Comment le gouvernement a renoncé à imposer aux plateformes d’avoir un représentant légal en France
« La fermeté et la détermination du gouvernement seront sans faille »
Le 19 avril 2016 à 10h10
4 min
Droit
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Durant les débats relatifs au projet de loi Numérique, le gouvernement s’est opposé à ce que les plateformes étrangères soient contraintes de désigner un représentant légal en France. Problème : c’est très exactement ce que souhaitait le Premier ministre il y a encore un an.
« Soyons clairs : même si c'est difficile, la passivité sur Internet, c’est fini. L’irresponsabilité, c’est fini. La complicité, c’est fini », lançait Manuel Valls 17 avril 2015, lors de sa présentation du grand plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme – voulu par François Hollande au lendemain des attentats de Charlie Hebdo. « La fermeté et la détermination du gouvernement seront sans faille » promettait alors le locataire de Matignon, droit dans ses bottes.
L’exécutif avait ainsi dévoilé en grande pompe plusieurs mesures touchant au numérique, parmi lesquelles figurait la création d’une « unité nationale de lutte contre la haine sur Internet », dont on a guère entendu parler depuis. Le plan prévoyait aussi de « faire obligation aux hébergeurs de contenus destinés au public français de disposer d’une représentation juridique en France » (action 18, page 5 de ce PDF). L’objectif ? Lever les barrières d’horaires et de langue, afin d’arriver à un retrait plus rapide des messages de haine sur les réseaux sociaux notamment.
Incompatibilité avec le droit européen
Seulement voilà, le gouvernement n’a jamais concrétisé cette annonce sur le plan législatif... Pire : il s’y est même opposé ! En janvier dernier, les députés ont bravé l’avis défavorable du rapporteur et d’Axelle Lemaire, la secrétaire d’État au Numérique, en adoptant un amendement faisant peser sur les épaules des opérateurs de plateformes (Facebook, Twitter, Google, Airbnb, Le bon coin...) de nouvelles obligations en matière de lutte contre les contenus illicites. Il était question – entre autres – de les contraindre à « désign[er] une personne physique comme leur représentant légal en France ».
Il y a deux semaines, lors des débats en commission des lois au Sénat, l’exécutif a carrément déposé un amendement de suppression de ces dispositions, qui a été adopté. La raison invoquée : l’incompatibilité avec le droit de l’Union européenne, et notamment avec la directive de 2000 sur le e-commerce. « En particulier, la mesure selon laquelle les plateformes doivent définir un représentant sur le territoire français crée une obligation aux plateformes, notamment celles qui ne sont pas établies en France. La mesure devrait donc être considérée, par la Commission européenne, comme contraire à la libre circulation des services sur le territoire de l’Union » expliquait l’exécutif.
Cette machine arrière s'inscrit dans un contexte serré où la même institution européenne a déjà exprimé de lourdes critiques contre quelques articles du projet de loi initial. Cela n'a néanmoins pas empêché le gouvernement de maintenir pour l'instant certaines dispositions contestées.
Au cabinet d’Axelle Lemaire, on tente de faire oublier ce renoncement en affirmant que « l’objectif du Plan interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, qui consiste à poursuivre de manière plus efficace les opérateurs établis à l’étranger n’est pas remis en cause ». Le secrétariat d’État au Numérique continuerait de réfléchir « à la manière dont la procédure pourrait être simplifiée et modernisée, en lien avec la Chancellerie » – mais n’a pas voulu nous en dire plus sur l’état d’avancement de ces travaux.
Comment le gouvernement a renoncé à imposer aux plateformes d’avoir un représentant légal en France
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Incompatibilité avec le droit européen
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 21/04/2016 à 10h09
Le 21/04/2016 à 11h00
Tu sais, c’est un politicien. Ils sont biberonnés à ça dès la naissance. Ils servent avant tout leurs propres intérêts. Quand un être humain a du pouvoir, il fait tout ce qu’il peux pour au mieux l’accroître, ou au minimum le conserver en l’état. Tu peux pas attendre d’un chien qu’il miaule.
Celui qui dis être “éternellement lié à Israêl par [sa] femme” lors d’une sortie publique, tu ne peux pas non plus attendre de lui du recul sur la question du racisme, particulièrement sur celui qui concerne les juifs.
Le 21/04/2016 à 20h45
Le 21/04/2016 à 21h55
Si un représentant légal est un témoin de parti comme aux élections, c’est qu’il y aurait eu un gros problème (l’URSS était friand de ce genre de chose)" />(d’y avoir pensé)" />
Le 22/04/2016 à 13h29
Pour une fois qu’ils s’arrêtent avant de se faire descendre à l’UE, ça nous fait quelques économies.
