DMA : les grandes espérances de Spotify, les plans flous d’Apple
Pomme de vénère
Dans une publication, Spotify a présenté les actions qu’elle pourra mettre en place dès l’application du DMA. La société suédoise annonce très clairement la couleur, attaquant une nouvelle fois Apple et sa commission sur l’App Store. Mais l’arrivée du règlement pourrait ne pas lui donner aussi rapidement satisfaction.
Le 25 janvier à 16h38
6 min
Droit
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On le sait depuis le début : Spotify est l’une des sociétés pestant le plus contre Apple. La charge est alimentée depuis plusieurs années. Les points douloureux soulevés sont toujours les mêmes : la commission de 30 % sur les achats in-app et les abonnements (malgré une baisse à 15 % dès les douze premiers mois passés), l’impossibilité de communiquer directement avec les clients, l’interdiction d’insérer des liens les invitant à s’abonner sur le site officiel, etc.
L’arrivée du Digital Markets Act, prévue pour le 7 mars, est porteuse d’espoirs pour Spotify et de nombreuses autres sociétés. On sait par exemple qu’Apple se prépare ardemment, probablement avec un App Store dédié et adapté aux DMA et DSA. Il lui faudra en effet autoriser l’installation par sideloading des applications (extérieures à l’App Store), permettre l’utilisation des systèmes tiers de paiement, etc.
Le monde merveilleux du DMA
La communication de Spotify est claire : « Avec le déploiement de la loi sur les marchés numériques (DMA), votre Spotify est sur le point de devenir bien meilleur, ce qui signifie plus d'opportunités pour les développeurs et les créateurs du monde entier ».
Selon la société suédoise, l’une des principales plaintes des consommateurs vient du peu de renseignements sur les tarifs : « Grâce au DMA, nous pourrons enfin partager des informations sur les offres, les promotions et les options de paiement plus avantageuses dans l'Union européenne ». « Une expérience plus facile pour vous est synonyme de bonnes choses pour les artistes, les auteurs et les créateurs qui cherchent à développer leur public d'auditeurs, de spectateurs de concerts et de fans de livres audio », ajoute Spotify.
Et le tout sans la commission de 30 %, interdite par le DMA, selon l’entreprise.
Un plan d’action déjà prêt
Objectif pour Spotify, déployer toute une série d’actions dès l’activation du DMA le 7 mars. Dans un mois et demi environ, l’application pourra ainsi communiquer directement sur les tarifs des abonnements et renvoyer vers une page dédiée, ce qu’elle ne peut pas faire actuellement. Elle a quand même le droit d’indiquer que l’on peut s’abonner depuis le site officiel, sans rien de plus. Pour les comptes gratuits, l’application pourra proposer spontanément une promotion, par exemple commencer l’abonnement Premium par trois mois offerts.
Dans les animations présentes sur le site officiel, on peut voir plusieurs exemples de ce que Spotify compte déployer. On peut ainsi y voir un panneau présentant la formule Famille Premium, qui permet pour rappel d’abonner six personnes au sein d’un même foyer pour 17,99 euros par mois. Le service ne pouvant pas évoquer ses propres abonnements dans l’application, seule la fiche de l’application dans l’App Store peut le faire aujourd’hui.
« Et nous pourrons communiquer clairement avec vous dans l'application Spotify à propos des nouveaux produits à vendre, des campagnes promotionnelles, des clubs de fans et des événements à venir, y compris lorsque des articles tels que les livres audio sont en vente », ajoute l’entreprise.
À compter du 7 mars, il sera bien sûr possible d’acheter un abonnement ou un livre audio depuis l’application. L’achat se fera via un formulaire intégré.
Bien sûr, comme fustigé très récemment par Tim Sweeney, fondateur et PDG d’Epic, il faut attendre de voir les conditions précises dans lesquelles Apple va permettre tous ces mécanismes. Aux États-Unis, elles sont déjà jugées injustes par plusieurs acteurs. En Europe, même si le formulaire de paiement peut être intégré, il faudra quand même remplir les informations à la main. On sera alors loin des conditions idylliques de l’App Store.
Enfin, Spotify ajoute que l’on pourra récupérer son application iOS depuis le site officiel. Pas certain que cette proposition rencontre un franc succès. À moins que l’éditeur suédois propose une variante, plus riche fonctionnellement et disposant de certains bonus.
Spotify pourrait déchanter
Doit-on s’attendre à ce qu’Apple joue franc-jeu en ouvrant les vannes à rêves pour les éditeurs tiers ? Probablement pas. On a déjà vu l’entreprise se plier à certaines décisions de justice sur les systèmes de paiement par exemple. Mais la commission de 30 % est passée à 27, un écart jugé bien trop faible pour inciter les éditeurs à passer par un autre système que celui intégré à l’App Store. Un point largement critiqué par Tim Sweeney.
