Monnaie électronique : le gouvernement accentue l’obligation de vigilance des établissements
De l'extension de DOCVERIF
Le 14 novembre 2016 à 15h20
5 min
Droit
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Ce week-end, le gouvernement a fait publier un nouveau décret portant sur la lutte contre le financement du terrorisme. Il prévoit différentes mesures, qui intéressent notamment la « monnaie électronique anonyme ».
Ce texte concerne tous les émetteurs de monnaie électronique et leurs distributeurs, les établissements de crédit, les sociétés de financement, mais aussi les consommateurs ainsi que toute personne qui transfère physiquement des capitaux à partir d’un certain seuil.
Cet arrêté se place dans la lignée du projet de loi contre le financement du crime organisé qui avait déjà eu pour ambition « de limiter les possibilités d’utilisation des cartes prépayées à des fins illicites en limitant la capacité d’emport des cartes et en assurant la traçabilité des opérations ».
Extension des pouvoirs de TRACFIN
Première disposition notable, l’extension des pouvoirs de Tracfin, un service du renseignement œuvrant contre le blanchiment d’argent. Ses agents spécialement habilités pourront dorénavant accéder au fichier des personnes recherchées.
Selon les règles en vigueur, « sont inscrites dans le fichier, à la demande des services et unités de police judiciaire ou des autorités judiciaires, les personnes faisant l'objet d'une recherche pour les besoins d'une enquête de police judiciaire ». Ce fichier est également nourri par informations détenues par les autorités administratives.
On y trouve par exemple les noms des personnes qui constitueraient une menace pour l’ordre public susceptible de justifier un refus d’accès au territoire français, les mineurs qui font l’objet d’une opposition à la sortie du même territoire ou encore « les personnes faisant l'objet de recherches pour prévenir des menaces graves pour la sécurité publique ou la sûreté de l'État », du moins si « des informations ou des indices réels ont été recueillis à leur égard ».
Monnaie électronique et obligation de vigilance
Autre apport du décret, il supprime l’obligation de vigilance à l’encontre des intermédiaires de paiement, « pour autant qu'il n'existe pas de soupçons de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme ». Cette exemption qui concerne notamment l'émission de monnaie électronique anonyme, ne vaudra que dans le respect d’une longue série de conditions.
- La monnaie est émise en vue de la seule acquisition de biens ou de services.
- La valeur monétaire maximale stockée n'excède pas 250 euros (sur 30 jours, dans l'hypothèse où le support peut être rechargé).
- Cette somme ne peut être utilisée que pour des paiements sur le territoire national.
- Le support de la monnaie électronique « ne peut pas être chargé au moyen d'espèces », sauf pour « la monnaie électronique émise en vue de l'acquisition de biens ou de services dans un réseau limité de personnes acceptant ces moyens de paiement ou pour un éventail limité de biens ou de services ».
- De même, « le support de la monnaie électronique ne peut pas être chargé au moyen de monnaie électronique dont le détenteur n'est pas identifié ».
À contrario, si l’une de ces conditions manque, l’obligation de vigilance s’impose. Même issue pour les transactions dont le seuil dépasse 100 euros et non plus 1 000 euros comme dans le régime antérieur.
Obligation de vigilance ?
Cette obligation de vigilance, définie à l’article L. 561 - 5 du Code monétaire et financier, force les intermédiaires à identifier le client et, le cas échéant le bénéficiaire de la relation d’affaires. Les clients occasionnels sont également concernés lorsque ces sociétés « soupçonnent que l'opération pourrait participer au blanchiment des capitaux ou au financement du terrorisme ou, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, lorsque les opérations sont d'une certaine nature ou dépassent un certain montant ».
Selon l'article L. 561 - 6 du même code, ces établissements sont obligés de recueillir en amont les informations relatives à l'objet et à la nature de la relation d’affaires nouées avec un client, « et tout autre élément d'information pertinent sur ce client ». Cette contrainte perdure pendant toute la durée de cette relation, avec « une vigilance constante et pratiquent un examen attentif des opérations effectuées en veillant à ce qu'elles soient cohérentes avec la connaissance actualisée qu'elles ont de leur client ».
