Stefania Maurizi, une journaliste italienne qui travaille avec Wikileaks depuis 2009, révèle dans Il Fatto Quotidiano que la justice suédoise a « supprimé une partie substantielle » de sa correspondance avec le Crown Prosecution Service (CPS, le procureur britannique) au sujet de Julian Assange.
De 2010 à 2015, le CPS et le ministère public suédois (SPA, pour Swedish Prosecution Authority) avaient en effet « échangé entre 7 200 et 9 600 pages de correspondance ». Or, aux termes de 8 ans de procédures, basées sur le Freedom of Information Act (FOIA, le pendant britannique de la CADA), « nous n'avons obtenu que 551 pages du CPS et 1373 pages du SPA » :
« Sur ces 1373 pages de documents de la SPA, seules 310 pages représentent la correspondance entre la SPA et le CPS. Ce qui signifie que nous avons à peine atteint la pointe de l'iceberg. »
Des documents obtenus en 2015 auprès du ministère public suédois en vertu de la FOIA avait déjà révélé que la justice britannique avait déconseillé au ministère public suédois d'interroger Julian Assange à Londres, « la seule stratégie judiciaire qui aurait pu amener l'affaire à une résolution rapide, à savoir l'interrogatoire de Julian Assange à Londres, plutôt que d'insister sur l'extradition vers la Suède simplement pour l'interroger ».
Assange craignait en effet qu'en retournant en Suède, il n'y soit piégé et extradé aux États-Unis, ce pourquoi il voulait pouvoir être interrogé en Grande-Bretagne :
« En conseillant aux Suédois de ne pas interroger Assange au Royaume-Uni, le procureur britannique a contribué à créer la paralysie juridique piégeant le fondateur de WikiLeaks en Grande-Bretagne à partir de 2010. »
Or, Stefania Maurizi a découvert que le procureur britannique avait détruit toutes les données associées au compte de messagerie du procureur britannique, qui se dit incapable de savoir ce qui a été perdu, ni pourquoi.
Elle a également appris que la justice suédoise avait aussi effacé « au moins un e-mail reçu du FBI » alors que WikiLeaks venait de publier des fichiers classifiés de la CIA dans le cadre de son projet Vault 7, qui avait valu à l'ONG d'être qualifiée de « service de renseignement hostile et soutenu par d’autres États comme la Russie », qui plus est sans « aucun sens moral » :
« Maintenant qu'il est avéré que les Suédois et les Britanniques ont détruit des documents clés sur l'affaire, les autorités britanniques et suédoises ouvriront-elles une enquête pour savoir qui a détruit cette correspondance, comment, quand et pourquoi ? Alors que la vie de Julian Assange est en jeu, c'est une question de vie ou de mort de savoir ce que contenaient les documents. »
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