DMA : Meta critique à son tour Apple, qui minimise l’importance de l’Europe
Entre la pomme et la poire
Mark Zuckerberg a fini par s’exprimer lui aussi sur les changements qu’Apple a annoncés pour se mettre en conformité avec le DMA. Il n’apprécie cependant pas lui-même le nouveau règlement européen, dont Apple tente de minimiser l’impact.
Le 05 février à 10h40
5 min
Droit
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Comme les autres contrôleurs d’accès, Apple doit non seulement se conformer au DMA, mais répondre à deux exigences supplémentaires. Une attention particulière est ainsi portée sur la manière dont l’entreprise permet à la concurrence de s’épanouir. Dans la ligne de mire, l’App Store, ses règles strictes, la commission, ou encore le fonctionnement des navigateurs.
Face à ces nombreuses demandes, Apple a annoncé un grand nombre de changements. Plus de 600 nouvelles API sont prévues et les boutiques tierces vont être autorisées. De plus, les navigateurs vont pouvoir embarquer leur propre moteur. Ils devaient utiliser une vue déportée de WebKit jusqu’à présent.
Ces changements doivent être prêts pour l’entrée en vigueur du DMA le 7 mars. Cependant, Apple les a assortis de conditions d’utilisation faisant grincer des dents à de nombreux acteurs. Mark Zuckerberg, à la tête de Meta, est le dernier à s’être exprimé sur le sujet. Comme on pouvait s'en douter, ses mots ne sont pas tendres.
Aucune influence sur Meta, a priori
En fin de semaine dernière, Meta présentait ses résultats financiers pour le quatrième trimestre. Alors que l’entreprise affiche une bonne santé, grâce notamment à un rebond de la publicité, la question a été posée à Mark Zuckerberg : que pense-t-il des changements annoncés par Apple ?
La réponse est désabusée : « Je ne pense pas que l'affaire Apple aura une quelconque influence sur nous. De la manière dont ils l'ont mis en œuvre, je serais très surpris qu'un développeur choisisse d'aller dans les magasins d'applications alternatifs qu'ils ont », rapporte The Verge.
Pourquoi un tel manque d’enthousiasme ? Sans surprise, à cause des conditions qui accompagnent ces changements : « Ils ont rendu les choses si onéreuses – et je pense si contraires à l'intention du règlement de l'UE – que je pense qu'il sera très difficile pour quiconque, y compris pour nous, d'envisager sérieusement ce qu'ils font ici ».
Il ne fait aucun doute que Meta lancerait volontiers sa propre boutique sur iOS, même si cela signifie la limiter à l’Europe. Mais comme nous l’avions indiqué dans notre précédent article, les frais peuvent exploser si l’application concernée rencontre un grand succès et permet des gains substantiels. Le nouveau système peut alors se révéler bien plus cher que l’ancien.
En ce sens, le commentaire de Mark Zuckerberg rejoint les avis exprimés par Epic, Microsoft ou encore Spotify, tous vent debout contre les conditions imposées par Apple. Il parait évident désormais qu’ils attendent une réaction forte de l’Europe et qu’un bras de fer aura lieu.
Apple minimise la part de l’Europe
Pendant la présentation des résultats financiers d’Apple sur son dernier trimestre, plusieurs responsables de la firme ont évoqué la situation européenne, comme le rapporte TechCrunch notamment.
Pour Luca Maestri, directeur financier de l'entreprise, il n’y a pas vraiment à s’en faire : « une grande partie dépendra des choix qui seront faits. Pour rester dans le contexte, les changements s'appliquent au marché de l'Union européenne, qui représente environ 7 % du chiffre d'affaires global de notre boutique d'applications ».
Le chiffre n’est pas anodin : il y a une volonté chez Apple de minimiser la part de l’Europe dans ses activités. Comme un message envoyé à la Commission européenne pour lui rappeler sa place, alors que le chiffre d’affaires pour les services – incluant l’App Store – s’est élevé à 23,1 milliards de dollars pour le dernier trimestre, en hausse de 11 % sur un an.
« Si vous pensez à ce que nous avons fait au fil des ans, nous avons vraiment mis l'accent sur la confidentialité, la sécurité et la facilité d'utilisation. Nous avons fait de notre mieux pour nous rapprocher le plus possible du passé en ce qui concerne les choses que les gens aiment dans notre écosystème, mais nous ne pourrons pas fournir le maximum que nous pourrions fournir, parce que nous devons nous conformer au règlement », a de plus ajouté Tim Cook.
Le PDG de l’entreprise a repris les mêmes éléments de langage que dans le communiqué qui annonçait les changements pour le DMA. En somme, l’ouverture réclamée nuira à l’écosystème cohérent et homogène d’Apple et les utilisateurs auront tôt ou tard des problèmes de sécurité.
