Comment la France s’apprête à imposer l’immatriculation des drones
À côté de la plaque
Le 16 octobre 2017 à 10h04
5 min
Droit
Droit
Prévue par la loi du 24 octobre 2016, l’immatriculation des drones s’apprête à devenir réalité. Next INpact a pu se procurer deux projets de décret et d’arrêté précisant comment les propriétaires de drones de plus de 799 grammes devront procéder à un enregistrement en ligne d’ici quelques mois.
Afin de retrouver plus facilement les propriétaires d’appareils survolant des zones interdites (centrales nucléaires, aéroports, bases militaires...), le législateur a souhaité qu’à partir d’un certain seuil de poids, tous les drones soient « soumis à un régime d'enregistrement par voie électronique ».
L’idée : que chaque pilote déclare son drone auprès des pouvoirs publics, via un site dédié. Tout du moins jusqu’à 25 kg, puisqu’au-delà, c’est un cadre juridique encore plus strict qui s’applique.
Le problème est que cette nouvelle obligation, bien qu’inscrite à l’article 1er de la loi « relative au renforcement de la sécurité de l'usage des drones civils », reste aujourd’hui lettre morte, faute de décret.
Le ministère des Transports nous a néanmoins indiqué qu’il espérait avoir pris l’ensemble des textes d’application de la loi de 2016 avant « la fin du premier semestre 2018 », soit d’ici le mois de juillet. Ceux relatifs à l’enregistrement des drones sont d’ailleurs dans les tuyaux, puisque nous avons pu mettre la main sur deux projets (l’un de décret, l’autre d’arrêté).
Une sorte de « carte grise » valable trois ans
Cet enregistrement s’effectuera au travers d’un « portail mis en place par le ministre chargé de l’aviation civile après création d’un compte personnel », apprend-t-on au travers du projet d’arrêté. Sauf surprise, c’est la plateforme « Mon espace drone », lancée à la fin de l’été, qui devrait permettre d'effectuer cette déclaration en ligne.
Un peu comme pour une carte grise, l’utilisateur devra renseigner la marque et le modèle de l’appareil qu’il possède, ainsi que son éventuel numéro de série. Il lui faudra par ailleurs indiquer le numéro d’identification du « dispositif de signalement électronique ou numérique » que les drones seront tenus d’embarquer à partir de juillet 2018 – toujours à condition de dépasser un certain seuil de poids.
Pour prouver son identité, le propriétaire du drone aura l’obligation de télécharger un justificatif (carte d’identité, permis de conduire...). Si le pilote est « mineur ou majeur protégé, l’obligation d’enregistrement incombe à son représentant légal », prévoit le projet de décret. Dans le cas d’une propriété partagée, « l’enregistrement est réalisé par l’un des copropriétaires », est-il précisé.
Bientôt des plaques d’immatriculation pour drones ?
Une fois cette procédure réalisée, l’usager devrait recevoir un « certificat d’enregistrement ». Celui-ci sera valable trois ans. Il mentionnera surtout un « numéro d’enregistrement », sorte de plaque d’immatriculation du drone.
Il est en effet prévu que ce numéro soit « apposé sur l’aéronef de manière permanente ». Aucun des deux projets ne précise s’il faudra scotcher un bout de papier sur son drone, utiliser du matériel de pyrogravure ou procéder à l’installation d’une véritable plaque d’immatriculation. Les textes indiquent simplement que ce numéro devra être « lisible lorsque l’aéronef est au sol à moins d’un mètre ».
Jusqu’à 750 euros d’amende pour les pilotes en infraction
Le fait de ne pas apposer son numéro d’identification pourrait toutefois ne pas être passible de sanctions. En revanche, une contravention de quatrième classe (jusqu’à 750 euros d’amende) est prévue pour :
- Tout vol effectué sans enregistrement en ligne
- Tout vol effectué sans mise à jour du certificat (en cas notamment de modification technique)
- La fourniture d’informations « inexactes » lors de l’enregistrement en ligne
Il est enfin précisé que l’utilisateur devra être muni de son certificat d’enregistrement « lors de toute utilisation » de son drone. Ce document pourra être présenté aux forces de l'ordre « sous format numérique », prévoit le projet de décret.
