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La police américaine demande à Google la liste des personnes ayant visionné des vidéos YouTube

De spectateur à suspect : that escalated quickly !

La police américaine demande à Google la liste des personnes ayant visionné des vidéos YouTube

Forbes révèle que dans deux décisions de justice, le gouvernement fédéral états-unien a demandé à Google de lui communiquer des informations sur toute personne ayant visionné plusieurs vidéos et flux en direct sur YouTube.

Le 26 mars à 09h41

Il s'agissait tout d'abord d'identifier la personne derrière le pseudonyme en ligne « elonmuskwhm ». Elle est soupçonnée de vendre des bitcoins contre de l'argent liquide, ce qui pourrait enfreindre les lois sur le blanchiment d'argent.

Ratisser large pour (peut-être) trouver une personne

Des agents « infiltrés » lui avaient envoyé des liens vers des tutoriels YouTube. Les autorités avaient ensuite demandé à Google les noms, adresses, numéros de téléphone et activités des utilisateurs de tous les comptes Google qui avaient accédé aux vidéos de YouTube entre le 1ᵉʳ et le 8 janvier 2023.

Elles demandaient également les adresses IP des utilisateurs (sans compte Google) qui ont visionné ces vidéos. Or, relève Forbes, les vidéos avaient été « regardées collectivement » plus de 30 000 fois. « Le tribunal a accepté l’ordonnance et Google a été prié de garder la demande secrète jusqu’à ce qu’elle soit dévoilée en début de semaine », précisent nos confrères.

Autre affaire à Portsmouth, même logique des forces de l’ordre

Dans une autre enquête, la police de Portsmouth avait reçu une menace d'un inconnu qui aurait déposé un explosif dans une poubelle. L'ordonnance indique qu'après avoir fouillé la zone, la police avait appris qu'elle était surveillée par une caméra d'une entreprise locale rediffusée sur YouTube.

Les policiers ont là aussi demandé à Google de leur fournir une liste des comptes qui ont « visionné et/ou interagi avec » huit flux en direct sur YouTube, et les informations d'identification associées pendant des périodes spécifiques. Or, souligne Forbes, parmi ces flux figurait une vidéo publiée par un compte suivi par 130 000 abonnés.

Google botte en touche

Nos confrères ne savent pas si Google leur a fourni des données. L'un de ses porte-paroles, Matt Bryant, leur a répondu que Google a, en réponse aux demandes des forces de l'ordre, « mis en place un processus rigoureux destiné à protéger la vie privée et les droits constitutionnels » de ses utilisateurs.

« Nous examinons la validité juridique de chaque demande, conformément à la jurisprudence en vigueur, et nous nous opposons systématiquement aux demandes de données d'utilisateurs trop vastes ou inappropriées, y compris en nous opposant complètement à certaines demandes », précise ainsi le porte-parole.

Interrogé par nos confrères, le département américain de la Justice n’a pas souhaité s’exprimer pour le moment.

 « Transformer des spectateurs innocents de YouTube en suspects criminels »

Des experts en protection de la vie privée issus de plusieurs groupes de défense des droits civils ont déclaré à Forbes qu'ils pensaient que ces ordonnances étaient inconstitutionnelles. Selon eux, elles menaçaient d'annuler les protections prévues par les 1ᵉʳ et 4ᵉ amendements de la Constitution, qui couvrent la liberté d'expression et la protection contre les perquisitions abusives, et donc de « transformer des spectateurs innocents de YouTube en suspects criminels », résume Forbes.

« Personne ne devrait craindre que la police vienne frapper à sa porte simplement à cause de ce que l'algorithme de YouTube propose », précise Albert Fox-Cahn, directeur exécutif du Surveillance Technology Oversight Project. De plus, « ce que nous regardons en ligne peut révéler des informations très sensibles sur nous, nos opinions politiques, nos passions, nos croyances religieuses et bien d’autres choses encore », rappelle John Davisson, conseiller au Electronic Privacy Information Center.

