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En ligne, les promos foireuses restent d’actualité

- 80 % sur la sincérité de nos promotions

En ligne, les promos foireuses restent d’actualité

Après le Black Friday et avant les fêtes de fin d’année, Next fait le point sur la question qui taraude les internautes : les promotions en ligne sont-elles sincères ? Bien souvent non, malgré le renforcement de la réglementation européenne il y a un an et demi. Certains e-commerçants sont sanctionnés, mais ce n’est pas si fréquent, comme nous le verrons dans la seconde partie de ce dossier.

Le 07 décembre 2023 à 11h09

Avec l’automne, la valse des « - 20 % », « - 30 % », « - 50 % » reprend de plus belle chez les e-commerçants. Novembre est, en effet, une période d’intense activité promotionnelle, avec le Black Friday : si l’opération était fixée cette année au vendredi 24, la plupart ont largement débordé avant et après. Les promotions vont d’ailleurs continuer bon train jusqu’aux fêtes de fin d’année. Et cette année encore, il faut prendre avec des pincettes ces annonces de réduction.

Les revendeurs ne prennent pas l’omnibus

Une nouvelle réglementation européenne, la directive dite « omnibus », avait pourtant laissé espérer la fin des promotions bidon. Entrée en vigueur le 28 mai 2022, elle encadre plus strictement le prix de référence, qui sert de base au calcul des réductions.

Il s’agissait de mettre un terme à la pratique, courante dans le commerce en ligne, de choisir une référence artificielle afin de faire croire à une promotion plus importante que la réalité. Un an et demi plus tard, de l’avis de la plupart des observateurs, le compte n’y est pas.

La situation n’a guère changé, à entendre Olivier Gayraud, juriste à l’association de consommateurs Consommation, logement et cadre de vie : « Régulièrement, les services de la répression des fraudes alpaguent des commerçants qui manipulent le prix de référence, que ce soit des sites Internet ou des magasins physiques. »

L’autre grande association de consommateurs, l’UFC-Que Choisir, a dénoncé une série de fausses promotions lors du Black Friday, fin novembre. En mai dernier, elle a porté plainte contre huit grands sites de vente en ligne : Amazon, Asos, Cdiscount, E.Leclerc, La Redoute, Rue du commerce, Veepee et Zalando. Elle les accuse de continuer à tromper les internautes avec de fausses bonnes affaires, malgré les nouvelles règles.

Lors du Black Friday 2022, une opération de contrôle a été menée à travers l’Union européenne sur 176 sites. La Commission européenne concluait qu’environ une annonce de réduction de prix sur quatre violait les nouvelles règles européennes.

De son côté, Romain Gavache, responsable pour la France du comparateur leDénicheur, rappelle le moyen simple de ne pas se laisser berner : « Notre conseil numéro un reste d’oublier les pourcentages ou les montants de réduction affichés, bien que ceux-ci soient censés être régulés par la directive omnibus. Il faut s’attacher uniquement au prix final pratiqué, et le comparer à deux choses : aux prix pratiqués aujourd’hui par les autres e-commerçants, et à l’historique de prix ». Ces informations étant, naturellement, disponibles sur les comparateurs.

La règle du prix le plus bas des trente jours précédents contournée

Pourquoi ce constat d’échec ? En principe, le commerçant doit désormais indiquer le prix qu’il pratiquait avant la réduction : il doit correspondre au prix le plus bas pratiqué lors des trente jours précédents (article L. 112-1-1 du code de la consommation). La règle vaut pour le Black Friday, les soldes ou n’importe quelle opération promotionnelle.

