C'est l'entreprise américaine, sélectionnée pour héberger la plateforme de gestion des données de santé créée à la suite de la remise du rapport Villani, qui sera notamment utilisé dans le cadre de la lutte contre Covid-19. Un choix de prestataire critiqué depuis son annonce.
Vendredi, OVHcloud est monté au créneau, alors que Cédric O justifiait la décision prise devant le Sénat : « Nous avions le choix entre prendre une solution française, et l'évaluation technique était très claire, qui ne nous permettait pas, et je le regrette, de faire les recherches scientifiques que nous souhaitions faire sur les données de santé ».
Le problème serait d'ailleurs surtout technique : « étant donné le retard européen dans le cloud, nous n'avions pas la possibilité de faire tourner des algorithmes d'intelligence artificielle aussi développés sur une infrastructure française que sur une infrastructure américaine » sans donner plus de détails sur les contraintes concrètes évoquées.
Il précisait que c'est l'efficacité sanitaire « avec un certain nombre de garanties » qui l'a emporté face à la question de la souveraineté. Une question « qui nous a occupé longtemps », mais tranchée après avoir récolté l'avis de scientifiques et de chercheurs, sans qu'il ne soit là encore donné plus de détails.
Alors que le calcul tant sur CPU que GPU est disponible chez des hébergeurs français, dont OVHcloud (lui-même certifié pour les données de santé), Octave Klaba considère que « c’est la peur de faire confiance aux acteurs français de l’écosystème qui motivent ce type de décisions. La solution existe toujours. »
Il y voit d'ailleurs la marque du « lobbying de la religion « Microsoft » [qui] arrive à faire croire le contraire. C’est un combat. On va continuer et un jour on gagnera. Ensemble. » faisant référence aux nombreux contrats « open bar » de l'administration française, et autres partenariats avec l'entreprise américaine.
Stéphane Messika, président du collectif CoData, lui a répondu : « Tout le monde a été consulté. J’ai moi-même appelé OVH à l’époque qui me disait n’être pas capable de répondre à la demande ». Il ajoute que « la plateforme est techniquement réversible. Nous serions ravis de basculer vers un hébergement européen ».
Selon lui, les équipes d'OVHcloud auraient confirmé l'impossibilité d'utiliser leurs services. Un point de vue partagé par Stéphanie Combes, à la tête du HDH : « votre collègue Pascal Guillet m'a même dit le 16 janvier que vous aviez fait le gap analysis et arriviez aux mêmes conclusions que nous ! » sur la base des besoins fonctionnels, disponibles publiquement, mais peu techniques.
Octave Klaba demandait alors des détails sur le cahier des charges : « Comment dire qu’on est « pas capable » alors qu’il n’y a toujours aucun cahier de charge ? Vous avez fini par décrire ce dont vous avez besoin ? [... ] Pas de cahier de charge. Pas d’appel d’offres. Le POC avec Microsoft qui se transforme en solution imposée. Tout ceci à la limite je m’en fous. Mais de là à dire que l’écosystème qu’on représente est incapable de proposer mieux et moins cher, c’est non ! » ajoutait-il.
Une heure plus tard, on apprenait qu'une conférence téléphonique aurait lieu ce lundi à 16 heures entre les trois interlocuteurs « pour voir si / quand on peut faire tourner HDH sur un Cloud français, au lieu de Microsoft » selon Klaba, qui conclut : « Il y a une envie débordante à démontrer que l’écosystème français est à la hauteur de ce type de mission ! ».
La suite au prochain épisode.
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