AT&T lance le rachat de Time Warner (CNN, HBO…) pour 85,4 milliards de dollars
Big up à Patrick Drahi
Le 24 octobre 2016 à 09h15
5 min
Économie
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Le groupe télécoms américain AT&T et Time Warner ont annoncé être entrés dans la dernière phase d'un rachat à plus de 85 milliards de dollars. Avec les réseaux du premier et les contenus du second, les deux groupes comptent écrire une nouvelle page dans la convergence entre télécoms et médias.
L'enthousiasme des actionnaires ne semble être égalé que par l'inquiétude des associations de consommateurs. Le premier opérateur américain AT&T a annoncé le rachat de Time Warner pour un montant estimé à 85,4 milliards de dollars (108,7 milliards en comptant la dette du dernier). Les deux sociétés entrent en « accord définitif », pour l'acquisition de marques aussi importantes que CNN, HBO et Warner Bros. Dans son communiqué, le groupe télécoms estime que ce rachat marque la « prochaine vague de convergence entre les industries des médias et des communications ».
Le mouvement n'est pas nouveau. L'an dernier, Verizon s'est ainsi récemment offert AOL et ses nombreux médias web. En France, bien entendu, ce sont les nombreux rachats de médias par Altice (SFR) qui viennent en tête. L'ensemble des activités de la société sont ainsi sous une même bannière, qui permet notamment à l'opérateur de jouer sur la TVA via son offre SFR Presse.
Des réseaux, des contenus et de la conquête
Dans les faits, AT&T vante les synergies entre ses réseaux et les moyens de production de contenus de sa future filiale, jugées comme inégalées. L'opérateur affirme voir l'avenir dans la vidéo sur mobile, et s'estime très bien placé dans la distribution de contenus, par Internet aux États-Unis, sur mobile au Mexique et sur TV en Amérique latine... Cela quand HBO est l'un des principaux distributeurs de vidéo dans 24 pays d'Amérique latine.
Pour l'acquérir, AT&T propose 107,5 dollars par action, qui atteint aujourd'hui près de 90 dollars. L'action de Time Warner a d'ailleurs grimpé de 7 % depuis l'annonce du rachat, quand celle du repreneur a baissé de 3 %. Le rachat sera effectué pour moitié en numéraire et pour moitié en actions AT&T. La partie en numéraire sera financée par un prêt relais de 40 milliards de dollars, qui doit servir à fournir l'argent dans un premier temps, avant d'obtenir un ou plusieurs prêts à un meilleur taux. À l'issue de l'opération, les actionnaires de la future filiale devront posséder entre 14,4 % et 15,7 % du futur ensemble.
Des synergies et des opportunités
D'un point de vue purement financier, l'offre a toutes ses chances de passer, tant le prix par action est élevé face au cours actuel. AT&T estime d'ailleurs que l'opération sera relutive dès la première année, en clair qu'elle améliorera rapidement les gains pour chaque actionnaire.
Dans son communiqué, le groupe télécoms s'attend à des synergies de coût d'un milliard de dollars les trois premières années, principalement sur les postes administratifs et l'approvisionnement. « À plus long terme, AT&T s'attend à s'emparer d'opportunités financières qu'aucune des deux entreprises n'aurait pu obtenir seule » explique la société.
De même, Time Warner doit compenser certaines difficultés, ses activités ayant besoin de très peu de dépenses en capital, contrairement à celles d'AT&T. Autre avantage : l'activité de Time Warner serait bien moins régulée que celle de sa future maison-mère, dans un combat permanent avec son régulateur. Dans l'absolu, la nouvelle filiale devrait compter pour environ 15 % du chiffre d'affaires de l'ensemble. Pour référence, au deuxième trimestre, AT&T a engrangé 40,5 milliards de dollars de revenus, contre 7 milliards pour Time Warner.
Une conclusion espérée avant fin 2017
Mais tout n'est pas encore réglé. Le « deal » doit encore obtenir l'approbation des autorités, principalement du département américain de la Justice. Le régulateur des télécoms, la FCC, pourrait également avoir son mot à dire si des fréquences sont transférées dans l'opération, ce que les deux entreprises sont en train de vérifier. Reste que la transaction ne concernera pas l'opérateur Time Warner Cable, dont le groupe s'est séparé en 2009.
Rappelons qu'AT&T n'est pas novice dans ce genre de rachat. En 2014, il avait acquis le service de télévision par satellite DirecTV pour 48,5 milliards de dollars. Le service est depuis devenu une brique de l'offre de l'opérateur américain.