Dans les faits, « le prix de référence utilisé par les sites est un peu aléatoire, explique Romain Gavache. C’est particulièrement trompeur quand le e-commerçant utilise le prix conseillé lors de la mise sur le marché : remontant parfois à plusieurs années, il n’est absolument pas pertinent pour ce calcul de réduction ». Le patron du Dénicheur se refuse pourtant à jeter l’anathème sur les e-commerçants : « Pour des sites qui ont des centaines de milliers d’offres, on imagine bien qu’il n’est pas simple de parvenir à une maîtrise parfaite de cette donnée. C’est sans doute techniquement difficile à mettre en place ».

Les e-commerçants se sont en fait engouffrés dans une subtilité de la nouvelle réglementation. Le document d’orientation de la Commission européenne sur le sujet prévoit une exception à la règle du prix le plus bas dans les trente jours : lorsque le revendeur pratique non pas une réduction de prix, mais une comparaison de prix – en le comparant à celui pratiqué par d’autres vendeurs, par exemple.

Des réductions gonflées à- 26 %

L’UFC-Que Choisir a mesuré l’étendue de la pratique : sur les huit sites qu’elle poursuit pour pratiques commerciales trompeuses, 96,6 % des prix barrés sont des prix de comparaison. Seuls 3,4 % sont des prix de référence au sens de la réglementation (prix le plus bas des trente derniers jours). Ces chiffres reposent sur l’analyse de plus de 6 000 offres affichant un prix réduit.

Ces prix de comparaison maintiennent la porte ouverte au grand n’importe quoi. Beaucoup utilisent, on l’a vu, le prix de vente conseillé par le fabricant lors du lancement du produit, même s’il est totalement obsolète.

Selon l’UFC-Que Choisir, Amazon utilise parfois un prix median de vente sur trois mois impossible à vérifier, et Cdiscount un tarif moyen d’une sélection de sites sans que l’on sache forcément combien (parfois seulement deux !), ni comment ils ont été sélectionnés.

Selon l’association, le stratagème permet de gonfler les réductions affichées : elles sont de - 26,5 %, contre - 6 % seulement en moyenne pour les offres respectant la réglementation. « Conscients que les prix barrés peuvent stimuler l’achat impulsif, les e-commerçants profitent de l’absence d’une réglementation précise pour fixer comme bon leur semble les prix de comparaison », résume l’UFC-Que Choisir, dans son étude.

L’association estime que la pratique est trompeuse, donc condamnable par la justice. Mais elle a aussi demandé à la Commission européenne d’intervenir pour « interdire strictement » l’utilisation de prix de référence autres que le prix le plus bas des trente derniers jours.

Commentaires (19)

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J'aimerais bien savoir qui a permis d'introduire cette notion de comparaison de prix dans le document d'orientation de la commission. J'imagine que les lobbys avaient bien prévu ce coup et on soumis cette idée magnifique à la Commission.
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Pour Amazon, je conseille d'utiliser keepa pour avoir l'historique des prix.
C'est « drôle » de voir le prix grimper 31 jours avant les soldes/promos puis redescendre (parfois au-dessus du prix d'avant) lorsque celles-ci arrivent…
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Clairement, le dénicheur pour ma part
https://ledenicheur.fr/

HS: quelle balise pour un href ? Je n'ai aucun bouton wysiwg
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J'utilise aussi, mais plutôt pour trouver le marchand le moins cher.

HS : balise html ⟨a⟩ classique
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L'appli a l'air de collecter pas mal de données. Je préfère utiliser le site web Keepa.com dans une session de navigation privée.
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Elle a juste accès aux données des sites Amazon (pour récupérer les prix) et l'affichage de notifications (pour afficher des alertes de prix, je pense).
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J'utilise Keepa aussi depuis quelques années.
C'est super et j'ai mis en place des alertes pour être averti lorsqu'un article est dans la fourchette de prix que je désire.
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(parfois souvent au-dessus du prix d'avant)
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Bravo pour le sous-titre xD article bien adapté à la période.
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"En mai dernier, elle a porté plainte en mai dernier"
Du coup c'est quand ?
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apparemment, en mai dernier
:ange:
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Merci, j'allais faire une remarque équivalente.
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hum difficile à dire ;-)
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C'est très factuel et proche de ce que je constate depuis des années sur les sites (des gros comme Amazon CDiscount ou des petits).

