce qui se révèle ici aussi un effet collatéral pour le moins épineux...
Le ministère mise sur la prévention et la dissuasion
« On a donc une disproportion claire entre les bénéfices d'une mesure de brouillage et les effets collatéraux » a conclu Mathieu Jeandron. Avant de souligner : « Derrière, ça ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire. Nous travaillons par exemple avec la CNIL sur l'internet responsable, nous avons tout un tas de choses au programme sur l'éducation aux médias et à l'information », etc. Le ministère de l’Éducation nationale mise ainsi sur des actions de prévention et des mesures de dissuasion, notamment celles prévues dans les règlements intérieurs (sanctions disciplinaires).
Pour les examens, la Rue de Grenelle compte « sur l'efficacité de la surveillance, l'efficacité des mesures de dissuasion – puisqu'un tricheur serait amené à être exclu de tout examen pendant longtemps ». Même si Mathieu Jeandron ne l’a pas évoqué hier, rappelons que des détecteurs de téléphones sont censés circuler aléatoirement dans les centres d’examens (voir notre article). « La deuxième chose c'est que l'évolution, l'arrivée du numérique et les attentes – y compris des employeurs – en matière de compétences font que progressivement, la partie d'évaluation des compétences tout au long de la scolarité se développe et, sans remplacer à ce stade les examens finaux, constitue une partie croissante de l'évaluation pour l'obtention des diplômes et évidemment il est hors de question de supprimer le numérique dans ce genre d'évaluation de compétences. »
Un brouillage qui serait de toute manière illégal ?
Mathieu Jeandron n’a pas évoqué une barrière d’ordre juridique pourtant avancée en novembre 2012 par le ministre de l’Éducation nationale pour justifier le non-recours aux brouilleurs. Au travers d’une réponse écrite à un député, Vincent Peillon expliquait à l’époque que l'article L33-3-1 du Code des postes et des communications électroniques prohibe expressément « l'utilisation de tout dispositif destiné à rendre inopérants des appareils de communications électroniques de tous types, tant pour l'émission que pour la réception ». Il est toutefois précisé que le recours aux brouilleurs reste admis, à titre dérogatoire, « pour les besoins de l'ordre public, de la défense et de la sécurité nationale, ou du service public de la justice ». Or « les établissements scolaires ne sont pas mentionnés dans cette liste limitative », faisait valoir le premier ministre de l’Éducation du quinquennat Hollande.
Le brouillage des portables « n’est pas à l’ordre du jour » de l’Éducation nationale
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Une « disproportion claire » entre bénéfices et dommages collatéraux du brouillage
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Le ministère mise sur la prévention et la dissuasion
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Un brouillage qui serait de toute manière illégal ?
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 15/06/2016 à 13h26
Un brouillage qui serait de toute manière illégal ?
Il suffit de changer la loi ;)
Le 15/06/2016 à 13h41
on met les candidats à poil et c’est marre " />
droit à un crayon, un stylo à la rigueur ou un compas pour les plus fous, et zou.
Le 15/06/2016 à 13h42
Bien trop occupés à brouiller les élèves à l’Édulcoration Nationale (quand ils ne sont pas en grève).
Le 15/06/2016 à 13h49
wé, tous des branleurs ces profs, en plus avec leur 2 mois de vacances mise en dispo
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Le 15/06/2016 à 13h51
avec plus de 85% de réussite, y’en a qui trichent encore ?
Le 15/06/2016 à 14h00
Le 15/06/2016 à 14h01
Cela me fait penser que je cherche toujours un brouilleur portable pour le train…
Le 15/06/2016 à 14h09
Le but n’est pas de brouiller mais de voir qui ne respecte pas les règles : il est bien plus simple de trouver quelqu’un qui émet et - ou reçoit, en amplifiant différentes fréquences tout en les “traduisant” en ondes audibles.
Et puis il reste les règles ultra basiques, comme de forcer tout le monde à laisser vêtements et sacs à l’autre bout de la salle, tout en ne gardant sur la table que trousse, petits accessoires et autres z-aliments.
Le 15/06/2016 à 14h47
Nadja ne veut pas brouiller l’écoute ?
Le 15/06/2016 à 14h51
Le 15/06/2016 à 15h03
j’en avais pris un sur DX, mais ils en vendent plus, et la batterie du mien a lâché. Pour avoir la paix au ciné sur un rayon d’environ 10m c’était le pied (illégal, mais bon)
Le 15/06/2016 à 15h14
Le 15/06/2016 à 15h18
j’ai toujours l’impression que le Bretagne est un pays à part ^^ car que ça sois le brevet des collèges ou le bac, on posait notre sac à l’avant/fond de la classe/salle de perm avec la téléphone éteint dedans.
on avait que notre stylo, règle, calculatrice, etc…
Le 15/06/2016 à 15h30
tout à fait " />
nan ce qu’il faut c’est un EMP et un flingue à seringues tranquillisantes pour safari " />" />
Le 15/06/2016 à 19h07
Ah l’éducation nationale et leur vision complètement dépassée du “savoir par coeur”.
