L’adulation est très liée au contexte de l’époque. Half-Life premier du nom a révolutionné le genre en intégrant pour la première fois (ou du moins pour la première fois dans un FPS AAA) une immersion très poussée. Le jeu se mettait en scène plus comme un film interactif que comme un jeu vidéo traditionnel de l’époque :

• un enchainement de niveaux sans coupure. Par comparaison à l’époque on interagissait avec un bidule (genre un logo “radioactif”), ça mettait un écran avec les scores, puis chargeait le nouveau niveau qui faisait parfois semblait d’être collé à la fin de l’ancien, mais sans trop forcer.
  


• des scènes non dédiées au shoot, uniquement pour la mise en scène sans être des cut-scene pour autant (à commencer par l’intégralité de l’intro). Tout est à la première personne.
  


• du dialogue d’ambiance à foison, le monde n’était pas remplid ‘ennemi, et même ces derniers avaient des dialogues pour les rendre plus vivant.
  


• des objectifs qui ne sont pas “tout tuer” ni “aller à la fin du niveau”. On active des machineries, lance des fusées, libère un passage… on tue toujours plein de gens, mais ce n’est plus une fin en soit.
  


• des ennemis avec une IA développée, et dépendant du type d’ennemi. Les aliens les plus basiques rushent le joueur, mais les marines savaient se coordonner un minimum, utiliser des grenades pour déloger un indésirable, ou fuir les grenades lancées par le joueur. De plus, les ennemis pouvaient se battre entre eux. En bref, les ennemis semblaient plus des entités vivantes réagissant à la présence et aux actions du joueur que des cibles de fête foraine.
  
  
  
  Ajoute à ça un jeu bien optimisé, des armes fun avec des fonctions secondaires, une grande capacité de modding et un éditeur de niveau gratuit et fonctionnel et tu avais un jeu qui sortait vraiment de la masse de clones dont l’époque était inondée.
  
  
  
  Quake II (sortit l’année d’avant) et Unreal (sortit six mois plus tôt) intégraient certains de ces éléments si je me rappelle bien, mais pas de manière aussi poussé, et pas dans un tout complet et cohérent comme HL. Ils ont tous les deux eu beaucoup de succès, mais Quake était plus réputé pour son mode multijoueur très nerveux et efficace, et Unreal réclamait une config de tueur, limitant sa diffusion.
  
  
  
  Half-Life est un peu le grand père du shoot immersif. Le comparer à sa descendance ne se fera pas sans douleurs, il est vieux et décati. Mais ceux qui ont joué à Half-Life à sa sortie ont vraiment découvert une expérience qui était alors unique, et dont on retrouve l’ADN dans Call of Duty, dans Gears of War, dans Halo…
  
  Il a marqué une génération de gamers.