Le Premier ministre revient sur les réformes visant les locations Airbnb
La guerre des étoiles
Le 22 janvier 2018 à 15h52
5 min
Droit
Droit
Édouard Philippe a profité du comité interministériel du tourisme pour évoquer les problèmes liés à la régulation des plateformes de type Airbnb. Entre réforme de la taxe de séjour et déclaration automatique des revenus au fisc, le Premier ministre a laissé entendre que tout serait prêt pour 2019.
« Le tourisme a connu une numérisation rapide, globale. Et j’ajouterais parfois un peu brutale. Elle n’est pas mauvaise en soi. Elle a permis la création ou la valorisation d’un grand nombre d’activités en France » devait déclarer le chef du gouvernement, vendredi 19 janvier, sans jamais citer le nom du géant Airbnb.
Afin que « tout le monde » puisse « vivre », Édouard Philippe a plaidé pour l’instauration de « règles du jeu équitables » :
« Des règles claires, des règles fermes aussi. L’idée n’est évidemment pas de punir ou de freiner le développement d’activités. L’idée n’est pas non plus de modifier ces règles en permanence. Elle est d’encadrer, de déterminer avec précision les droits et les devoirs de chacun. Et de les faire respecter. C’est la différence entre un pays de vraies libertés et le Far West. »
Le locataire de Matignon a ainsi insisté sur les réformes à venir, dont certaines ont été introduites dans la dernière loi de finances rectificative.
2019, année charnière pour les plateformes de type Airbnb
« À compter du 1er janvier 2019, les plateformes auront l’obligation de collecter la taxe de séjour », devait tout d’abord rappeler le Premier ministre. Actuellement, les sites de mise en relation peuvent accomplir cette formalité pour leurs utilisateurs, mais sur la base du volontariat. Airbnb collecte ainsi la taxe de séjour uniquement dans certaines grandes villes, à commencer par Paris.
À partir de l’année prochaine, la taxe de séjour devra plus précisément être perçue par tous les « professionnels qui, par voie électronique, assurent un service de réservation ou de location ou de mise en relation en vue de la location et qui sont intermédiaires de paiement pour le compte de loueurs non professionnels » (article L2333-33 du Code général des collectivités territoriales).
Ce fameux prélèvement fiscal est par ailleurs appelé à augmenter. « Un grand nombre de logements disponibles sur les plateformes relèvent d’un standing proche de 4 ou 5 étoiles. Et pourtant, jusqu’à présent, la taxe de séjour qui leur était applicable était inférieure à celle d’un hôtel une étoile » regrette Édouard Philippe dans son discours.
Dès le 1er janvier 2019, le montant de la taxe de séjour collectée par les plateformes a vocation à être proportionnel au prix HT de la nuitée (de 1 à 5 % par personne, sachant que les mineurs sont exonérés). Ce sont les communes qui détermineront ce taux, dans la fourchette autorisée par la loi – jusqu’à quatre euros par personne, soit bien loin de la dizaine de centimes exigibles aujourd’hui.
« On a donc réparé cette distorsion grâce à cette taxe assise non sur le classement, mais sur le coût de la nuitée, tout en laissant une grande autonomie aux communes dans la fixation de son taux » devait se féliciter le chef du gouvernement.
« La situation est kafkaïenne » prévenait-on au Parlement
Toujours à partir de l’année prochaine, les plateformes devront automatiquement transmettre à l’administration fiscale de nombreuses informations sur leurs utilisateurs. En application du projet de loi de finances rectificative pour 2016, les sites tels qu’Airbnb (ou eBay, Uber, Priceminister...) seront en effet contraints d’adresser chaque année à Bercy une déclaration électronique mentionnant le « montant total des revenus bruts » perçus par chaque internaute au titre de ses activités sur leur plateforme (« ou versés par l’intermédiaire de celle-ci »), outre leur adresse électronique, leur statut de professionnel ou de particulier, etc.
À terme, l’objectif est que ces sommes soient imposées – si elles ont à l’être, ce qui n’est pas forcément le cas. Les déclarations de revenus des internautes percevant de l’argent via des plateformes devraient ainsi être automatiquement pré-remplies, à l’image de ce qui prévaut aujourd’hui pour les salaires.
Les discussions autour du projet de loi de finances pour 2018 ont toutefois permis de confirmer ô combien cette réforme s’avère complexe à mettre en œuvre sur un plan technique. « La situation est kafkaïenne » avait ainsi lâché le rapporteur Joël Giraud (LREM), le 10 octobre dernier.
« Contrairement aux banques et aux employeurs qui transmettent automatiquement les informations à l’administration fiscale », s’était justifié l’élu, les plateformes de type Airbnb « ne sont pas obligées de vérifier l’identité du bénéficiaire des revenus ». Résultat : « Si seul un pseudonyme est transmis à l’administration fiscale, il ne sera pas facile d’identifier les bénéficiaires des revenus ».
