Orange : Stéphane Richard, un PDG conforté non sans difficultés
Tout n'est pas si facile, tout ne tient qu'a un fil
Le 27 mars 2014 à 07h20
6 min
Économie
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Hier, le conseil d'administration d'Orange a voté en faveur du renouvellement de Stéphane Richard, ceci pour une durée de quatre ans. Un vote peu surprenant, qui devra tout de même être confirmé lors de l'Assemblée générale de l'opérateur le 27 mai prochain. Une période de deux mois qui pourrait être décisive tant les évènements à venir sont nombreux.
Stéphane Richard est bien parti pour rester PDG d'Orange. Mais son chemin reste semé d'embuches.
Stéphane Richard sera-t-il le PDG du groupe Orange jusqu'en 2018 ? Si la réponse à cette question était encore très floue jusqu'à l'an passé, elle commence tout juste à s'éclaircir désormais. En effet, le conseil d'administration de l'opérateur numéro un en France a bien voté hier pour un deuxième mandat d'affilé pour l'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde. Mais l'incertitude autour de cette question n'est toujours pas totalement dissipée, bien loin de là.
L'ombre de l'affaire Tapie
D'ici le 27 mai prochain, date où Orange réunira certains de ses actionnaires pour parler de son futur et voter pour différentes résolutions proposées par la direction (dont le renouvellement de Richard), des évènements majeurs peuvent avoir lieu. Le 7 avril prochain, dans le cadre de l'affaire Tapie/Lagarde, l'actuel patron devait être auditionné devant la Cour de discipline budgétaire et financière (CDBF)- qui a déjà dans le passé sanctionné d'autres patrons (Michel Bon, Jean-Yves Haberer, etc.). L'audition a toutefois été décalée à plus tard, normalement d'une poignée de semaines.
Reste que cette audition est potentiellement capitale. Si la cour va dans le sens de Christine Lagarde et l'estime de bonne foi, c'est donc Stéphane Richard qui fera office de bouc émissaire. Le risque qu'il soit condamné existe bel et bien, et, en attendant, se défendre publiquement sera majeur. « Il est en effet difficile d'imaginer comment le PDG d'Orange mérite d'être reconduit à son poste s'il ne se défend pas contre ce qu'il dénonce comme une injustice fait ainsi justement remarquer POJ, blogueur sur Mediapart. Son silence serait même très inquiétant pour les employés de l'entreprise qui se rendraient compte d'avoir pour patron quelqu'un qui s'en accommode. Un comportement managérial, qui se moque de l'injustice, paraît difficilement compatible avec le souci de la justice sociale. »
« Il y a une vraie question de moralisation de la vie publique »
Il est vrai qu'en juin 2013, Stéphane Richard était mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Une période difficile où il fut finalement confirmé par son conseil d'administration, même si certains syndicats s'étaient montrés assez mitigés sur son cas. La CGT et Sud, qui ont un représentant au sein du conseil, étaient notamment peu en faveur de leur patron. Sud considérait par exemple l'an passé que la mise en examen de Richard n'était « pas compatible avec la direction de l'entreprise. (...) Il y a une vraie question de moralisation de la vie publique. (...) C'est pourquoi nous demandons sa suspension, comme elle s'appliquerait à n'importe quel salarié en attente des conclusions de l'instruction. »
D'autres syndicats, dont la CFDT et la CFE-CGC/UNSA, étaient à l'opposé en faveur du patron d'Orange, estimant qu'il n'était pas temps de changer de direction : « Le risque d’une déstabilisation majeure étant maintenant heureusement écarté, la Direction et son Président se doivent de répondre dès demain aux défis qui assaillent France Télécom-Orange » expliquait notamment la CFE-CGC/UNSA, au point de lancer une pétition interne pro-Richard. Reste que le jour de la confirmation du patron à son poste, Orange précisait tout de même avoir confié à Bernard Dufau, administrateur indépendant, une mission visant à vérifier si à l'avenir Stéphane Richard pourrait toujours assumer son rôle de PDG. Un surveillant dans le dos guère appréciable, mais indispensable pour garder un minimum de crédibilité. Cela prouve toutefois que la place du patron est loin d'être assurée à 100 %.
Le lendemain de sa confirmation, nous apprenions que Christine Lagarde, l'actuelle présidente du FMI, avait accablé lourdement le PDG d'Orange, accusant ce dernier d'avoir signé à sa place des documents sensibles, ceci en utilisant son nom. « Probablement en mon absence de Paris, dans la mesure où sa date correspond à l'assemblée générale du FMI à laquelle je participais en tant que ministre. (...) Je constate que cette lettre comporte une signature résultant de l'utilisation de la "griffe" (signature, NDLR). Je précise que la "griffe" ne pouvait être utilisée qu'avec les accords préalables du chef de cabinet ou son adjoint, d'une part, et du directeur de cabinet, d'autre part. » Directeur de cabinet qui s'appelait à l'époque Stéphane Richard.
Quid de la position du gouvernement ?
