Connexion
Abonnez-vous

Couverture mobile : l’Arcep précise les obligations des opérateurs à compter de 2021

Mu-mu-mutus !

Couverture mobile : l'Arcep précise les obligations des opérateurs à compter de 2021

Le 09 avril 2018 à 14h30

L'autorité des télécoms a publié sa future décision entérinant les engagements de couverture des opérateurs mobiles. En obtenant des licences sur trois bandes de fréquences, ils se voient notamment tenus de mieux traiter les zones rurales, en échange de quelques concessions de l'État.

Il y a quelques jours, l'Arcep a mis en consultation publique son plan pour réattribuer certaines fréquences mobiles entre 2021 et 2024. Les bandes 900 MHz, 1 800 MHz et 2,1 GHz sont remises en jeu pour dix ans, après la signature d'un accord prétendu « historique » entre le gouvernement et les opérateurs à la mi-janvier (voir notre analyse). Coûteuses, ces licences sont les autorisations à la base des réseaux mobiles actuels.

Le nouveau mot d'ordre de l'État est simple : l'aménagement numérique du territoire. Il bascule d'une couverture de la population à une couverture du territoire, réclamée à cors et à cris par de nombreux élus. Pour obtenir le consentement des opérateurs, le gouvernement renonce à une remise aux enchères franche des fréquences. L'exécutif troque l'augmentation des prix contre des garanties de couverture, écrites dans les futures licences mobiles.

Les acteurs ont jusqu'au 18 mai pour répondre. La décision devrait être adoptée en juin, et les licences réattribuées au quatrième trimestre. Pour une concrétisation dans trois ans, au mieux. Des licences en cours sont aussi censées être réécrites en juin, pour inclure des engagements officialisés dans l'accord du 14 janvier. Plus que l'aménagement du territoire, les prochaines réattributions de fréquences doivent aussi rééquilibrer les fréquences entre opérateurs, qui pourront tous disposer d'un morceau des trois bandes en jeu.

2 000 nouveaux sites mobiles à mutualiser

La décision de l'Arcep concrétise les engagements des opérateurs, jusqu'ici décrits dans un document technique daté de janvier. Il n'apporte toujours pas les détails locaux demandés par des associations de collectivités locales depuis la mi-janvier.

Les principaux détails viennent sur le calendrier des attributions. Dès le 25 mars 2021, 20 MHz en 900 MHz et 40 MHz dans les 1 800 MHz seront attribués. Les 2,1 GHz seront ensuite distribués, via 29,6 MHz à partir du 21 août 2021 et 14,8 MHz à partir du 12 décembre 2022. Enfin, à compter du 9 décembre 2024, 9,8 MHz dans les 900 MHz et 14,8 MHz dans les 1 800 MHz. Le tout en canaux duplex, servant à la fois à l'envoi et à la réception des informations.

Les futures licences mobiles portent donc de nouvelles obligations. La première est d'amener la 4G presque partout en 2020. Les sites en zones blanches devront être servis à 75 % à cette date, puis entièrement à la fin 2022. Notons d'ailleurs que l'observatoire de la couverture des zones peu denses, tenu par l'Arcep, n'a pas été mis à jour depuis la mi-septembre. Dommage pour la seule source fiable sur le sujet.

Les opérateurs titulaires des futures licences devront aussi garantir une couverture en intérieur, pour atteindre une bonne qualité voix et SMS au sens de l'Arcep.

Ils s'engagent aussi à monter 5 000 nouveaux sites mobiles, dont 2 000 devront être mutualisés dans les zones rurales, selon le projet de décision. Ce taux de mutualisation est l'une des raisons des mois de négociations houleuses (voir notre analyse). Orange et SFR, qui détiennent les réseaux les plus étendus, ont bataillé pour réduire autant que possible ce nombre, au contraire de Free, qui se voyait s'appuyer sur les réseaux concurrents dans les zones les plus coûteuses à traiter.

La répartition de ces 5 000 sites sera décidée par « le ministre chargé des communications électroniques après consultation des représentants des collectivités territoriales et à partir d’informations fournies par l’Arcep après concertation des opérateurs ». Une logique qui semble avoir pour principal but d'éviter des critiques publiques du dispositif par des acteurs mis de côté.

Une fois une zone attribuée, chaque opérateur a environ 24 mois pour la couvrir. La période est raccourcie à 12 mois si les collectivités concernées fournissent le terrain, certains équipements nécessaires et une autorisation d'urbanisme (le Graal des opérateurs). Pour mémoire, Bouygues Telecom, Orange et SFR disposent de plus de 14 000 sites 4G, contre 10 000 pour Free Mobile.

Des obligations spécifiques pour certaines fréquences

Les trois bandes remises au pot comportent chacune leurs requis propres. Les 900 MHz imposent d'améliorer la couverture voix et SMS partout ; les fréquences sous 1 GHz sont dites « en or », pour leur portée et leur capacité à pénétrer les bâtiments.

