Connexion
Abonnez-vous

Les modalités de la supervision technique des numéros d’urgence

Même pas un numéro vert d’urgence ?

Les modalités de la supervision technique des numéros d’urgence

Le 31 août 2023 à 13h07

Ça y est : le décret et l’arrêté fixant les modalités de la loi Matras sur la « supervision technique de l’acheminement des communications d’urgence » ont été publiés au Journal officiel. Les opérateurs devront remonter des statistiques et des alertes à partir du 1er janvier 2024. 

Retour sur la panne Orange du 2 juin

Le 2 juin 2021, les numéros d’urgence étaient inaccessibles un peu partout en France et quel que soit l’opérateur, avec des conséquences parfois dramatiques. Quelques jours plus tard, Orange donnait des précisions : « de 16h45 à minuit, les services voix d’Orange ainsi que l’accès à certains services d’urgence ont été perturbés sur le plan national. Pendant cette période, environ 11 800 appels, soit 11 % du total d’appels, n’ont pas été acheminés vers les services d’urgence ». En cause, « un dysfonctionnement logiciel ».

En juillet, l’ANSSI publiait son rapport d’évaluation de la gestion par Orange de cette panne et de ses conséquences. Fin 2021, c’était au tour du Sénat de mettre en ligne le résultat de son enquête. Il rappelait au passage le principe de fonctionnement des numéros courts d’urgence : ils sont « en réalité, convertis en un numéro "long", à dix chiffres, attribués au centre de traitement de l’appel d’urgence correspondant le plus proche géographiquement du lieu d’émission de l’appel ».

Des mesures annoncées, loi « Matras » promulguée en novembre

Dans la foulée du rapport de l’ANSSI, le gouvernement annonçait de premières mesures :

  • « la mise en œuvre d’une supervision technique spécifique et d’un système de remontée d’alerte spécifique aux appels d’urgence ;
  • la mise en œuvre d’une structure de collaboration avec les opérateurs tiers en cas d’urgence ;
  • la réalisation de tests lors de l’introduction de nouvelles méthodes. »

Une adaptation du cadre réglementaire était au programme pour mettre ces mesures en place. Quelques mois plus tard, la loi du 25 novembre 2021, dite « Matras », était promulguée. Elle vise « à consolider notre modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers et les sapeurs-pompiers professionnels ». Il est notamment question, pour les fournisseurs de services de communications, « de mettre en place une supervision technique des communications d’urgence ».

Voici maintenant le décret et l’arrêté 

Les projets de décret et arrêté – portant sur la « Supervision technique des communications d’urgence » – ont été soumis à une consultation publique entre le 7 juin 2023 et le 10 juillet 2023. Selon le ministère en charge du dossier, il n’y a eu qu’une seule réponse de la Fédération Française des Télécoms. Les demandes de changements sont peu nombreuses (deux modifications de texte et un changement de date) et quasiment toutes acceptées. 

Les textes définitifs sont désormais disponibles :

Des statistiques et des alertes

Le premier article du décret dispose que « les fournisseurs de services de communications interpersonnelles fondés sur la numérotation mettent en place une supervision technique visant à mesurer l'efficacité de l'acheminement des communications d'urgence et, le cas échéant, à alerter les autorités compétentes en cas d'incident affectant l'acheminement de ces communications d'urgence ».

Cette supervision comprend des indicateurs qui ont deux finalités (le décret donne les grandes lignes, l’arrêté vient préciser les choses). La première est de réaliser des statistiques. Le décret précise que, a minima, elles doivent porter « sur la volumétrie des communications d'urgence acheminées mensuellement ». 

La deuxième est de mettre en place des « alertes basées sur des seuils d'alerte significatifs ». Le décret ajoute qu’il est au moins question du « taux de prise avec réponse […] pour les numéros 15, 17, 18 et 112 ». Dans le projet, ce n’était pas « le taux » qui était demandé, mais « le nombre ». Dans sa consultation, la FFTélécoms avait demandé ce changement.

