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Starship : le prototype SN10 se pose en « douceur »… mais explose quelques minutes plus tard

Deuxième effet Kiss cool

Starship : le prototype SN10 se pose en « douceur »… mais explose quelques minutes plus tard

Le 04 mars 2021 à 09h59

Après deux échecs, SpaceX est parvenu à poser dans une relative douceur le prototype SN10 de sa prochaine fusée entièrement réutilisable Starship. C’est une étape importante pour la société… même si cet essai s’est finalement terminé par une explosion et des flammes quelques minutes après l’atterrissage.

En décembre, SpaceX faisait une première tentative de vol à haute altitude avec son prototype SN8 de Starship. Elle s’est soldée par une brutale rencontre avec le sol lors de la tentative d’atterrissage.

La société était revenue en détail sur les raisons de cet échec et les étapes intermédiaires qui avaient été des succès (notamment le délicat retournement). Elon Musk y voyait néanmoins un « Super test. Félicitations à l’équipe Starship ! » Début février, un second test était réalisé, avec le prototype SN9.

Il avait alors perdu l’équilibre dans son hangar, heureusement sans trop de gravité. Le résultat était le même du début à la fin. Le décollage et la série de manœuvres se passent correctement. Lors de la descente, les moteurs ont été rallumés, mais l’atterrissage s’est soldé par une explosion digne des films de Michael Bay.

Starship : enfin un « soft landing », avec le prototype SN10…

Cette nuit, rebelote avec SN10. L’allumage des trois moteurs Raptor, le décollage, le vol vers la haute altitude (jusqu’à plus d’une dizaine de kilomètres) et les manœuvres en l’air se sont pour la troisième fois déroulés visiblement sans la moindre anicroche, avec des images en direct toujours aussi impressionnantes.

Après quelques minutes, un, puis deux et enfin trois des moteurs sont éteints. SN10 se « couche » ensuite en l’air et commence sa descente, avec les trois Raptor éteints. Deux minutes plus tard, ils se rallument pour redresser la fusée et ralentir sa chute, mais un début d’incendie se déclare sur un des côtés.

De trois moteurs, la fusée passe à deux puis un seul pour terminer sa descente, toujours avec des flammes sur le flanc. Elle arrive malgré tout à se poser en « douceur » (soft landing) sur son pas de tir, sans exploser – pour le moment – contrairement à ses deux grandes sœurs.

Le feu est encore présent, mais il parvient apparemment à être maîtrisé, bien que de la fumée continue de sortir. Fin de mission ? SpaceX semble le penser que puisque le live se coupe alors sur la chaîne YouTube… mais un événement inattendu est venu jouer les trouble-fête : la fusée a explosé peu après, alors qu’elle était toujours en position verticale, certes un peu penchée, car un des pieds était vraisemblablement abîmé.

… suivi d’une explosion huit minutes après l’atterrissage

Sans crier gare, quatorze minutes après le décollage – et donc huit minutes après l’atterrissage – une explosion se déclenche et propulse le prototype SN10 sur quelques dizaines de mètres (la hauteur de Starship environ, soit une cinquantaine de mètres à vue d’œil) avant qu’il ne retombe et s’éparpille façon puzzle au sol.

On peut le voir sur la vidéo de NASA Spaceflight. SpaceX et Elon Musk n’ont donné aucune précision pour le moment, si ce n’est un message « d’adieu » du patron de la société sur Twitter : « RIP SN10, honorable discharge ».

Dans tous les cas, SpaceX est parvenu à réaliser un nouvel objectif : poser son prototype SN10 avec une relative douceur. Il reste encore du travail, mais pas de doute : les ingénieurs avancent dans la bonne direction. Pour rappel, Elon Musk avait déjà annoncé qu’il « faudra atteindre au moins SN20 ou plus pour avoir Starship 1.0 ».