Croyez vous qu’ils se demanderaient en quoi l’informatique modifie la façon d’apprendre et d’appréhender la connaissance ? Bien sûr que non.
Ce qu’ils voient dans l’informatique, c’est juste que ça les emmerde pour continuer dans leur logique dépassée.
Au lieu de se demander comment intégrer le fait que la technologie stocke la connaissance et permet l’interaction, ils cherchent à interdire son utilisation.
L’éducation nationale, c’est un autre bastion de “moines copistes”.
Le 15/06/2016 à 20h30
Le 16/06/2016 à 05h25
Le problème est que si sa passe pour les examens, sa passera plus tard pour les cours en général, si ils savent s’arrêter là, sa serait une bonne chose pour éviter la triche, mais non.
Je vais prendre mon exemple perso, étant réserviste de l’armée de terre, on ma bipper deux trois fois pendants mes cours, et des appels importants, j’ai même dit aux surveillants durant mon BTS de prendre mon téléphone et de me le donner (En expliquant la situation, quitte à avoir des souci), que si certains numero appelaient, il fallait que je réponde.
Pour les pompiers et gendarmes volontaires, même soucis.
Le 16/06/2016 à 07h40
Bah personellement, je connais pas mal d’informaticiens qui connaissaient un langage de programmation (au hasard, Java :-)) et qu’on a engagé pour maintenir un autre code (C, VirtualBasic…) parce qu’il y avait justement la doc online et que leurs connaissances étaient suffisantes pour apprendre sur le tas…
Sans vouloir supprimer toute forme d’apprentissage par coeur, je crois que l’enseignement a en effet du mal à se moderniser. Comme tu dis, apprendre à faire le tri (ou même à rechercher/comparer une info) me paraît une connaissance bien plus primordiale que d’appliquer ‘bêtement’ une info donnée par le prof et apprise par coeur.
Je pense que dans de nombreux domaines (math, physique, chimie…) l’appication des formules est plus sensée que l’apprentissage par coeur de ladite formule.
La seule chose que je trouve gênante avec le fait d’avoir accès à l’extérieur, c’est que ça devient aisé d’avoir quelqu’un qui répond pour soi, au lieu de soi chercher une info non-apprise pour l’appliquer. Ce qui ne s’applique pas pour la suite (i.e. avoir quelqu’un en permanence pour te dire quoi faire).
Bref, la réponse n’est probablement pas simple, mais je crois qu’une mise à jour de la façon d’enseigner s’impose depuis pas mal de temps, avec pour preuve l’apparition d’écoles à “enseignement alternatif” (e.g. enseignement Freinet) qui se débrouillent plutôt bien.
Le 16/06/2016 à 08h39
En fac de math appliquées j’ai parfois eu droit aux documents pour certaines épreuves, en fait ce n’est pas forcément plus facile (évidemment les questions sont un peu plus avancées) ; et tu t’aperçois que c’est vachement mieux de connaître l’essentiel de son cours. Il y a plein de domaines où tu es obligé d’avoir déjà assimilé un certain nombre de choses et de principes. En théorie on pourrait tout apprendre tout seul dans des livres, mais ça me semble difficile en pratique ; la classe avec un professeur a ses inconvénients mais aussi ses avantages dans l’apprentissage. En tous cas j’ai toujours préféré les cours en amphi avec un prof capable de répondre à des questions, à me taper les notes écrites d’un camarade après ; bien entendu avec l’informatique j’ai appris une partie de mes connaissances en lisant.
Le 16/06/2016 à 13h23
Là-dessus on est bien d’accord, je pense que c’est absolument nécessaire l’apprentissage via une personne qui peut (in)valider ce que tu fais, et répondre à tes questions directement (tu gagnes un temps dingue).
Mais ça n’est pas incompatible avec l’idée d’adapter la restituation pure et dure d’information. Comme tu l’as dit, ça n’en fait pas des examens plus faciles, souvent au contraire, car il faut réellement comprendre et appliquer l’info qui auparavant aurait simplement dû être restituée, et ça n’enlève pas le fait que mieux tu as appris ton cours, plus tu as des outils pour répondre à ce qui t’es demandé. Mais au moins ça serait compatible avec des situations modernes où l’information est disponible, et ça pénaliserait moins la personne qui a simplement oublié ça (parce qu’à devoir apprendre des choses par coeur les étudiants ont parfois/souvent tendance à bloquer tout à court-terme, ouvrant la porte aux trous de mémoire, et, pire encore, à oublier la plupart de ce qu’ils ont appris quelques heures après l’examen).
Le 17/06/2016 à 09h32