Les fournisseurs concernés, le modèle de tableau

L’arrêté précise aussi les fournisseurs de services de communications interpersonnelles fondés sur la numérotation qui sont concernés. Il s’agit de ceux dont le nombre d’utilisateurs finals est supérieur à deux millions. La limite est à 250 000 pour les départements d'outre-mer, de Saint-Barthélemy, de Saint-Martin et de Saint-Pierre-et Miquelon.

L’annexe de l’arrêté propose un modèle de tableau pour retourner les statistiques de l’Article 1 du décret. Il y a un tableau par mois, avec une séparation entre le fixe et le mobile. On y trouve également une liste des numéros d’urgence concernés : 15, 17, 18, 112, 114 (SMS), 115, 119, 191, 196, 197, 116000 et 116117.

Le ministère de l’Intérieur rappelle si besoin à quoi correspondent les différents numéros.

Tableau supervision fournisseurs urgence numéros

Entrée en vigueur à partir du 1er janvier 2024

Les statistiques « sont communiquées mensuellement au ministre en charge des communications électroniques dans un tableau conforme au modèle figurant en annexe du présent arrêté et dans un format ouvert », précise l’arrêté. 

Enfin, « les dispositions du 1° de l'article 1er entrent en vigueur le 1er janvier 2024, sauf dans les départements d'outre-mer, à Saint-Barthélemy, à Saint-Martin et à Saint-Pierre-et-Miquelon où elles entrent en vigueur le 1er janvier 2025 ». Le décalage à 2025 était une demande de la FFTélécoms car « les opérateurs de ces territoires n’ont [pas] été impliqués dans les travaux de 2022 et le volume d’appels d’urgence y reste faible ».

Commentaires (18)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar

Je ne suis pas neutre dans l’affaire, je suis salarié du groupe Orange.



OK, pleins de règles de supervision, sachant que la majorité des mesures ont déjà été mises en place en interne.
Mais c’est amusant de voir que l’état est fort pour créer de nouvelles règles pour les autres, mais par contre trouver le pognon pour faire migrer les systèmes de numéros d’urgence hors d’age du RTC (qui sera coupé a terme) pour aller vers la téléphonie VoIP comme tout le reste des services en France …
C’est la brique de routage des appels VoIP vers RTC qui à foiré, mais si les numéros d’urgence étaient déjà en VoIP, les seuls appels qui se seraient perdu c’était les dernières lignes RTC avec un combinet “a l’ancienne”, mais ça aurait fonctionné sur les mobiles.

votre avatar

Il y a plusieurs lecture possible de l’incident. Concrètement on parle tout de même d’une maintenance effectuée en pleine journée sur l’intégralité des passerelles avec un logiciel peu testé et dont la gestion de crise a été lacunaire. Certes dans ce cas, l’absence d’usage de ces passerelles aurait évité le problème, mais le même process sur les SBC aurait pus causer le même problème (probablement pire). Cet accident est pour moi pas tellement technique, bien plus organisationnel.

votre avatar

Le premier incident on nie pas qu’il y ai eu des choses qui n’auraient pas du être faite. Et que la comm n’a pas été bonne. Tout ça ça a été adressé. Mais de son coté l’état lui ne fait que jouer le beau sans prendre ses responsabilités.

votre avatar

Un peu de cynisme, mais du coup avec la passage complet à la VOIP, ils ont un truce chez orange pour permettre les appels en cas de coupure de courant? Parce que les batteries du RTC permettait plus d’autonomie que les 20min de certaines antennes relai qui oblige d’avoir un tel portable (spéciale dédicace aux personnes âgées, d’autant plus à la campagne).

votre avatar

Spoiler, si il y avait eu des délestages l’an dernier, les secours pouvaient être joint 15 minutes puis plus rien. Notre monde est dépendant à l’elec.

votre avatar

Spoiler je connaissait déjà la réponse, et l’époque du RTC les batteries tenaient quand même vachement plus longtemps..



