Pédophilie, politique, secte… Les épines du droit à l’oubli sur Google devant le Conseil d’État
Vers un arrêt d'Assemblée sur la désindexation
Le 27 janvier 2017 à 17h05
4 min
Droit
Droit
Plusieurs dossiers importants vont être audiencées au Conseil d’État la semaine prochaine. Ils concernent le droit à l’oubli sur Google. Pour l'occasion, la haute juridiction se réunira en Assemblée, une formation solennelle où sont jugées « les affaires d’importance remarquable ».
Depuis une décision de la Cour de justice de l’Union du 13 mai 2014, Google (comme les autres moteurs) est considéré comme responsable des traitements sur les données personnelles réalisées sur son outil en ligne.
Les données à caractère personnel doivent être traitées « loyalement », « licitement », et être « adéquates, pertinentes et non excessives au regard des finalités pour lesquelles elles sont collectées ». Si l’un des critères manque, une personne physique peut alors exiger la désindexation et donc la purge du référencement, au besoin en passant par la CNIL.
Ces derniers mois, le thème de la désindexation des données personnelles sur Google a surtout occasionné un joli bras de fer avec la CNIL. Celle-ci bataille pour que le nettoyage soit mondial, alors que le moteur l’estime limité au territoire de l’Union.
Quatre dossiers épineux devant la haute juridiction
Parfois cependant, la CNIL et Google parlent la même langue. Le 2 février prochain à 14 heures, quatre affaires seront examinées en Assemblée du contentieux. À chaque fois, des individus ont attaqué une délibération de la Commission qui a suivi le refus du moteur de purger leurs données personnelles. La diversité des situations est vive dans ces décisions administratives.
- Dans un premier cas, il s’agit d’une conseillère régionale d’Île de France qui a demandé le déréférencement sur Google d’une vidéo peu glorieuse pour ses activités publiques, hébergée sur YouTube depuis 5 ans.
- L’un des représentants de l'Église de scientologie en France a pour sa part demandé le nettoyage d’un lien vers un article de Libération de septembre 2008 mais aussi vers le site du Centre contre les manipulations mentales reprenant le contenu de ce billet.
- Avant dernier cas, un ancien conseiller de Gérard Longuet a réclamé en vain la désindexation de plusieurs URL pointant vers plusieurs articles relatifs à ses démêlées judiciaires dans les années 90. Or, celui-ci a bénéficié en 2010 d’un non-lieu.
- Enfin, un animateur d'école a demandé le déréférencement de 7 liens pointant vers des articles de presse et billets de blog relatif à sa condamnation en 2010 pour des actes pédophiles.
Droit à l'information, droit à la vie privée, respect des données personnelles
Les questions soulevées sont épineuses même si l’arrêt de la CJUE a soufflé quelques indices. Par exemple, le droit à la désindexation doit être tempéré pour les personnalités publiques, puisque « l’ingérence dans ses droits fondamentaux est justifiée par l’intérêt prépondérant dudit public à avoir, du fait de cette inclusion, accès à l’information en question. »
S’agissant des personnes au passé pénal parfois lourd et donc très sensible, la position de la CNIL et en amont de Google sont tout sauf confortables : elles doivent balancer entre la nécessité absolue de protéger la société, tout en consacrant le droit à l’information, et en évitant aussi de créer une sorte de peine de perpétuité électronique (voir la guideline de la Commission). Sachant que les principaux concernés peuvent aussi demander parallèlement aux différents sites sources d’anonymiser les informations qui posent difficultés.
Pédophilie, politique, secte… Les épines du droit à l’oubli sur Google devant le Conseil d’État
-
Quatre dossiers épineux devant la haute juridiction
-
Droit à l'information, droit à la vie privée, respect des données personnelles
Commentaires (29)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 27/01/2017 à 17h42
En fait dans le cas #3, si il n’y a pas de déréférencement, je me demande si une obligation de mise à jour de contenu ne serait pas opportune (genre un bandeau ou ni’mporte quoi d’autre). En effet c’est pas de la diffamation mais ça peut avoir le même goût pour la personne concernée. Des sites pas mis à jours peuvent véhiculer des mauvaises informations.
Le 27/01/2017 à 17h54
On a obtenu un déréférencement y’a pas longtemps, google a viré ça y compris de .com et .ca.
Pour le coup, ça s’est hyper bien passé !
Le 27/01/2017 à 17h55
Que la CNIL aille se faire voir pour le côté mondial.
La France n’est pas le monde.
Le 27/01/2017 à 17h58
Dans un premier cas, il s’agit d’une conseillère régionale d’Île de
France qui a demandé le déréférencement sur Google d’une vidéo peu
glorieuse pour ses activités publiques, hébergée sur YouTube depuis 5
ans.
Elle s’appellerait pas Barbara S par hasard ? " />
Enfin, un animateur d’école a demandé le déréférencement de 7 liens
pointant vers des articles de presse et billets de blog relatif à sa
condamnation en 2010 pour des actes pédophiles.
