Apple donnait lundi soir le coup d’envoi de sa WWDC avec une conférence riche en annonces. Après avoir présenté les nouvelles plateformes logicielles, abordons cette fois le matériel, notamment la nouvelle puce M2 et le nouveau MacBook Air. Ce dernier, bien que réussi, fera malheureusement mal au portefeuille.

Il y avait depuis plusieurs mois des rumeurs au sujet d’une puce M2 qui serait présentée lors de la WWDC. Elles ont été confortées et Apple a détaillé son nouveau SoC sans changer son angle d’attaque : tout est question d’efficacité énergétique et de rapport performances/watt.

Comme avec la M1, la première machine à avoir droit à la nouvelle puce est le MacBook Air, qui se dote pour l’occasion d’un nouveau design. Le MacBook Pro 13 pouces la récupère également, mais sans changer de design cette fois. Même la Touch Bar est encore là. Détaillons un peu tout ça.

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Le nouveau SoC Apple Silicon M2

La puce M2 prend logiquement la suite de la M1. Il ne s’agit pas d’une révolution, mais bien d’une évolution prévisible des caractéristiques de la première puce.

On est face à une puce de 20 milliards de transistors, soit 25 % de plus que dans la M1 (16 milliards). La gravure est en 5 nm de seconde génération. Chaque partie de la puce est plus grande que dans la précédente, ce qui fait dire à Apple que le CPU est 18 % plus rapide, le GPU 35 % et le Neural Engine 40 %. Il s’agit bien sûr de moyennes, et on attendra de pouvoir confirmer sur pièce avec des tests plus pratiques que les classiques outils synthétiques.

Dans la partie CPU, on trouve toujours huit cœurs, quatre pour les performances et quatre pour l’efficacité énergétique. Tous grimpent en rapidité. Durant la conférence, Apple a copieusement insisté sur la comparaison avec les processeurs du monde PC. Deux indicateurs ont été retenus : comparé à un processeurs à 10 cœurs de PC portable (on ne sait pas lequel), le M2 fournit les mêmes performances pour une consommation identique, mais atteint surtout le même niveau de performances en ne consommant qu’un quart de l’énergie de son concurrent.

L’évolution est sensiblement la même pour la partie GPU, qui passe à dix cœurs cette fois. Mais Apple ne se frotte pas aux GPU dédiés : les comparaisons sont faites avec le « moteur graphique intégré du dernier PC portable ». Le GPU de la puce M2 est annoncé comme 2,3 fois plus performant à consommation égale. Il atteindrait le niveau de la puce PC en ne consommant que le cinquième de l’énergie de cette dernière.

L’évolution annoncée s’accompagne également d’une bande passante mémoire de 100 Go/s, soit 50 % de mieux que dans la puce M1 (68 Go/s). En outre, la M2 peut gérer jusqu’à 24 Go de mémoire unifiée. La puce M2 présente d’autres améliorations, comme un Neural Engine à 16 cœurs capable de traiter 15,8 milliards d’opérations par seconde, un moteur médias prenant en charge les vidéos 8K en H.264 et HEVC, une mise à jour du moteur ProRes pour lire plusieurs flux vidéo 4K et 8K, ou encore un nouvel ISP pour réduire le bruit dans les images.

L’angle d’attaque de l’entreprise ne change pas : efficacité énergétique et rapport performances/watt, qui faisaient déjà de la M1 une excellente puce, offrant aux MacBook qui l’équipent une autonomie que nous avions pu vérifier.

Notez que cette puce M2 est là pour remplacer la version de base du M1, pas ses évolutions plus performantes. Il est fort probable désormais que les prochaines itérations des puces Apple Silicon seront d’abord présentées pour intégrer quelques machines moins chères, avant de présenter les variantes Pro, Max et Ultra dans les configurations plus musclées. Et puisque la M2 est supérieure en tout à la M1, la multiplication des performances dans les variantes devrait creuser l’écart. Du moins, pour les personnes qui pourront se le permettre.

Nouveau MacBook Air : un redesign réussi...

Exactement comme pour la puce M1, c’est le MacBook Air qui a droit en premier à la M2. Mais si la machine n’avait pas été remaniée à l’automne 2020, elle bénéficie cette fois d’un nouveau design, inspiré de celui des MacBook Pro 14 et 16 lancés l’année dernière.

De profil, le nouveau design est rectiligne, faisant perdre forcément l’impression de finesse de l’ancien design. L’ensemble se veut plus homogène, avec une épaisseur constante de 11,3 mm, pour un poids de 1,2 kg.

