Doctrine.fr lève 10 millions d’euros auprès d’Otium Venture et Xavier Niel
De l'IA et des liens
Le 29 juin 2018 à 07h03
4 min
Droit
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Doctrine.fr, qui ambitionne toujours de devenir le Google du droit, annonce ce matin la levée de 10 millions d’euros. Otium Venture et Xavier Niel sont à nouveau de la partie, après avoir participé à un premier tour de table en octobre dernier.
Le moteur de recherche juridique spécialisé dans l’indexation et la fouille des décisions de justice veut franchir une nouvelle étape. Lancé en février 2016, la jeune pousse française réalisait six mois plus tard une première levée de fonds de deux millions d'euros auprès d’Otium Venture, Kima Ventures (Xavier Niel), TheFamily (Save, CaptainTrain, Algolia), Oleg Tscheltzoff (Fotolia), Florian Douetteau (Dataiku) et Thibault Viort (Wipolo, Cityvox).
Elle récidive aujourd'hui en multipliant cette somme par cinq auprès d’Otium Venture et Xavier Niel, soit un total de 12 millions d’euros en dix-huit mois. Le site affiche désormais une croissance de 20 % et assure compter plus de 1 000 organisations dans son sillage, essentiellement des cabinets d’avocats et des entreprises .
« Cartographier le génome juridique »
Pourquoi cet argent frais ? D’une part pour attirer des profils, en particulier des data scientists. « Nous essayons de cartographier le génome juridique, c’est une opération complexe » concède Nicolas Bustamante, cofondateur de l’entreprise.
D’autre part, pour investir massivement dans la relation clients. « Nous avons plus de 1 000 organisations clients, nous souhaitons de multiplier ce chiffre par 10 d’ici la fin 2019, en nous renforçant sur nos segments, les avocats individuels et les directions juridiques. »
Deux grosses contraintes dans cette envolée. L’une organisationnelle : « Nous allons recruter six personnes par mois. En 2019, nous comptons doubler nos effectifs avec une centaine de recrutements, des juristes et mathématiciens. Tout l’enjeu est de reproduire à l’échelle ce que nous avons fait jusqu’alors, à savoir enseigner aux uns les technologies, aux autres le droit. »
L'autre, externe cette fois, à savoir « l’attente de la publication des décrets sur l’open data des décisions de justice sur lesquels l’industrie est un peu dans le flou ». Un chantier qui prendra plusieurs années, pour aboutir autour de 2025.
La bouée de l'intelligence artificielle
Doctrine.fr se retrouve néanmoins face à des mastodontes, comme Dalloz et LexisNexis. « L’émulation par la technologie bouscule les idées préconçues et pousse à se moderniser. Nous avons développé un secteur où des acteurs n’étaient pas présents. De plus, nous ne faisons pas le même métier face aux spécialistes de l’édition. Notre spécialité est l’information juridique, l’intelligence artificielle et l’indexation des décisions. Les angles ne sont pas tout à fait comparables. »
Sur l'intelligence artificielle, assure Nicolas Bustamante, « il faut aujourd'hui des algorithmes puissants pour trier les normes. Il est impossible de lire le Journal officiel de A à Z. Nous scannons en conséquence ce document en permanence, afin de pouvoir ensuite recommander des décrets ou des lois en lien avec la recherche. »
L’étape d’après est déjà tracée : un travail d’analyse sur les amendements français ou européens. « En 2019, nous envisageons en effet de remonter la chaîne pour nous situer au niveau des travaux parlementaires (…) Notre ambition est que le droit soit plus compréhensible. Sans ces outils, sans intelligence artificielle, on est noyé. »
Autre idée dans les cartons, l’export de cette solution à l’étranger. « Cela fait partie de nos projets, mais il reste tellement de choses à faire sur le droit français pour le moment avant de répliquer le modèle en Allemagne, Italie ou au Royaume-Uni ».
Doctrine.fr lève 10 millions d’euros auprès d’Otium Venture et Xavier Niel
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La bouée de l'intelligence artificielle
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 29/06/2018 à 08h16
Ce site est tout bonnement excellent. J’ai fait partie des testeurs et déjà à ses débuts c’était un outil de très bonne qualité. Le prix est un peu élevé pour des individuels je trouve, voila le seul défaut. On peut se passer (dans la douleur certes) de Doctrine, difficile de passer outre le JurisClasseur.
Le 29/06/2018 à 08h24
Wow, c’est cool de vous engager sur le terrains des startups, mais si vous faites une news a chaque levée vous avez pas fini " />
Le 29/06/2018 à 09h25
Le 29/06/2018 à 09h36
Coucou Legifrance !
Next INpact
On pourra comparer les deux évolutions fin 2019. L’un des deux sera peut-être sorti de la phase de réflexion… Au bout de 4 ans… " />
Le 29/06/2018 à 10h06
Je me souviens des premiers articles sur Doctrine sur Next Inpact qui parlaient d’un outil majeur pour une révolution démocratique car gratuit !
C’est devenu un bête site payant comme tous les autres sites juridiques. Bravo Doctrine…
Le 29/06/2018 à 11h16
Ca ne m’étonne guère, il doit y avoir masse de travail sur le domaine du droit.
Faut bien rembourser les emprunts.
Le 29/06/2018 à 11h17
gratuit avec un peu de pubs “gentilles” et ca serait cool …
Le tarif est carrément pas donné ! 129 ou 159 euro HORS TAXES !
Le 29/06/2018 à 11h52
On salue aussi leur combo cybersquat + la-faute-au-stagiaire Le Monde
Le 29/06/2018 à 12h11
Magnifique combo, merci de le mentionner ! Dommage que NXI ne relève pas l’information, qui est pourtant capitale (sans jeu de mots). Même Maddyness en parle (certes avec un titre plus biaisé que l’article) :https://www.maddyness.com/2018/06/29/levee-de-fonds-levee-de-bouclier-doctrine/
@Jarodd
Il ne faudrait pas confondre. Légifrance est un outil qui a vocation à rendre le droit accessible à tous sur la base du service public, qui plus est devant faire face à des réductions de budget (la DILA n’a pas les poches aussi profondes que Doctrine). Doctrine vient chasser sur les terres de Dalloz, Lexis-Nexis et autres, et, s’ils aimeraient sans doute privatiser Légifrance, il ne faut pas voir autre chose dans Doctrine qu’un acteur commercial ne se préoccupant pas des enjeux démocratiques.
Le 29/06/2018 à 12h20
C’est surtout pas le même contenu.
Le rôle de Légifrance c’est surtout de publier les textes législatifs et règlementaires français. La doctrine et la jurisprudence ne sont pas de leur ressort.
Le 29/06/2018 à 12h35
Non, Légifrance a également pour rôle de publier les jurisprudences constitutionnelle, administrative et judiciaire, qui sont bien présentes sur Légifrance.
Pour mémoire, Doctrine.fr non plus n’a pas de doctrine à proprement parler (au sens universitaires écrivant pour ses services).
Le 29/06/2018 à 20h38
Ha les data-scientist, furtif animal mythique et magique. Je l’ai envie.
Le 29/06/2018 à 21h07
Le 30/06/2018 à 07h11
Le 30/06/2018 à 10h00
Le 30/06/2018 à 21h49
Les fils de pute….
Effectivement, ça explique mieux le nombre de décisions proposées par doctrine.
Le 02/07/2018 à 12h51
Les meutres ne sont ‘heureusement’ pas du tout l’activité principale des juristes.
On peut imaginer des pubs tinder sur les recherches concernant les divorces :)