Le déploiement du FTTH va bon train en France, avec l’objectif d’atteindre 80 % de locaux éligibles. Ils sont actuellement 60 % (+ 15 points en un an) sur le territoire, mais avec de fortes disparités entre les régions. Les abonnements continuent également d’augmenter.

Chaque trimestre, l’Arcep publie son observatoire du déploiement de la fibre optique en France, ainsi que le nombre de clients ayant sauté le pas. C’est l’occasion de comparer les chiffres à ceux du plan France THD (détaillé dans notre second magazine) qui prévoit du très haut débit pour tous en 2022, au moins 80 % de lignes FTTH. 

Les chiffres au 31 décembre sont disponibles et ne réservent aucune surprise : « Le quatrième trimestre 2020, qui a été marqué par une progression record de déploiement de la fibre optique (FttH) et de son adoption conclut une année 2020 elle aussi record ». Les effets de la crise sanitaire sont mesurés et ne remettent pas en cause le plan.

Plus de 10 millions d’abonnements en FTTH

Sur les 30,570 millions d’abonnements fixes que compte la France, 15,912 millions sont en haut débit « seulement », dont 15,303 millions en DSL. Il en reste donc 14,658 millions en très haut débit (30 Mb/s minimum en téléchargement), dont 10,361 millions en fibre optique de bout en bout (FTTH).

C’est la première fois que la barrière des 10 millions est dépassée, grâce à 1,1 million de clients en plus en trois mois. En un an, ce sont ainsi 3,3 millions de lignes supplémentaires avec un abonnement FTTH, contre 2,3 millions en 2019, 1,5 million en 2018, 1,1 million en 2017 et moins d’un million les années précédentes.

Cette hausse n’est pas sans conséquence sur la gestion des armoires (points de mutualisation de la fibre) qui peuvent dans certains cas devenir de véritables salades de nouilles. La nouvelle présidente de l’Arcep a promis de s’occuper du sujet, tandis que la fédération InfraNum propose de nouvelles règles.

• Fibre optique : InfraNum propose de nouvelles règles pour mettre fin à la jungle des raccordements
• Double feu vert pour Laure de la Raudière à la présidence de l’Arcep

60 % des lignes éligibles au FTTH en France

Le déploiement de la fibre optique continue avec un rythme « soutenu ce trimestre », affirme le régulateur des télécoms, avec 1,9 million de lignes supplémentaires en trois mois. Ainsi, « au 31 décembre 2020, 24,2 millions de locaux étaient éligibles aux offres FTTH, soit une hausse de 31 % en un an ». Si on élargit au très haut débit – toutes technologies confondues (VDSL, câble, 4G fixe et THD radio) – on arrive à 28,6 millions de lignes éligibles.

Voici le détail des chiffres en FTTH suivant les zones :

• France (tous territoires) : 24,198 millions de lignes éligibles (1,943 million), soit 60 % de 40,657 millions 
• Zones très denses :
  • 6,254 millions de lignes éligibles (+ 141 000), soit 85 % de 7,374 millions
• Zones moins denses :
  • Initiatives privées : 12,505 millions de locaux éligibles (+ 1,083 million), soit 77 % des 16,281 millions 
  • Initiatives publiques (RIP) : 5,340 millions de locaux éligibles (+ 670 000), soit 32 % des 16,992 millions 
  • Initiatives publiques (AMEL) : 99 000 locaux éligibles (+ 49 000)

Comme nous l’avions déjà expliqué dans notre second magazine, le gendarme des télécoms a changé il y a déjà plusieurs mois son référentiel pour comptabiliser le nombre de locaux en France. Cette modification n’est pas anodine puisqu’on est passé de 37,2 millions en 2019 à 40,7 millions actuellement.

Cette différence de 3,5 millions de lignes a une incidence sur le pourcentage de locaux éligibles au FTTH en France, et donc sur les objectifs à tenir du plan France Très Haut Débit. Avec les chiffres de 2019, le total des lignes éligibles ne serait pas de 60 %, mais de 65 %. 