Dans une vidéo récemment mise en ligne, Elon Musk donne quelques précisions sur le calendrier qui se dessine pour Starship : « je suis très confiant sur le fait que nous aurons atteint l’orbite plusieurs fois avec Starship avant 2023 et que la sécurité sera suffisante sûre pour transporter des humains en 2023 ».

dearMoon : déjà des touristes pour Starship, lancement en 2023 ?

SpaceX prévoit de faire voler son Super Heavy Booster cette année. Il correspond pour rappel au premier étage du Starship final, la partie supérieure – actuellement testée avec les prototypes SNx – s’appelle elle aussi Starship. Il a fait cette déclaration dans la vidéo de présentation du projet dearMoon, du milliardaire japonais Yusaku Maezawa.

Il a déjà réservé un vol sur Starship et propose pas moins de huit sièges à des « artistes » pour l’accompagner dans son vol dans l’espace. La notion est vague puisqu’elle cible « chaque personne qui fait quelque chose de créatif ». dearMoon est la seconde mission commerciale de SpaceX avec uniquement des touristes à bord.

Ils iront rendre visite à notre Lune, sans se poser évidemment. La première est pour rappel Inspiration4, mais elle se déroulera à bord d’une capsule Crew Dragon sur une fusée Falcon 9. Cette mission se « contentera » de rester en orbite autour de la Terre pendant plusieurs jours. Cette fois encore, c’est un milliardaire qui régale : Jared Isaacman.

Il propose trois fauteuils à des personnes selon des critères précis. Hayley Arceneaux est la première sélectionnée.

Commentaires (21)

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Problème du moteur Raptor, semble-t-il,
ils n’ont pas ces soucis avec les moteurs merlin sur la Falcon9. les2 essais précédents déjà les moteurs raptors prenaient feu lors de l’exctinction en vol.
A présent durant la phase d’ascension les moteurs se sont coupés proprement , même le commentateur de spaceX a eu l’air surpris.
par contre on voit bien qu’au moment de couper une seconde fois les moteur lors de l’atterrissage, une gerbe d’ergol s’est embrasé et a déclenché un feu dans le compartiment des raptors.
SpaceX corrigera ceci dans de futures evolutions, d’autant si ça peut permettre la réutilisation de raptor, toujours ça d’économisé.
bien joué en tout cas, très belle progression mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir,
Restera à convaincre des partenaires pour envoyer plusieurs satellites en orbite sans heurt, que SpaceX récupère ou non le lanceur est une autre histoire.

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Ah pour moi Starship est uniquement prévu au transport lourd, pas a la mise en orbite de satellite… J’ai peut-être compris de travers.

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Oui il est prévu pour la mise en orbite notamment pour accélérer le déploiement de Starlink.
Et je pense qu’il vont faire comme pour la Falcon 9 envoyer des charges en orbite puis faire des tests de retour pour amortir un peu le développement du lanceur. Mais on est encore loin d’atteindre l’orbite pour le moment.

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Ce qui est intéressant c’est qu’ils ont simplifié l’équation, ils tentaient un posé avec seulement 2 moteurs ce qui semblait gourmand !
Et comme avant de courir il faut apprendre à marcher ils sont revenu sur une solution à 3 moteurs pour freiner ce qui à bien aidé. Mais en effet comme tu le dis il semble qu’à l’extinction ce soit pas ça, on dirait presque le moteur 3 souffle le moteur 2. L’enquête le dira.



En tout cas un bon step en avant, freiner sur 3 moteurs semble la bonne solution (ils auront tout le temps de faire mieux plus tard)

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Les 3 moteurs c’est majoritairement pour le retournement, le SN 10 a effectué la majeur partie de sa distance de freinage sur 1 moteur, après il faudrait avoir les données de vitesse pour voir si la courte poussée à 3 suffit pour annuler la majeur partie de la vitesse et que le moteur restant sert a finaliser l’approche.