Un décret de la loi Numérique promis pour 2018
Dernière mesure évoquée par Édouard Philippe : « Rendre pleinement applicable la loi de 2016 pour une République numérique ». Un décret, fixant les modalités de contrôle et de sanction aux manquements à l’interdiction de dépasser les 120 nuitées de location par an, manque notamment à l’appel (dans le prolongement d’un autre décret de la loi Lemaire, pris cette fois fin avril).
« J’ai demandé aux ministres concernés que toutes les mesures d’application soient prises d’ici la fin de l’année, devait déclarer le Premier ministre. Elles sont soumises à la concertation. » Le précédent gouvernement envisageait pourtant de prendre ce décret dès le mois de mars 2017.
Le Premier ministre revient sur les réformes visant les locations Airbnb
-
2019, année charnière pour les plateformes de type Airbnb
-
« La situation est kafkaïenne » prévenait-on au Parlement
-
Un décret de la loi Numérique promis pour 2018
Commentaires (32)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 24/01/2018 à 13h55
Les détails de paiements je ne les connais pas du tout .
Mais je ne vois pas pourquoi il ne se ferait pas payer en euro ?
J’ai déja eu un compte libellé en euro à l’étranger dans un cadre tout à fait légal.
Et pourquoi serait il suspect ?
Tout le monde a le droit d’ouvrir un compte à l’étranger .Il est simplement obligatoire ( pour la France) de le déclarer, mais le pays d’en face n’en a strictement rien à cirer que tu le déclares ou pas, que tu y sois résident ou pas.
En France on parle régulièrement de la Suisse ou de Jersey , il y avait d’ailleurs un article sur NXI sur certaines cartes bancaires pas très traçables qu’on peut uitiliser à tout moment.
Je peux supposer que c’est le moyen, mais je n’en sais rien ( il va assez régulièrement la bas, et donc peut-être utilise t’il ce fric la-bas. )
Dans l’état actuel des choses avec la loi existante, de toutes façons il n’est pas imposable sur ces sommes et la taxe touristique est payée par AirBnB ( je pense d’ailleurs que cette taxe touristique est payée directement par AirBnB car le fisc n’a pas beaucoup de moyens pour imposer ces locations sans contrats)
Le 24/01/2018 à 14h02
edit : je viens de lire que c’était déclarable au fisc dès le premier euro
Je viens de passer 3 ans à Barcelone et je n’étais pas au courant
Le 23/01/2018 à 11h39
Le 23/01/2018 à 13h19
Le 23/01/2018 à 14h32
Le 23/01/2018 à 16h21
Enfin une bonne mesure que de réguler ces boites américaines type Airbnb. Cela permettra (j’espère) de reverser dans le parc locatif de longue durée certains appartements qui avait été transformés en meublés touristiques à plein temps.
Dans les zones tendues, comme Paris, c’est devenu impossible de se loger, en partie à cause d’Airbnb.
J’ajouterai même des amendes extrêmement élevées (genre 50000€) pour les propriétaires qui ne respectent pas la loi.
Le 23/01/2018 à 16h42
Pourquoi les propriétaires ?
Dans mon immeuble de 26 appartements il y en a 3 en AirBnB presque à temps complet et ce sont des sous locations.
Le pire c’est qu’un d’entre eux (au moins) est subventionné par la CAF.
Je sais ça fait pas plaisir à entendre mais la réalité est parfois assez surprenante!
Qu’on traite les AirBnB comme des locations classiques et qu’on les impose me semblerait tout à fait naturel et logique.
Cela n’a rien à voir avec l’esprit d’entreprise ou je ne sais quel esprit d’innovation.
Le 23/01/2018 à 20h29
Je suis d’accord avec toi. La sous location airbnb ça existe, c’est formellement interdit et je la condamne. Cependant, on ne peut considérer les locations airbnb comme des bails (baux) classiques. Dans une zone tendue et très touristique, l’appât du gain est clairement en train d’empêcher les gens de ce loger.
Le 23/01/2018 à 20h38
Le 23/01/2018 à 21h14
En tout cas les bon vieux commentaires de gaucho assistés de ce topic me font bien rire.
Le 23/01/2018 à 21h55
Owwwiiiii, la France est remplie de gauchistes assistés. N’hésite surtout pas à la quitter pour un autre pays plus en phase avec ton formidable sens de l’entreprenaria ultra libéral. Maintenant, arrête de couiner, tu a une course Uber qui vient d’arriver sur ton smartphone.