Quoi qu’il en soit, les chiffres sont en hausse sur l’ensemble des indicateurs par rapport au trimestre précédent. Les locaux français n’étaient éligibles qu’à 54 % au FTTH fin septembre, avec la répartition suivante : 82 % en zone très dense, 70 % en zone moins dense privée et 27 % en zone moins dense publique. Sur un an, la France entière a gagné 15 points, tandis que chaque zone a augmentée de respectivement 3 %, 22 % et 12 %. 

Plus de 11,5 millions de lignes encore à raccorder dans les RIP

Sur les plus de 16 millions de locaux restants encore à raccorder à la fibre optique, la très grande majorité se trouve dans la zone moins dense d’initiative publique, celle qui concentre actuellement le gros des efforts de déploiements des régions. C’est d’ailleurs dans celle-ci que va se jouer une grosse partie du plan France THD qui prévoit que 80 % des lignes seront éligibles au FTTH d’ici 2022. 

Si l’on considère en effet que la France dispose de 40,657 millions de locaux, cela donne donc un minimum de 32,5 millions à raccorder à la fibre optique pour arriver à 80 %. 24,198 millions étant déjà faites, restent un peu plus de 8 millions à faire. Actuellement, il ne reste que 1,1 million de locaux à raccorder en zone très dense, 3,8 millions dans les zones moins denses privées et 11,5 millions dans celles publiques.

En 2020, 5,8 millions de lignes ont été rendues raccordables, soit un million de plus qu’en 2019 malgré la crise sanitaire. Atteindre 8 millions restants en deux ans semble donc largement à portée de main. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, Orange reste largement en tête des déploiements de la fibre en tant qu’opérateur d’infrastructure sur les zones très dense et privée, tandis que la distribution est mieux partagée en zone publique avec certes Orange, mais aussi Altitude Infrastructure, Axiaone, Covage, etc.

Il y a encore de grosses disparités dans les régions

Ces bons chiffres masquent par contre une « forte disparité dans l’avancement du déploiement dans les zones très denses ». Si Paris affiche un taux de couverture très élevé de 96 %, Lille est au contraire à 46 % seulement.

De manière générale, « la couverture en fibre optique des zones très denses de certains départements est bien inférieure à la couverture moyenne nationale de ces zones qui s’établit à 84 % », regrette le régulateur des télécoms, qui en dresse la liste : 

• Nord (59) : 49 %
• Puy-de-Dôme (63) : 55 %
• Seine-Maritime (76) : 62 %
• Var (83) : 63 %
• Meurthe-et-Moselle (54) : 65 %
• Loire-Atlantique (44) : 69 %
• Bas-Rhin (67) : 71 %
• Loire (42) :  73 %
• Bouches-du-Rhône (13) : 75 %
• Essonne (91) : 77 %
• Loiret (45) : 78 %
• Seine Saint-Denis (93) : 79 %
• Hérault (34) : 80 %
• Alpes-Maritimes (06) : 81 %
• Vienne (86) : 82 %

Quid des zones AMII et AMEL ? 

L’Arcep propose enfin un observatoire de « l’avancement des déploiements FTTH au sein des périmètres sur lesquels des opérateurs privés se sont engagés » dans les zones AMII (Appel à Manifestation d’Intention d’Investissement). Orange et SFR échouent tous les deux à tenir leurs engagements, de peu pour le second. Orange est à un peu moins de 10 millions, soit « environ 76 % » de son engagement, tandis que SFR est à « environ 91 % ».

Un autre point d’étape est proposé sur les zones AMEL (appels à manifestation d'engagements locaux). Concernant les échéances de 2020, SFR est en retard sur la zone Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes et Bouches-du-Rhône où il n’a fait (environ) que la moitié du chemin. En Eure et Loire et dans la Nièvre, la situation est encore pire pour SFR. De son côté, Altitude est très fortement en retard dans les Landes.

Le régulateur des télécoms note tout de même du positif dans ces zones : « Les déploiements s’intensifient dans les territoires concernés par des "AMEL", qui atteignent près de 100 000 locaux éligibles à la fin de l’année 2020 », contre 50 000 trois mois auparavant.