Le gouvernement va simplifier le recours au télétravail dans la fonction publique
T'as le look coco-working
Le 22 janvier 2020 à 16h06
5 min
Droit
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Alors que le formalisme lié au télétravail a récemment été simplifié dans le privé, le gouvernement s’apprête à en faire de même dans la fonction publique. Des « autorisations temporaires » pourraient notamment être accordées en cas de « situation inhabituelle » (de type grève).
Mouvements sociaux, pics de pollution, perturbations dans les transports... À chaque événement exceptionnel, le télétravail est mis en avant.
Pour les salariés, depuis les « ordonnances Pénicaud » de 2017, employeurs et employés peuvent convenir d’un recours exceptionnel au télétravail, sans avoir à modifier le contrat de travail. En l’absence d’accord collectif ou de charte, les parties sont d’ailleurs libres de formaliser leur accord « par tout moyen », éventuellement à la dernière minute.
En revanche, dans la fonction publique, le recours au télétravail s’avère – pour l’heure – bien plus encadré.
Du télétravail « trop contraignant » à mettre en œuvre dans la fonction publique
Régi par une loi de 2012 et un décret de 2016, le télétravail n’est possible dans le public qu’à l’issue d’une procédure relativement rigide : l’agent doit effectuer une demande auprès de son chef de service, par écrit, en précisant notamment les jours et le nouveau lieu de travail (sachant qu’il n’est pas possible de télétravailler plus de trois jours par semaine).
Un entretien est ensuite organisé, à l’issue duquel le responsable statue, au regard notamment de la « conformité des installations » choisies par l’agent. Mais même en cas de feu vert, l’autorisation ne prévaut que pour une durée maximale d’un an (potentiellement renouvelable).
Dans un bilan rendu public en janvier 2019, la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) avançait ainsi que les premiers retours d’expérience étaient globalement « très positifs », mais que le dispositif était perçu comme « trop contraignant », tant pour les agents que pour les employeurs publics.
Quelques mois plus tard, au Sénat, plusieurs élus centristes profitaient de l’examen du projet de loi de « transformation de la fonction publique » pour faire adopter un amendement invitant les administrations à prévoir des « possibilités de passage ponctuel en télétravail » pour leurs agents.
Un projet de décret, dévoilé hier par Acteurs Publics, permet d’en savoir plus sur la réforme qui se dessine.
Des « autorisations temporaires » de télétravailler en cas de grève, etc.
Au-delà du formalisme lié à la demande de passage en télétravail, la principale rigidité du système actuel réside dans le fait que cet exercice doit être régulier : le fonctionnaire travaille par exemple à son domicile tous les mardi et jeudi.
Le gouvernement s’apprête de ce fait à introduire davantage de souplesse. À l’avenir, les agents pourront demander à effectuer un certain nombre de jours de télétravail (sur une base hebdomadaire, mensuelle ou annuelle). L’attribution d’un volume de « jours flottants de télétravail » sera ainsi possible, et pour lesquels l’agent devra « demander l’utilisation à son supérieur hiérarchique direct ».
Autre grande nouveauté : une « autorisation temporaire de télétravail » pourra être sollicitée, « lorsqu’une situation inhabituelle perturbe temporairement l’accès au site de travail ou le travail sur site ». Des dispositions visiblement taillées pour les épisodes de grèves, d’intempéries, de pics de pollution, etc. Dans un tel cas de figure, il sera d’ailleurs possible de déroger à la règle des trois jours de télétravail maximum par semaine.
Néanmoins, autorisation temporaire ou non, l’agent devra respecter le même formalisme – et en passer notamment par une demande écrite. Les deux dispositifs étant cumulatifs, précise le projet de décret, on peut malgré tout imaginer qu’il sera plus facile de recourir au télétravail en prévision de difficultés ponctuelles, à tout le moins pour les personnes bénéficiant d’un nombre de « jours flottants » de télétravail.