Le 24/01/2018 à 01h40
Le 24/01/2018 à 08h54
Le 24/01/2018 à 09h06
Le monde se divise en 2 catégories :
1 - Ceux qui trouvent que le pays dans lequel ils vivent n’est pas forcément pire que les autres et qui y restent…
2 - Ceux qui sont persuadés que le pays dans lequel ils vivent est le pire de tous mais qui y restent quand même parce que… Ben parce que… " />
Je vous laisse juger laquelle de ces 2 catégories est la plus cohérente… " />
Le 24/01/2018 à 09h12
Le 24/01/2018 à 10h02
Dénoncer? ouais peut-être mais comme l’a expliqué le flic du commissariat quand on est venu porter plainte pour plusieurs vols dans le Parking du sous-sol:
Vous avez du AirBnB donc vos codes, vos clés et les copies de Vigic sont dans la nature, que voulez vous qu’on fasse ?On a droit à ça tous les jours.De plus bien sûr c’est honteux que la CAF subventionne du AirBnB mais si vous cherchez un AirBnB vous constaterez que la moitié des offres sont dans les HLM, donc tant qu’il n’y aura pas plus de restrictions légales.. c’est foutu d’avance. ( on a regardé et c’était vrai … au moins dans le 12ème)
Je signale aussi ( pour ceux qui parlent d’identifier via la banque) qu’un voisin qui ne loue qu’épisodiquement son 2 pièces de location sur certains weekends ou semaine de vacances( donc la c’est dans l’esprit AMHO " />" />) , m’expliquait qu’il utilisait un pseudo et un compte en banque à Singapour( et la ce n’est plus dans l’esprit toujours AMHO) .
Berlin a durci en exigeant une autorisation, et Barcelone a beaucoup sévi… si on ne fait rien à Paris il n’y aura plus une seule chambre ou appartement de libre dans 2 ou 3 ans.
J’ai lu qu’ AirBnB en septembre revendiquait 65000 logements sur Paris sur toute l’année ! Combien était en sous location ? Ce serait sympa de le savoir
Le 24/01/2018 à 10h13
Le 24/01/2018 à 12h39
Le 22/01/2018 à 16h56
…Les plateformes de type Airbnb « ne sont pas obligées de vérifier l’identité du bénéficiaire des revenus ». Résultat : « Si seul un pseudonyme est transmis à l’administration fiscale, il ne sera pas facile d’identifier les bénéficiaires des revenus ».
Euh, je suis convaincu que s’ils communiquent les données bancaires ou/et l’adresse du bien… ces données ne seront jamais fausses. Le recoupement sera possible alors.
Le 22/01/2018 à 20h08
Ca parle de reguler alors qu on comprend tres vite que le but est de taxer massivement.
Le 22/01/2018 à 21h14
Il s’agit juste de mettre au niveau les obligations (dont les taxes) des utilisateurs des plateformes de celles des professionnels. Il ne s’agit pas seulement de taxer, mais d’éviter une concurrence déloyale entre les loueurs d’airbnb et les hôtels et autres professionnels.
Le 23/01/2018 à 01h28
Le 23/01/2018 à 07h19
Le 23/01/2018 à 07h49
Le 23/01/2018 à 09h00
Le 23/01/2018 à 09h12
Non le but en France est de taxer toute source de revenu (ou au moins la plupart) afin de financer avec les institutions publiques. Sans cela le système publique s’effondre et c’est l’anarchie, car alors avec quel argent va tu payer les forces de l’ordre, ou mieux la sécurité sociale ?
Donc le but est clair tu as un revenu quelconque tu es taxé en fonction de celui-ci. Jusqu’ici certains y échappaient on essaye donc que ce ne soit plus le cas (ou moins le cas).
Le 23/01/2018 à 09h27
Ah tiens, je l’attendais le mec qui allait nous dire qu’il faut payer les routes et les écoles, et les hopitaux, t’as oublié les hopitaux.
Cette blague est pourtant vieille mais toujours aussi drôle, c’est indémodable :)
ps : la sécurité sociale je l’emmerde, j’ai besoin de personne pour vivre, au contraire de 99 % des francais manifestement. Le 1 % restant étant ceux qui essais de s’en sortir et prennent des risques.
Le 23/01/2018 à 09h33
sauf que ca permet a des gens qui n’ont pas forcement les moyens avec les hôtels, de voyager
là, ca va encore les écarter
bref, encore une fois en France, on cherche encore a étouffer un marché, ca permet aussi a des gens de recevoir un complement de revenu qui est injecté dans l’economie …. mais non, on prefere la bonne vieille taxe pour recuperer le pognon et qui ne fabrique pas de l’emploi.
on a vraiment une economie sous perf en France
Le 23/01/2018 à 09h38
Comme tu le précises le système est fait pour 99% des français ce qui je trouve n’est pas un si mauvais ratio…
Les 1% restant peuvent aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte ou alors accepter le système et jouer avec dans ses règles.
Le 23/01/2018 à 10h15
ps : la sécurité sociale je l’emmerde, j’ai besoin de personne pour vivre…
ah oui….j’espère que “tu as mis de côté”* les 20 000 Euros que coûte à la Sécu.
la greffe d’un rein ? (en Chine c’est 50 000 E.)
“la Solidarité” ?
..pas besoin ! " />
* économisé
Le 23/01/2018 à 10h18
Le 23/01/2018 à 11h38