Droit voisin des éditeurs : dernier round parlementaire, les panoramas de presse pris pour cible
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Le 22 juillet 2019 à 13h44
4 min
Droit
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L’Assemblée nationale examinera demain, à partir de 15 heures, la proposition de loi sur les droits voisins. Seuls deux amendements sont répertoriés pour l’instant, signe que les députés se dirigent assurément vers un vote conforme avec le Sénat.
La proposition de loi instaurant un droit à rémunération des éditeurs et agences de presse termine son parcours parlementaire. Le texte déborde largement des seuls GAFA, épouvantails des débats européens sur la directive Droit d’auteur qui lui sert de socle, puisqu’il rend débiteurs tous les sites et des services en ligne.
Dans ses grandes lignes, avec cette future loi, ces acteurs en ligne devront par défaut obtenir l’accord des titulaires de droits avant de reproduire ou communiquer au public tout ou partie d’une publication de presse.
À défaut, ils seront éligibles à une peine de contrefaçon, sauf dans un cas très particulier : lorsque le bout d’article se limite à des mots isolés ou de très courts extraits, et encore, à la condition que ces éléments « ne se substitue[nt] pas à la publication de presse elle-même ou dispense[nt] le lecteur de s’y référer ». Lorsqu’un très court extrait évitera à l’internaute la lecture de l’article, l’autorisation reprendra donc ses droits.
Sites et services en ligne (moteurs, réseaux sociaux, etc.) éviteront ce risque en nouant des accords avec les éditeurs, les agences ou une société de gestion collective représentant leurs intérêts. Ces contrats seront bien entendu accompagnés d’un volet financier destiné à compenser le préjudice subi par les ayants droit. Les journalistes percevront une part « appropriée et équitable » de ces flux, fixée par accord d’entreprise ou de branche ou à défaut par une commission administrative.
Le crawling ciblé par deux amendements
En préparation de l’examen de seconde lecture en séance, plus qu’un seul article sépare les députés des sénateurs. Sauf grande surprise, l’Assemblée nationale se dirige vers un vote conforme, comme l’a souhaité ardemment la commission des affaires culturelles.
Deux amendements (1 et 2) ont toutefois été déposés par le groupe Libertés et Territoires. En l’état, pose la proposition de loi, « l’autorisation de l’éditeur de presse ou de l’agence de presse est requise avant toute reproduction ou communication au public totale ou partielle de ses publications de presse sous une forme numérique par un service de communication au public en ligne ».
Ces députés voudraient rendre obligatoire l’autorisation de l’éditeur ou de l’agence non seulement pour la reproduction ou la communication des articles de presse, mais également lors de leur « mise à disposition ».
Cette adjonction, d’après les auteurs de l’amendement, permettrait d’étendre le champ des droits voisins aux activités de crawling. Derrière, on trouve des « sociétés de services en e-réputation et en veille, [qui] développent un business de panoramas de presse de nouvelle génération par le biais de liens hypertextes vers les contenus de presse, sans autorisation préalable et donc sans contrepartie de rémunération pour les éditeurs ».
« C’est un marché totalement nouveau, estimé à 31 M€ à ce jour qui échappe totalement aux éditeurs de presse » ajoutent-ils en appui de leur amendement sensibilisé par les travaux du CSPLA. Ces services « ont pour objectif de permettre aux clients d’analyser l’impact de leur communication sur internet et d’anticiper les évolutions d’un marché ».
Dans ces activités de crawling aux fins de panorama de presse, il n’y aurait pas à proprement parler de reproduction (il n’y a pas de copie d’articles, mais des liens) ni communication au public (des contenus réservés aux clients).
Droit voisin des éditeurs : dernier round parlementaire, les panoramas de presse pris pour cible
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Le crawling ciblé par deux amendements
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 22/07/2019 à 16h56
Les agrégateurs de news sont-ils concernés par cette loi ?
C’est un point qui n’est pas très clair pour moi. Ce sont les sites eux-mêmes qui fournissent les flux RSS, mais d’un autre coté on n’a pas forcément besoin d’aller sur le site pour consulter l’intégralité de l’article, diminuant de facto le nombre de vues.
Le 22/07/2019 à 17h14
Comment dire… Cette série de lois est taillée pour eux justement.
Le 22/07/2019 à 17h47
Le 22/07/2019 à 18h11
Le 22/07/2019 à 18h13
Je dis peut être de la merde (ce serait pas la première fois " /> ) mais selon mes souvenirs on parle des robots “crawler” en se référant au bot de Google, Bing et compagnie qui parcourt le web pour indexer.
Le 22/07/2019 à 18h16
J’espère, ce serait tellement beau.
Je me souvient encore de twitter qui avait envoyé se faire mettre le gouvernement avec leur campagne pour aller voter (#ouijevote) pour ne pas prendre le risque d’enfreindre la nouvelle loi française contre les fausses nouvelles.
C’était tellement délicieux " />
Le 22/07/2019 à 20h26
Oui, c’est à ça que j’ai fais allusion dans mon message, mais là, il me semble qu’il y a un sens plus particulier et qu’il n’est pas expliqué dans l’article.
C’est bien la peine que NXI nous abreuve de brèves sur les termes français à utiliser à la place des mots anglais pour écrire un mot anglais sans en expliquer sa signification alors que ce n’est pas évident.