Obligation de vigilance et DOCVERIF
Le 30 mars 2016, lors des débats autour du projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé, des sénateurs avaient proposés que les établissements de monnaie électronique puissent accéder « aux informations relatives aux numéros des documents d’identité perdus, volés ou invalidés » (l’amendement, fruit de cette proposition ).
Cependant, le gouvernement avait fait capoter cette initiative « dans la mesure où elle conduirait à la multiplication de dispositifs concurrents ». Il informait en effet les parlementaires que l’application DOCVERIF, alors en préparation, serait accessible aux établissements concernés.
Le 10 aout dernier, DOCVERIF a été créé par simple arrêté pris au Journal officiel. Sa finalité ? « Faciliter le contrôle de la validité des documents émis par les autorités françaises et de lutter contre l'utilisation indue de tels documents, leur falsification ou leur contrefaçon ».
Pour l’heure, ce fichier – qui épaulait trois mois plus tôt le fichage de 60 millions de Français – est accessible aux agents de la police nationale, aux agents du ministère de l’Intérieur chargés des titres et à ceux de l’Agence nationale des titres sécurisés, non aux établissements bancaires. En tapotant le numéro d’un titre, ces personnes peuvent en tout cas découvrir les raisons de l’invalidité d’une carte nationale d'identité ou d’un passeport (titres non remis ou dont la procédure de remise est irrégulière, titres déclarés perdus ou volés, décès, etc.)
Monnaie électronique : le gouvernement accentue l’obligation de vigilance des établissements
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Extension des pouvoirs de TRACFIN
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Monnaie électronique et obligation de vigilance
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Obligation de vigilance ?
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Obligation de vigilance et DOCVERIF
Commentaires (22)
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Abonnez-vousLe 14/11/2016 à 15h20
… à chaque fois “Terrorisme” : avec lui tout est possible même de nous faire enfiler jusqu’au code !
Qu’ils virent l’argent liquide, les chèques (on voit des reportages ces temps ci pour …les ringardiser !) : on passe en tout électronique … et on y sera.
Rappel :http://www.zdnet.fr/actualites/intelligence-artificielle-alice-et-bob-se-debroui…
… cela se précise.
Le 14/11/2016 à 15h47
Avec les nouvelles monnaies qui arrivent, je leur souhaite bien du courage.
Le 14/11/2016 à 15h49
À quand le GouvCoin pour pouvoir payer les impôts ?
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Le 14/11/2016 à 15h54
Aïe. Vu que l’essentiel, sinon la totalité, de nos échanges monétaires sont électroniques, les banques vont donc passer au crible toutes nos dépenses. Quand on écoute certains politiques qui veulent analyser en détail l’emploi des aides sociales, on se dit qu’une fois les élections présidentielles passées, les vannes seront ouvertes pour l’interconnexion de tous les fichiers, sans même prétexter le terrorisme.
Le 14/11/2016 à 15h58
Autant Freenet / Tor ne décole pas, autant Bitcoin / Z-cash va vite être nécessaire " />
Le 14/11/2016 à 16h16
Le 14/11/2016 à 16h40
Lol a part paymium dont les volumes sont relativement faible, il n’y a pas de plateforme sur le territoire français…
Le 14/11/2016 à 16h50
Pour l’heure, ce fichier – qui épaulait trois mois plus tôt le fichage de 60 millions de Français – est accessible aux agents de la police nationale, aux agents du ministère de l’Intérieur chargés des titres et à ceux de l’Agence nationale des titres sécurisés, non aux établissements bancaires.
Qu’à cela ne tienne!
Manu, arrange nous ça par décret ou par 49.3, comme tu veux!