Le 19/04/2016 à 10h20
Au cabinet d’Axelle Lemaire, on tente de faire oublier ce renoncement en affirmant que «
l’objectif du Plan interministériel de lutte contre le racisme et
l’antisémitisme, qui consiste à poursuivre de manière plus efficace les
opérateurs établis à l’étranger n’est pas remis en cause ».
mais la mauvaise fois à l’état pure
Le 19/04/2016 à 10h54
cette manie de vouloir tout controler et se rendre co,pte que non , on peut pas toujours et pas partout.
Le 19/04/2016 à 11h09
C’est bizarre, le contenu “destiné aux français”, d’instinct je n’en veux pas :x
Le 19/04/2016 à 11h48
Le 19/04/2016 à 12h26
“Alors je vous le dis, droit dans les yeux…”
“psss Manu!!” tire sur le pantalon du monsieur
“on fera ça et ça et ça, avec fermeté!”
aparté “qu’est-ce que t’as à me tirer sur le pantalon comme ça toi?!”
“non ben trop tard…”
……. plus tard….
“ha c’est ça que tu voulais me dire, en fait on ne peut pas?!”
“ouais c’est ça….”
“on s’en fout, de toute façon ces cons de français ont la mémoire d’un poisson rouge, à part 3 gugusses dans un garage, personne ne se souviendra de mon discours…. bon et maintenant, on s’oppose au truc, on est d’accord?”
“oui oui, y a 2 3 parlementaires qui font les malins mais on les niquera au sénat”
“ok tout va bien donc”
“oui comme d’hab”
Le 19/04/2016 à 12h35
Ce qui est beau en politique, c’est qu’il n’y a rien d’engageant, tu peux dire ce que tu veux et son contraire, en fait le plus difficile c’est comme au surf, c’est de rester sur le haut de la vague, c’est ça l’important, que la vague te mène à gauche ou à droite, que tu dises blanc pour ensuite soutenir mordicusse le noir ce n’est pas grave tant que ça te permet de continuer le surf.
Bon après y en a qui sont carrément tombés de la planche mais qui croient encore qu’ils vont pouvoir choper une nouvelle vague pour terminer sur la plage…
Y en a aussi qui ont balancé tellement de saloperie dans l’eau qu’y a les requins tout autour mais qui pensaient s’en sortir mais qui finissent par (enfin) se faire croquer (toute ressemblance avec un couple surfeur des Balkans et des requins juges serait totalement fortuite)
Le 19/04/2016 à 13h14
Le 19/04/2016 à 13h50
Allez on se recentre sur le sujet svp.
Le 19/04/2016 à 13h54
Enfin bref, au moins le gouvernement remet les pieds sur terre sur cette affaire. Espérons qu’il en soit de même pour d’autres domaines…
Le 19/04/2016 à 14h08
Le 19/04/2016 à 14h28
Le 19/04/2016 à 16h08
Le 19/04/2016 à 21h48
« Soyons clairs : même si c’est difficile, la passivité sur Internet, c’est fini. L’irresponsabilité, c’est fini. La complicité, c’est fini »
Soyons clairs : la crédibilité du gouvernement, c’est fini.
Le 20/04/2016 à 07h40
Pour que qu’une chose se termine, encore faut-il qu’elle ai jamais commencé. Demi-" />
En attendant, je suis pas particulièrement fan de ce qu’est devenu Dieudo, mais le soucis c’est que le gouvernement obtient l’effet inverse que celui souhaité : La popularité du gouvernement est au plus bas, donc lorsqu’il dis “Dieudonné c’est le Diable réincarné”, les gens répondent “Bof…de toutes façons tu me la met bien profond, alors tes conseils tu te les garde”
Du coup, plus le gouvernement parlera de Dieudo, plus il gagnera des adeptes. En gros, Valls est le meilleur agent/attaché de presse qu’il puisse avoir.
Le 20/04/2016 à 15h07
damn j’en avais loupé un !
Le 20/04/2016 à 19h35
Le 20/04/2016 à 22h07
C’est marqué hors-sujet. Donc pourquoi demander la raison ?
Le 21/04/2016 à 05h27
La news a un sujet, les commentaires servent à débattre du sujet.
Maintenant il y a toujours un peu de liberté dans les commentaires, mais si il y a les 3⁄4 des commentaires qui partent completement en live, d’autant plus pour une question qui a sa réponse en 30 secondes sur Google, on modère pour recentrer le sujet.
Maintenant si le sujet te tient à cœur, tu peux faire un message sur le forum dans une section où ton message aura toute sa place et toute la visibilité que tu veux.
Les commentaires de news servent à parler de la news.
Le 21/04/2016 à 10h02