Le 23/07/2019 à 05h30
Le 23/07/2019 à 06h58
C’est l’été, donc je nage le Crawl.
Le 23/07/2019 à 07h07
Je pense qu’il s’agit des applications qui enregistrent les sites en local pour une consultation future.
Mais il me semble que les sites de presse sont protégés contre ce genre d’application.
Le 23/07/2019 à 07h46
Bon, en fait, l’activité de crawling est assez bien décrite dans les 2 amendements qui sont en lien.
C’est vraiment du n’importe quoi de vouloir taxer cette activité qui correspond plutôt à une niche et qui permet essentiellement à des sociétés de savoir comment on parle d’elles dans la presse.
Le 23/07/2019 à 08h01
Dans ses grandes lignes, avec cette future loi, ces acteurs en ligne devront par défaut obtenir l’accord des titulaires de droits avant de reproduire ou communiquer au public tout ou partie d’une publication de presse
mais du coup, faire une revue de presse/editeurs ne peu plus se faire que si on a l’autorisation des maisons d’édition ?
faire une critique/analyse sur des articles ou reportages douteux ne pourra se faire qu’avec l’accord des editeurs de ces mêmes articles ??
et en poussant un poil plus loin, vu qu’après tout, ça concerne toute publication de presse, et que ça couvre aussi le titre.
à la condition que ces éléments « ne se substitue[nt] pas à la publication de presse elle-même ou dispense[nt] le lecteur de s’y référer ». Lorsqu’un très court extrait évitera à l’internaute la lecture de l’article, l’autorisation reprendra donc ses droits.
je prend un exemple : Ubisoft présente un jeu (prenons watchcreed wildlands comme exemple).
Ubi auto-publie une article ou utilise un journal quelconque (prenons jeuxvides.com) et titre l’article du nom du jeu. puis dans l’article décrit le jeu, les mécaniques, un bout de scénario… –> conséquences, personne n’a plus le droit de parler de ce jeu sans l’accord express d’Ubi ?? donc plus de tests, de gameplay en videos ou photos…
donc refusera à tout journal ou influenceur ou simple “youtubeur” toute critique du jeu. et on peu transposer ça dans tous les domaines…
ou alors j’ai loupé un article quelque part qui empêche ce genre de dérive ?
Le 24/07/2019 à 07h56
Lorsqu’un très court extrait évitera à l’internaute la lecture de l’article, l’autorisation reprendra donc ses droits. Pour moi, cela veut dire que si l’extrait que tu mets permets de résumer la majorité des points de l’article tu tombes sous le coup de la loi. Dans ton ex., c’est compliqué de mettre toutes les mécaniques dans un extrait. Donc si tu écris juste “Nouveu jeu Ubisoft: watchcreed wildlands” tu es tranquille (mais l’interet pour toi est limité, c’est évident).
Le 24/07/2019 à 12h20
Apres c’est suffisamment flou pour que n’importe quel article soit notifié comme étant une reference aux articles de presse… Bref, c’est mort d’avance.
A moins que Google ne monte au creneau et ne fasse des actions pour montrer que cette loi abuse, par ex en reecrivant des articles (via une IA pour que ce soit plus marrant) et dire que non, pas de raison de taxer, c’est notre prose a nous..
Le 24/07/2019 à 12h23
Petite question a ceux qui s’y connaissent, est ce qu’il est possible de mettre plusieurs titres a des articles ?
Et si oui, est-ce valable aux yeux de la loi ?
Par ex en les placant dans des metadonnees de la page qui le contient, vu que dans ce cas la, il suffit de creer toutes les occurences possibles et en simplifiant a mort a partir du titre original, histoire de tuer dans l’oeuf toute tentative de faire un article sur le meme sujet…
Le 22/07/2019 à 13h52
Du coup le décret d’application sera pris dans la foulée, et on peut tabler sur un déréférencement des sites de presse dès lundi prochain ? " />
Le 22/07/2019 à 14h01
ou un référencement de tous ceux qui veulent de la visibilité et qui ne demanderont rien à Google ?
NI bientôt 5 millions de visiteurs unique par jour " />
Le 22/07/2019 à 14h09
Le 22/07/2019 à 14h19
« sociétés de services en e-réputation et en vielle, [qui]
développent un business de panoramas de presse de nouvelle génération
par le biais de liens hypertextes vers les contenus de presse, sans
autorisation préalable et donc sans contrepartie de rémunération pour
les éditeurs ».
On y arrive enfin à cette “Link Tax”.
Le 22/07/2019 à 14h40
ou à défaut par une commission administrativeIl faut encore recaser les copains ? Il y en a pas assez de ces commissions ?
Le 22/07/2019 à 16h27
Il y aurait moyen de définir ce qu’est ici le crawling ?
Je connais le crawl entant que nage, le crawling en mauvais franglais de façon générale en tant que parcours du WEB pour faire de l’indexation en particulier par les moteurs de recherche, mais là, j’ai l’impression que l’activité est différente ou en tout cas plus réduite.
Le 22/07/2019 à 16h32
Perso, je comprend cela (mais c’est peut-être faux) :
http://www.phoenixjp.net/news/fr/
Le 22/07/2019 à 16h52
C’est un marché totalement nouveau, estimé à 31 M€ à ce jour qui échappe totalement aux éditeurs de presse
Les journaux, avec la complicité de l’état, copient le modèle mafieux de la SACEM: vivre du racket sur le travail des autres " />