Formation aux cryptomonnaies par Binance à Pôle Emploi

Crypto influenceurs

Binance fait son marketing pendant des formations sur la blockchain destinées aux chômeurs

Formation aux cryptomonnaies par Binance à Pôle Emploi

Le Financial Times a publié une enquête expliquant « comment les Français démunis sont poussés vers la crypto » via des formations données aux chômeurs par l’entreprise. Celle-ci en profite pour leur faire ouvrir un compte sur sa plateforme.

Le média économique britannique Financial Times (FT) s'est intéressé aux pratiques de l'entreprise d'échange de cryptomonnaies et de gestion de portefeuille de devises numériques en France.

Le journal explique que Binance a profité de la « cour » menée par l'exécutif français au géant des cryptomonnaies depuis 2021 pour s'introduire dans des programmes de formation de jeunes et de personnes au chômage pour faire la promotion de ses services.

Rappelant les déboires judiciaires récents de l'entreprise aussi bien d'un point de vue financier que juridique, le FT s'étonne : « On aurait pu s'attendre à ce que les événements récents ébranlent cette relation naissante. Mais le gouvernement français semble être resté sous le charme de Binance ».

En effet, le Financial Times explique que « derrière un programme caritatif apparemment bienveillant, Binance a utilisé des tactiques agressives pour inciter les gens à utiliser ses services dans certaines des zones les plus défavorisées de France ».

Une formation en collaboration avec la startup Simplon

Au départ, Binance a monté une formation avec la startup de formations Simplon en direction des jeunes et des chômeurs pour les former à la technologie de la blockchain. Ce genre de formations a été boosté par l'exécutif.

Par exemple, en 2018, la Ministre du Travail de l'époque, Muriel Pénicaud, avait annoncé un objectif de 10 000 formations aux métiers du numérique visant à « former un million de jeunes et un million de demandeurs d’emploi peu qualifiés et à accélérer la transformation de la formation professionnelle ».

Selon Akila Quinio, la journaliste du Financial Times qui a assisté à un cours de sensibilisation à Aulnay-Sous-Bois, celui-ci durait une demi-journée et consistait à la présentation d'un Powerpoint sur la blockchain et d'un « court exercice pratique » sur le logiciel Solidity.

Du marketing pendant la formation

Mais surtout, la journaliste évoque un autre aspect de ces formations : tout l'attirail du marketing de l'entreprise était au rendez-vous : sacs, casquettes, brochures, stylos et cahiers. L'entreprise profitait donc de cette formation pour promouvoir ses solutions de gestion de portefeuille de crypto-monnaies.

La journaliste a aussi rencontré deux jeunes participants à cette formation venant de Bondy et de Montreuil. Aucun d'entre eux ne s'est inscrit volontairement à la formation. Ils l'auraient été via un programme du même type que ceux évoqués plus haut.

Selon l'un d'entre eux, l'entreprise leur a expliqué qu' « un développeur de blockchain junior pouvait gagner 100 000 euros par an ». Celui-ci ajoute : « évidemment, nous avons tous eu des étoiles plein les yeux - c'est attrayant ».

L'autre participant est au moins content d'avoir reçu un t-shirt : « le T-shirt Binance que j'ai reçu est d'une qualité exceptionnelle, c'est toujours une bonne chose. [...] Peut-être que CZ a eu une enfance comme la nôtre dans les banlieues et que c'est pour cela qu'il veut partager avec les moins fortunés » a-t-il répondu à la journaliste.

Mais selon le premier, pendant la formation, on leur a demandé de créer un compte Binance pour recevoir un diplôme NFT, après cette demi-journée de formation. S'il n'a finalement pas finalisé le processus, il explique au Financial Times qu'il a « commencé à créer le compte Binance parce qu'ils me l'ont demandé et maintenant ils me harcèlent avec des mails ». Le journal précise que plus d'un an plus tard, il reçoit encore des emails dont certains le poussent à échanger des coupons crypto sur la plateforme.