Mais l'affaire Tapie n'est pas la seule épine dans le pied de l'ex-haut fonctionnaire. Les actuelles élections pourraient bien pousser le gouvernement à changer quelques têtes. Or ce même gouvernement détient toujours 27 % d'Orange. Son poids n'est donc pas négligeable, et si l'on rajoute les diverses personnalités proches de l'État présentes au sein du conseil d'administration d'Orange (inspecteurs des finances, directeur de Bpifrance, etc.), le risque qu'une pression soit exercée fin mai existe. On se rappellera d'ailleurs que de multiples rumeurs envoient depuis plus d'un an Richard vers la sortie (Veolia ?), Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne d'Areva, prenant sa place.
Reste que pour le moment, les signaux sont plutôt au vert. Ses relations avec Arnaud Montebourg, un temps tendues, sont aujourd'hui meilleures selon un proche du PDG d'Orange. L'an passé, alors que sa situation était délicate, Stéphane Richard a même reçu le soutien de l'Élysée. Et aujourd'hui, de nombreux syndicats restent derrière lui. « Les salariés ont envie de stabilité. Personne ici ne souhaite voir débarquer un nouveau patron pour ce groupe complexe et mondial, au moment du grand bonneteau des télécoms » a par exemple expliqué Pierre Vars, représentant du syndicat Unsa.
Ceci alors qu'une polémique autour des suicides chez Orange a ressurgi récemment. Et surtout, il faut rappeler que d'ici 2020, près de 30 000 personnes partiront à la retraite chez Orange. Un nombre très important, qui ne sera remplacé qu'à un tiers, et encore, cela pourrait être moins. De quoi créer quelques problèmes supplémentaires au sein de l'effectif dans les années à venir, 10 000 départs étant prévus rien que ces deux prochaines années.
Concernant les treize autres résolutions approuvées par le conseil d'administration d'Orange, sachez qu'elles seront dévoilées le mercredi 2 avril prochain. Nous devrions ainsi en apprendre un peu plus sur la stratégie future de l'opérateur historique.
Orange : Stéphane Richard, un PDG conforté non sans difficultés
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L'ombre de l'affaire Tapie
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« Il y a une vraie question de moralisation de la vie publique »
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Quid de la position du gouvernement ?
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 27/03/2014 à 07h26
Prêt à mentir et à offrir les “bonnes” réponses attendues par les juges pour sauver sa place !
C’est la classe et pour lui et pour les juges !
Le 27/03/2014 à 08h13
GG pour le sous-titre ! " />
Le 27/03/2014 à 08h14
Ceci alors qu’une polémique autour des suicides chez Orange a ressurgi récemment. Et surtout, il faut rappeler que d’ici 2020, près de 30 000 personnes…
J’ai eu peur en lisant cette phrase, j’ai cru que d’ici 5 ans vous anticipiez 30 000 suicides " /> " />
Le 27/03/2014 à 08h40
Le 27/03/2014 à 08h51
Le 27/03/2014 à 09h41
Il est en effet difficile d’imaginer comment le PDG d’Orange mérite d’être reconduit à son poste s’il ne se défend pas contre ce qu’il dénonce comme une injustice fait ainsi justement remarquer POJ de Mediapart. Son silence serait même très inquiétant pour les employés de l’entreprise qui se rendraient compte d’avoir pour patron quelqu’un qui s’en accommode. Un comportement managérial, qui se moque de l’injustice, paraît difficilement compatible avec le souci de la justice sociale. »
C’est du n’importe quoi !
Précisions pour ceux qui n’ont pas suivi le lien, ceci est extrait d’un blog et non pas d’un article de la rédaction de Mediapart. Laisser le doute sur la nature de ces propos est indigne de PC Inpact, d’autant plus que ces propos sont soutenus par l’auteur de cet article par le “justement” que j’ai mis en gras.
J’aimerai avoir une explication de l’auteur de l’article sur l’utilisation de ce justement afin de voir s’il a réfléchit à ce qu’il soutenait.
Ce POJ anonyme, puisque l’on ne sait pas plus que ces 3 lettres quand on va sur son blog, préférerait que Stéphane Richard se défende où si ce n’est devant la Cour qui va l’entendre le 7 avril ? Il préfère peut-être une justice qui se déroule dans les médias plutôt que devant la Cour ? Stéphane Richard a bien raison de réserver sa défense à la Cour, c’est comme cela que l’on procède dans un état de droit.
Quant au mélange entre injustice et justice sociale dans le groupe Orange, c’est du grand n’importe quoi.
Je n’ai pas forcément une grande sympathie envers S. Richard et surtout la façon dont il a été nommé au départ, mais j’aime trop la justice pour qu’elle serve de prétexte pour un lynchage de la part de ce POJ dans son billet.
Le 27/03/2014 à 11h11
Il faut mettre plus de pression sur les employés c’est comme ça que l’on a des résultats en France " />
Le 27/03/2014 à 11h17
Le 27/03/2014 à 11h40
http://www.journaldunet.com/economie/magazine/salaires-patrons/stephane-richard.shtml
encore un qui a du “mérite”
Le 27/03/2014 à 12h31
Le même PDG qui a promis un plan d’actions gratuites à ses employés, et pour ce préféré racheter des actions au lieu d’en émettre de nouvelles par augmentation du capital ? Et qui finalement ne distribuera pas les actions promises et a ainsi fait perdre de l’argent à Orange puisque entretemps l’action a baissé ?
Faire perdre de l’argent à son entreprise et mener en bateau ses employés semblent être des “qualités” appréciées par le conseil d’administration d’Orange…
Le 27/03/2014 à 17h40