C'est en cette seconde journée d'IDF qu'Intel a décidé de lever officiellement le voile sur l'une de ses générations de processeurs les plus attendues du moment : Bay Trail. Exploitant la nouvelle architecture Silvermont, celle-ci prendra place dans de nombreuses tablettes et hybrides, mais aussi dans des machines de bureau.

Bay Trail est enfin sur les rails et devrait intégrer de nombreux produits d'ici la fin de l'année. C'est ce qui devrait être annoncé en substance dans la keynote de cette seconde journée d'IDF d'ici quelques minutes (nous suivre sur Twitter). On sait que de nombreuses annonces sont attendues aujourd'hui, de partenaires comme ASUS mais aussi sans doute de Google dont les Chromebooks sont de plus en plus mentionnés dans les documents officiels du géant de Santa Clara.

Silvermont et 22 nm : Intel commence à unifier ses gammes

Dans la pratique, cette nouvelle génération exploite une toute nouvelle architecture : Silvermont. Nous avions déjà détaillé celle-ci il y a quelques semaines et ses avantages sont nombreux. Parmi eux, on retrouve un fonctionnement de type « out-of-order », puisque les instructions peuvent être réorganisées à la volée pour améliorer l'efficacité du traitement. On a aussi droit à de nombreux jeux d'instructions qui n'étaient pour le moment utilisés que dans les produits « Core ».

Car c'est là toute la subtilité de cette nouveauté : il n'est plus question de proposer un produit anémique entièrement différent du reste de la gamme, mais d'assurer le plus possible une cohérence au niveau des fonctionnalités et de la finesse de gravure. Ici il est ainsi question de 22 nm, et la prochaine génération exploitera directement le 14 nm. Attention, pour autant tout cela n'est pas encore parfaitement réussi. En effet, alors qu'Apple vient d'annoncer sa puce A7 en 64 bits (voir notre dossier), ce ne sera pas le cas de Bay Trail pour le moment.

Non pas que cela ne soit pas pris en charge, ça l'est, mais tout n'est pas encore finalisé au niveau logiciel. Doug Fisher nous a de son côté confirmé que la position officielle d'Intel était d'indiquer que cette absence de support était un choix de Microsoft, chez qui nous tenterons d'en savoir plus.

Quoi qu'il en soit, il faudra attendre l'année prochaine pour que tout soit prêt sur ce point, ce qui n'est de toute façon pas très problématique, le 64 bits n'étant pas d'une utilité folle sur ce genre de machines.

Une partie graphique dérivée d'Ivy Bridge, QSV au programme

Pour le reste, on dispose surtout d'une partie graphique maison. Exit PowerVR au profit d'une solution dérivée de ce que l'on trouvait dans Ivy Bridge, avec quatre unités de traitement, mais aussi des fonctionnalités intéressantes en termes de multimédia. Il est ainsi question de décodage matériel de nombreux formats, jusqu'à la 4K, mais aussi d'encodage matériel via QSV. Celui-ci étant pris en charge par les API de Windows 8, cela pourra être plutôt intéressant, reste à voir si ce sera aussi le cas à terme sous Android notamment. 

DirectX 11 est supporté, tout comme OpenGL ES 3.0 (qui a fait son entrée avec Android 4.3). Du côté des sorties vidéos, il est pour le moment question de l'HDMI 1.4 et du DisplayPort 1.2, mais avec une définition maximale de 2560x1440 pixels @ 60 Hz (10,82 Gb/s de bande passante). Deux flux peuvent être gérés en simultanée et les protections HDCP sont aussi de la partie dans leurs versions 1.4 (câblé) ou 2.1 (sans fil). On pourra donc profiter pleinement de Miracast ou de WiDi (Wireless Display).

On notera aussi la présence d'un système de traitement des images au niveau matériel et de Clear Video HD (pourtant absent des Celeron / Pentium Haswell par exemple).