Histoire de se refaire une virginité (" />) et de recommencer tranquillement dans 2 ans ?
Le 27/01/2017 à 17h59
Le 27/01/2017 à 18h15
Il faut croire que l’animateur d’école n’est plus aujourd’hui pédophile.
Enfin, lorsque la manipulation mentale ne suffit pas, on tente de manipuler les liens. " />
Le 27/01/2017 à 18h35
Personnellement j’en ai rien à faire du droit à l’oubli des pédophiles, est - ce que leurs victimes elles peuvent oublier ?
Le 27/01/2017 à 18h52
Les historiens doivent être contents avec ce droit à l’oubli…" />
Le 27/01/2017 à 19h12
il est serein le mec qui demande la désindexation pour pédophilie quand même " />
Le 27/01/2017 à 19h14
Oui elles peuvent. Comme le pédophile peut changer.
Accessoirement, y’a rien d’absurde à envisager que le type est toujours rappelé à ses conneries et que ça l’aide pas à changer et dépasser ses conneries. Peut être qu’il fait la démarche pour plus avoir à souffrir les commentaires de ton genre et pouvoir lui aussi se reconstruire.
Parce que si le type à ouvert les yeux sur le mal qu’il a pu faire, il doit en avoir gros sur la patate et il a pas besoin que des gens viennent en remettre une couche.
Alors oui c’est indécent de soutenir que les pédophiles sont des hommes comme les autres, et indécent d’envisager que les victimes peuvent dépasser la violence de ces traumatismes. Mais en même temps c’est vrai et ça sert les deux parties, comme ça sert la société.
Après ce que ces dossiers illustrent bien c’est l’absurdité du droit à l’oubli qui dit sans doute plus de notre incapacité à faire face à nos conneries qu’autre chose.
Une époque de lâche quoi.
Le 27/01/2017 à 19h45
J’espère qu’il s’agit maintenant d’un ex-animateur d’école.
Le 27/01/2017 à 20h03
Maintenant que tout le monde peut avoir une vie publique grâce aux GAFA, il va falloir se battre pour garder sa vie privée. Quand je pense qu’au XXe Siècle il fallait se battre pour avoir une vie publique, sauf dans les pages blanche de l’annuaire téléphonique où il fallait demander pour être incognito sur liste rouge - un peu comme le mode Incognito de Next INpact " />
Le 28/01/2017 à 07h51
Bravo.
Le 28/01/2017 à 08h37
On parle de faits récents…
L’avantages de l’informatique c’est que les choses bougent vite, très vite. Et ce qui n’est pas maintenu devient vite obsolète. Donc il y a de bonnes chances que le temps fassent aussi sa besogne sur les choses numérques.
Veut-on oublier trop vite?
Le 28/01/2017 à 08h39
Le mot le plus important de ton raisonnement est “si”.
Le 28/01/2017 à 08h55
Le 28/01/2017 à 09h05
Le 28/01/2017 à 09h32
c’est pour ça que pense qu’il faudrait fixer une date “large” (20 ans)
au delà, le déférencement serait automatiquement, on a, certaines, info.
qui datent de 1990, depuis y-a eu un l’affaire a été jugée (non-lieu), ou
la personne a payé sa dette à la Société, non …faut que ça le suive TOUTE SA VIE !
Le 28/01/2017 à 09h54
parait que la France fait partie des pays qui ont les pires hôtels du mondes
Le 28/01/2017 à 10h25
Il a pu être accusé mais jamais condamné.
De tout façon pour des métiers liés à l’enfance c’est obligé de fournir un extrait de casier judiciaire. Et si il est remplie par une condamnation, la personne ne sera pas embauché.
Le 28/01/2017 à 10h48
Le 28/01/2017 à 11h04
Le 28/01/2017 à 15h36
Le 28/01/2017 à 16h47
D’accord pour le droit a l’oubli dans certaines conditions, dans le cas du mammifère accusé de pédophilie, une petite castration chimique est obligatoire.
Le 28/01/2017 à 18h17
Le droit à l’oubli dont il est question dans l’article, ne s’applique qu’à Google search.
Le casier judiciaire de l’individu en question fait évidemment l’objet de règles de confidentialité, et on peut même parfois voir des éléments de son casier judiciaire faire l’objet d’effacement.
À part ça, il existe aussi le fichier STIC que la police française ne met jamais à jour (pas de droit à l’oubli et pas d’obligation possible de le mettre en conformité avec les demandes de la CNIL depuis 2004).
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_traitement_des_infractions_const…
Le 29/01/2017 à 02h08
Niveau pédophilie c’est la Belgique les champions de l’Europe non ? Je me rappelle jamais.
Le 29/01/2017 à 11h38
Ce terme seul ne veut rien dire… il fait joli dans les articles putaclic " />
Le 29/01/2017 à 14h07
" />
Le 29/01/2017 à 20h15
avec “l’effet Barbara Straisand”, il me semble plus simple de changer de nom