En 2017, l’Afnic a révélé l’identité de plus de 400 titulaires de « .fr »
Champion de France de Qui Est-Ce ?
Le 22 février 2018 à 14h08
4 min
Internet
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L'association française responsable de l'extension « .fr » nous livre les statistiques de levées d'anonymat pour les particuliers titulaires d'un nom de domaine. Sur 469 demandes, 416 ont été acceptées l'an dernier. Une donnée importante, en plein débat sur le respect de la vie privée par l'annuaire de certaines extensions.
Depuis novembre, l'ICANN, l'organisme responsable des ressources mondiales d'Internet (adresses IP, numéros de réseaux, noms de domaine...), est parcouru d'un vaste débat. L'annuaire des nombreux noms de domaine à extension générique (comme le « .com » ou le « .net ») affiche par défaut toutes les coordonnées du titulaire. Une obligation que les autorités européennes de protection de la vie privée goûtent peu (voir notre analyse).
Une réforme du « whois » de ces noms de domaine est donc programmée. Au sein de l'ICANN, l'opposition est pour partie représentée par les forces de l'ordre, qui craignent de perdre une mine d'informations en libre service. Cette peur est-elle justifiée ? Pour y répondre, l'Afnic nous a fourni des statistiques sur les levées d'anonymat du « .fr » et du « .re » (La Réunion), dont les données sont masquées par défaut pour les particuliers.
469 demandes de levées d'anonymat l'an dernier
Depuis juin 2006, l'association qui gère le « .fr » permet aux particuliers de détenir un nom de domaine avec l'extension franco-française. L'anonymat par défaut est la règle depuis cette époque, avec possibilité de demander l'identité d'un titulaire par formulaire. Le « .fr » est-il donc une zone de non-droit numérique ? Les chiffres de ces trois dernières années permettent d'en douter.
L'association a donc reçu 390 demandes en 2015, 416 en 2016 et 469 en 2017, sur plus de trois millions de noms de domaine. Elles « concernent essentiellement du « .fr. » Une demande sur un « .re » (La Réunion) en 2015, deux en 2016 et trois en 2017 » nous précise Pierre Bonis, directeur général de l'Afnic. En 2015, 81 % des demandes ont émané d'ayants droit (des personnes physiques ou morales) et 19 % d'autorités administratives. En 2016 et 2017, ces parts sont passées à 85 % et 15 %.
L'immense majorité des demandes d'identification de titulaires de noms de domaine envoyées à l'Afnic ne proviennent pas de l'État lui-même, mais de particuliers en cas d'usurpation d'identité ou de professionnels pour de la contrefaçon, entre autres motifs. L'Afnic n'est pas en mesure de fournir simplement des données plus précises, que ce soit sur les catégories exactes de demandeurs, les raisons des refus ou l'explosion des « autres » motifs de non-délivrance en 2016.
La rapide progression du nombre de demandes, chaque année, masque une grande disparité dans les réponses. Pour 2015, 80 % des demandes ont reçu une réponse positive, contre 70 % en 2016 et 89 % en 2017. À côté des refus net, les « autres » cas recouvrent l'absence de retour de justificatifs ou des données déjà publiques.
Dans tous les cas, l'Afnic assure répondre en moins de 48 heures : 1,58 jour en 2015, 1,7 jour en 2016 et 1,48 jour en 2017.
Un débat qui court depuis plusieurs mois
Dans une lettre datée de décembre, les CNIL européennes enjoignent l'ICANN à revoir le « whois » des noms de domaine à extension générique, pour le rendre compatible avec le futur Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui s'appliquera le 25 mai (voir notre dossier).
À la mi-janvier, ce sont trois commissaires européens qui ont réclamé une réforme du fameux « whois ». Ils félicitent l'organisme mondial pour ses trois propositions de modèles temporaires, dont l'un sera appliqué en urgence d'ici le 25 mai. Comme nous l'expliquions, ils consistent à masquer certaines coordonnées, qui ne seront disponibles que sur demande (motivées plus ou moins sérieusement).
Début février, la Commission a posé ses conditions pour cette réforme, passant au crible chaque proposition (voir notre analyse). Elle s'inquiète à la fois d'un modèle où les informations seraient fournies à tout demandeur auto-certifié (avec le risque d'un engorgement) et d'un modèle où seule la justice permettrait d'accéder au contenu de l'annuaire (via une assignation ou un ordre judiciaire valide). Pour la DGConnect bruxelloise, le procédé serait inexploitable pour des enquêtes.
Pour leur part, les États-Unis s'alarment de tout changement drastique du « whois ». Selon le département du Commerce, cet annuaire public est nécessaire aux forces de l'ordre dans leur travail. Un argument que Pierre Bonis de l'Afnic avait battu en brèche dans nos colonnes.
Rappelons aussi que l'ICANN a déterminé que la grande majorité des informations déclarées dans le « whois » public sont falsifiées, ce qui limite leur intérêt pour la recherche.
En 2017, l’Afnic a révélé l’identité de plus de 400 titulaires de « .fr »
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469 demandes de levées d'anonymat l'an dernier
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Un débat qui court depuis plusieurs mois
Commentaires (7)
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Abonnez-vousLe 22/02/2018 à 15h43
Je me demandais justement l’autre jour, si mon nom de domaine fait l’objet d’une demande de levée d’anonymat, je suis prévenu ?
Le 22/02/2018 à 16h14
On a la liste des domaines contrôlés ?
Le 22/02/2018 à 17h23
@raphmar
Mais bien sûr qu’ils vont vous prévenir… en rêve ! Sauf erreur de ma part, les administrations ont maintenant le droit de faire des demandes de levée d’anonymat sans même passer par un juge, d’où peut-être l’explosion des demandes ?
N’oubliez pas que vous vivez dans une dictature née avec la loi Urvoas, où il suffit de médiatiser un crétin pour en faire un roi, et où ceux qui osent dire les vérités aux français, comme le fait l’UPR depuis 10 ans, sont interdits de grands médias, malgré 0,92% de votants (soit quand même 330000 français)…
Bref, si vous faites des activités “sensibles” qui s’opposent aux enfoirés de service et à leurs mafias respectives, pas la peine d’ouvrir un .FR ou un .RE - c’est juste du bon sens…
Le 23/02/2018 à 06h20
L’association a donc reçu 390 demandes en 2015, 416 en 2016 et 469 en 2017, sur plus de trois millions de noms de domaine.
Les “390”, “416” et “469” demandes semblent se rapporter aux seuls particuliers, alors que les “trois millions de noms de domaine” semblent couvrir tous les cas, dont particuliers et personnes morales. Or, dans le cas des domaines gérés par l’AFNIC, les personnes morales voient leurs données accessibles publiquement dans le WHOIS.
Du coup… je suis perdu… il y a combien de domaines gérés par l’AFNIC au nom des seuls particuliers susceptibles de concerner la levée de l’anonymat ?
Le 23/02/2018 à 09h06
Le 23/02/2018 à 09h10
Le 26/02/2018 à 09h05