DMA : Meta critique à son tour Apple, qui minimise l’importance de l’Europe
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Aucune influence sur Meta, a priori
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Apple minimise la part de l’Europe
Commentaires (10)
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Abonnez-vousLe 05/02/2024 à 10h46
Le 05/02/2024 à 11h10
L'intérêt d'avoir sa propre boutique est essentiellement de ne pas payer de pourcentage à Apple sur ses ventes depuis l'iBudule.
Si META ne vend rien (il me semble que c'est le cas, mais je n'utilise aucun de ses produits), ça n'a aucun intérêt d'avoir sa boutique. Et dans ce cas, autant rester sur le store d'Apple parce que ça ne leur coûte rien.
Si META veut vendre depuis ses app sur iOS, il a intérêt d'avoir sa propre boutique, ça ne lui coûte que 0,5 € par an par appli (+ les coûts d'infra et de paiement qu'il a à gérer en propre. Je néglige le premier million d'app qui est gratuit. Comme tout le monde râle sur le pourcentage pris par Apple, c'est qu'ils pensent gagner plus sans Apple et ces 0,5 € ne sont pas grand chose.
Enfin, si avoir sa propre boutique génère plus que 0,5 € de bénéfice en plus par an et par app, c'est aussi rentable.
Tout ce que je dis ne change rien au côté très discutable des 0,5 € par app et par an sur quoi la Commission aura à se prononcer.
Le 05/02/2024 à 11h50
Il me semble que les utilisateurs Européens ont la possibilité de payer un abonnement insta et FB par exemple.
Il y a aussi la question de What's app qui est un peu plus complique a monétiser avec de la pub vu que c'est chiffré de bout en bout.
Si ils peuvent éviter d'avoir Apple et ses frais d'utilisation dans tous les sens ça les arrangeraient.
META a aussi bien compris qu'il y avait un avantage stratégique à contrôler la plateforme sous-jacente car cela évite d’être a la merci de changements de politique de confidentialité notamment.
L'entreprise est bien contente de garder cet avantage sur les casques de VR, elle n'aimerait pas qu'un Google ou un Apple vienne concurrencer le Meta Store.
Le 05/02/2024 à 12h07
Raison de plus pour foncer sur leur propre boutique : ce n'est pas le 0, 5 € par an par rapport aux 9,99 € par mois qui va faire la différence.
Et leur Meta Store est une autre bonne raison de foncer s'il a un intérêt à être utilisé sur iOS.
Le 05/02/2024 à 17h24
Ce passage de la déclaration de Meta m'a bien fait rire :
et je pense si contraires à l’intention du règlement de l’UE
C'est vrai que eux, avec leur abonnement payant, n'ont pas du tout essayé de se moquer de l'UE, "soit on siphonne tes données soit tu payes très très cher, mis tu as le choix."
Pour les boutiques comme Amazon, il y a aussi une commission de 30% sur les achat in app ?
Modifié le 05/02/2024 à 14h00
Or Apple prélève une commission de 30% sur ces dépenses dans les applis. Meta va donc perdre une partie de ses recettes publicitaires sur Facebook et Instagram. "Apple continue de faire évoluer ses règlements pour faire croître ses propres activités tout en sapant les autres acteurs de l'économie numérique", a réagi un porte-parole de Meta mercredi. "Apple avait dit dans le passé qu'ils ne prendraient pas de parts de revenus publicitaires aux éditeurs d'applications, mais apparemment ils ont changé d'avis".
Source (26/10/2022)
Le 05/02/2024 à 17h33
Le 05/02/2024 à 18h51
Si Apple minimise son chiffre d'affaires en Europe sur les applis, ils menacent en fait implicitement d'interdire l'App Store d'Apple aux iPhones.
Ce qui revient à dire qu'ils ne vendraient plus d'iPhone en Europe.
Le 05/02/2024 à 19h02
Ce n'est pas parce que le chiffre d'affaire dans l'UE de l'App Store est assez faible que c'est aussi le cas pour les iPhones.
Si on regarde la répartition du chiffre d'affaire d'Apple par zone géographique, on voit que l'Europe (ce qui fait plus que l'UE avec la GB) est en deuxième place pratiquement tout le temps (ou à quasi égalité avec la Chine) et représente plus de 20 % du CA mondial. Ça m'étonnerait qu'ils se passent de ce CA.
Le 06/02/2024 à 08h56
Le coup de "pression" d'Apple pourrait être de ne plus vendre d'iphone en Europe (sauf que le CA avec des téléphones à 1000€ à changer tous les 2ans et pas du tout le même que celui de l'appstore)