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Pour être exact, si je ne me trompe pas, le 3 ème moteur n’a pas été allumé avec SN10 ni pour le freinage, ni pour le retournement. Il ne faut que 2 moteurs pour le retournement et il ne faut qu’un seul moteur pour l’atterrissage. C’est pour cela que SN8 et SN9 n’ont jamais allumé leur 3 ème moteur.
Cependant, comme il est probable qu’un des deux moteurs n’arrivent pas à s’allumer correctement (c’est exactement ce qui s’est passé avec SN8 et SN9), SpaceX a décidé, pour SN10, de tenter d’allumer les trois moteurs, et ensuite, si les trois s’allument correctement, de couper le troisième qui a le moins de bras de levier (c’est exactement ce qui s’est passé avec SN10).
Si un des trois ne s’était pas bien allumé ce n’était pas grave.

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Superbe, je comprend maintenant comment la fusée est censé se retourner, et c’est vraiment très ingénieux.
J’ose pas imaginer la force qui s’applique sur les ailerons à l’avant …

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spaceX c’est un peu kerbal space program, mais avec des vraies fusées : on s’arrange toujours pour que ça finisse avec du spectacle :D



Blague à part, même avec une explosion, c’est quand même une prouesse assez impressionnante

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Je suis curieux de savoir le nombre de G que prendront les passagers lors du retournement entre la position ventrale et la position verticale, à l’atterrissage. Mieux vaut pas être sur la digestion quand ça se produit ! :D

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J’avais l’impression d’être devant The Expanse en voyant la bascule horizontale –> verticale juste avant l’atterrissage ! Impressionnant !

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Il me semblait avoir lu qu’ils relançaient les 3 moteurs surtout pour être sur d’en avoir au moins 2 qui marchent, pas spécialement pour freiner plus fort.
Si les 3 repartent ils en coupe 1, si seulement 2 bah… ils restent sur 2.
Et si 1 seul et bien, ça fait un remake de SN8 et 9…
Changement fait justement suite au loupé sur l’allumage des moteurs sur SN8 et 9

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mrPouet a dit:


Les 3 moteurs c’est majoritairement pour le retournement, le SN 10 a effectué la majeur partie de sa distance de freinage sur 1 moteur, après il faudrait avoir les données de vitesse pour voir si la courte poussée à 3 suffit pour annuler la majeur partie de la vitesse et que le moteur restant sert a finaliser l’approche.


Sauf qu’on a bien vu que le freinage sur 2 moteurs était impossible, surtout avec le risque de voir un moteur ne pas démarrer.
Sur la vidéo tu vois nettement le freinage sur 3 moteur et l’arrondi final avec 1. Mais clairement une fois sur 1 la vitesse est déjà bien cassée.



Tu peux être sur que la poussée est présente vu les cônes de mach de chaque réacteur, une fois allumé ça pousse fort ^^



Alors sur SN9 (et 8) le moteur 3 était éteint au retournement et freinage. Résultat ils étaient en limite de freinage, surtout quand tu ajoute dans la balance le risque de voir un moteur s’étouffer ou ne pas démarrer.



Dans tous les cas regardez les images au ralenti (en mettant des ptits marqueurs) on constate très nettement le freinage puissant sur 3 moteurs. Un fois ce “coup de pied au cul” mis ils coupent le 3.



Et c’est en se coupant que le 3 semble avoir soufflé le 2 qui s’éteint avec une flamme jaune comme s’il continuait à envoyer des ergols, résultat une troisième explosion/flamme forte qui semble avoir endommagé quelque chose.



06:04 retournement fini, freinage pur sur 3 moteurs
06:07 extinction du moteur 3 avec sur la fin une flamme + extinction moteur 2
06:08 dernière flamme après extinction des 2 moteurs, surement des résidus d’ergols.