Me concernant j'ai une idée du prix d'un truc, et je vais faire un tour sur un comparateur (voire au sein du même site !) pour voir ailleurs ce qui est proposé.
Le réflexe "ah c'est une offre alléchante j'achète" ne m'apporte aucun plaisir, au contraire je me sens floué par défaut.
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'Pour des sites qui ont des centaines de milliers d’offres, on imagine bien qu’il n’est pas simple de parvenir à une maîtrise parfaite de cette donnée. C’est sans doute techniquement difficile à mettre en place'

LOL. De l'art de ne pas se brouiller avec les commerçants qui le nourrisse via les liens d'affiliation :)

Je bossais il y a une dizaine d'années pour Materiel.net. Bien plus petit que les sites cités. Et pourtant on avait déjà un outil avec le prix le plus bas des 30 derniers jours, et qui nous indiquait la promotion qui serait affichée en fonction du prix promo sélectionné :)
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Je pense pas qu'il faille forcément y voir le mal, pour les gens qui ne sont pas du métier c'est difficile de se rendre compte de ce qui est vraiment complexe et de ce qui ne l'est pas, et souvent dans la tête des néophytes "gros volume" = "ça doit être super compliqué".
Alors qu'ici, ça peut en réalité être complexe de savoir quel prix un seul client donné va payer à un instant T pour un seul produit (par ex avec la joie des promos en pourcentage et des coupons, on peut rapidement avoir des cas moisis de moteurs mal paramétrés qui vont donner des prix différents en fonction de l'ordre d'application de plusieurs promos).
Alors qu'en effet, même sur des volumes immenses, c'est trivial d'avoir le prix le plus bas ou le prix moyen sur 30 jours: la loi oblige à conserver toutes les commandes passées avec le détail du prix payé par article, et c'est super simple à agréger à chaud, ou à recalculer et besoin. Et c'est important de le monitorer en temps réel, parce qu'il y aura toujours un utilisateur qui fera une erreur de paramétrage du moteur de promotion mentionné plus haut et donnera des promos de 100%, ou qui enverra sans faire exprès des prix de test en prod, ou un dev qui va se foirer sur une règle de gestion et permettra à un hacker un peu malin de passer des commandes invalides... (oui, c'est mon métier le e-commerce, et oui, tous ces exemples sont du vécu)
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Des clients qui paieraient qq euros de trop parce que le prix affiché a été artifiellement gonflé?
Mais voila une affaire gravissimie, qui met à mal notre gentille société, et qu'il faut vite régler à coup de lois et commissions.

Sans rire, cette pratique doit etre à peu pres aussi vieille que le commerce lui meme, si des clients achètent sans s'informer parce qu'ils voient une promo, j'ai envie de dire tant mieux pour le vendeur.
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Je suis du même avis. Si je suis un pigeon, il est normal que je me fasse pigeonner. Ça m'est arrivé plus d'une fois.

Comme indiqué plus haut Keepa, c'est très bien. Si on n'est pas pressé, on peut faire de sacrées économies. Juste pour l'exemple: 100€ sur un kit bureau assis debout alors que le prix initial était ~300€. Il a fallu attendre plus d'un an que le prix baisse et ça n'a pas été lié à un évènement particulier (hors soldes, hors black friday etc.)
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Non, c'était plus encadré il y a quelques années. Actuellement, on peut mettre -80% direct sur n'importe quel produit, avant il fallait pouvoir justifier avoir vendu ce produit au prix non réduit.

En ligne, les promos foireuses restent d’actualité

  • Les revendeurs ne prennent pas l’omnibus

  • La règle du prix le plus bas des trente jours précédents contournée

  • Des réductions gonflées à- 26 %

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