Or, si l’on en croit le Wall Street Journal, Apple aurait en réserve des plans spéciaux pour les différentes commissions et restrictions qu’elle compterait appliquer en Europe avec le DMA. La firme n’envisagerait ainsi pas de renoncer à une commission, même pour les applications installées depuis l’extérieur.
Il est évident qu’Apple va se livrer à un grand numéro d’équilibriste. Le nouveau système doit être suffisamment convaincant pour ne pas se brouiller avec l’Europe, tout en préservant au moins une part des revenus qu’elle engendre grâce à la juteuse commission sur les achats in-app et les abonnements.
Toujours selon le Wall Street Journal, Apple aurait l’intention de préserver son processus de supervision pour les applications iOS, y compris celles n’étant pas présentes sur le Store. On ne sait pas encore quelle forme ce mécanisme va prendre, mais le sideloading n’est pas censé remettre en cause les conditions d’utilisation pour les développeurs.
Une question d'argent
Tout aussi évident est la tension que ce mécanisme créera si Apple a toujours son mot à dire pour les applications extérieures et qu’une commission est appliquée, même allégée. On peut imaginer par exemple une nouvelle zone de l’App Store dédiée aux applications extérieures. Les entreprises concernées monteront rapidement au créneau, Spotify en tête.
Il ne s’agit pas vraiment ici d’un débat vertueux sur la liberté des consommateurs. De la même manière qu’Epic a déposé plainte contre Apple, déclenchant une vaste guerre qui s’est retourné majoritairement contre le studio, la question est purement économique. Avec le DMA, certaines entreprises ont la possibilité de créer des boutiques parallèles, tandis qu’Apple veut préserver sa manne.
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Le monde merveilleux du DMA
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Un plan d’action déjà prêt
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Spotify pourrait déchanter
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Une question d’argent
Commentaires (12)
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Abonnez-vousModifié le 25/01/2024 à 18h03
PS : Merci pour l'article.
PPS : Ca marche encore comme écriteaux ; Les nouveaux abonnées n'aurons pt être plus la réf ?
Le 25/01/2024 à 18h00
Le 25/01/2024 à 18h00
Le 25/01/2024 à 18h55
Je vends un service que je finance en prélevant 5% sur les transactions, je suis sur iOS et android mais c’est possible uniquement parce que mon service a un impact dans le monde physique.
Sinon avoir une apps sur iOS serait impossible.
Android accepte les méthodes de paiements tiers donc ça ne bloque pas.
Le 25/01/2024 à 22h12
Le 25/01/2024 à 21h24
Modifié le 26/01/2024 à 00h15
Apple
Le 26/01/2024 à 02h58
Cela me paraît aussi absurde que s'ils demandaient à Spotify de leur reverser une commission pour tous les abonnés ayant souscrit par un autre canal (en payant directement à Spotify) qui utilisent un jour leur abonnement sur un iBidule. Ou je suis naïf et c'est déjà le cas ?
Le 26/01/2024 à 08h44
Est-ce qu'il est précisé que le side load doit pouvoir se faire depuis le smartphone? car Apple force depuis uniquement MacOS par exemple, peu de monde ne l'utilisera.
Je ne sais pas non plus quel est le statut sur ces 30%, mais si ca n'est facultatif que sur les appli side loadé, alors clairement, ca touchera pas grand monde. Surtout si Apple interdit d'en faire de la pub depuis la même appli version App store.
On peut aussi imaginer l'interdiction aux applis side loadé d'interagir avec des API spécifique d'iOS. Pour des raisons de "sécurité", une appli side loadé ne pourra pas interagir avec le système de notification, de diffusion sonore, tourner en tache de fond, etc...
On peut aussi imaginer qu'Apple n'autorisera les applis sur son store qu'à condition qu'elles ne soient pas diffusé via un store tier. Donc passer par la case "perte de tous les abonnées" et espéré qu'ils reviendront tous via side load, ca pourrait être compliqué.
Bref, j'imagine qu'Apple trouvera n'importe quel pretexte pour ne pas se conformer à l'esprit de la loi, je pense qu'il y en a des tonnes.
Le 26/01/2024 à 18h34
Et bien entendu qu'on peut compter sur Apple pour faire de la "malicious compliance", mais demander une taxe sur les achats quand ils ne gèrent pas le paiement, ça me paraît aussi absurde que si le constructeur de mon auto prenait une taxe sur le McDrive, l'avarice poussée à l'extrême ça commence à se voir.
Modifié le 26/01/2024 à 19h26
Divulgachage : oui, on va pouvoir charger des applis par des store alternatifs (et pas juste par pigeon voyageur).
Je te laisse découvrir le reste...
Le 26/01/2024 à 19h37