Les opérateurs disposant de fréquences 800 MHz s'engageront à couvrir 99,6 % de la population trois ans après l'attribution des fréquences et 99,8 % sept ans après.  Ceux n'ayant ces fréquences 800 MHz (c'est-à-dire Free Mobile) se contenteront de 99,6 % avant la fin 2029. Notons qu'il est ici bien question de population (donc d'habitations) et non en territoire.

Les futurs titulaires de fréquences dans les 1 800 MHz sont amenés à traiter les principaux axes de transport, ainsi que les « trains du quotidien », soit les réseaux ferrés régionaux.

Enfin, les candidats aux 2,1 GHz peuvent améliorer leur dossier en choisissant des engagements supplémentaires. D'un côté, sur la couverture à l'intérieur des bâtiments. De l'autre, sur la création d'offres en 4G fixe, à l'image de la 4GBox de Bouygues Telecom qui compterait aujourd'hui quelques dizaines de milliers d'abonnés. Les autres candidatures passeraient au second plan, sauf si plus de quatre acteurs frappent à cette porte.

La mécanique se dévoile peu à peu

Comme promis en janvier, la décision de l'Arcep impose plus de transparence aux opérateurs. Ils seront tenus de maintenir une liste exploitable des stations de base ne proposant pas les services demandés, « pour cause de maintenance ou de panne ».

Face à ces engagements, les contreparties de l'État baignent encore dans le flou. À la mi-février, avec Contexte, nous avons saisi la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA) pour obtenir le contenu concret de ce contrat si durement négocié, et les projections financières de l'Arcep qui lui ont permis de claironner que l'accord du 14 janvier mène à d'importantes économies pour l'État. Sans succès pour le moment.

Si le plafonnement du coût des licences mobiles est acté, tout comme celui de l'IFER, l'impôt local sur les équipements de réseaux (les antennes), le reste est encore peu connu. Des facilités d'urbanisme sont inscrites dans le projet de loi Elan, mais elles restent à concrétiser. Les opérateurs sont, aujourd'hui, bien plus concrètement engagés que le gouvernement.

Notons que le nouveau tour d'attributions de licences mobiles doit profiter à la concurrence, selon les souhaits de l'Arcep. Celle-ci se voit rééquilibrer le spectre, surtout sur « les bandes 900 et 2 100 MHz, dans lesquelles les opérateurs Orange, SFR et Bouygues Telecom ont aujourd'hui 2 à 3 fois plus de fréquences que Free Mobile ».

Commentaires (12)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar

La période est raccourcie à 12 mois si les collectivités concernées fournissent le terrain, certains équipements nécessaires et une autorisation d’urbanisme (le Graal des opérateurs).

Et tout ça gratuitement ?

votre avatar

Les licences sont valide combien de temps ? Les opérateurs devront repasser a la caisse dans quelques années ou c’est acquis indéfiniment ?

votre avatar

En l’état actuel du projet, il semble que ces licences soient valables 10 ans (selon le cas: jusqu’en 2031, 2032 ou 2034), sans surcoût, à imposition constante (pas d’augmentation de l’IFER). Ceci en échange d’engagements de couverture entre autres.

votre avatar

Merci pour cet article. Il serait intéressant que @NXI redac nous fasse un topo sur les difficultés des déploiements des opérateurs. Entre les recours de riverains, les différentes procédures, les pylones d’état non livré et le tout en fonction du temps.

Je pense qu’on apprendrait beaucoup de chose.

Vous pensez pas?

votre avatar

Sait-on combien il faudrait de sites à un opérateur (ayant toutes les fréquences nécessaires) pour couvrir correctement, disons 99% des voies de circulation françaises ?

 

Ce genre d’information serait très intéressant pour se rendre compte du réel niveau de couverture utile actuel d’un service dont l’intérêt est avant tout d’être mobile, et du travail restant à accomplir.



Selon monreseaumobile.fr, Orange, qui a tout de même plus de 22 000 sites 3G actifs, ne couvre par exemple que 71% du réseau routier en internet mobile selon les critères utilisés.

On peut donc vraiment s’interroger sur le nombre de sites  nécessaires pour monter à 99% : 40 000 ? Peut-être plus encore ?

votre avatar

D’accord merci. Je trouve cela bien, ça permet de rééquilibrer les besoin des opérateurs tout les 10 ans.

votre avatar







Optrolight a écrit :



Merci pour cet article. Il serait intéressant que @NXI redac nous fasse un topo sur les difficultés des déploiements des opérateurs. Entre les recours de riverains, les différentes procédures, les pylones d’état non livré et le tout en fonction du temps.

Je pense qu’on apprendrait beaucoup de chose.

Vous pensez pas?









