Pat Gelsinger quitte Intel, qui traverse une sombre période
Le 02 décembre à 16h01
3 min
Hardware
Hardware
Intel annonce dans un communiqué que son CEO Pat Gelsinger a pris sa retraite et « démissionné du conseil d'administration, à compter du 1ᵉʳ décembre 2024 ». Il sera donc resté moins de quatre ans à son poste. Il est remplacé par David Zinsner et Michelle (MJ) Johnston Holthaus, qui assurent l’intérim le temps de trouver un remplaçant.
Le premier est vice-président exécutif et directeur financier, la seconde est CEO d’Intel Products (une entité qui regroupe Client Computing Group, Data Center and AI Group et Network and Edge Group). De son côté, « Frank Yeary, président indépendant du conseil d'administration d'Intel, occupera le poste de président exécutif par intérim pendant la période de transition ».
30 ans chez Intel, avant d’en prendre le contrôle en 2021
Début 2021, Intel commençait l’année sur les chapeaux de roues avec une annonce qui avait fait beaucoup de bruit : le retour du très charismatique Pat Gelsinger, à la tête de l’entreprise cette fois.
Il avait quitté Intel en 2009, après pas moins de 30 ans au sein de la société. Il est d’ailleurs connu pour être l’architecte principal du processeur 80486 et avait fini par devenir directeur technique. Après avoir quitté Intel en 2009, il a rejoint EMC comme directeur financier, puis il est devenu CEO de VMware en 2012.
Pour l’instant, la stratégie reste la même
Frank Yeary affirme d’ailleurs que la suite du travail s’inscrira pour le moment dans la continuité : « simplifier et renforcer notre portefeuille de produits, faire progresser nos capacités de fabrication et de fonderie tout en optimisant nos dépenses d’exploitation et notre capital ».
De son côté, Pat Gelsinger affirme : « diriger Intel a été l’honneur de ma vie […] Aujourd’hui a, bien sûr, un goût doux-amer car cette entreprise a été ma vie pendant la majeure partie de ma carrière professionnelle [… ] L’année a été difficile pour nous tous, car nous avons pris des décisions difficiles, mais nécessaires pour positionner Intel dans la dynamique actuelle du marché ».
2024, année noire pour Intel
L’année 2024 a en effet été particulière pour Intel, avec de mauvais résultats et une dégringolade en bourse : une baisse de 50 % du cours de l’action depuis le début de l’année. Résultat des courses, pas moins de 15 000 licenciements et une réorientation stratégique de ses activités.
Cette situation attise les convoitises de certains concurrents, qui laissent entendre qu’ils seraient intéressés par un rachat du fondeur, en entier (ce qui risque d’être très compliqué d’un point de vue légal) ou à la découpe. Situation délicate pour Intel, qui doit garder le contrôle de ses usines pour conserver ses subventions américaines.
Un « comité de recherche » a été mis sur pied pour trouver un remplaçant à Pat Gelsinger qui aura, à n’en pas douter, beaucoup de pain sur la planche.
Le 02 décembre à 16h01
Pat Gelsinger quitte Intel, qui traverse une sombre période
-
30 ans chez Intel, avant d’en prendre le contrôle en 2021
-
Pour l’instant, la stratégie reste la même
-
2024, année noire pour Intel
Commentaires (6)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 02/12/2024 à 16h53
Chez Stellantis, l'annonce du départ a fait plonger l'action. Côté Intel, elle est accueillie plutôt positivement par les marchés. Ca ne veut pas dire grand chose de concret à ce stade, surtout que les grands mouvements de restructuration ont déjà été enclenchés mais ça souligne que symboliquement, il était sans doute temps de mettre un nouveau capitaine à la barre...
Modifié le 02/12/2024 à 17h33
Gelsinger c'est l'inverse, il a un background technique malheureusement il ne vera pas le fruit de ce qu'il a pu mettre en place car des changements important sur des puces ca ne se voit que 4 à 5 ans plus tard.
l'arriver d'un financier à sa place qui va cherche le gain a court ou moyen terme fait plaisir aux actionnaires.
J'ai été très enthousiaste quand il est arrivé à la tête d'intel car ca allait remettre l’ingénierie au centre de la politique contrairement au profil pur finance des 2 précédents CEO.
Malheureusement soit ses choix se sont révélé mauvais soit on ne les a pas encore vu, la partie GPU externe a du soucis à ce faire
Modifié le 02/12/2024 à 21h58
Il a lancé pas mal de réformes/changements très rapidement et assez radicales:
- Remonter les dépenses de R&D à hauteur de 30% du CA.