L'annonce du rachat de Time Warner a bien fait lever quelques sourcils ce week-end... Dont ceux de Donald Trump. Lors d'un meeting, le candidat républicain à la présidence des États-Unis a affirmé qu'il s'opposerait au rachat s'il était élu, la nouvelle entité concentrant trop de pouvoirs à son goût. D'autres, comme des associations de consommateurs et de défense des libertés civiles, craignent la reconstitution du géant AT&T, qui avait un monopole sur les réseaux télécoms du pays.
Interrogé par le New York Times, le groupe affirme pourtant qu'il n'est aucunement question de réserver la distribution des contenus de Time Warner aux seules offres d'AT&T. L'intérêt de networks comme HBO serait justement plutôt d'être disponible partout. Rendez-vous l'année prochaine, donc, pour voir si le plan du géant des télécoms se déroule sans accroc. En attendant, l'entreprise doit tenir une conférence téléphonique à 14h30 pour discuter des détails de la transaction.
AT&T lance le rachat de Time Warner (CNN, HBO…) pour 85,4 milliards de dollars
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Des réseaux, des contenus et de la conquête
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Des synergies et des opportunités
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Une conclusion espérée avant fin 2017
Commentaires (37)
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Abonnez-vousLe 24/10/2016 à 09h54
Le 24/10/2016 à 09h58
Non on avait le choix : acheter ou louer. Et personne n’imposait le loueur.
Le 24/10/2016 à 10h07
Oui c’est logique. Une entreprise ne peut pas rester sur un produit qui perd en marge. Elle se diversifie pour améliorer sa rentabilité. La plus naturelle pour un opérateur, c’est pas les pains aux chocolats…
RED, B&YOU, Freebox classic, pour moi on est bien dans le moins de 30€ sans trop de contenu non ?
Le 24/10/2016 à 10h16
Qu’ils se diversifient par l’innovation, pas en nouant des partenariats avec des médias. Leur métier c’est les tuyaux, pas le contenu.
B&you… c’est pas des box fixes.
La Freebox est à 40€00 désormais.
Le 24/10/2016 à 10h22
Oui mais ça va pas aller en s’arrangeant.
Le 24/10/2016 à 10h22
Le 24/10/2016 à 10h23
Même si le conglomérat devait en passer par la case rachat pour éviter de tomber dans les griffes de Disney (qui a un grand intérêt pour DC Comics et les licences HP/LOTR), je trouve dommage que Time Warner n’aie visiblement pas retenu la leçon du rachat/fusion catastrophique avec AOL au début du siècle. J’espère juste que DC ne sera pas refourgué après rachat pour décrocher encore + de $$$ " />
Le 24/10/2016 à 10h26
Tu as l’offre RED Fibre à 19,99€/mois (Internet 100mb + tel) dispo en FTTB et FTTH. Et il y a une offre ADSL mais un peu plus chere.
Idem avec Sosh en offre Mobile + Livebox (fournie par défaut sans TV)
Le 24/10/2016 à 10h34
Innovation = “fantasme de geekos”
Non pas forcément. Et surtout tout le monde n’est pas télévore.
Le 24/10/2016 à 10h36
offres low-cost ou produits d’appel. Ces offres moins chères servent à appâter le chalandet ensuite à le rendre captif.
Le 24/10/2016 à 10h38
Merci, je ne connaissais pas ;)
Le 24/10/2016 à 10h40
Le 24/10/2016 à 10h41
Globalement ca pue pour le net, dès que les distributeurs vont aussi être producteur il n’y aura plus de concurrence
Le 24/10/2016 à 11h34
Le 24/10/2016 à 11h35
C’est pas seulement les media, c’est tout le reste aussi, à commencer par l’argent et le pouvoir.
Le 24/10/2016 à 11h46
C’est presque déjà le cas, par le jeu des filiales par exemple les médias (internet compris) appartiennent à moins d’une quarantaine de sociétés hormis les petits indépendants. Le plus drôle c’est qu’on retrouve ces mêmes sociétés dans les circuits de la production de biens et services.
Le 24/10/2016 à 09h23
Tout comme les banques d’affaires devraient être séparées des banques d’investissements, on devrait séparer les FAI ( fournisseur de contenant : la connexion ) de l’activité de contenant ( VOD, jeux, … )…
Ce système est une vrai bouse qui plutôt que créer de la “synergie” va inciter les FAI à une tarification à l’usage, car ca sera doublement lucratif pour eux …
Le 24/10/2016 à 09h27
Dans la droite ligne de SFR, quels copieurs ces américains..
