Opera One rassemble ses onglets dans des « îles »
C'est joli, mais...
Le 26 avril 2023 à 13h22
7 min
Logiciel
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Alors que Vivaldi a lancé récemment sa version 6.0 avec l’arrivée en fanfare des espaces de travail, Opera bouge à son tour et présente One, le futur de son navigateur. Disponible en bêta, Opera One propose des « îles » regroupant automatiquement les onglets en fonction du contexte et pouvant se rétracter.
Il y a eu des années ennuyeuses dans le domaine des navigateurs, mais le secteur bouge à nouveau depuis peu, avec une volonté des entreprises concernées de se différencier des autres. Dans la grande majorité des cas, cela passe par des fonctions censées faire la différence et donnant au navigateur sa « couleur », et donc son orientation. Si Chrome tâche de rester généraliste, Firefox insiste sur la vie privée, Edge tente de rendre service par tous les moyens, Vivaldi a sa gestion poussée des onglets, etc.
Avec One, Opera présente ainsi son avenir, avec un lot de fonctionnalités ayant pour mission de faire revenir le chaland. Le navigateur n’avait jusqu’à présent presque aucun outil particulier pour gérer les onglets, et il était temps de corriger le tir, car presque tous les concurrents ont des capacités dans ce domaine, notamment Chrome et Firefox.
Des îles d’onglets repliables
La principale nouveauté d’Opera One, ce sont les îles d’onglets (« tab islands »). Le concept est simple : depuis une nouvelle page, tous les liens ouverts à partir de celle-ci vont créer une île, ressemblant fortement dans son concept aux groupes de Chrome.
À ceci près que le groupe en question est précédé d’une barre de couleur très visible qui permet, lorsque l’on clique dessus, de replier l’ensemble. Ne reste alors que la barre colorée, que l’on peut déplier à tout moment en cliquant à nouveau dessus.
Si l’on poursuit les manipulations, on peut donc avoir de multiples barres de couleur, que l’on déplie et replie en fonction des besoins. C’est la solution proposée par Opera au problème des trop nombreux onglets ouverts, sans passer par l’ouverture d’autres fenêtres, qui apportent elles aussi leur propre lot de frustrations. Quand il ne reste plus qu’un onglet dans une île, il redevient indépendant.
La création d’îles peut devenir rapidement utile, particulièrement quand on prépare certaines activités thématiques, comme un voyage. Depuis un site particulier, les liens ouverts vers d’autres onglets vont être automatiquement rassemblés.
On note également que les animations pour ces îles sont particulièrement fluides, ce qui va dans le sens d’une « navigation liquide » vantée par Opera.
Des limitations à travailler
Le système a du potentiel, mais est pour l’instant limité sur plusieurs points. On aimerait par exemple qu’Opera One soit capable d’ajouter automatiquement un nouvel onglet à une île existante, en cherchant de lui-même le contexte.
De même, il manque une manipulation simple : pouvoir saisir un onglet indépendant pour le placer sur un autre et ainsi créer une nouvelle île. Actuellement, on peut simplement déplacer un onglet indépendant vers une île, ou en déplacer un d’une île à une autre. Pour rassembler deux onglets indépendants, il faut les sélectionner tous deux avec Maj ou Ctrl, faire un clic droit et sélectionner « Créer l’île de l’onglet », qui va se former à partir de l’onglet sélectionné en premier.
L’autre problème se rencontre vite : si on ne retient pas la couleur d’une île, on peut se retrouver à devoir laisser le curseur de la souris sur chacune pour retrouver ce que l’on cherche. On ne peut pas personnaliser cette couleur, ni donner un nom spécifique. Sur ce point, il sera difficile de faire plus efficace que les espaces de travail de Vivaldi, dont le sélecteur permet l’accès rapide à ce que l’on cherche, d’autant que chacun peut avoir son nom accompagné d’un pictogramme ou d’un émoji.
Ajoutons que l’on ne peut pas déplacer les îles comme on le souhaite sur la barre d’onglets. En fonction de l’activité, il faut donc se rappeler ce que signifie telle barre colorée au milieu de ses onglets. Il serait plus simple de pouvoir saisir les îles pour les réarranger à sa convenance.
Des changements sous le capot pour les performances
Opera One est également l’occasion pour l’éditeur de revenir sur le devant de la scène pour autre chose que des éléments d’interface ou un bloqueur de pub intégré. Sous le capot, One introduit le Multithreaded Compositor.
Le compositeur est l’élément qui a pour tâche de récupérer les éléments produits par le thread principal (qui interprète notamment le HTML, le CSS, le code JavaScript, etc) pour en assurer le rendu à l’écran. Si Opera a retravaillé ce composant, c’est pour éviter que tout ce qui touche à l’interface ne passe en dernier, ce qui est le cas en général. On peut le voir dans certaines animations, comme l’ouverture d’un menu pendant qu’une page web particulièrement lourde est en cours d’affichage. L’animation peut alors saccader.
Dans la vision d’Opera, le Multithreaded Compositor retire au thread principal une partie de ses calculs pour les déporter dans un autre thread, permettant de mieux tirer parti des cœurs multiples dans les processeurs. Les animations sont basées sur des couches multiples et peuvent être calculées comme des transformations affines, au lieu d’en dessiner chaque image séparément.
En résumé, Opera One est censé rester fluide en permanence. Est-ce le cas ? Il est clair que le navigateur donne un sérieux sentiment de réactivité, sur Windows comme sur macOS (une version Linux est également proposée). Au cours de notre navigation, nous avons rencontré au moins une exception en se rendant sur le site de Voici, que l’on peut considérer comme particulièrement lourd. Mais si Opera One affichait correctement le site, il a commencé à se figer en partie quand nous avons activé son bloqueur interne de publicité. Pas vraiment le but recherché.
