Mission accomplie pour l’introduction en bourse d’Altice USA
Make cable great again
Le 24 juin 2017 à 08h00
4 min
Économie
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C'est hier après-midi qu'Altice USA est finalement entrée en bourse. Patrick Drahi est venu sonner la cloche à Wall Street et les heures qui ont suivi lui ont plutôt souri, les investisseurs ayant accueilli chaleureusement le câblo-opérateur.
Tout est allé très vite pour Altice. Le 15 juin, nous relayions la volonté de sa filiale américaine de s'introduire en bourse. Pour tenter de séduire ses futurs actionnaires, la société avait déroulé publiquement sa stratégie, basée sur la rénovation et l'extension de son réseau, ainsi que l'investissement dans les contenus.
À ce moment-là, Altice évoquait encore une fourchette compris entre 27 et 31 dollars pour le prix de son action, et un maximum de 51,7 millions de parts mises en vente. Finalement, ce sont 63,943 millions d'actions qui ont été mises sur le marché hier, à un prix unitaire de 30 dollars. De quoi ramener un peu plus de 1,9 milliard de dollars dans les caisses de l'entreprise. Une belle opération, qui doit dans un premier temps servir à combler une partie des 21 milliards de dollars de dettes souscrites par la filiale.
Pas question de risquer une OPA
Malgré cette offre nettement revue à la hausse, Altice s'est bien gardé de prendre le moindre risque de perdre la main sur sa filiale américaine. Le groupe néerlandais détient en effet toujours 70,3 % du capital d'Altice USA, mais surtout 98,3 % des droits de vote.
Il s'est en effet réservé l'ensemble des actions de choix de l'entreprise, celles regroupant davantage de droits de vote pour une même part de capital. Avec cette structure, le groupe peut céder sans problème de larges parties du capital de sa filiale sans en perdre le contrôle. Un atout qui pourra s'avérer précieux au moment de tenter d'absorber d'autres concurrents.
Une bonne entrée en matière
Le succès de l'introduction d'Altice USA n'était pas garanti. Ces cinq dernières années, un seul autre câblo-opérateur américain a fait le grand saut : WideOpenWest, en mai 2017. Celui-ci avait dû revoir ses ambitions à la baisse et fixer un prix d'introduction plus bas que prévu pour collecter 310 millions de dollars.
Altice USA de son côté est non seulement parvenue à rester dans la fourchette prévue, tout en augmentant le nombre d'actions vendues, mais sa première séance s'est terminée nettement dans le vert. À la clôture cette nuit, l'action du câblo-opérateur avait grimpé de 9 % pour atteindre 32,71 dollars. Dans les premiers échanges en séance, elle gagne encore un peu près de deux points, pour franchir la barre des 33 dollars.
Ainsi, la filiale américaine est valorisée à près de 24,5 milliards de dollars. Pour rappel, Altice avait déboursé 17,7 milliards de dollars pour croquer Cablevision, et 9 milliards pour 70 % de Suddenlink. La maison mère, détentrice de SFR et du principal câblo-opérateur portugais, est quant à elle valorisée à 32 milliards d'euros, après une chute de 1,5 % lors de la séance du jour.
Et maintenant ?
Maintenant, Altice USA doit tenir ses promesses faites aux investisseurs pour gagner son pari. Pour rappel, il est notamment question de poursuivre la modernisation du réseau américain et pour cela, l'opérateur compte non pas s'appuyer sur le câble, mais bien sur la fibre. « Nous croyons que détenir un réseau FTTH serait un élément différenciant sur le plan stratégique pour les fournisseurs d'accès », pouvait-on ainsi lire dans le prospectus de l'introduction.
Autre source d'économies pour l'entreprise : des synergies avec la branche européenne en ce qui concerne les box. La marque doit prochainement déployer une nouvelle box 4K, dérivée de LaBox, le modem câble que Numéricable employait. Pour qu'il soit question de synergies, cela signifie qu'une partie des opérateurs européens de l'entreprise y auront également droit.
Mission accomplie pour l’introduction en bourse d’Altice USA
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Pas question de risquer une OPA
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Une bonne entrée en matière
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Et maintenant ?
Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 24/06/2017 à 09h16
vive Amsterdam (siège social), vive Guernesey (holding de Drahi) !!
Altice, une réussite à la française. " />
Le 24/06/2017 à 09h41
… et vive Genève!
Quand on vous dit que l’Etat (français) est en quasi faillite!
Le 24/06/2017 à 10h14
C’est rentable le foutage de gueule fiscale.
Le 24/06/2017 à 10h17
Je suis toujours étonné que des investisseurs soient prêts à donner leur argent sans avoir droit à la parole… C’est la même méthode que pour Altice à la bourse d’Amsterdam, où il y a deux types d’actions, les A pour les investisseurs, avec droits de vote réduit, et les B avec beaucoup de droits de votes, et qui sont bien sûr contrôlées par P. Drahi.
P. Drahi est toujours prêt à recueillir l’argent des autres, surtout quand il y a d’énormes dettes à payer, mais pas à partager le pouvoir. Et le pire, c’est qu’il réussit (encore ?) à les convaincre (cost killer et tout ça…).
A noter que pour SFR, c’est le contraire, Altice cherche à le retirer de la Bourse. mais bien sûr pas en payant les actions, mais par une Offre Publique d’Echange avec des actions Altice, à droits de vote réduits bien entendu, et qui a été retoquée par l’AMF, à cause d’une clause de rémunération du “modèle Altice”, qui encore une fois ne profitait pas aux autres actionnaires…
Le 24/06/2017 à 10h57
Bon… Avec tout ça… Ils enclenchent quand le turbo pour la fibre en France? Avoir 20% des Zones à moyenne densité, c’est trop pour eux?
Le 24/06/2017 à 11h27
la plupart des investisseurs sont peu intéressés par les droits de vote. Ainsi, la plupart des fonds d’investissements (OPCVM ou UCITS) n’ont pas le droit d’exercer un contrôle sur les entreprises qu’ils détiennent.
Si on prend l’exemple du Luxembourg, (qui accueille le plus de fonds d’investissements en Europe), la loi régissant les OPCVM stipule que: “Une société d’investissement (…) ne peut acquérir d’actions assorties du droit de vote et lui permettant d’exercer une influence notable sur la gestion d’un émetteur.” (Loi du 12 décembre 2010, art. 48)
Outre les OPCVM, les investisseurs privés sont généralement plus intéressés par les dividendes et gains de capital que par le contrôle, surtout lorsqu’il s’agit de grandes entreprises, qui ont une capitalisation boursière très élevée (ie. il serait couteux d’acquérir un controle significatif).
Au final, même les investisseurs qui passent pour les plus aggressifs en termes de controles, les “investisseurs activistes”, ne prennent généralement que des participations très minoritaires, de l’ordre de 1-5%. Cela leur permet de s’exprimer, et ils se reposent sur les autres actionnaires pour arriver à leurs fins.
Le 24/06/2017 à 19h07
Puis il y a Vincent Bolloré " />
Le 24/06/2017 à 19h40
Merci pour ces précisions, je ne savais pas pour les fonds d’investissement, du moins en France (j’ai eu du mal à retrouver, c’est en fait l’Article R214-26 du code monétaire et financier). Cela explique pourquoi certains souscrivent à ces mises en bourse sans toutefois avoir de droits de vote.
A propos des investisseurs activistes, SFR a à faire en France avec le fond CIMA, dirigé par trois françaises, qui avait déjà obtenu en Octobre dernier l’annulation de l’OPE sur le reste des actions SFR, et qui vient de porter plainte contre Altice devant le tribunal de grande instance de Paris pour abus de pouvoir et de biens sociaux, voir article récent de NextInpact. Ce fond, alors qu’Altice contrôle maintenant plus de 90% des actions SFR, doit détenir probablement moins de 1% des actions, même s’ils ne veulent pas le préciser.
Le 25/06/2017 à 08h24
À propos de V.Bolloré, paraît-il qu’il ne paie plus les organismes de droits d’auteur :
 https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/030351055927-canal-pret-au-clash-avec…
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