Des textes encore susceptibles d’évoluer
Rien n’est indiqué quant à un éventuel coût de cette procédure d’enregistrement. En l’état, tout laisse donc à penser qu’elle pourrait être totalement gratuite pour l’usager.
Restera néanmoins à voir ce qu’il en sera lorsque le gouvernement se décidera à publier le décret et l’arrêté permettant de donner le coup d’envoi de cette réforme – qui sont bien entendu susceptibles d’être largement revus d’ici à leur parution.
Dans ses projets, l’exécutif tablait par ailleurs sur une entrée en vigueur du dispositif sous deux mois. Il ne revenait pas sur le seuil de poids à partir duquel ces dispositions s’appliqueront. Dans un texte notifié il y a plusieurs semaines à la Commission européenne, on apprenait toutefois que tous les drones de plus de 799 grammes devraient être concernés par la réforme à venir.
Comment la France s’apprête à imposer l’immatriculation des drones
-
Une sorte de « carte grise » valable trois ans
-
Bientôt des plaques d’immatriculation pour drones ?
-
Jusqu’à 750 euros d’amende pour les pilotes en infraction
-
Des textes encore susceptibles d’évoluer
Commentaires (36)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 16/10/2017 à 10h10
C’est sûr qu’immatriculer les drônes va empêcher le survol des sites sensibles. La personne mal intentionnée va remplir son formulaire et envoyer sa CNI, pas de doute !
Le 16/10/2017 à 10h19
mmh il faut le voir comme une etape administrative pour un nouveau produits avec de nouveaux usage. Pour ce coup c’est plutot pas trop mal de pouvoir faire tout en ligne plutot qu’au mission locale de la DGAC .
évidement le méchant ne va pas s’enregistrer, ce n’est pas le but. C’est pour les gentils oublieux, afin de participer au budget de l’etat
Le 16/10/2017 à 10h22
Techniquement, une voiture peut rouler sans immatriculation, c’est la même chose.
Une deuxième étape pourrait être l’obligation de déclaration de la part du vendeur (il me semble que ça se faisait pour la redevance audiovisuelle) et immatriculation à l’achat.
Comme quand on achète une voiture neuve, c’est le concessionnaire qui fait l’immatriculation.
Le 16/10/2017 à 10h29
Certes, mais dans ce cas il ne faut pas utiliser l’argument de l’utilisateur mal intentionné.
Le 16/10/2017 à 10h31
Le 16/10/2017 à 10h44
J’avoue ne pas avoir regardé les textes officiels, mais qui de ce qui vole et n’est pas un drone ? J’ai fait de l’hélicoptère et de l’avion RC pendant pas mal de temps et je ne désespère pas de recommander un jour. Est ce que cela rentre dans le cadre des immatriculation ?
Pour le poids, c’est en état de vol ? Car les LiPo ça pèse vite son poids :)
Le 16/10/2017 à 11h00
ça va juste permettre de rentré de l’argent… ça ne solutionne RIEN
la seul chose que ça fait, c’est faire chier les aéromodélistes point barre …
Le 16/10/2017 à 11h03
Le 16/10/2017 à 11h07
Cela signifie t-il aussi qu’une grosse SSII a empoché un contrat juteux pour développer et maintenir le site d’immatriculation des drones ? :)
Le 16/10/2017 à 11h07
Pour l’instant on ne parle pas d’imposition. Sauf dans le titre " />
Le 16/10/2017 à 11h08
Ils vont s’en servir comme raison assurément :
http://www.europe1.fr/international/canada-premiere-collision-entre-un-drone-et-un-avion-commercial-3465068
Le 16/10/2017 à 11h13
J’espère que l’aviation civile est autonome pour créer un petit site web comme celui-là.
Le 16/10/2017 à 11h31
« les propriétaires de drones de plus de 799 grammes »
Je n’arrive pas à avoir une idée. 799 grammes, ça va englober la grande majorité des drones ou plutôt une minorité?