Bon, et le reste ?
Pour le reste, on retrouve la plupart des éléments habituellement vus dans Opera, mais présentés d’une manière légèrement différente, pour s’adapter à la nouvelle apparence. Il y a bien par exemple la barre latérale gauche avec ses accès rapides, les liens vers des réseaux sociaux et messageries, ainsi que l’accès à ChatGPT et Chatconic, comme annoncé (les deux réclament chacun leur compte).
Les fonctions classiques sont également là, comme les bloqueurs de publicités et de traqueurs, le VPN intégré, le mode lecteur ou encore l’outil de capture d’écran. Si l’on est connecté à ChatGPT ou Chatsonic, on peut passer par le bouton « AI Prompts » pour accéder à des fonctions habituelles des IA génératives, comme créer le résumé d’une page.
Opera One n’est cependant pas encore prêt. Il s’agit d’une première bêta et la version finale n’est pas attendue avant la fin de l’année. Opera souhaite d’ailleurs des retours, que l’on peut envoyer en cliquant sur le visage souriant, à droite de la barre d’adresse. Le potentiel est là, mais il est possible de pousser ces idées plus loin. On espère aussi que le son au premier redémarrage sera supprimé et que l'icône sera améliorée.
Petit point d'attention à l'installation avant de vous lancer : une collecte d'informations se fera par défaut, et il faut passer par le mode personnalisé pour choisir ce que l'on souhaite ou pas.
Opera One rassemble ses onglets dans des « îles »
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Des îles d’onglets repliables
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Des limitations à travailler
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Des changements sous le capot pour les performances
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Bon, et le reste ?
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 26/04/2023 à 17h48
Ce n’est pas juste le même principe des groupe d’onglet de Chrome ?
On peut aussi changer la couleur, le nom et en clicant dessus ça rabbat l’ensemble des onglets correspondants vers le “groupe” ? Si on ne met pas de nom, ça fait juste un rond de couleur (pour Opera c’est un trait mais bon).
Je ne vois pas bien la différence ?
Le 26/04/2023 à 18h39
Bon, je le teste quand même, le One, puisque les Opera je les ai fréquentés du Two au Twelve, il me manquait le début, ou la fin, je n’sais pas.
Enfin, je suis toujours aussi perdu entre l’Opera de base, le One, le GX, le Mini, le Touch, le Crypto, je ne sais vraiment pas lequel pourrait être conçu pour moi, désormais.
Les groupes d’onglets ça devait arriver en effet, ça ressemble aux piles d’Opera 11 en 2010 (ou à l’empilement en accordéon de Vivaldi). Mais bon, globalement, l’interface est bien réactive, mais pas hyper pratique, assez proche de ce que font Chrome ou Edge au niveau groupement d’onglets.
Accessoirement, on ne peut toujours pas définir le moteur de son choix en tant que moteur de recherche par défaut. On doit se contenter des quelques moteurs partenaires…
Le 26/04/2023 à 19h24
Le dernier point, c’est pas cool quand tu commences à vouloir faire passer des options en douce…
Sinon, malgré le bordel dans les versions, on ne peut pas leur reprocher d’avoir voulu créer qqch de nouveau, avec plus ou moins du succès au final.
Rohhh, je pense que tu n’es pas le plus objectif pour dire du bien d’Opera
(Mais je partage ton avis quand même )
Le 26/04/2023 à 23h48
Même impression de mon côté : on retrouve la même chose sur Vivaldi avec les piles en accordéon (au moins quand elles sont déployées), et en activant l’option pour ouvrir les onglets « enfants » dans une pile, et non pas en tant qu’onglets indépendants.
Pour les couleurs, ça rappelle le comportement des groupes d’onglets d’IE8.
Du coup, la question, c’est : elle est où, la vraie nouveauté ? Parce que cette fonction des « îles d’onglets » est certes intéressante et sera sûrement utile… Mais on retrouve finalement déjà ça ailleurs (à part sur Firefox, qui n’a toujours aucune fonction de regroupement/empilement d’onglets) !
Le 27/04/2023 à 07h23
Une énième tentative d’un navigateur pour faire du regroupement d’onglets.
Aucune ne m’a jamais vraiment convaincue jusque là. Sans doute parce qu’on a tous une image mentale différente des relations entre les onglets. Et que cette image mentale peut dépendre de ce qu’on fait actuellement (parcours en largeur, en profondeur…)
Par exemple:
Ou pas.
Quand on fait du parcours en profondeur (= suivi de lien pour trouver une source), je prefère que les onglets soient cote à cote dans l’ordre de parcours.
Bref, représenter efficacement un graphe sous forme de liste linéaire (horizontale) de noeuds est un problème ouvert.
Le 27/04/2023 à 08h07
Ce système d’îles me conviendrait.
Le 27/04/2023 à 08h20
Dommage que ça soit un navigateur chinois
Le 27/04/2023 à 08h48
Indirectement : le siège d’Opera Software (maintenant Otello Corporation) est norvégien (basé à Oslo), mais OC appartient en effet à un consortium chinois.
Je vais de nouveau citer mon commentaire à ce sujet sur l’article sur Vivaldi 6 :
Donc, ça dépend non seulement de notre vision personnelle de l’usage des onglets, mais aussi du contexte de l’activité en cours (je dois faire partie des rares personnes qui gardent un onglet ouvert sur les réglages du navigateur pour basculer certaines options dans un sens ou un autre toutes les 5-10 minutes…).
Le 27/04/2023 à 09h31
Le blog de Opera pointe vers une extension appelée skeema.
Qqn connait ou utilise ?