Et ce d’autant que la procédure est appelée à être simplifiée. La durée maximale d’autorisation (d’un an) doit notamment disparaître. De plus, une réponse devra être donnée à toute demande de télétravail « dans un délai d’un mois maximum à compter de la date de sa réception », précise le texte.
Davantage de possibilité de télétravailler dans des « tiers lieux »
Dernier point important : le projet de décret donne la possibilité aux agents publics de télétravailler dans de nouveaux « tiers lieux » (espaces de co-working, etc.).
Aujourd’hui, les fonctionnaires doivent exercer leurs missions de chez eux ou dans des « locaux professionnels ». À l’avenir, si ce texte est promulgué en l’état, ils pourront travailler dans tout « autre lieu privé ou dans tout lieu à usage professionnel ». L’exécutif a au passage pris le soin de préciser que les frais afférents à la « location d’un espace destiné au télétravail » ne seront pas pris en charge.
Restera à voir si ces réformes permettront de faire décoller le recours au télétravail au sein de l'administration. D’après l’étude publiée l’année dernière par la DGAFP, seuls 287 des 8 224 agents travaillant au sein des ministères économiques et financiers télétravaillaient, « soit un taux de 3,48 % ».
Des chiffres bien loin de ceux du privé. D’après une étude publiée l’année dernière par Malakoff Médéric-Humanis, « 29 % de l'effectif des entreprises de plus de dix salariés » effectuerait du télétravail régulièrement, soit 5,2 millions de personnes.
Le gouvernement va simplifier le recours au télétravail dans la fonction publique
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Du télétravail « trop contraignant » à mettre en œuvre dans la fonction publique
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Des « autorisations temporaires » de télétravailler en cas de grève, etc.
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Davantage de possibilité de télétravailler dans des « tiers lieux »
Commentaires (35)
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Abonnez-vousLe 23/01/2020 à 07h37
Le 23/01/2020 à 07h52
Le 23/01/2020 à 08h06
Ouais ca c’est le monde idéal.
En vrai, tu passes par le Groupement des achats publics,https://www.ugap.fr/
Et chez nous à la DGFIP, bah je peux te dire que ce soit les PC portables ou les PC fixes c’est pas des bêtes de courses, même en bureautique ….
Les pc portables ne sont reservés qu’aux brigades de contrôles ou aux huissiers ( entre autres ). Même pour nous les informaticiens, c’est obligé d’avoir un PC fixe. On a que quelques portables pour les astreintes et voilà…
Faut comprendre que nos budgets informatiques n’ont fait que baisser d’années en années. Donc les achats se font au moins disant et souvent le PC fixe est bien plus rentable ( sans compter que on peut les fixer plus facilement et éviter les vols ). Alors la on nous a annoncé un budget informatique en hausse de 40% mais je pense que ca ira plus dans la modernisation des anciennes applis que dans le matériel….
Le télétravail est possible dans la FP mais les 3 plus gros freins sont :
- Le manque d’outils de communications malgré les efforts déployés par la DINUM ( on vient juste d’avoir les webconférences avec jitsi et tchap qui commence à s’imposer mais officieusement pour le moment ).
Bref encore beaucoup de travail !
Le 23/01/2020 à 08h53
Le 23/01/2020 à 10h06
Le 23/01/2020 à 11h31
Pour le téléphone, dans ma boite on va passer sur la réceptions des appels dans la messagerie instantanée.
Vu que je dois la connecter en allumant mon PC et la couper quand je débauche, c’est réglé.
Le 23/01/2020 à 13h35
On dit Télétravailprésentéisme, au vu de mon expérience dans le public (il y a quelques années déjà):
Le 23/01/2020 à 16h36
D’accord pour le télétravail mais AVEC le matériel de la société et non le mien. Exemple je peux avoir un portable pour travailler mais j’ai aussi obligatoirement besoin d’un autre écran, et là impossible d’en avoir un en prêt. Donc chez moi j’aurais l’obligation d’utiliser le mien. Qui paye l’usure ?