Merci, Gros Bisous " />
Le 14/11/2016 à 17h13
C’est pratique le terrorisme en fait ! “Y nous faut nos 20% de racket, on est drogués à l’argent des autres” " />
Le 14/11/2016 à 17h17
Et puis à quoi ça sert de faire encore des lois françaises? Ils ont tout fait pour que ça devienne le plus facile possible d’ouvrir un compte pour un Français, au Luxembourg par exemple, où la loi française ne s’applique pas ! " />
Le 14/11/2016 à 18h08
Le 14/11/2016 à 18h38
Le 14/11/2016 à 20h00
Le 14/11/2016 à 20h13
Extraits du blog de B. Bayart (qui n’est pas le premier venu en matière d’ingénierie informatique …)
“ Les termes utilisés par les commentateurs vont de illettrisme numérique à ignorance crasse, parfois avec des variantes plus fleuries. Tous se trompent sur cet aspect-là.
S’il est bien entendu probable que M. Cazeneuve soit assez ignorant
de quoi que ce soit touchant aux techniques numériques, au chiffrement, à
la programmation, au réseau, ou aux outils de communication moderne, il
est ministre. Et pas sur un petit ministère. Il est à la tête d’un
ministère, qui compte plusieurs grandes directions. Toute cette
administration regorge de gens compétents. Oh, pas tous, il doit bien y
avoir deux ou trois médiocres ici ou là. Mais il a des gens très
brillants dans le lot. Du polytechnicien, de l’énarque, les gens
brillants ne manquent pas dans la haute fonction publique.
Certaines de ces administrations, côté ministère de l’intérieur, ou
côté ministère de la défense, sont spécialisées dans les questions de
sécurité informatique (on dit cyber-défense digitale de nos jours, mais
qu’importe). Là aussi, on trouve des gens brillants, et qui en plus sont
spécialisés sur le sujet. D’ailleurs ils se sont exprimés. L’agence
nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a dit, par
écrit, dans une note publiée, que c’était une ânerie de vouloir
affaiblir le chiffrement, et que ça allait affaiblir la sécurité au lieu
de la renforcer.
Ne croyez donc pas qu’ils soient incompétents. C’est faux. Ils sont
compétents. Ils sont entourés de gens brillants. Ils ont été avertis,
par les bonnes personnes, qu’il ne fallait pas faire ça. Et ils le font
quand-même.
Toute analyse qui s’appuie sur l’idée que nos ministres sont idiots
est invalide. Toute analyse qui s’appuie sur le fait qu’ils soient
incompétents, ou mal informés, cherche à leur trouver une excuse qui
n’est pas la bonne.”
Et je vous invite à lire la suite sur son blog, même si cet article ne concerne en fait que le chiffrement :
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Le 14/11/2016 à 20h15
http://edgard.fdn.fr/blog/
Le 15/11/2016 à 02h51
Faut miner de l’INpactcoin pour se payer des abonnements.
" />
Le 15/11/2016 à 07h22
3 D secure
https://www.paypal.com/fr/webapps/mpp/3dsecure-faqs
Le 15/11/2016 à 09h50
C’est quoi, concrètement, une “monnaie électronique anonyme”?
Disclaimer : j’ai pas lu l’article en entier
Le 15/11/2016 à 10h18
C’est comme pour “Terrorisme” : c’est la définition qu’ils veulent, et quand ça les chante.
Et dans le cas où la définition est écrite dans un texte de Loi et que tu contestes, alors ce sont des tribunaux qui vont interpréter la définition, de sorte qu’il n’y a jamais rien de clair dans une définition.
Mais cela n’est pas la faute de l’Etat, c’est plus profond. Seulement, c’est lui qui décide.
Le 15/11/2016 à 19h59
Le 15/11/2016 à 20h31
Le 15/11/2016 à 22h32
pour être honnête : ça fait quelques années déjà, près d’une bonne dizaine, que je ne me considérais plus en république ou en démocratie, mais en république bananière…
Depuis 4⁄5 ans je me considère déjà en démocrature… ou en société panoptique de contrôle de l’individu pour des raisons (ajouter les raisons et autres motifs), donc plus rien ne m’étonne, sauf peut être que je n’ai pas effectué les démarches pour migrer ailleurs.
La russie ça a l’air bien, l’iran peut être ?