Entre ça et le fait qu’une grande partie des fibres passe en aérien en milieu rural, je sens qu’on va bien rire à la prochaine tempête style 99.

votre avatar

Un DSLAM/NRO tient normalement 2h/2h30 si les batteries sont en bonne santé. (une vague de contrôle à été faite en 2022 en plus des contrôles normaux pour anticiper les délestages)



Le problème, c’est que nos clients n’utilisent pas forcément un onduleur (et ça doit même être assez marginal). Donc on peut partir du principe qu’une immense majorité des clients n’a plus accès aux appels.



Et pour le problème des lignes aériennes qui seront détruites par les tempêtes on le sait bien.
Avec 50 ans de cuivre massif, on a pas trouvé les fonds pour faire du génie civil sur l’ensemble du territoire. Alors un projet d’opticalisation nationale mené en 15 ans a marche forcé n’a évidement pas amélioré la chose.
On en revient toutefois à la même chose. C’est bien beau de préserver la ligne du client, mais il faut aussi que son électricité soit opérationnelle, et l’électricité aussi est souvent coupée …



Il va falloir faire des courriers à nos députés pour élaborer un grand plan de résilience, dimensionné sur les prévisions les plus pessimistes du GIEC, afin de garantir le mieux possible la sécurité de tous …

votre avatar

Les clients n’avaient pas besoin d’avoir d’onduleur chez eux a l’époque du RTC, le 48v étant fourni par le DSLAM via la ligne (chez moi on a toujours gardé un tel filaire pour ce genre de cas).



Petite question, les 2h30 d’autonomie, c’est avec les équipement actuels? De mémoire à l’époque du RTC only c’était plus que ça (moindre conso des équipements actifs) mais peut-être que je me trompe..

votre avatar

Et bien comme ça, j’ai une liste de numéro d’urgence ! Je n’en connaissais même pas la moitié, reste plus qu’à savoir à quoi ils servent… :-)

votre avatar

J’ai ajouté un petit mien exprès dans l’actu :D

votre avatar

gathor a dit:


J’ai ajouté un petit mien exprès dans l’actu :D


Si tu as ajouté un tien, alors tout va bien :francais:

votre avatar

Patch a dit:


Si tu as ajouté un tien, alors tout va bien :francais:


Un tien vaut mieux que deux tu l’auras :francais:

votre avatar

On se rend compte quand même qu’on est devenu un pays où “un incident médiatisé” = “un nouveau texte de loi”
C’est quand même assez dingue, surtout que ça reste un accident finallement très rare. Demander à Orange de faire le nécessaire et assurer le suivi aurait certainement suffit..

votre avatar

Il faut aller le dire aux victimes (ou leurs familles).

votre avatar

Donc si on dit que l’action menée n’est pas la plus pertinente on est un monstre dépourvu d’empathie pour les victimes?



Désolé donc de t’avoir choqué, mais si l’état avait dit qu’il affecterait plus de moyens humains et financiers pour aider à améliorer le service des numéros d’urgence, de mon point de vue ça aurait été plus efficace qu’un énième texte de loi qui demande à Orange de remplir des tableaux Excel.

votre avatar

(quote:2149963:N.Master)
…de mon point de vue ça aurait été plus efficace qu’un énième texte de loi qui demande à Orange de remplir des tableaux Excel.


Je suis d’accord mais tu n’es pas obligé de justifier cet avis par “ça reste un accident finallement très rare”. Ça a beau être vrai, c’est difficilement entendable.

votre avatar

Faut des onduleurs

votre avatar

2 ans pour qu’une loi votée rentre en vigueur, faut pas être pressé…

Les modalités de la supervision technique des numéros d’urgence

  • Retour sur la panne Orange du 2 juin

  • Des mesures annoncées, loi « Matras » promulguée en novembre

  • Voici maintenant le décret et l’arrêté 

  • Des statistiques et des alertes

  • Les fournisseurs concernés, le modèle de tableau

  • Entrée en vigueur à partir du 1er janvier 2024

Fermer