Si certains ministères se sont officiellement dotés d’un « administrateur des données », cette nouvelle fonction demeure encore assez hétérogène et parfois informelle. L’Administrateur général des données, Henri Verdier, entend ainsi demander au Premier ministre d'instaurer un réseau plus clairement défini.
Ils sont parfois appelés « superviseur général des données », « administratrice des données » ou « administrateur général des données »... Ces agents de l’État exercent leurs fonctions de manière bien souvent informelle, et dans certains cas en complément à d’autres missions. Mais tous ont un point en commun : ils servent de relais, au sein des ministères ou directions auxquels ils appartiennent, à l’Administrateur général des données, Henri Verdier.
Avec pour objectif de participer à une meilleure ouverture des données que leurs administrations respectives détiennent, ainsi qu’à une plus grande valorisation de celles-ci. Cela peut aller de l’emblématique ouverture du code source du logiciel de calcul de l’impôt sur le revenu à d’autres projets de réutilisation plus concrets pour le grand public, à l’image du futur portail relatif aux données de transport « transport.data.gouv.fr ».
Un réseau qui se constitue progressivement
« Actuellement, il y a six administrateurs ministériels (Environnement, Intérieur, Justice, Agriculture, Santé, Affaires étrangères), et deux dans des directions (DILA et DGFiP) », nous a confié Henri Verdier lors de notre entretien consacré au bilan des « trois ans » de l’Administrateur général des données.
« On se réunit tous les deux-trois mois. Nous essayons de faire converger nos approches, pour construire des passerelles entre les ministères », explique l’ancien directeur de la mission Etalab. Un participant confirme : « C'est très utile, ça nous permet de nous rencontrer, d'échanger, de voir quels sont les progrès respectifs, de mutualiser sur nos techniques et nos méthodes. »
2e réunion interministérielle des administrateurs de données : consensus sur les missions et la cartographie des données #data #datapower 🤝 pic.twitter.com/UTR9yV6jH3
— Stéphane Trainel (@stephanetrainel) 30 mai 2017
Ce réseau s’est constitué progressivement sous l’impulsion de l’Administrateur général des données dans l’objectif de se trouver des « alliés », comme il aime à les nommer. « Souvent, dans notre effort d'évangélisation, on arrivait avec des exemples qui ne parlaient pas aux différentes administrations », raconte Henri Verdier. « Les administrateurs ministériels, eux, voient des petits problèmes qu'il faut vraiment être du métier pour connaître. »
Un exemple ? L'administrateur du ministère de l'Intérieur se trouvait particulièrement embêté par la lenteur qu'avaient les services de la Place Beauvau à enlever les personnes décédées de certaines bases de données (permis de conduire, listes électorales, etc.). « C’est l’administrateur ministériel qui a identifié ce sujet. Il a fait appel à un entrepreneur d'intérêt général et ils ont réglé le problème en quelques mois », affirme l’Administrateur général des données.
Cet agent travaille maintenant à la mise en place d’un modèle prédictif destiné à mieux anticiper les interventions des pompiers, à partir de données fournies par les soldats du feu de l’Essonne. L’objectif : rationaliser davantage les moyens humains et logistiques en fonction du territoire, des tranches horaires, de la période de l’année, etc.
Un rôle moteur dans la cartographie des données de l’État
Henri Verdier explique par ailleurs que ces quelques administrateurs ont relancé l’un des grands chantiers qui avaient été ouverts par ses soins fin 2015 : la cartographie collaborative des données de l’État. Non pas uniquement les documents administratifs de type rapports, statistiques ou études, mais toutes les données contenues dans les systèmes d’information des acteurs publics.
« On a traîné un peu, on a hésité, et c'est reparti avec les administrateurs ministériels, raconte l’Administrateur général des données. L'Intérieur a démarré, puis l'Environnement, etc. Ils sont en train de cartographier leurs données avec le moteur de data.gouv.fr, qui est open source. Ils ne nous l'avaient même pas dit, on s'en est rendu compte après. Et clairement, ça sera plus efficace et plus impactant si c'est porté au niveau de chaque ministère. »
Fervent adepte des méthodes dites agiles (« tester, apprendre, itérer et généraliser une fois que ça marche »), Henri Verdier voit déjà loin : « Une fois que ça aura fait la preuve de sa pertinence, on va en faire une norme et on va demander à tous les ministères de faire pareil. Au moins, on aura expérimenté avec des volontaires. »
Une fonction en manque d’homogénéité
Le problème est qu’aujourd’hui, les missions (balbutiantes) confiées à ces agents de l’État varient bien souvent d’un ministère à l’autre, de même que les moyens qui leur sont consacrés. « C’est extrêmement hétérogène », nous confie l’un d’entre eux. « J'ai des collègues qui ont un champ d'action différent du mien : plus large sur certains aspects, plus restreint sur d'autres. »
« Ce trimestre, nous a ainsi annoncé Henri Verdier, on va aller proposer au Premier ministre d'exiger que chaque ministère en ait un, et de normaliser un peu les pouvoirs, les mandats, les autorités, les compétences de toutes ces fonctions... » Cette recommandation devrait figurer dans le (tant attendu) second rapport de l’Administrateur général des données, annoncé pour la fin 2017. Une circulaire pourrait par exemple porter cet effort d’homogénéisation.
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