Newsguard étend à la France sa chasse aux fake news
Le 23 mai 2019 à 09h32
2 min
Internet
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NewsGuard est une entreprise américaine fondée par Steven Brill (fondateur du magazine The American Lawyer et professeur de journalisme à Yale) et Gordon Crovitz (ancien directeur de la publication du Wall Street Journal).
Son objectif est de labelliser les sites d’informations. Via une extension disponible pour Chrome et Firefox, l’utilisateur peut voir un bouclier de couleur à côté d’un lien pour obtenir rapidement un signal visuel de confiance : de vert à rouge, selon que le site inspire confiance ou pas, sur la base de neuf critères. Les sites parodiques sont en jaune.
Les sept personnes employées en France ont déjà labellisé une soixantaine de médias, couvrant selon l’entreprise 70 % du paysage médiatique dans l’Hexagone. L’entreprise vise 90 % d’ici la fin du mois prochain. Alice Antheaume, directrice de l’école de journalisme de Sciences-Po, y fait office de conseillère éditoriale.
L’initiative est louable, mais n’est pas sans critique. Notamment des sites ayant obtenu un bouclier rouge, dont Russia Today France et Sputnik.
RT pointe par exemple que le conseil consultatif de NewsGuard comprend notamment un ancien directeur de la CIA (Michael Hayden), un ex-secrétaire général de l’Otan (Anders Fogh Rasmussen) et plusieurs anciens membres des administrations Bush et Obama.
Le sujet est déjà complexe et l’entreprise risquée (on se souvient des débuts très difficiles du Decodex du Monde). Mais sous un angle plus politique et vu par deux médias russes, NewsGuard ne serait finalement qu’un outil de propagande de plus.
Notez que Publicis est l’un des investisseurs de NewsGuard, en ayant participé à la levée de fonds de 6 millions de dollars en mars 2018. On comprend pourquoi : NewsGuard vend des statistiques aux agences de communication. Objectif, éviter aux marques qui en font la demande de faire apparaître leurs publicités sur des sites « problématiques ».
La chasse aux fake news reste une activité complexe. On peut rapidement tomber dans la lutte d'influences, toute personne physique ou morale pouvant arguer d'un biais dans la grille de lecture. Newsguard a beau se vouloir transparent, le sujet d'une labellisation de l'information reste polémique.
Le 23 mai 2019 à 09h32
Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 23/05/2019 à 08h52
Je ne comprends pas trop l’utilité en fait.
Ceux qui réfléchissent un peu et qui ont un esprit critique vont vite comprendre quand il s’agit de fake news, et ne vont pas être touchés par les actus de RT et compagnie.
Et ceux qui ne comprennent pas grand chose et prennent tout pour agent comptant, ils ne vont pas installer une appli développée par des islamo-bobo-judéo-illuminatis à la solde des journaleux reptiliens pro-immigration.
Chacun reste dans son monde avec une frontière imperméable et douillette favorisée par les bulles dans lesquelles les réseaux sociaux l’enferme.
Les articles check news etc, c’est intéressant aussi, mais ceux qui ont cru a une intox et qui “savent ce que 99% de la population ignore” n’ont aucune envie qu’on leur explique qu’ils ont tort. Et plus on insiste (articles, extensions, vidéos) plus ça “prouve” que tout est lié pour dissimuler “la vérité”. C’est contre-productif finalement.
Le 23/05/2019 à 10h09
ça résume pas mal l’approche d’une partie significative des gens, oui :/
Le 23/05/2019 à 11h28
Russia Today qui critique ceux l’accusant d’être un outil de propagandes quand Poutine lui même le dit….
Le 24/05/2019 à 00h46
“La chasse aux fake news reste une activité complexe. On peut rapidement tomber dans la lutte d’influences, toute personne physique ou morale pouvant arguer d’un biais dans la grille de lecture.”
Il suffit d’écouter la raison de cette chasse aux fake news : ce n’est pas du tout par amour de la vérité, sinon elle aurait dû commencer bien avant. Il suffit aussi de lire la propagande Wikipédia France sur ce terme pour se rendre compte que c’est juste une sulfateuse contre toute opposition politique (qui a tort et est menteuse par définition, alors que le pouvoir rétablit et défend la vérité et le bien), qui n’arrose jamais les intouchables en fait. Donc les fake news ne posent problème que si elles entrent en concurrence avec les mensonges de la propagande officielle, ça oui, avec les outils modernes il ne suffit plus d’être copain avec les patrons des médias pour maîtriser l’opinion, d’ailleurs on fait copain avec les patrons des réseaux sociaux pour qu’ils verrouillent leurs aspirateurs à données un peu trop permissifs en matière d’expression selon eux.
Le 25/05/2019 à 09h25
C’est vrai qu’avec la tête de son conseil consultatif et sa responsable éditoriale Française made in science po, j’ai autant confiance en ce “Newsguard”qu’en un éventuel “BFMfakeguard” :V
Le 25/05/2019 à 15h28
Ah les a priori !
Va lire cette longue page sur elle et reviens discuter.
Le 26/05/2019 à 17h33
Ça aurait ou être le cas mais non ^^
J’ai vu pas mal de ses interventions sur France Inter et France 5, lu quelques passages sur Slate.
Après à la limite, peut importe les personnes associées à Newsguard, la méthodologie est mauvaise.
Ce qu’il faudrait c’est une liste de points positif / négatifs afin de laisser au lecteur l’occasion de se forger une opinion sur le média consulté (cela limiterai pas mal les biais).
Et si point très négatif il y a, qu’il soit clairement explicité.