L’écran passe au Liquid Retina des MacBook Pro et affiche une luminosité en hausse à 500 nits, soit 25 % de plus que l’ancien modèle. Cette dalle True Tone atteint 13,6 pouces d’envergure grâce à des bords plus fins, provoquant l’apparition de l’encoche. Comme sur les autres modèles l’intégrant, elle est fondue dans la barre de menus sur macOS. Elle intègre une caméra 1080p se voulant deux fois plus performante en basse luminosité.

L’autonomie est identique à la précédente génération : 18 heures en lecture vidéo. Côté son, ce nouveau MacBook Air intègre quatre haut-parleurs et un port jack 3,5 mm. Les utilisateurs qui pleuraient sa disparition peuvent se réjouir : le port MagSafe est de retour, avec un cordon tressé de la couleur du modèle choisi. Les deux ports USB-C Thunderbolt/USB 4 sont toujours là, et désormais pleinement disponibles même en pleine charge.

Les couleurs proposées comprennent les classiques Argent et Gris sidéral, auxquelles viennent s’ajouter Minuit (légèrement bleutée) et Lumière stellaire, teinte existant déjà sur les iPhone et iPad.

... mais une facture très salée

On en vient malheureusement aux prix, et la différence est douloureuse avec le premier modèle M1. La version de base, comprenant un M2 à huit cœurs CPU et huit cœurs GPU, est proposée à 1 499 euros. Pour ce prix, la machine intègre 8 Go de mémoire et 256 Go de SSD. Une version avec dix cœurs GPU est proposée à 1 849 euros, le stockage SSD passant à 512 Go.

C’est une hausse de 400 euros tout de même vis-à-vis de l’ancien modèle. Ce dernier reste d’ailleurs au catalogue, mais pour 100 euros de plus que précédemment, soit 1 199 euros.

Le changement spectaculaire de tarif peut s’expliquer par plusieurs facteurs potentiels. Le contexte mondial, complexe, provoque déjà une hausse de 200 dollars sur le tarif américain, qui passe de 999 à 1 199 dollars. En Europe, l’euro montre quelques faiblesses face au dollar. En outre, l’inflation vient aussi jouer les trouble-fêtes.

Mais que les explications soient raisonnables ou non, le MacBook Air nouvelle génération reste une machine à 1 500 euros, alors même qu’elle représentait l’entrée de gamme et donc la plus à même d’être achetée par les étudiants, notamment. En outre, proposer 8 Go de mémoire et 256 Go de stockage fait tache pour un tel tarif. Il faut espérer que les renouvellements M2 des autres Mac n’entrainera systématiquement un tel écart.

Cette machine n’est pas encore proposée à la vente. Elle devrait l’être dans les semaines qui viennent.

Le MacBook Pro 13 pouces passe à la puce M2, mais garde le même design

On a en fait un début de réponse avec le nouveau MacBook Pro 13 pouces, qui reprend la même recette que précédemment, mais en remplaçant la puce M1 par une M2.

La configuration de base comprend donc une puce M2 à huit cœurs CPU et dix cœurs GPU (soit le maximum), 8 Go de mémoire et 256 Go de stockage SSD. L’écran Liquid Retina reste identique, comme la diagonale de 13,3 pouces (sans encoche). Niveau connectique, là encore aucun changement : deux ports Thunderbolt/USB 4 (dont un servant à la charge) et un port jack 3,5 mm. Les caractéristiques sont à ce point identiques que même la Touch Bar est encore là, alors qu’elle a disparu des autres modèles.

Ce modèle est vendu 1 599 euros, soit 100 euros de plus que l’ancien modèle M1, qui n’est d’ailleurs plus au catalogue. À 1 829 euros, seul le SSD change, pour passer à 512 Go. On pourrait arguer qu’un Mac ne se réduit pas à ses seuls composants, qu’Apple fournit une « expérience », etc. Certes, mais ce n’est plus suffisant pour justifier des tarifs très élevés.

On notera au passage que ce problème de prix peut en entrainer un autre pour Apple. Comme indiqué dans notre précédent article, la firme affiche de nouvelles ambitions dans les jeux. Mais pour que la mayonnaise prenne, il faut que les machines Apple Silicon continuent à se répandre. La marche risque d’être d’autant plus ralentie si le grand public se cramponne davantage à son portefeuille. La firme n’est pas la seule à faire face à une situation plus complexe.

Comme le MacBook Air, ce nouveau MacBook Pro ne sera disponible que dans quelques semaines.