Google a déployé une mise à jour pour « contrer » ces demandes

Il qualifie ces ordres de « tout aussi effrayants » que les mandats de géolocalisation (geofence) inversée, qui obligent Google à fournir des données sur tous les utilisateurs se trouvant à proximité d'un lieu de crime.

Forbes rappelle à ce titre que Google a d'ailleurs annoncé en décembre une mise à jour qui rendra « techniquement impossible » la fourniture d'informations en réponse à de tels mandats.

Commentaires (11)

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Google a déployé une mise à jour pour « contrer » ces demandes
Ce titre de chapitre correspond aux mandats de géolocalisation, pas à la vue des vidéos, il me semble, à moins que la solution technique pour ne pas pouvoir répondre à la demande soit la même ce qui m'étonnerait.

La rédaction du titre avec l'adjectif démonstratif "ces" prête à confusion.
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Ouais, ça craint un peu quand même. Les forces de l'ordre mettent en place un genre de "pot de miel", et tous ceux qui se trop rapprochés pour voir ce qu’il y avait dans le pot risquent de se faire prendre les doigts dans le pot de confiture.

« Des agents "infiltrés" lui avaient envoyé des liens vers des tutoriels YouTube » : un p'tit peu dans l'esprit de pousser au crime, ou au moins à la faute, non?

Il y a une dizaine d'années en Angleterre, la justice a déclaré illégal le fait que la police londonienne mette en évidence dans un véhicule un laptop soit sur la plage arrière ou soit sur le siège passager de la voiture, le véhicule étant garé dans un quartier réputé pour ses nombreux vols, la justice considérant que c’était un « pousse-au-crime » et une incitation au vol.

Mouais… enfin, moi si je vois un laptop dans une voiture, je ne vais y aller briser la vitre du véhicule pour piquer le laptop…

Enfin bref…
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Si en plus tu crois que c'est un pot de miel et que cela devient de la confiture, il y a tromperie !
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Je suis d'accord. Une sacrée ratatouille au final. :D
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«Forbes rappelle à ce titre que Google a d’ailleurs annoncé en décembre une mise à jour qui rendra « techniquement impossible » la fourniture d’informations en réponse à de tels mandats.»

Quel genre de procédé peut-il exister pour que ça soit techniquement impossible de récupérer la liste des viewers d'une vidéo ? A partir du moment où le compteur de vue s'incrémente et que le fait d'avoir vu une vidéo est sauvegardée dans le profil de chaque utilisateur connecté (ne fonctionne pas pour les vues anonymes). J'ai du mal à saisir.
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Comme l'a fait remarquer fred42, ça ne concerne certainement que les mandats de géolocalisation.
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Le 2eme cas c'est quand même très tarabiscoté, ils pensent que la personne a regardé la zone filmé par la caméra avant d'aller déposer la bombe (et donc ne pas être visible de face etc) ?

La connaissance de la zone peut être très ancienne... voir juste le fait d'avoir vu la caméra un jour en passant devant fait que tu va évite de montrer ta tête devant... (sans même savoir si c'est une vraie caméra ou pas)
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Je n'ai pas l'impression que ces autorités s'embarrassent de telles nuances ..... trop d'efforts à fournir probablement. On va au plus simple pour le premier coup de filet. Ca produit du résultat et de la statistique je suppose .......
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J'avais interprété sous un autre angle : la personne avait sûrement regardé les live pour voir le bordel que sa faisait
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Ah oui pas bête, merci :)
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le prb n'est pas tant que la police demande l'info, mais plutôt que google garde toute ces infos

La police américaine demande à Google la liste des personnes ayant visionné des vidéos YouTube

  • Ratisser large pour (peut-être) trouver une personne

  • Autre affaire à Portsmouth, même logique des forces de l’ordre

  • Google botte en touche

  •  « Transformer des spectateurs innocents de YouTube en suspects criminels »

  • Google a déployé une mise à jour pour « contrer » ces demandes

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