En Espagne, les logiciels P2P sont légaux car neutres
Fabricant, couteau, meurtrier
Le 11 avril 2014 à 15h10
3 min
Droit
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Pablo Soto, créateur d'une solution P2P, est finalement sorti victorieux de son bras de fer judiciaire avec l'industrie du disque. La justice espagnole a rejeté l'appel des ayants droit qui tentaient de le punir pour cette mise à disposition de cet outil.
Pablo Soto est le jeune créateur d’une solution P2P qui avait provoqué l’ire de Sony, EMI, Universal et Warner. Les majors du disque l’avaient ainsi attaquée pour mettre à terre le protocole MP2P, Manolito ainsi que deux logiciels de partage (Blubster et Piolet). Les majors lui réclamaient pas moins de 13 millions d’euros, nombre équivalent au manque à gagner dont aurait souffert l’industrie culturelle.
En juin 2008, Warner Music, Universal Music, EMI et Sony, Promusicae, Productores de Música de España (la RIAA espagnole) avaient ainsi intenté un procès contre sa société, mp2p Technologies.
Après un premier revers devant les juridictions espagnoles fin 2011, la Cour provinciale de Madrid a finalement rejeté l’appel formé par Promusicae. « Offrir une technologie P2P avancée n’implique pas de se livrer à des actes de piratage ou d’engendrer un avantage induit ni prévoir un plan à l’avance pour couler ou déstabiliser les producteurs de disques » expliquent les juges. Il n’y a donc pas d’infraction indirecte à leurs intérêts. De même, on ne peut accuser l’auteur du logiciel d’avoir commis une infraction directe puisqu’il n’a ni mis à disposition les œuvres ni fait des reproductions interdites.
En somme, la justice espagnole a finalement conclu que faute de législation spécifique, cet outil est parfaitement neutre. Tout comme on ne peut accuser de meurtre le fabricant d’un couteau qui a servi à un homicide. Fait notable, les magistrats se sont appuyés sur l'article 38 de la Constitution espagnole qui indique que « la liberté d'entreprendre dans le cadre de l'économie de marché est reconnue. Les pouvoirs publics en garantissent et en protègent l'exercice [...] ».
La France n'est pas l'Espagne
Cette décision a fait les grands titres de la presse espagnole (voir El Mundo, par exemple). Les ayants droit ibériques n’ont finalement pas eu la chance de leurs homologues français.
Fruit d’un amendement « Vivendi » voté à l’occasion de la loi DADVSI, l’article L335-2-1 puni de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende le simple fait « d'éditer, de mettre à la disposition du public ou de communiquer au public, sciemment et sous quelque forme que ce soit, un logiciel manifestement destiné à la mise à disposition du public non autorisée d'oeuvres ou d'objets protégés ». Même la simple incitation à l’usage d’un tel logiciel est réprimée.
Cet article n’est pas resté dans les tiroirs. Certes les outils P2P n'ont jamais été interdits en tant que tels, mais la disposition a tout de même servi à couler le logiciel Radio.Blog.Club. En 2011, ses créateurs avaient été condamnés à reverser à la SCPP et la SPPF un million d'euros de dommages et intérêts.
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 12/04/2014 à 20h06
A supprimer
Le 13/04/2014 à 12h54
Le 13/04/2014 à 16h03
Internet est légal. Youpi.
Le 14/04/2014 à 10h57
Le 11/04/2014 à 15h23
Merci pour l’actu.
Ca a l’air de pas mal changer en ce moment en Espagne au niveau de “l’impunité” du dl.
Faut-il commencer à s’en inquiéter ?
Le 11/04/2014 à 15h28
Le 11/04/2014 à 16h03
C’est du gros n’importe quoi ce procès un logiciel P2P peut aussi bien être utilisé pour télécharger des distributions Linux ou des mises à jour de jeu " />
Le 11/04/2014 à 16h24
OH MON DIEU ! MAIS ON VA POUVOIR TUER DES GENS AVEC DES COUTEAUX PARCE QUE LES COUTEAUX SONT LEGAUX !
Alors, là, franchement : " /> aux drones des majors qui voulaient interdire purement et simplement le P2P !
Un bon petit rappel en forme de grande claque dans la gueule, arriba Espana !
Le 11/04/2014 à 16h29
Ce logiciel de P2P ne provoque pas d’infraction directe auprès des majors et de leurs intérêts. Pourquoi faudrait-il s’en inquiéter ? " /> Au contraire c’est un bon jugement.
Le 11/04/2014 à 16h31
La démocratie …
Y en a des meilleures que d ‘ autres . Tout dépend de celui qui tire la ficelle dans le pays.
Le 11/04/2014 à 16h56
Et toc ! " /> " /> " />
Le 11/04/2014 à 18h59
Pan en plein dans les coucougnettes " />" />
Le 11/04/2014 à 19h29
Si j’ai bien compris, le meurtre de masse avec du P2P, ça devient légal ?
Le 11/04/2014 à 20h45
c’est pas les drones qui tuent, ce sont les américains qui appuient sur la gâchette.
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Le 11/04/2014 à 23h44
Le raisonnement “Vivendi” est pourtant tres limpide est légitime :
Le dl de musique est causé par le P2P
Le P2P est alimenté par les rip de musique
Les rip de musique proviennent de l’industrie photographique.
Il faut donc stopper l’industrie de la musique :)
Notez qu’on peut aussi dire que si l’électicité l’existait pas, il n’y aurai aucun moyen de pirater la musique
#raisonnement_par_l_absurde
Le 12/04/2014 à 04h28
Le 12/04/2014 à 08h56
C’est débile, quand quelqu’un commet un meurtre avec un couteau (ou tout autre arme), c’est pas Laguiole qu’on punit, c’est le meurtrier.
Ca devrait être pareil avec un logiciel, c’est aussi un outils qui peut servir à d’autres choses que des méfaits… À 12 ans je me faisais déjà cette reflexion, serais-je plus intelligent que les papis de l’Assemblée ? J’ai peut être des chances pour être président (maitre du monde ?)
Le 12/04/2014 à 09h10
En même temps, il reste plus beaucoup de monde pour se payer une connexion internet en Espagne.
Le 12/04/2014 à 18h22
Le 12/04/2014 à 20h06
J’y croyais pas et pourtant si, c’est n’importe quoi cet article de loi !!!!
Par contre votre lien n’est pas bon c’est plutôt : République Française
C’est comme on interdisait certaines voitures à la vente parce-qu’on peut rouler trop vite …