Simplon embarrassé

Interrogé par le journal, le fondateur de Simplon, Frédéric Bardeau, explique avoir eu confiance en Binance parce qu'elle a été approuvée par le gouvernement français et par l'autorité française de régulation des marchés.

Il précise que « notre mission était de faire comprendre et aimer la blockchain et leurs utilisations au-delà de la crypto-monnaie, pas de mélanger les genres et de faire de la vente forcée ». Le jour d'après, précise le Financial Times, la formation avait disparu du site de Simplon.

Interrogée par le journal, l'Autorité des marchés financiers a refusé de commenter directement l'affaire, mais explique qu' « une chose est sûre : le [régime d'enregistrement des crypto-monnaies de l'AMF] ne permet pas la sollicitation directe des clients ».

En novembre 2023, Changpeng Zhao (CZ, le fondateur de Binance) a de son côté plaidé coupable et démissionné après un accord avec les autorités américaines, Binance devant par ailleurs payer une amende d'environ 4,3 milliards de dollars pour blanchiment d'argent.

Commentaires (10)


Même l'homme le plus intelligent (je ne fais pas référence à notre président) du monde peut se faire avoir par un sujet qu'il ne maitrise pas (là oui je fait référence à lui).

cf : Dr Manhattan versus Ozymandias.
Franchement pitoyable.

Sinon, l'illustration de Flock est chouette !
Mais le gouvernement français semble être resté sous le charme de Binance


"Qui se ressemble s'assemble"

(zut, c'est quoi la syntaxe pour un lien déjà ???)

[Edit]
Qui se ressemble s'assemble
Modifié le 07/12/2023 à 13h06
Pour l'instant les commentaires sont juste du HTML, donc un < a href" etc
Interrogé par le journal, le fondateur de Simplon, Frédéric Bardeau, explique avoir eu confiance en Binance parce qu'elle a été approuvée par le gouvernement français et par l'autorité française de régulation des marchés.


Il y avait un jeu de mots à faire avec simplet, là :)

Plus sérieusement, ça pose la question de l'étique de ce genre de boites de formations : ils ne sont pas censés servir au marketing de sociétés, peu importe qu'elles soient approuvées ou non.

Bah, c’est plus compliqué que ça. Des formations pour lesquelles tu dois créer un compte sur X ou H plate-forme c’est plutôt la norme. Je trouve toujours ça un peu relou mais parfois c’est juste inévitable.

Genre si tu fais une formation cloud et que t’espères t’en tirer dans comme MS/Amazon/Google c’est un peu loupé.

Donc faut voir le contenu de la formation et si c’est raisonnablement évitable. Après c’est plus à titre perso que j’éviterai toute formation dans la crypto. Pas que le sujet ne m’intéresse pas (quoique franchement je suis passé à autre chose depuis longtemps) mais de là à y m’y investir pour ma carrière …
Les formations pour les chômeurs sont pleines d'arnaqueurs depuis au moins 25 ans (quand j'ai commencé à bosser).
Plein de sociétés charognardes font signer des conventions en tous genres à des gens un peu perdus pour récupérer des sous de pole emploi et derrière les formations données sont inadaptées, mauvaises etc.
Ca fait un acteur de plus dans ce grand parasitisme de la misère des gens...
FT a l'air de découvrir que les entreprises qui acceptent de faire des formations à bas coût destinées à des chercheurs d'emploi ne le font pas de manière désintéressée...

Si Vinci ou Total propose une formation à ses metiers, y'aura du goodies offert, et ça sera pareil si une PME fait une formation en partenariat avec l'AFPA (ou son équivalent moderne si ça a changé de nom).
"Former à la technologie de la blockchain"
euh ça veut dire quoi exactement ?

"un développeur de blockchain junior pouvait gagner 100 000 euros par an"
Développeur blockchain ? quel développement autour de la blockchain ?
exemples :
https://journalducoin.com/actualites/oasis-network-et-son-kit-de-developpement-parcel-latout-anonymat-des-applications-decentralisees/

https://decrypt.co/21357/jack-dorsey-square-crypto-more-cash-bitcoin-grants
Modifié le 08/12/2023 à 14h56
Fermer