De l'USB 3.0, du DP 1.2, de l'HDMI 1.4 : Bay Trail se veut complet sur les E/S

Pour les caractéristiques un peu plus techniques, il est question de support de l'USB 3.0, de la DDR3L-RS @ 1333 MHz sur un seul canal, de la LPDDR3 @ 1067 MHz sur deux canaux, et de la présence de quatre cœurs au maximum avec une fréquence qui peut varier à la volée via la technologie Burst 2.0. Celle-ci pourra aussi agir sur la partie graphique, le traitement des images, etc. Intel annonce au passage une consommation minimale avec le « Power gating », l'ensemble de la puce pouvant être éteint ou presque, si besoin.

Pour le moment, Intel n'a officialisé que la gamme destinée aux tablettes, les Atom Z3000. Six références ont été évoquées, avec des capacités différentes, notamment au niveau de la définition maximale de la sortie vidéo comme vous pourrez le voir ci-dessous : 

Les TDP ne sont pas encore précisés, mais l'on connait déjà les SDP qui sont de 2 watts ou 2,2 watts pour les modèles à quatre cœurs, comme vous pouvez le voir par ici. Du côté des tarifs, il est officiellement question de 32 $ ou 37 $ selon les cas. Outre les puces ARM sous Android, il lui faudra donc lutter avec Temash d'AMD (voir notre dossier) qui commence à arriver dans quelques machines comme nous aurons l'occasion de le voir.

Consommation identique, performances doublées : quid des tarifs et de la concurrence ?

Dans la pratique, Intel semble néanmoins promettre une très bonne expérience dans les jeux, notamment avec l'OS mobile de Google, et ce même avec des définitions élevées. Les chiffres évoqués dans les documentations se contentent néanmoins d'effectuer une comparaison avec un Tegra 3 et un Snapdragon S4 qui seraient deux fois moins performants sous 3DMark. Si cela est vrai pour le premier, c'est faux pour le second. Notre Nexus 7 2013 (voir notre test)  fait 6736 points sur Ice Storm Extreme et 10354 sur Ice Storm Unlimited.

Le score d'une tablette à base de Z3770

Nous avons aussi eu droit à une démo sous Cinebench et SunSpider où l'on a pu vérifier que les scores étaient doublés pour une consommation identique par rapport à la génération précédente. Autonomie annoncée : 10 h. Chiche ?

Du côté des tarifs, Bay Trail semble viser tous les produits entre 200 $ et 600 $, que ce soit dans des tablettes ou des portables, notamment des Chromebook. Cela n'a pas encore été officialisé, mais l'on espère bien voir un tel produit annoncé dans la journée.

Bay Trail-D : mettre fin à l'Atom, sans cannibaliser la gamme « Core »

Reste la question des PC de bureau. Comme nous l'avons déjà évoqué plusieurs fois, il sera ici question de Celeron J1000 et de Pentium J2000, qu'Intel n'évoquera plus en détail qu'un peu plus tard. Ceux-ci visent surtout des machines de type tout-en-un à moins de 300 $ en capitalisant sur les avantages de ses puces par rapport aux actuels Atom D2000 notamment.

On dispose en effet d'un SoC assez complet capable de gérer de bonnes définitions d'écrans, l'USB 3.0, intégrant jusqu'à quatre cœurs et capable de gérer DirectX 11... Bref, de quoi reprendre un peu de couleur sur ce marché qui avait été repris par AMD et ses puces de la série E. 

Pour autant, la marque ne semble viser qu'une part assez faible dans son offre puisque selon certains documents internes que nous avons pu nous fournir, Bay Trail-D (pour PC de bureau donc) devrait se limiter à 5 % des ventes d'ici fin 2014, alors que plus de 80 % devrait être issu de la gamme Haswell (le reste étant composé d'Ivy Bridge notamment). 

Il ne reste maintenant plus qu'à découvrir de quoi ces petites bêtes sont capables dans la pratique, et si vraiment elles seront capables de faire réellement la différence avec une concurrence qui est assez forte sur tous les segments visés. La qualité des produits qui vont l'intégrer et leur placement tarifaire seront décisifs. Intel le sait bien et semble indiquer sa volonté d'un placement assez agressif sur le sujet. Espérons que cela se vérifiera assez rapidement.