Franchement ça serait bien trop complexe et rébarbatif surtout si l’on ajoute la longue liste de coup tordue des opérateurs entre eux, avec Orange qui surfacture illégalement le raccordement des liens optique sur les antennes de free, ou encore sfr qui bloque l’accès a ses pylônes alors qu’il a le devoir de laisser s’y installer free…tout ça fini par trouver des solutions….au tribunal administratif mais que de temps et d’argent dépensé au détriment de la libre concurrence, et donc du consommateur…


votre avatar

Là on parle des obligations en matière de mobile, mais qu’en est-il des obligations de présences sur la fibre?



Plus précisément, est-il complètement utopique que l’état mette des obligations de présence sur la fibre des Réseaux d’Initiative Publique (RIP) en contrepartie des licences mobiles?



Et, question connexe, les zones peu denses équipées de fibre de RIP seront-elles définitivement privées d’Orange, Free, Bouygues et SFR, même quand l’entreprise concessionnaire du RIP à passé des accord avec ces mêmes opérateurs et que ces derniers sont présent en zones denses?

votre avatar







Fennec72 a écrit :



Et, question connexe, les zones peu denses équipées de fibre de RIP seront-elles définitivement privées d’Orange, Free, Bouygues et SFR, même quand l’entreprise concessionnaire du RIP à passé des accord avec ces mêmes opérateurs et que ces derniers sont présent en zones denses?





Aux dernières nouvelles, la situation se décante entre les opérateurs de RIP et les 4 opérateurs/FAI nationaux, comme par exemple dans le département de la Mayenne (Freebox sur le RIP exploité en délégation de service public par Laval THD/Orange).







Fennec72 a écrit :



Là on parle des obligations en matière de mobile, mais qu’en est-il des obligations de présences sur la fibre?



Plus précisément, est-il complètement utopique que l’état mette des obligations de présence sur la fibre des Réseaux d’Initiative Publique (RIP) en contrepartie des licences mobiles?





Il n’y a pas d’obligations de couverture concernant la fibre optique jusqu’à l’habitant, ce sont les opérateurs privés nationaux qui déterminent les zones qu’ils souhaitent couvrir. La raison d’être des RIP (réseaux d’initiative publique) est de couvrir les zones désertées par les opérateurs nationaux, tout FAI (fournisseur d’accès à internet) étant en droit d’obtenir l’accès à ces réseaux locaux fibrés. Ce qui n’empêche pas les problèmes d’accords commerciaux et les dissonances techniques entre les FAI et les RIP ; problèmes qui ont l’air de s’estomper progressivement depuis près d’un an.


votre avatar

Merci pour ces précisions.



Pour prendre le problème sous un autre angle :

Même si les grands FAI nationaux pensent que venir dans les zones peu denses n’est pas rentable pour eux, ne peut-on pas considérer que les habitants des zones peu denses sont victimes d’une double peine de qualité de service et tarifaire ?

Quand on est abonné chez le même opérateur en box et en mobile, on a souvent des avantages tarifaires et de services que l’on perd si l’on s’abonne à l’un des petits FAI fibre bas de gamme, seuls FAI dans les zones peu denses.

 

Pour prendre l’exemple avec Free :

Avec un abonnement freebox révolution, j’ai accès aux avantages suivants :





  •  Accès à FreeWifi à beaucoup d’endroits où il n’y a pas de 4G et de hot-spots wifi.

  • Un support client compétent qui ne vous parle pas comme à un benêt et qui tient compte de votre expérience passée avec la freebox.

  • Des remplacements de matériel totalement gratuits.

  • Tarifs moins chers pour free mobile

  • 4G+ illimité au lieu de 4G bridée au-delà de 100 Go



    Avec les petits FAI alternatifs, qui ne proposent pas de forfait mobile, le tarif est forcément plus cher et l’on n’a aucune idée de la qualité du service.

votre avatar

La fibre pourrait être un moteur de développement économique des zones peu denses ce qui rendrait sans doute rentable l’arrivée des grand FAI nationaux dans dans ces zones:





  • Dans les zones peu denses, des millions de Français sont à plus d’une heure de transport de leur lieu de travail.

  • L’immobilier de bureau coutant de plus en plus cher dans les grande villes, l’arrivée de la fibre peu devenir rentable par le développement du télétravail et la “délocalisation” des bureaux vers ces zones peu dense.



votre avatar

Ce sont des arguments qui rationnels, qui parlent à l’État. Les opérateurs privés, en revanche, n’en ont rien à cirer. Ils vont là où c’est le plus rentable. C’est tout le problème de confier les infrastructures ayant une influence majeure sur le modèle économique du pays à des opérateurs privés. C’est cependant le choix fait par la France (et par ricochet par l’UE) et il va falloir faire avec. On bouchera les trous ronds du THD avec des niches fiscales carrées et ça ira bien…

Couverture mobile : l’Arcep précise les obligations des opérateurs à compter de 2021

  • 2 000 nouveaux sites mobiles à mutualiser

  • Des obligations spécifiques pour certaines fréquences

  • La mécanique se dévoile peu à peu

Fermer