Sachant que ma société pousse pour qu’un maximum de personnels migrent en télétravail pour économiser le prix de la surface des bureaux.
Le 24/01/2020 à 08h01
Oui on utilise Skype/Teams chez mon client (ils n’ont plus de tel fixe, uniquement des casques) il y’a du plus et du moins :
MOINS :
Sur un tel le fait de ne pas répondre a plusieurs motifs légitimes (tu l’as pas entendu, tu n’es pas à ton poste, t’es en réunion, t’es déjà en ligne…)
PLUS :
Bref je suis assez mitigé sur ces outils, d’un côté t’as un gain de prod indéniable, de l’autre ça pousse les mauvaises pratiques (définir des RG dans une messagerie instantanée, flicage de tes collègues : pourquoi il ne me répond pas, encore absent/en réunion, voir certain font des appels sans fin ni motif…)
Le 24/01/2020 à 08h06
Faut pas pousser tu n’as pas besoin d’un écran supplémentaire pour travailler :
Je fais du dev sur un 12.5” toute la journée sans pb : ton cerveau ne traine qu’une info à la fois : autant faire Alt+Tab que chercher du regard l’autre fenêtre.
Si tu veux utiliser ton écran tu peux : A moins d’avoir un OLED, un écran ne s’use pas ;)
Le 24/01/2020 à 08h27
Parle pour toi!
Perso je fais essentiellement de la bureautique, ce qui n’est a priori pas très exigent, pourtant dès que j’ai un Excel un peu gros ou que je veux mettre deux documents l’un a côté de l’autre pour les comparer, le petit écran mal défini du portable rend la chose peu efficace. Les ~200€ d’un écran FHD de 24” sont rapidement remboursés en temps gagné.
Cela étant, l’amortissement d’un écran perso, même utilisé exclusivement pour du télétravail, ne représenterait pas une somme suffisante pour que je me fatigue à le demander à mon employeur (c’est ma façon d’être phobique administratif: j’arrive à payer mes impôts, mais je n’ai pas le courage de remplir les 18 documents qui me permettaient d’économiser 15€)
Le 24/01/2020 à 09h08
Le 24/01/2020 à 10h43
Merci pour le retour, je n’avais pas vu l’histoire avec le statut en réunion…
Si on peut choisir le nombre de sonneries avant que ça bascule sur le répondeur, c’est pas mal aussi.
Le 24/01/2020 à 18h29
Et bien quand ton travail nécessite d’effectuer du monitoring en temps réel sur 6 serveurs différents on en reparlera.
De plus sur un portable avec un écran de 13” le confort n’est pas tip top lorsque tu à naviguer sur différents types de documents.
Et en ce qui concerne le cerveau heureusement que tu peux traiter plusieurs informations en même temps. Avec l’expérience le temps d’analyse peux être très court.
Maintenant je peux très bien concevoir que pour toi, et le périmètre de ton travail, un écran de portable puisse suffire.
Le 26/01/2020 à 10h07
Le 26/01/2020 à 10h17
Le 22/01/2020 à 16h40
Y a tellement de bienfait dans le télétravail : écologique, de bien être, d’équilibre pro/perso… c’est plein de bonne chose mais il faut être sérieux et savoir si on en est capable ou non (c’est pas mon cas)
Le 22/01/2020 à 16h50
Le 22/01/2020 à 17h23
Ouais enfin le gros problème chez nous pour le télétravail dans la FP c’est le manque de moyens de communications officiels. On a Tchap qui est poussé par la DINUM mais que nos officiels ignorent totalement ….
