Renseignement : l’arsenal de la surveillance dans les prisons
Les portes du e-pénitencier
Le 17 janvier 2017 à 09h50
4 min
Droit
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C’est officiel : avec la publication d’un décret ce matin, les services pénitentiaires intègreront sous peu la communauté du renseignement. Une conséquence de la loi sur la réforme pénale du 3 juin 2016.
C’est un article de cette loi qui a prévu l’entrée des services pénitentiaires du ministère de la Justice dans le second cercle du renseignement. Le décret publié ce matin au Journal officiel désigne ceux autorisés à compter du 1er février à recourir à certaines des techniques de renseignement prévues par la loi de 2015, à l'égard des personnes qui leur sont confiées par l'autorité judiciaire.
Les services concernés sont le bureau central du renseignement pénitentiaire au sein de la direction de l'administration pénitentiaire mais également les cellules interrégionales au sein des directions interrégionales et de la mission des services pénitentiaires d'outre-mer.
Leurs compétences sont fléchées par deux des finalités définies par la loi, à savoir la prévention du terrorisme (le 4° de l’article L811-3 du Code de la sécurité intérieure) et celle de la criminalité et de la délinquance organisées (au 6° du même article).
Les techniques autorisées
Quels sont les outils de surveillance qui pourront être déployés ? On trouve un véritable inventaire destiné à mieux armer le milieu pénitentiaire :
- Le recueil des données de connexion chez les intermédiaires techniques (R851-1 qui vise le L851-1)
- Le recueil des données de connexion en temps réel chez ces mêmes acteurs (R852-2 qui vise le L851-4)
- Localisation en temps réel d’une personne, d’un véhicule ou d’un objet (R851-3 qui vise le L851-5)
- Recueil des données techniques relatives à la localisation des équipements terminaux, en temps réel (R851-4 qui vise le L851-6)
- Interception des correspondances dans l’entourage d’une personne, s’il est susceptible de détenir des informations utiles à la poursuite des deux finalités précitées (R852-1 qui vise le I du L852-1)
- Interception des correspondances par l’utilisation de l’IMSI catcher et autres dispositifs assimilés (R852-2 qui vise le II du L852-1)
- Captation, fixation, transmission et enregistrement de paroles prononcées à titre privé ou confidentiel, ou d'images dans un lieu privé (R853-1 qui vise le I du L853-1)
- Accès aux données informatiques stockées dans un système, utilisation de chevaux de Troie ou de Keylogger (R853-2 qui vise le I du L853-2)
- Introduction dans un véhicule ou un lieu privé ne constituant pas une habitation pour y mettre une balise de géolocalisation (A du R853-3 qui vise le L851-5)
- Introduction dans un véhicule ou un lieu privé ne constituant pas une habitation pour y placer une caméra ou un micro (B du R853-3 qui vise le L853-1)
- Introduction dans un véhicule ou un lieu privé ne constituant pas une habitation pour y placer un logiciel espion (C du R853-3 qui vise le 2° du I du L853-2)
- Introduction dans une habitation pour mettre en place, utiliser ou retirer un système de localisation en temps réel une personne, d’un véhicule ou d’un objet (D du R853-3 visant les articles L851-5) un système permettant la captation, la fixation, la transmission et l'enregistrement de paroles prononcées à titre privé ou confidentiel, ou d'images dans un lieu privé (L853-1) ou un logiciel espion (2° du I. du L853-2)
- Pénétration dans un système informatique, pour enregistrer, conserver et transmettre des données (E du R853-3 qui vise le 1° du I du L853-2)
De Christiane Taubira à Jean-Jacques Urvoas
En somme, toute une trousse à outils qui permettra à ces services de prévenir les faits de terrorisme ou de criminalité organisées, deux infractions placées en haut de la pile pourrait-on dire. On notera que ces moyens seront déployés envers les personnes confiées par l'autorité judiciaire aux services pénitentiaire. Mais, une disposition de ce décret autorisera néanmoins l'espionnage de son entourage, dès lors qu'il est susceptible de détenir des informations utiles.