Le 16/10/2017 à 11h36
destresse, on est que lundi " />
Le 16/10/2017 à 11h47
ba tous les drones typé “film/photo”
tous les petits (racer, jouets…) normalement devraient être en dessous des 800Gr.
à titre d’exemple mon quad film tape les 1.2Kg en charge, l’hexa 1.6
Le 16/10/2017 à 11h50
Le 16/10/2017 à 11h59
Le 16/10/2017 à 12h02
Le 16/10/2017 à 12h29
Le 16/10/2017 à 12h47
Je déplore autant que toi le fait qu’une minorité de cons provoque des contraintes pour la majorité. (comme pour les motards)
Tous les aéromodélistes que je connais sont des gens responsables qui pratiquent leur hobby dans des conditions de sécurité nécessaire. Jamais il ne leur viendrait à l’esprit de faire voler leurs hélicos, avions ou quadricopters au dessus d’une foule de gens dans un espace public.
Le problème, c’est qu’il y a des irresponsables que les drones sont bien plus faciles à se procurer et à piloter que des modèles réduits plus complexes. Il suffit de voir les différents faits divers qui, bien que n’étant pas si nombreux que ça, ont eu lieu : survol d’espace public, vol à proximité de monuments, bâtiments, aérodromes, centrales nucléaires….
Personnellement, je n’ai pas envie de devoir me balader demain avec un casque de moto en permanence parce qu’un débile aura envie de faire voler son drone au dessus de moi et de me le prendre dans la gueule. Cette loi n’empêchera pas ces comportements d’arriver, tout comme mon exemple d’une voiture qui fonctionne sans carte grise, mais il y a des chances que ça rebute à minima lorsque l’anonymat est absent.
Il y aura toujours des contrevenants, mais ça le seul moyen de l’empêcher, c’est de génocider l’humanité.
Le 16/10/2017 à 13h15
Kevin qui va acheté un Phantom 4 il ne serait même pas au fait qu’il devra faire immatriculer le quad …
donc ça ne résous rien.. les seuls au courant sont ceux qui justement prennent des précautions …
et c’est bien ça le problème.
et puis bon obliger la signalisation lumineuse/audio des drones… merci mais je suis déjà en limite de poids sur le drone ce n’est pas pour rajouter des trucs inutiles … qui vont gonfler le poids mais aussi la facture (les boards ne sont pas toute en mesure de gérer un gps par exemple, et j’ai pas envie de changer de board juste par obligation légale …)
Le 16/10/2017 à 13h41
Nouveau marché, la vente de fausse carte grise de drones " />
Le 16/10/2017 à 13h43
Le 16/10/2017 à 14h54
Le 16/10/2017 à 17h42
J’annonce une grosse vague de drônes DIY." />
Le 16/10/2017 à 18h56
Le 16/10/2017 à 21h17
Au fait, c’est quand la dernière fois qu’une centrale a pété à cause d’un drone? je m’en souviens plus…?
" />
Le 16/10/2017 à 21h24
J’imagine que le dispositif de signalement électronique ou numérique sera un émetteur, histoire de pouvoir lire l’identité du drone en vol et le shooter si non identifié (ou bien le shooter et aller voir le proprio)
Le 17/10/2017 à 04h42
Ca n’empêchera pas le survol mais ça facilitera l’identification… comme la plaque n’empêche pas de rouler vite en voiture mais aide à verbaliser :)
Le 17/10/2017 à 04h44
Le 17/10/2017 à 05h40
Le 17/10/2017 à 06h40
T’inquiète, image un agent dédié aux drones avec son filet à papillons " />
Le 17/10/2017 à 13h54
Le 17/10/2017 à 14h40
Le 17/10/2017 à 15h10
C’est pas la posture politique utilisée pour justifier cette loi, c’était défendre les sites militaires, nucléaires et autres. Ce qui n’est pas vraiment efficace pour celui qui veut ça.
Le 19/10/2017 à 00h43