Le conflit entre Hachette et Amazon intéresse la Commission européenne
Person of Interest
Le 06 juin 2014 à 06h20
4 min
Société numérique
Société
Près de deux ans après avoir poussé un accord sur les prix entre Apple et quatre éditeurs de livres numériques, la Commission européenne va-t-elle de nouveau mettre son nez dans une affaire engageant un éditeur ? L'opposition entre Hachette et Amazon outre-Atlantique intéresse en tout cas Joaquin Almunia, le commissaire européen à la concurrence, occupé en ce moment par le cas Google.
La Commission comme épée de Damoclès
La guerre qui oppose Hachette Book Group et Amazon dépasse petit à petit le cadre de l'éditeur, de ses auteurs et du cybermarchand. La semaine dernière, Aurélie Flippetti, la ministre de la Culture et de la communication, avait ainsi fustigé l'américain, trouvant « inacceptables les pratiques d’Amazon (...) Une nouvelle étape a été franchie par le groupe de vente en ligne. Faire du chantage aux éditeurs en restreignant l'accès du public aux livres de leurs catalogues pour leur imposer des conditions commerciales plus dures n'est pas tolérable. »
Dans son communiqué, la ministre avait surtout menacé à demi-mot la boutique en ligne en indiquant souhaiter « que la Commission européenne puisse exercer toute sa vigilance pour prévenir des situations d’abus de position dominante si celles-ci étaient attestées en Europe ». Une épée de Damoclès potentielle soulevée par la ministre, alors que Google négocie depuis plusieurs années pour éviter une amende de plusieurs milliards d'euros.
L'Europe veut d'abord « comprendre » le problème
La Commission européenne, justement, s'intéresse bien à ce conflit. Il n'est pas question pour le moment d'une enquête approfondie et encore moins d'une sanction, mais selon Joaquin Almunia, l'institution essaie « de comprendre ce qui se passe là-bas. Nous regardons et essayons de comprendre » a-t-il ainsi insisté. Il faut dire que si les conséquences de cette opposition sont visibles (délais de trois à quatre semaines, précommande impossible, etc.), les causes restent encore nébuleuses, d'où la répétition du commissaire européen à la concurrence sur la compréhension.
Dans sa première réaction officielle, Amazon a expliqué il y a près de deux semaines que « ces changements sont liés au contrat et à ses conditions entre Hachette et Amazon », sans vraiment plus de précision. Le cybermarchand a tout de même rajouté que « malheureusement, malgré beaucoup de travail des deux côtés, nous avons été incapables de parvenir à un accord mutuellement acceptable ». Selon la presse américaine, l'opposition concernerait les tarifs des ebooks, et l'Américain exploiterait sa position dominante sur Internet pour faire pression sur la branche de l'éditeur français Hachette. Amazon a toutefois concédé qu'il n'était pas optimiste et qu'il ne s'attendait donc pas à ce qu'une solution soit trouvée à court terme.
Dans ce dossier, la condescendance et le sentiment de supériorité de la boutique en ligne ont toutefois transpiré dans sa première réponse. Amazon a ainsi mis en avant son poids financier ainsi que la faible part des livres d'Hachette dans ses ventes. Au point de conseiller aux clients souhaitant recevoir rapidement un livre de l'éditeur d'aller voir en quelque sorte ailleurs. Nous « vous encourageons à acheter une version neuve ou d'occasion de l'un de nos vendeurs tiers ou de l'un de nos concurrents ».
Pas d'intervention
L'institution européenne va-t-elle pour autant lancer une enquête sur ce sujet épineux et intervenir en poussant un accord à l'amiable ou infligeant une amende ? Probablement pas dans ce cas précis. Des experts antitrust interrogés par Reuters estiment que la Commission européenne n'a pas à intervenir, dès lors qu'il s'agit ici d'un conflit commercial, sur le sol américain qui plus est. Néanmoins, si cette guerre venait à dépasser les frontières et à arriver en Europe, la donne pourrait changer.
Il faut tout de même rappeler qu'entre 2011 et 2013, cinq éditeurs grands éditeurs travaillant en Europe, dont Hachette Livre, ont été suspectés par la Commission européenne d’entente illégale sur les prix des livres numériques, ceci en collaboration avec Apple. Après enquête et discussion, un arrangement a été trouvé et des concessions de la part des acteurs visés ont été faites. Un épisode qui prouve qu'Amazon peut être inquiété si ses pressions sur partenaires venaient à dépasser les frontières de la légalité. Les cas sont toutefois très différents. Apple et les éditeurs souhaitaient gonfler les tarifs des ebooks, ceci afin de contrer la politique de prix libres d'Amazon (aux marges parfois faibles).
Le conflit entre Hachette et Amazon intéresse la Commission européenne
-
La Commission comme épée de Damoclès
-
L'Europe veut d'abord « comprendre » le problème
-
Pas d'intervention
Commentaires (20)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 06/06/2014 à 08h28
Désolé le lien direct ne fonctionne pas, merci de copier l’adresse.
Le 06/06/2014 à 08h31
Le 06/06/2014 à 08h51
Le 06/06/2014 à 10h35
Le 06/06/2014 à 11h08
Le 06/06/2014 à 11h13
Le 06/06/2014 à 06h35
J’ai l’impression que dans cette histoire commerciale, il n’y a ni bon ni méchant contrairement à ce que veut nous faire croire Mme Filipetti.
Le 06/06/2014 à 06h48
Tient cette histoire me rappel une vidéo qui expliquait la problématique de la neutralité du net …. comme quoi les monopoles n’a rien de bon.
Le 06/06/2014 à 06h55
Le 06/06/2014 à 06h57
N’oublions pas que le prix des ebooks en français est complètement délirant : je ne crois pas avoir vu une seule fois un ebook français moins cher que la version papier… Donc les éditeurs français ne font vraiment pas d’efforts là dessus, contrairement au prix ebook/papier sur les versions anglaises…
Le 06/06/2014 à 07h26
Le 06/06/2014 à 07h34
Le 06/06/2014 à 07h54
ce que j’aime bien c’est que aurelie, quand il s’agit de permettre aux FAI d’utiliser les memes pratiques vis à vis des editeurs de contenus (audio, video, etc) sur internet, là non seulement elle trouve pas ca innacceptable mais elle veut leur pondre une loi clef en main pour les aider à le faire
comme quoi…
Le 06/06/2014 à 08h01
Je sais pas si c’est pake c’est trolledi ou quoi mais j’ai du mal à comprendre le fond du problème. Quelqu’un pour m’aider ?" />
Le 06/06/2014 à 08h04
J’ai bossé 18 ans chez un prestataire d’Hachette (quasi monopole sur l’édition) et ils ont littéralement écrasé leurs prestataires en imposant leurs prix et en faisant du chantage. Bilan, la plupart des grosses imprimeries françaises ont disparus.
Pour les e-book, les textes sont préparés en XML dès le départ depuis plus de 10 ans et le même fichier sert au print et à l’e-book. Aucun frais supplémentaire à ce niveau.
Le 06/06/2014 à 08h05
Le 06/06/2014 à 08h10
Le 06/06/2014 à 08h14
Le 06/06/2014 à 08h16
Le 06/06/2014 à 08h27
Pour élargir le débat : le prix d’un livre papier, décomposé poste par poste.
Les chiffres sont de 2009 (entretemps le prix du papier a largement augmenté, mais la part imprimeur a baissé…
http://www.graphiline.com/article/11602/Le-prix-d-un-livre-papier–decompose-poste-par-poste
Refaite le calcul sans les intermédiaires et vous aurez une idée du prix réel d’un e-book.