Depuis la révélation de son existence en janvier, l’application Clearview a beaucoup fait parler d’elle. Créée par l’Australien Hoan Ton-That, elle repose sur une immense base de données contenant plus de trois milliards de visages, en se basant sur des photos tirées des réseaux sociaux et autres plateformes.
Normalement réservée aux forces de l’ordre – d’après l’entreprise – plusieurs médias ont mis le doigt sur des entreprises, gouvernements et autres structures, dont une cinquantaine d’écoles et universités américaines (Clearview ciblerait en priorité les États-Unis).
Le New York Times revient sur l’application et évoque le cas du milliardaire John Catsimatidis, propriétaire et PDG de la chaine de marchés Gristedes, basée à new York.
Le Times a pu s’entretenir avec sa fille, qui était accompagnée en rejoignant son père dans un restaurant. Voulant en savoir plus sur le mystérieux cavalier, John Catsimatidis avait demandé à un serveur de s’éloigner, de prendre l’homme en photo puis de lui envoyer. De là, la photo fut insérée dans Clearview, qui offrit toutes les informations en sa possession : profils sur les réseaux sociaux, autres photos, sources, etc.
Depuis que Google, Facebook, Twitter et d’autres entreprises ont envoyé des lettres de mise en demeure, Clearview a publié un code de conduite, rappelant que seules les forces de l’ordre et les « professionnels entrainés » pouvaient se servir de l’application. En outre, des garde-fous étaient intégrés pour repérer des comportements « anormaux » d’utilisation.
La réalité semble toutefois bien loin de ce qu’annonce l’entreprise, et l’article du NYT en remet une couche. John Catsimatidis a en effet fait partie des premiers clients « grand public » de Clearview, dès l’été dernier, pour en équiper ses restaurants et repérer les voleurs à l’étalage connus.
Une utilisation qui sort du cadre décrit par Clearview. En outre, le milliardaire garde l’application en permanence sur son téléphone et peut donc cibler toute personne à l’envie. Il a répondu au NYT qu’il demandait toujours l’autorisation, mais l’anecdote du restaurant contredit cette notion de respect.
Le Times ajoute avoir identifié de « multiples individus » ayant encore cette application, et ce depuis plus d’un an. Clearview indique que des versions de démonstration sont offertes aux « investisseurs potentiels et actuels, ainsi qu’à d’autres partenaires stratégies », mais la situation semble nettement plus décomplexée.
Pour l’entreprise, rien de ce qu’elle fait ne pose problème : elle ne ferait qu’accélérer ce que l’on peut déjà accomplir avec un moteur de recherche. À la différence qu’elle utilise des photos au lieu de mots pour faire son travail.
Commentaires (12)
#1
elle ne ferait qu’accélérer ce que l’on peut déjà accomplir avec un moteur de recherche
Tout à fait ! De la même manière qu’un tireur de masse dans une école ne fait qu’accélérer l’inéluctable déclin des victimes qui seraient mortes de toute façon à plus ou moins long terme. Ou qu’un cambrioleur accélère l’appauvrissement de sa victime.
Le cynisme de cette réponse… " />
#2
MAGIQUE la fille qui te fait le coup devant le journaliste au calme x)
Bon verdict, je créer une fausse boite, je paye une licence, je met un ordi portable branché sur un ecran à l’entrée d’une gare et je lance le soft.
A votre avis, combien de minutes avant de me faire coffrer ?
#3
L’expérience serait intéressante.
Mais je ne suis pas sur que cela aurait un effet bénéfique pour le quidam moyen.
#4
En soit, de ce que je comprend de ce que fait clearview, c’est très facile à faire.
Tout d’abord, il leur à fallu un base de données importante de visage (il y a quelques databases déjà réalisé, mais c’est assez simple de scraper les réseau sociaux et de découper les images) pour entraîner un algo d’apprentissage automatique décomposer un visage en un vecteur d’une centaine de valeurs (via un auto encoder par exemple).
De cette sortie, tu entraine un autre algo d’apprentissage automatique très simple à reconnaître 2 vecteurs qui code pour la même personne.
Voilà, tu as un algo de reconnaissance facial.
Maintenant, tu commences à scraper le web et en particulier les réseau sociaux à la recherche de visages. Tu crées une base de donnée contenant “juste” l’URL et l’encodage du visage (même pas besoin de sauvegarder l’image). Il te suffit alors d’interroger cette base de donnée et ressortir les URL où les 2 visages matchs.
Il faudrait que je teste de faire un algo simple de reconnaissance faciale et que je propose un tutos ici. Ca permettrait de montrer à quel point ce genre de techno peut être à la porter de n’importe qui.
#5
ah ça je n’en doute pas un instant.
Mon commentaire était juste en rapport au côté “oh bah vous savez, la morale et l’éthique on s’en tape un peu, hein. On ne fait qu’accélérer un truc qui va arriver de toute façon. Et puis, on ne vend qu’aux autorités (mensonge) et on donne des garde-fous (qui, vus de loin, semble se limiter à une vague indication dans les CGU que l’utilisateur doit se référer à la législation en vigueur dans son pays… et ignorer icelle si ça le chante” de l’argumentaire de Clearview (en parallèle au fait que le progrès technique permet certes de faire bien des choses plus facilement/rapidement/efficacement mais que ce n’est pas pour autant qu’un truc a/immoral devient légitime.)
#6
#7
Quid du RGPD ??
On peut râler sur l’UE mais sur ce point on a un peu plus de protection que d’autres.
On même temps on peux manipuler le logiciel en créant de faux profils un peu partout. Histoire de brouiller les pistes.
#8
La réalité semble toutefois bien loin de ce qu’annonce l’entreprise
Les bras m’en tombent…
#9
Ca me fait penser à la série “person of interest”
Une bonne ia derriere et c’est bon. :)
#10
#11
A supprimer
#12