- Ouvrir leurs usines à des clients externes pour maximiser l'utilisation de l'outil industriel.
- Externaliser certaines parties de puce à TSMC là où Intel n'était pas capable ou moins compétitif (ça sert à rien de se faire du mal là où on sait pas bien faire)
- Lancer une campagne agressive de réduction des coûts. (aussi malheureusement virer 10 000 employés / 150 000).
Tout ça en général c'est beaucoup de dépenses supplémentaires au départ (court terme) mais sur le moyen terme, je pense que ça devrait avoir des résultats positifs significatifs. Il faut attendre un peu.
Le problème de tous ces traders dans ces grosses banques internationales, c'est qu'ils ne regardent que le chiffre d'affaires et le bénéfice net, d'un trimestre sur l'autre, au mieux sur un an.
Donc dès qu'une boîte ne performe pas comme attendu sur le trimestre d'après, sanction immédiate: l'action dégringole.
Les plans d'amélioration long terme sur plusieurs années, ils s'en tapent pas mal les traders de les prendre en compte dans leurs feuilles Excel...
Je pense que le CEO a fait des bonnes réformes mais on doit lui mettre trop la pression pour obtenir des résultats quasiment le lendemain matin.
Hier à 07h28
De mon point de vue, les entreprises qui ont un avenir ne peuvent pas être cotées en bourse car, sinon, le scénario est plié.
Modifié le 03/12/2024 à 15h36
Après c’est bien le souci.
Grosso modo, il y a 4 manières d’obtenir des fonds pour investir et se développer :
1 – Réinvestir les bénéfices de l’année précédente (mais c’est souvent pas énorme, donc développement lent, on risque de se faire griller par des concurrents. Ex : Mars, société familiale, qui se développe quasiment uniquement grâce à ses bénéfices mais qui s'en sort très bien)
2 – Emprunter auprès d’une ou de plusieurs banques d’affaire.
3 – Emprunter auprès de tout ceux qui veulent bien prêter un tout petit peu chacun en émettant des obligations, qu’on rembourse tout à la fin mais tous les ans, on donne des étrennes à ceux qui acheté les reconnaissances de dettes – un coupon.
4 - Vendre des morceaux de la société. Soit par gros morceaux (5 max en général), achetés par des fonds d’investissement (Capital Risque- Private Equity Funds) qui payent le prix qu'ils pensent que ces morceaux valent (tout l'art du bullshitting qui s'appelle company valuation, cad une feuille Excel avec CA & Bénéfices annuels estimés pour les 10 prochaines années. Du gros pipeau oui...).
Ensuite pour quelques chanceux seulement, si on a bien grossi, on peut réussir à obtenir le droit de vendre en tout petits morceaux des bouts de la boite et à tout le monde, là on ne parle plus de (grosses) parts mais d’actions, elles ont un prix public et sont cotées à la Bourse. Il y a des critères strictes pour avoir le droit d'entrer en Bourse mais en général c'est le jackpot pour les fondateurs qui ont un paquet d'actions qui avant ne valaient... virtuellement "rien" car valeur non définie et du jour au lendemain, millionnaire.
Quand Facebook est rentré sur la bourse à New York, l'immobilier à San Francisco a pris 5% dans la nuit...
Bref…
Hier à 09h19
https://www.reuters.com/technology/inside-intel-ceo-pat-gelsinger-fumbled-revival-an-american-icon-2024-10-29/
Dans le contexte d'une perte de plus de 16,6 milliards de dollars sur Q3, c'est le genre d'information qui ne pardonne pas.
Intel est certes un très gros navire nécessitant beaucoup d'énergie à chaque correction de cap, mais si on regarde l’accumulation de gaffes et de problèmes sur les produits les plus centraux à l'activité de la marque, on peut s'imaginer les actionnaires en mode panique... et un actionnaire en mode panique agit rarement pour le bien de l'entreprise.
Intel est occupé à se planter et il faut une direction capable de réduire la voilure efficacement tout en renouant avec l'innovation et la qualité. Avec un AMD en pleine ascension et un NVIDIA, déjà tout puissant sur le secteur I.A. , qui ambitionnerait aussi une percée dans le monde des CPU, le géant de Cupertino pourrait s'évaporer complètement à moyen terme s'il n'arrive pas redresser la barre rapidement.
Reste qu'il est possible que les réelles retombées du travail de Gelsinger ne commencent à se percevoir que dans les mois et années qui viennent, beaucoup de produit nécessitant 5 ou 6 ans de R&D.