« La Russie prend une avance décisive dans la guerre électronique » titre Capital, pour qui « l’Otan serait maintenant impuissante à aider Kiev à se défendre face au brouillage russe ».
La notion de « guerre électronique » regroupe, pour rappel, l'ensemble des opérations destinées à intercepter et/ou brouiller le spectre électromagnétique, et donc les informations et signaux des systèmes de communication de l'adversaire.
Seth Jones, éminent politologue expert en contreterrorisme, explique à ce titre à The Economist que « la guerre électronique est la plus grande faiblesse de l’Ukraine ». Les alliés de Kiev auraient en effet « trop porté leur attention sur une aide matérielle » essentiellement composée de chars, missiles et système d’artillerie, mais que l'OTAN a « complètement oublié la partie cyber-électronique de ce conflit ».
Or, l’armée ukrainienne ne disposait au début de la guerre que de systèmes d'armes électroniques « datant principalement de l'ère soviétique ». A contrario, souligne Seth Jones, la Russie a depuis de nombreuses années réclamé à son complexe militaro-industriel de « produire et développer une gamme impressionnante de capacités de guerre électronique afin de contrer les systèmes hautement interconnectés de l'organisation atlantique ».
Si l'Ukraine a depuis formé une armée de quelque 10 000 pilotes de drones « désormais constamment engagés » au combat, ils perdraient entre 2 000 drones par semaine et 10 000 drones par mois du fait des capacités de guerre électronique russes.
Les drones ukrainiens seraient en effet majoritairement bon marché, ne coûtant pas plus de 900 euros pièce, et donc susceptibles de voir leurs systèmes de guidage détruits, ou les liaisons radio avec les opérateurs coupées, au point que « les drones touchés planent sans but jusqu'à ce que leurs batteries s'épuisent et qu'ils tombent au sol ».
De plus, autour de Bakhmout, relève Capital, « les soldats ukrainiens estiment que la Russie déploie deux fois plus de drones d'assaut qu'elle ne peut le faire ».
Un rapport du Royal United Services Institute for Defence and Security (Rusi), un groupe de réflexion londonien, indique au surplus que les Russes disposent d'un « grand système d'armes électroniques tous les 10 kilomètres le long de la ligne de front », afin de « prendre le contrôle » des drones ukrainiens, tout en acquérant les coordonnées des endroits d'où ils sont pilotés, « avec une précision d'un mètre, pour les transmettre à une batterie d'artillerie ».
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