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Pour la Cour de cassation, les propos tenus sur un groupe Facebook de 14 membres sont privés

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Pour la Cour de cassation, les propos tenus sur un groupe Facebook de 14 membres sont privés

Le 25 septembre 2018 à 13h42

Au travers d’un arrêt rendu le 12 septembre dernier, la Cour de cassation a confirmé que le licenciement d’une salariée suite à des injures sur un groupe Facebook « fermé » était abusif. Quatorze personnes échangeant sur cet espace, les juges ont estimé qu’il s’apparentait à une conversation privée.

À partir de quand des messages diffusés sur Internet doivent-ils être considérés comme « publics » ? En avril 2013, la Cour de cassation avait apporté un important élément de réponse à cette question. La haute juridiction avait en effet estimé que des injures proférées sur Facebook mais accessibles « aux seules personnes agréées » par le titulaire du compte en question, « en nombre très restreint », appartenaient à la sphère privée.

Les magistrats s’étaient toutefois bien gardés de préciser ce « nombre très restreint » d’amis Facebook à ne pas dépasser pour éviter des sanctions accrues...

Le groupe « Extermination des directrices chieuses » et ses 14 membres

Comme on pouvait s’y attendre, ce sujet est revenu il y a peu jusque devant la Cour de cassation. Le 12 septembre, l’institution s’est en effet prononcée sur le pourvoi d’une entreprise, condamnée en 2015 pour licenciement abusif.

La salariée, embauchée en 2004 en tant que négociatrice immobilière, avait été mise à la porte cinq ans plus tard. Il lui était notamment reproché d’avoir « tenu [et] échangé des propos injurieux accompagnés de menaces sur Facebook ». Un huissier avait ainsi pu constater que la salariée avait adhéré à un groupe Facebook intitulé « Extermination des directrices chieuses », sur lequel elle avait « proféré des propos injurieux et offensant à l'égard de son employeur ».

Une faute grave aux yeux de l’employeur (au sens où celle-ci rend impossible le maintien de la personne mise en cause dans l’entreprise).

La cour d’appel de Paris applique l’arrêt de principe de la Cour de cassation

En 2015, la cour d’appel de Paris avait toutefois rappelé à l’employeur que « la seule existence de propos injurieux et calomnieux sur le réseau social ne suffit pas, en elle-même, à justifier le licenciement d'un salarié ». Il incombe en ce sens à l’entreprise « de démontrer le caractère public des correspondances litigieuses ».

Dans cette affaire, les juges avaient de ce fait estimé que les propos litigieux étaient « d'ordre privé », « dans la mesure où les termes employés n'étaient accessibles qu'à des personnes agréées par le titulaire du compte et fort peu nombreuses, à savoir un groupe fermé composé de 14 personnes ». Conclusion : les messages de la salariée « relevaient d'une conversation de nature privée et ne sauraient pour cette raison constituer un motif de licenciement ».

L’employeur a dès lors tenté de faire invalider cette interprétation du droit auprès de la Cour de cassation. En vain :

« Après avoir constaté que les propos litigieux avaient été diffusés sur le compte ouvert par la salariée sur le site Facebook et qu'ils n'avaient été accessibles qu'à des personnes agréées par cette dernière et peu nombreuses, à savoir un groupe fermé composé de quatorze personnes, de sorte qu'ils relevaient d'une conversation de nature privée, la cour d'appel a pu retenir que ces propos ne caractérisaient pas une faute grave », retient la haute juridiction.

Pour la Cour de cassation, la cour d’appel de Paris a « lu » correctement son arrêt d’avril 2013. Et en a librement tiré comme conclusion, à partir des éléments du dossier, que le licenciement litigieux était dépourvu de « cause réelle et sérieuse ». L’employeur sera donc tenu de verser à ce titre différentes indemnités à son ex-salariée (pour licenciement abusif, pour compensation de préavis, etc.).

Une jurisprudence à parfaire

Ce nouvel arrêt de la haute juridiction devrait désormais faire jurisprudence pour de nombreuses affaires impliquant des propos fleuris sur Internet. En matière d’injures notamment, la différence est de taille : l’injure publique est passible d’une amende de 12 000 euros, tandis qu’en cas d’injure non publique, une contravention de 38 euros est de mise.

Il faudra toutefois attendre de nouveaux recours pour savoir quel pourrait être le nombre maximum d’amis Facebook à ne pas dépasser pour pouvoir prétendre aux protections traditionnellement associées aux conversations privées.  

Commentaires (15)

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Cela fait plusieurs arrêts pour lesquels la décision me semble fondée et presque evidente. Vu que la CC semble fonctionner, vite une loi pour civiliser Internet et casser cette jurisprudence !



Ça n’enlève pas que les gens se croient en privé sur fb et c’est jamais le cas. 14 personnes ds ce groupe, dont un judas je crois, sinon comment l’employeur en eu vent ?

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Cela semble logique : tu ne peux pas être licencié si tu réunis 14 personnes chez toi et que tu tiens des propos injurieux sur ton boss.