On a bien 2 bonnes secondes de freinage à plein sur 3 moteurs, sans compter que lors du retournement une partie de l’Energie freine la fusée, si elle ne freinait pas elle ne se retournerait pas :)



Après il est peut être prévu une approche finale sur 1 moteur après un freinage sur 3 on en sait rien, on ne sait pas non plus si suite à l’incident le moteur donnait 100% de poussée ou si suite à l’explosion ils ont eu une avarie sur l’alimentation du dernier moteur.



Le reste ne sont que conjectures.

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On reconnait la petite touche du professeur Muller sur les phases d’atterissages de SpaceX.
Il a du être recruté comme consultant. :D

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En TT de puis le centre spatial de toulouse matabiau. :francais:

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Rozgann a dit:


Je suis curieux de savoir le nombre de G que prendront les passagers lors du retournement entre la position ventrale et la position verticale, à l’atterrissage. Mieux vaut pas être sur la digestion quand ça se produit ! :D


Je ne pense pas que la bascule de la fusée génère une accélération particulière pour les passagers, pas plus que quand tu tournes à droite pour entrer dans une rue.

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Tourner, c’est changer de trajectoire, donc ça provoque une accélération. Dans le langage courant, on l’appelle la “force centrifuge”. Si tu prends un virage serré à grande vitesse en voiture, tu te sens projeté vers l’extérieur du virage, même si la vitesse de la voiture reste d’amplitude constante.

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Rozgann a dit:


Tourner, c’est changer de trajectoire, donc ça provoque une accélération. Dans le langage courant, on l’appelle la “force centrifuge”. Si tu prends un virage serré à grande vitesse en voiture, tu te sens projeté vers l’extérieur du virage, même si la vitesse de la voiture reste d’amplitude constante.


La force centrifuge, ce n’est pas une accélération. C’est le 2eme nom d’une force connue de tous, qui s’appelle plus communément l’inertie.

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Mes mots ne sont peut-être pas tout à fait exacts, mes cours de mécanique datent un peu… en tout cas la force centrifuge n’est pas une force au sens physique du terme, c’est une pseudo-force qu’on ressent quand on se trouve dans un référentiel qui n’est pas en translation à vitesse constante, et qui est homogène à une accélération.
Pendant le passage de la position ventrale à la position verticale, les passagers se trouveront dans un tel référentiel, donc ils y seront soumis. Et je me demande si ça représente une accélération importante ou non.

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Rozgann a dit:


Tourner, c’est changer de trajectoire, donc ça provoque une accélération. Dans le langage courant, on l’appelle la “force centrifuge”. Si tu prends un virage serré à grande vitesse en voiture, tu te sens projeté vers l’extérieur du virage, même si la vitesse de la voiture reste d’amplitude constante.


Certes, mais là la fusée tourne sur elle même sans trop dévier de sa trajectoire, donc j’imagine mal que les passagers se prennent des g.




Patch a dit:


La force centrifuge, ce n’est pas une accélération. C’est le 2eme nom d’une force connue de tous, qui s’appelle plus communément l’inertie.


Cela dit, on peut calculer l’accélération subie par un objet qui tourne au bout d’une corde : a = v^2/r (r = rayon du cercle, ici la longueur de la corde).

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OlivierJ a dit:


Cela dit, on peut calculer l’accélération subie par un objet qui tourne au bout d’une corde : a = v^2/r (r = rayon du cercle, ici la longueur de la corde).


Accélération centripète (pas centrifuge), due à une force centripète.

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OlivierJ a dit:


Certes, mais là la fusée tourne sur elle même sans trop dévier de sa trajectoire, donc j’imagine mal que les passagers se prennent des g.


Je n’ai pas vu la vidéo, mais ça va surtout dépendre de la distance entre les passagers et le centre de rotation (bras de levier), et de la vitesse angulaire de la rotation. Pour diminuer les G, il faut diminuer au moins l’un des deux.

Starship : le prototype SN10 se pose en « douceur »… mais explose quelques minutes plus tard

  • Starship : enfin un « soft landing », avec le prototype SN10…

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