Le 24/10/2016 à 09h28
Le monde ne tourne pas rond…dans 10 ans on finira avec une poignée de personnes contrôlant les media du monde entier…c’est effrayant….
Le 24/10/2016 à 09h33
Les FAi (usa et copié par les français) devraient innover sur leurs boxs plutôt que de négocier et refourguer du “contenu”. Chacun son métier ! Les FAi font des télécoms, les médias du contenu et les consommateurs choisissent.
C’est vraiment dommage cette dérive marketing qui détruira la neutralité des réseaux.
Le 24/10/2016 à 09h40
C’est déjà le cas.
Le 24/10/2016 à 09h40
Le 24/10/2016 à 09h40
WOW, ça fait beaucoup de billets verts quand même !
Le 24/10/2016 à 09h47
C’est comme si en 1990, les fabricants de magnétoscopes nous refourguaient avec des abonnements à des K7 videos de walt disney…
Le 24/10/2016 à 09h48
C’est parce qu’ il y a une guerre des télécom (avec des marges à la baisse) que la synergie contenu+tuyaux s’opère.
C’est logique. Tu valorise un abonnement avec du sport/séries etc.
Tant que l’opérateur ne bride pas les contenu tiers, et qu’il y a toujours les offres low cost sans contenu, tout le monde est content.
Même le soit disant troublion free s’y met, avec des packages canalsat.
Le 24/10/2016 à 09h51
C’est logique ?
C’est surtout plus facile de négocier des partenariats avec des médias plutôt que d’innover.
Des “offres low cost sans contenu” ? Ah bon où ça ?
Comme tu le dis, même Free s’y met, la Freebox est à 40€00 maintenant.
Le 24/10/2016 à 11h51
Le 24/10/2016 à 11h51
Suffit de ne pas céder au chant des sirènes ;-)
L’offre Dual Play me convient parfaitement pour l’usage que je fais de la TV et je ne suis pas démarché pour aller sur des offres supérieures.
Le 24/10/2016 à 12h16
Tu as aussi Coriolis et OVH (bon, OVH ne fait pas vraiment du pas cher mais cest un acteur interessant quand même de mon point de vue)
Le 24/10/2016 à 12h32
C’est drôle de voir ça, quant , en France Vivendi se sépare de SFR au profit d’Altice…
… qui dans la foulée rachète des médias (plus papier).
Le 24/10/2016 à 12h40
Comme Time-Warner vis-à-vis* du FAI AOL et de Time Warner Cable, Vivendi n’a pas vendu SFR par stratégie industrielle, mais pour payer ses dettes.
* c’est amusant, Vizzaviétait justement un portail de contenus de Vivendi-Universal/Vodafone
Le 24/10/2016 à 14h17
Le 24/10/2016 à 14h44
Pour 1 millard t’as plus rien.
Le 24/10/2016 à 14h45
Le 24/10/2016 à 18h47
« Des dettes remises à plat, des actionnaires regonflés à bloc
Grace aux liquidités générées par toutes ces cessions, Vivendi a cherché à remettre à plat l’ensemble de ses dettes. Fin novembre 2014, la société a annulé toutes ses lignes de crédit existantes, pour un montant de 7,1 milliards d’euros, avant d’en ouvrir une nouvelle de 2 milliards d’euros, dont elle n’a pas encore fait usage. Deux semaines plus tard, il était question du remboursement d’un emprunt de 4,25 milliards d’euros, puis d’un autre, peu après, pour 595 millions de dollars cette fois-ci. Ainsi, en l’espace d’un an, l’endettement net de Vivendi est passé d’un trou de 11 milliards d’euros, à un excédent de 4,6 milliards d’euros. »
source : Next Inpact - 03/03/2015
La vente de SFR a rapporté 2,4 milliards d’euros à Vivendi en 2014
Tous ensemble, sauvons Vivendi…
Le 25/10/2016 à 04h27
J’ai presque envie de dire “Tout ca pour ca !!!” Sauf erreur AT&T c’est bien un opérateur téléphonique. 85 milliards ca atteint des sommets…. Je comprends pas tout ils vont faire quoi ? diffuser des films pour faire patienter les mécontents ?
Le 25/10/2016 à 13h37
ils manipulent les millions et milliards de dollars comme nous les pièces de 1 et 2 centimes