Pass Culture Jeune : espoirs et doutes en commission des affaires culturelles
Mission de Pass
Le 10 novembre 2017 à 09h40
4 min
Droit
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L’idée d’un pass culture pour les jeunes, promise par le candidat Macron dans son programme présidentiel, divise la commission des affaires culturelles, dans son avis sur le projet de loi de finances pour 2018 (PLF).
Dans son programme présidentiel, Emmanuel Macron avait programmé l’instauration d’un Pass Culture de 500 euros afin d’aider les jeunes de 18 ans à « accéder aux activités culturelles de leur choix : musée, théâtre, cinéma, concert, livres ou musique enregistrée ». En théorie, ce projet devrait reposer sur un système cofinancé par les distributeurs et les grandes plateformes numériques.
Seulement, passer du rêve à la réalité prend parfois un peu de temps. Dans les documents annexés au projet de loi de finances pour 2018, il ne faut pas s’attendre à une ouverture massive des vannes. Le ministère de la Culture a déjà indiqué que ce Pass « commencera à être mis en œuvre en 2018 ».
Seuls 5 millions d’euros ont été inscrits dans le PLF consacrés au développement des « outils numériques nécessaires à son déploiement ». Seulement, aucun autre détail n’a fuité puisque dans les documents de la Performance publique, on découvre que le champ couvert par ce dispositif « doit encore être précisément défini ».
Un levier d'action pour le ciment social
Dans la forge parlementaire, la commission des affaires culturelles est quelque peu mitigée. Pierre-Yves Bournazel est en charge du chapitre sport, jeunesse et vie associative dans son avis sur le PLF. Ce député constructif assure que « la culture est l’un des principaux champs de la différenciation entre les classes sociales ».
Et pour mieux armer « le ciment social », peu de doute : « l’ouverture d’un ‘pass culture pour les jeunes’ annoncée par le Président de la République durant sa campagne électorale (…) pourrait constituer un fort levier d’action ».
Comme signalé par Contexte, Brigitte Kuster, sa collègue LR, a émis « les plus grandes réserves » sur ce fameux pass, si du moins il ne devait « consister que dans le versement d’un chèque de 500 euros, sur le modèle de ce qui s’est fait en Italie ».
Une utilité, si le système est bien étudié
La rapporteure pour avis du chapitre Culture s’est cependant opposée à l’amendement de Michel Larive (LFI) visant à vider les poches de ce pass pour combler la baisse des crédits alloués au patrimoine des musées de France. « Je pense qu’un dispositif bien étudié pourrait avoir toute son utilité. Je ne suis donc pas favorable, en l’état, à la suppression des crédits dédiés à sa mise en place dans le cadre du présent projet de loi de finances ».
Selon les calculs de Michel Larive, « selon les chiffres de l’INSEE, 848 927 jeunes auront 18 ans en 2019 », ce qui va représenter un total de 424 millions d’euros. « Le gouvernement ne semble pas avoir pris en compte la mesure de l’investissement nécessaire à la mise en place du dispositif » tacle l’élu qui aurait voulu que le gouvernement soit chargé de fournir un rapport sur les différentes pistes de financements.
La crainte d'effets pervers
« Le candidat Emmanuel Macron avait, lors de la campagne présidentielle, précisé que l’État ne financerait qu’une petite partie de la mesure, la majeure partie du financement devant provenir notamment d’une taxe sur les GAFA. Où en est-on ? » se demande le même élu LFI qui craint comme la peste « les mêmes effets pervers que ceux survenus en Italie avec le ‘Bonus Cultura’ ».
Depuis octobre 2016, les jeunes italiens de 18 ans ont débordé d’inventivité pour détourner ce chèque culture avec l'apparition d’un marché noir où ils ont revendu ces bons à moitié prix pour acheter d’autres biens ou services non culturels.
Pass Culture Jeune : espoirs et doutes en commission des affaires culturelles
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Un levier d'action pour le ciment social
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Une utilité, si le système est bien étudié
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La crainte d'effets pervers
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 10/11/2017 à 09h51
On va trouver une solution. Le temps que la « taxe GAFA(M) » se mette en place, l’État procédera à la mise en place d’un programme pilote sur quelques communes « test » :
N.B. pour plus de souplesse et de réactivité dans le procédé de sélection, il a été décidé d’utiliser la liste des communes les plus soumises à l’ISF.