Précisons enfin que Christiane Taubira, alors ministre de la Justice, s'était opposée à l'entrée du renseignement pénitentiaire parmi les services spécialisés. Elle raillait notamment l'efficacité supposée d'une telle réforme. Jean-Jacques Urvoas, nouveau Garde des Sceaux, a plaidé au contraire en sa faveur.
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Les techniques autorisées
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De Christiane Taubira à Jean-Jacques Urvoas
Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 17/01/2017 à 18h47
Il s’en préoccupe à moyens constants, donc probablement au détriment d’autre-chose (les surveillants affectés en renfort pour les détenus à risque ne sont pas clonés).
Le 17/01/2017 à 22h19
Tres bien.
Les victimes de Nice et de Paris seront vengées, ainsi. Et on dejouera une foule d’attentats, de trafics, de crimes odieux, de fraude, etc.
Une tres bonne mesure, qui plaira aux vrais francais, qui attendent depuis longtemps un peu plus de fermeté envers les parasites de la societe.
Le 18/01/2017 à 00h02
C’est toi qui poste sur Sofoot sous le même nom?
Le 18/01/2017 à 00h15
J’ai tenté sans succès de faire une citation, mais force est de constater que c’est un premier commentaire assez raté…
J’écrivais à propos de cette phrase : “Mais, une disposition de ce décret autorisera néanmoins l’espionnage de son entourage, dès lors qu’il est susceptible de détenir des informations utiles.“Je n’arrive pas à voir à quelle partie du décret elle se rattache…
Le 18/01/2017 à 08h39
Le 18/01/2017 à 18h24
Le 18/01/2017 à 23h28
Merci beaucoup. Je suis plus habitué des Code pénal et Code de procédure pénale que le Code de la sécurité intérieure.
Le 17/01/2017 à 10h13
rien d’anormal quand tu es en prison " />
Le 17/01/2017 à 10h25
D’un autre coté, après le travail de sape durant 5+ ans (hein sarko) et le manque criant de fonds car déficit à résorber d’urgence sous peine de banqueroute, ben c’est pas facile …
Le 17/01/2017 à 10h28
Le 17/01/2017 à 11h51
Le 17/01/2017 à 12h03
les 2 mon capitaine !" />
Le 17/01/2017 à 12h05
Le 17/01/2017 à 13h05
Le 17/01/2017 à 13h20
Le 17/01/2017 à 13h31
En même temps la justice de Taubira c’était de faire en sorte qu’ils ne soient pas en prison. Forcément si tu l’écoute elle a résolu des soucis, enfin à son échelle.
😅
Le 17/01/2017 à 14h52
J’ai pas son mail, mais demande lui
Le 17/01/2017 à 15h24
Bonjour,
J’ai peut-être lu trop rapidement le décret mais je ne comprends pas la phrase suivante :
Où est-ce ?
Le 17/01/2017 à 15h59
Le 17/01/2017 à 17h51
Après être privé de vie, privé de vie privée. Ils sont fort quand même ces legislateurs….
Puisque de toute façon tu es privé de tes droits, pas la peine de se poser la question :s
Par contre la réinsertion dans la vie active là il n’y a plus personne… " />
Ce qui me perturbe le plus, c’est que c’est ce même Urvoas ancien haut responsable des services de renseignement qui à quand même écrit sous ce même quinquennat la loi “Renseignement” et que cela ne pose de problème à personne…
Le 17/01/2017 à 18h30
Je n’ai malheureusement pas l’impression que ce renforcement des compétences du renseignement pénitentiaire soit accompagné de moyens financiers pour améliorer la situation dans les prisons. Alors que la simple ambition d’éviter que nos lieux de détention de deviennent des écoles du fondamentalisme religieux représente déjà un coût important.
Le 17/01/2017 à 18h35
Le 17/01/2017 à 18h38
Le 17/01/2017 à 10h01
Le 17/01/2017 à 10h09
Elle connaissait tellement bien ses dossiers qu’en fait pas grand chose n’a évolué en 3 ans pour la justice :s ni la surpopulation, ni la récidive, ni les problèmes internes aux prisons
Le 17/01/2017 à 10h10
Je trouve que ça fait beaucoup d’introductions dans les fondements de la vie privée.