Nous par ex dans mon équipe on est sur Tchap, on pourrait faire du télétravail ( d’ailleurs on a des astreintes …. donc du télétravail ) mais on nous le refuse au motif que la prod ne peut pas se faire en télétravail même occasionnel …
Donc c’est clairement pas gagné
Le 22/01/2020 à 17h27
Le 22/01/2020 à 18h19
Pour relativiser :
Donc déjà c’est beaucoup mieux. On aura jamais 100% sécurisé, mais dans un réseau qui filtre énormément de choses, avoir une messagerie fonctionnelle et relativement correcte, disposant en plus d’applis mobiles, c’est pas si mal ;)
Et pour en revenir au sujet, cette app serait pas mal pour être un équivalent de Slack si on y mettait un peu plus de moyens.
Le 22/01/2020 à 18h36
A la DGFIP là où je bosse :
Le boulot reste à faire dans les moyens et les mentalités de la hiérarchie et de certains collègues qui jalousent ceux qui télé-travaillent
Le 22/01/2020 à 18h54
Le 22/01/2020 à 20h36
Le télétravail, c’est pour les gens qui savent utiliser leurs logiciels et respectent les normes et contraintes d’opérabilité. Malheureusement, j’ai encore vu dernièrement des documents de bureautiques officiels, bricolés de partout avec des manières de faire qui nous ramènent 20 ans en arrière. Donc vous me pardonnerez d’émettre de (très) gros doutes sur la capacité des auteurs respectifs de ces torchons à travailler seuls chez eux.
Le 22/01/2020 à 21h03
Le 23/01/2020 à 06h12
Cette infographie elle est valable pour toute la FP ? Parce que là où je bosse il me semble que les règles sont différentes (genre max 1 jour par semaine, et c’est à l’appréciation du chef de service qui décide si le poste est télétravaillable ou non).
Et le plus gros du problème est qu’il faut une assurance habitation avec permission de travailler à domicile, une connexion internet et un compteur électrique aux normes (oui il faut une attestation).
Il faut aussi un ordinateur fourni par l’employeur avec les logiciels et un accès VPN.
Le 26/01/2020 à 18h32
Le 26/01/2020 à 21h20
C’est pas forcément pour bouger la souris entre les deux écrans, ça peut servir pour taper un document tout en lisant un autre par exemple.
Et le rangement des fenêtres se fait très facilement (sous Ubuntu en tout cas) : un lancé de fenêtre en haut ou à droite/gauche et voilà…
Perso je suis beaucoup moins productif avec un seul écran.
Le 27/01/2020 à 04h05
Je suis d’accord avec toi. Pour avoir un ordi à 600 euros il faut demander gentiment et ça passe toutes les quelques années, pour avoir un ordi à 1000 euros (je parle hors taxes) qui te permet d’être un peu plus productif, là il faut limite pleurer. Les ordis que j’ai eus datent de 2004 puis 2011. Et le dernier que j’ai eu, donc de 2011, avec un Xeon 4 coeurs et un écran 22,5 pouces, même s’il marche bien pour de la bureautique n’est plus un foudre de guerre. Et je suis presque en train de me dire que je vais apporter mon ordi portable perso (un Dell XPS15) au boulot, parce que je n’ai juste pas envie de pleurnicher pour en avoir un neuf.
Et après en plus moi je fais un peu de programmation (légère), mais je pleure aussi quand je vois certaines administrations où on change les ordis tous les deux ans alors qu’ils ne servent qu’à faire du Word/Excel !
Le 27/01/2020 à 07h15
Le 27/01/2020 à 07h25
Le 27/01/2020 à 08h07
Le 27/01/2020 à 17h29
D’après l’étude publiée l’année dernière par la DGAFP, seuls 287 des 8
224 agents travaillant au sein des ministères économiques et financiers
télétravaillaient, « soit un taux de 3,48 % »
RIen qu’à la DGFiP justement, on est 100.000 agents travaillant “au sein des ministères économiques et financiers”. Je doute que la DGAFP ait écrit ceci!
Le 28/01/2020 à 07h17
Le 28/01/2020 à 08h04