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Le 10/11/2017 à 09h56
la liste des communes les plus soumises à l’ISF IFI.
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Le 10/11/2017 à 10h00
Non pas, cher ami, la précédente liste (de 2016, pour être bien sûr que ce seront les enfants des nouveaux exonérés qui bénéficieront des 500 balles).
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Le 10/11/2017 à 10h06
Je précise que les musées publics sont souvent gratuits jusqu’à 25 ans pour les citoyens européens : Service Publicquant aux livres, les bibliothèques municipales sont souvent gratuites pour les résidents de moins d’un certain âge. Et malheureusement, on y trouve peu de jeunes :/
J’imagine que la plupart vont se ruer sur netflix " /> (ok, je suis un peu de mauvaise foi)
Le 10/11/2017 à 10h07
on pourra utiliser les 500€ pour aller regarder des films américains au cinéma produits par un pays qui n’a aucun ministère de la culture mais qui arrive à faire rayonner ( qu’on n’aime ou pas) partout sa culture cinématographique
Bizarre ? vous avez dit bizarre ?
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Le 10/11/2017 à 10h15
Never forget la “Carte Musique Jeunes” (article NextINpact), qui n’était en fait qu’un cadeau de l’Etat aux majors de la musique.
Je suis surpris que le présent article n’évoque pas ce funeste projet.
Le 10/11/2017 à 10h31
Tout à fait vrai ! Les USA font rayonner leur culture (vivante : mode de vie, valeurs, idées, etc.) en utilisant massivement leur industrie du divertissement (musique, cinéma, nouveaux médias).
Chez nous, c’est massivement parce qu’on ne partage pas notre culture qu’elle s’appauvrit, à leur bénéfice, à mon sens. Eux sont pragmatiques, nous sommes élitistes et passéistes.
My2¢.
Le 10/11/2017 à 10h43
L’accès à la culture (y compris celle que défend le gouvernement) ne dépend pas des moyens financiers des gens (du moins en grande partie, il y a des exceptions).
C’est plus une question d’éducation et d’efforts.
Si on prend une définition plus large de la culture, il suffit de prendre l’exemple de la musique pour voir qu’un jeune de maintenant a accès pour rien ou presque rien (entre le démat, le streaming, etc) à une quantité phénoménale de titres, des plus subjectivement mauvais aux plus brillants (toujours subjectivement). Cet exemple est aisément extensible aux autres formes de culture.
Autant leur donner 500 euros et les laisser faire ce qu’ils veulent avec: ça aura le même effet culturel, mais ça permettra de faire des économies dans la mise en oeuvre.
Le 10/11/2017 à 11h50
Et pour habiter du côté de Versailles je tiens juste à préciser que tous les Versaillais ne sont pas pleins aux as…
Mais bon les clichés :)
Le 10/11/2017 à 11h55
C’était une boutade sarcastique (du vendredi) de ma part, pas un plaidoyer, naturellement.
Le 10/11/2017 à 12h07
Encore de l’argent gratuit pour les copains/coquins de l’industrie du divertissement " />
Pendant ce temps là les “jeunes” galèrent pour se loger, combien de logements on peut construire avec 1 demi milliard d’euro par an? " />
Le 10/11/2017 à 12h11
…les mêmes effets pervers que ceux survenus en Italie avec le ‘Bonus Cultura’
Les politiques qui appellent “relancer la consommation” un effet pervers " />
Le 10/11/2017 à 12h22
ça équivaut aussi au budget annuelle de certaines universités par exemple …
Tout ça pour que ça finisse dans des paradis fiscaux
Le 10/11/2017 à 13h05
Le 10/11/2017 à 15h48
Le 10/11/2017 à 16h39
Mais attendez, ce pass culture, là, on n’appellait pas ça une mediathèque avant ? Genre avant l’année 2000 ?
Le 11/11/2017 à 15h52
Si les 500€ ne sont pas dépensés par le jeunes, ils sont crédités comme même par le budget d’état ?