La France et l’Allemagne veulent réguler davantage les plateformes numériques
GAFA la marche
Le 28 novembre 2014 à 09h20
4 min
Droit
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Hier, lors du Conseil de l'Union européenne des vingt-huit ministres en charge des télécommunications, la France et l’Allemagne ont milité pour inscrire le thème de la « neutralité des plateformes numériques » au sein de l’agenda européen.
« Pour la première fois, la France et l’Allemagne ont écrit ensemble au commissaire européen en charge des sujets numériques pour leur demander de lancer une consultation publique afin de s’interroger sur le cadre applicable à ces acteurs économiques » a décrit en sortie de réunion, Axelle Lemaire. L’enjeu sera de savoir si les règles concernant la concurrence « permettent de cerner les comportements des entreprises concernées ». Quelles entreprises ? Dans l’esprit de la secrétaire d’État, il s’agit avant tout des GAFA (Google Amazon, Facebook, Apple).
Cette consultation ne sera qu’un premier pas sur un long chemin visant d’abord à jauger les positions respectives des États membres.
Du CNNum au Conseil d'État
En juin 2014, le Conseil national du numérique avait déjà prôné une telle neutralité sollicitant la transparence et la loyauté des modes de collecte, de traitement et de restitution de l’information, la non-discrimination entre les formes d’expression et de contenus partagés, la non-discrimination des conditions économiques d’accès aux plateformes ou encore la non-discrimination des conditions d’interopérabilité.
Deux mois plus tard, le Conseil d’État a relativisé l’analyse, considérant que ce principe ne s’appliquait pas aux moteurs de recherche puisque si « un fournisseur d’accès doit traiter de la même manière tous les sites internet », ce traitement égalitaire « ne peut être demandé à un moteur de recherche, puisque l’objet même d’un moteur de recherche est de hiérarchiser les sites internet ». Néanmoins, il milite dans son rapport annuel pour l’injection de ce principe de loyauté envers les utilisateurs quant aux contenus présentés à leurs yeux.
Abus de position écrasante ?
L’idée portée par la France et l’Allemagne hier sera surtout de déterminer si le cadre actuel des règles antitrust, qui assure en théorie une concurrence libre et ouverte, permet aussi « de répondre à des situations d’abus de position dominante qui peuvent potentiellement se transformer en abus de position écrasante », pour reprendre les propos de la secrétaire d’État en charge du numérique. Un sujet qui tombe bien puisque la Commission européenne planche justement sur la position de Google dans l’univers des moteurs de recherche.
Rendre impossible l'optimisation fiscale, oui mais comment ?
Ce futur agenda pourrait être une rampe de lancement rêvée pour les ayants droit qui réclament une réforme de la directive e-commerce relative à la responsabilité de ces acteurs. Une certitude cependant, l'agenda en question aura un versant fiscal. Lors de ce point presse, Axelle Lemaire a en effet précisé la volonté franco-allemande de rendre impossibles les stratégies d’optimisation des plateformes numériques en Europe.
Dans un tableau tout juste publié par la Fédération Française des Télécoms, les Over The Top (OTT) n’auraient payé que 37,5 millions d’euros d’impôt sur les sociétés en France. Apple, Google, Microsoft, Facebook et Amazon auraient dû payer dans le même temps 829 millions d’euros au titre de cette ponction. En ajoutant la TVA, ce seraient entre 1,2 et 1,6 milliard d’euros qui auraient échappé à Bercy. La FFT fournit en guise d'illustration un schéma concernant Google.
Mais quelles sont les marges de manœuvre des deux pays européens ? Tous les gros acteurs font également de l’optimisation fiscale. Et pour cause, ces stratégies sont parfaitement licites, contrairement à l’évasion fiscale, une infraction. On imagine d’ailleurs mal comment taper spécifiquement sur les acteurs yankees en laissant de côté les nids fiscaux européens que sont l’Irlande et le Luxembourg ou les Pays-Bas, qui font le bonheur des grands noms de l’économie, même française.
La France et l’Allemagne veulent réguler davantage les plateformes numériques
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Du CNNum au Conseil d'État
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Abus de position écrasante ?
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Rendre impossible l'optimisation fiscale, oui mais comment ?
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 28/11/2014 à 15h26
Le 28/11/2014 à 15h32
Le 28/11/2014 à 16h04
Le 29/11/2014 à 06h10
Le 29/11/2014 à 13h20
”…de rendre impossibles les stratégies d’optimisation des plateformes numériques en Europe.’
et, pourquoi QUE “Ste. Numériques” ?
Le 30/11/2014 à 09h46
Bon courage à l’Allemagne ainsi qu’à la France car si la situation est telle qu’elle est, c’est que cela arrange somme tout un paquet de monde ^^
Le 30/11/2014 à 19h48
Pitin skelle est belle! ^^”
Le 30/11/2014 à 23h28
Zeurf > +1….
Le 01/12/2014 à 15h37
+1 De toute façon, c’est de la merde leur histoire d’UE, ça prend l’eau de partout, ça ne profite à quelques connrds qui cassent les cuilles de tout le monde (genre, tous ces paradis fiscaux qui permettent ces évasions). Dans un monde qui tourne bien, ces parasites auraient été viré de l’UE depuis longtemps ou forcés de caler leur fiscalité sur les autres membres. Voir LES deux piliers de l’UE galérer comme des pays du tiers-monde pour empêcher ces histoires d’optimisation, ça fait juste pitié…
Le 28/11/2014 à 09h33
Schéma très instructif !
Y a plus qu’a espérer (autant dire c’est mort !)
Le 28/11/2014 à 10h36
Certes, il faut réussir à “casser” ces optimisations fiscales, mais il faudrait aussi largement revoir notre fiscalité, non seulement la simplifier, mais aussi la rendre plus équitable et plus attractive (sans tomber dans l’extrémisme des propos qu’on peut entendre ces derniers temps…).
Le 28/11/2014 à 11h10
Pourquoi dire “La france et l’allemagne veulent” alors que celà ne concerne qu’une infime partie des citoyens de ces pays. Il vaudrait mieux dire “Les oligarchies francaises et allemandes veulent”
Le 28/11/2014 à 11h43
Heeeeu, c’est dans ton intérêt que les sociétés qui font du business en France paient leurs impôts comme toute autre entreprise.
Ce qu’il faut revoir, ce sont les règles de base de fiscalité pour minimiser l’optimisation fiscale.
S’il y a optimisation, c’est qu’il y a niche.
Le 28/11/2014 à 12h06
Si il y a optimisation, il y a optimisation.
Sauf changement de lois, l’optimisation fisacle n’est pas illégale en soit.
Le 28/11/2014 à 12h12
Le 28/11/2014 à 12h53
Le 28/11/2014 à 13h29
Il faut faire comme les US. Une législation fiscale d’un pays nous plait pas ->30% de taxe sur tout flux financier en direction du pays.
Il faudrait voter une base de calcul d’impôt sur les sociétés communes avec des planchers (~10%), niche fiscal incluse. Et les pays qui ne veulent pas, on leur tord le bras (Irelande, Luxembourg), voir on les aide autrement (investissement régional européen).
La TVA est aussi à payer dans le pays du consommateur, normalement c’est une règle applicable au 1er janvier. Si les acteurs ne jouent pas le jeu, une partie de la TVA pourrait être pris directement par les organismes de cartes bleus (genre 5.5% du taux réduit).
Le 28/11/2014 à 13h30
Le 28/11/2014 à 15h22