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Voilà une décision cohérente, il s’attendait à quoi l’employeur franchement ? <img data-src=" />



En plus, autant c’est effectivement risqué (pour ne pas dire débile) de se défouler sur un outil à 95% conçu pour la diffusion de masse, autant là, entre le nom du groupe et le fait qu’il est effectivement restreint d’accès, il est évident que c’est l’équivalent d’une réunion au bistrot du coin pour se décharger en crachant toute sa bile…

(M’enfin Facebook quoi <img data-src=" />, heureusement que le gestionnaire du groupe au moins avait conscience, lui/elle, des risques potentiels)

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Effectivement je ne vois pas comment juger ce genre de cas sans passer par un débat contradictoire et l’avis d’un juge. Les multiples facettes/paramètres des réseaux sociaux et le nombre de gens concernés sont trop variables pour une réglementation stricte.



Ce n’est pas habile de tenir ces propos sur ce genre de plateforme et/ou en présence de plusieurs collègues, mais extrapoler jusqu’à considéré ça comme public ou de nature à nuire suffisamment pour une faute grave…

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Cela n’enlève pas que les gens se croient en Privé sur”Facebook”, et c’est RAREMENT le cas….



+1 ! <img data-src=" />

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octopilami a écrit :



Cela semble logique : tu ne peux pas être licencié si tu réunis 14 personnes chez toi et que tu tiens des propos injurieux sur ton boss.





Et si c’est 14 collègues réunis à la cantine aussi.

A partir de 387 personnes par contre ça commence à être public…


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Pour ce qui est des conséquences sur les procédures en matière de presse (public, non public), il va peut-être falloir une décision d’une autre formation que la Chambre sociale.



Ceci dit la décision semble logique et je ne vois pas comment une autre position pourrait être adoptée.


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“Il faudra toutefois attendre de nouveaux recours pour savoir quel pourrait être le nombre maximum d’amis Facebook ”



Il ne faut pas prendre la question du nombre comme déterminante; la Cour de cass. a toujours indiqué qu’un échange à plusieurs était public ou non si le groupe est lié par une communauté d’intérêt(s) ou non.



Par exemple des propos injurieux tenus à l’occasion d’une AG de copro sont nécessairement privés car toutes les personnes sont liées par une communauté d’intérêts. Pourtant une copro de 100 personnes ou même bien plus ce n’est pas rare.



Par conséquent, il n’y aura jamais un effet de seuil du genre à 99 c’est privé, à 100 c’est public.

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Merci pour l’info !

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octopilami a écrit :



Merci pour l’info !





Avec plaiz :)


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Vu le titre du groupe facebook, on voit clairement quelle était la communauté d’intérêt ici <img data-src=" />

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Citan666 a écrit :



Voilà une décision cohérente, il s’attendait à quoi l’employeur franchement ? <img data-src=" />





Il y a plus d’un employeur qui considère l’obligation d’obéissance et de loyauté du salarié dans leur forme la plus extensive et incluant la vie privée… Malheureusement pour eux, chez soi ou dans son petit groupe, on peut cracher sur eux et celui-là espérait sûrement y mettre un terme.


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sksbir a écrit :



Vu le titre du groupe facebook, on voit clairement quelle était la communauté d’intérêt ici <img data-src=" />





C’est un des apports (et en même temps la limite) des dernières décisions sur le sujet et notamment l’arrêt cité de 2013 qui vise le fait que les personnes étaient “agréées par le titulaire du compte ” pour retenir le caractère privé (y ajoutant, le fait qu’en outre il y a avait un très petit nombre de personnes, ce qui je pense ne doit pas être vu comme des conditions cumulatives au regard de la jurisprudence antérieure, mais simplement le constat objectif que de fait la conversation concernait peu d’individus).



L’apport est donc que le fait d’agréer expressément qui a accès ou non serait suffisant pour dire que c’est privé ou non.



Néanmoins, je pense que la chambre sociale sera obligée à un moment ou un autre d’adopter les éléments déjà définis bien avant par les civiles, à savoir que la communauté d’intérêt recouvre le fait que des personnes sont liées par une appartenance commune, des aspirations, des objectifs partagés ou des affinités amicales ou sociales réels.



A défaut, il deviendra facile de faire des groupes où n’importe qui est accepté sans contrôle véritable et s’abriter en disant tout ce qui est dit ici est privé.



C’est d’ailleurs le sens d’un arrêt précédent dans un domaine différent (5 janvier 2017 n°16-12.394), mais qui indique clairement qu’un ami Facebook n’est pas forcément l’expression d’affinités amicales réelles et donc devrait logiquement permettre de déduire, en particulière en matière de délit de presse, qu’il n’y a pas de communauté d’intérêt et que le propos est donc public.


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Fidèle à la devise INpactienne « Si tu ne sais pas, demande. Si tu sais, partage ! » <img data-src=" />

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A défaut, il deviendra facile de faire des groupes où n’importe qui est accepté sans contrôle

véritable et s’abriter en disant tout ce qui est dit ici est privé. …



c’est (un peu) ce qui est arrivé à “l’autre”*





* le rappeur insultant ! <img data-src=" /> ‘

Pour la Cour de cassation, les propos tenus sur un groupe Facebook de 14 membres sont privés

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