Le nouveau champion français de la cybersurveillance veut aider les handicapés mentaux à communiquer
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Le 06 novembre 2023 à 16h17
6 min
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Le PDG de Chapsvision a racheté ces deux dernières années une quinzaine d'entreprises françaises de (cyber)surveillance travaillant pour la police judiciaire et les services de renseignement. Il veut désormais entrer en Bourse pour que ses bénéfices financent une fondation visant à aider les « enfants qui ne parlent pas » à pouvoir communiquer.
« Novice dans l'univers de la cybersécurité », Olivier Dellenbach a réussi à lever « plus de 200 millions d'euros ces douze derniers mois, et pris le contrôle d'une quinzaine d'entreprises liées au monde du renseignement, s'imposant parmi les poids lourds de la cybersécurité », explique Challenges. « Acheter, c'est le seul moyen d'aller plus vite », explique ce vétéran de l'informatique de 62 ans et « patriote affiché ».
Entré à Polytechnique en 1981 (dans la même promotion qu'Elisabeth Borne), Olivier Dellenbach y fut désigné « chef de section de combat », une époque dont « il gardera le goût de la discipline et un certain attachement aux valeurs de l'armée », précise Challenges :
« Dans sa promotion dominée par de futurs banquiers, le jeune matheux est planqué à Cergy-Pontoise avec ceux qu'il appelle "une bande de hippies". Déjà passionné de technologie, il sèche les cours de l'école pour construire des ordinateurs. Les premiers personnels viennent d'être créés par IBM. Il veut lancer une marque française, déjà une obsession. Il présente son bébé lors d'un Salon informatique dans un stand baptisé "Par Toutatis". Tout y est : la bande dessinée, l'informatique, la France… »
À 26 ans, plutôt que de rejoindre les grands corps, comme les autres polytechniciens, Olivier Dellenbach « sent déjà que le logiciel sera l'avenir de la tech' », raconte-t-il à Challenges : « Je passais mes jours et mes nuits à écrire des programmes » :
« En 1983, il lance Nat System, un environnement de programmation destiné aux entreprises. Microsoft remarque la jeune société et devient l'un de ses premiers clients. Le jeune PDG est envoyé à Seattle pour travailler un an avec les équipes de Bill Gates. "Nous lui présentions nos produits de temps en temps, il fallait lui répondre oui à tout", se souvient-il. »
En 1998, il revend la société au canadien Cognicase pour quelques centaines de millions de francs. Malgré la bulle Internet, qui vient d'exploser, il crée une nouvelle entreprise, eFront, avec quelques anciens de Nat Systems, pour développer des logiciels d'entreprises.
En 2019, Olivier Dellenbach devient millionnaire en revendant son entreprise à BlackRock, pour 1,3 milliard de dollars : eFront emploie plus de 700 collaborateurs dans une vingtaine de pays, dénombre 850 clients dans 50 pays, et vise un chiffre d'affaires de 130 millions de dollars.
Depuis, raconte Challenges, « l'homme d'affaires passe au peigne fin tous les dossiers susceptibles d'intégrer son grand projet : des outils d'écoutes téléphoniques, des logiciels d'analyse de données en masse, des capteurs de géolocalisation de voitures… L'attirail du parfait espion qu'il espère pouvoir vendre aux services de renseignements français et européen. »
Objectif : récupérer le contrat de 40 millions d'euros de Palantir à la DGSI
Créée il y a moins de deux ans, sa société ChapsVision a depuis racheté l'éditeur de logiciels d'analyse de données Bertin IT (prestataire de la DGSE et la Direction du renseignement militaire – DRM) et sa filiale spécialisée dans la reconnaissance vocale Vecsys, le spécialiste de la géolocalisation policière Deveryware, l'éditeur de logicel d'analyse des traces téléphoniques et d'aide à la rédaction de procédures judiciaires Ockham Solutions, ainsi qu'Elektron, l'ex-leader français des écoutes téléphoniques (qui avait lui-même racheté Nexa, ex-Amesys, après la mise en examen de quatre de ses dirigeants pour complicité de torture).
Sa filiale ChapsVision CyberGov se présente aujourd'hui comme « un partenaire de confiance pour plus de 150 clients du secteur régalien au sein des ministères des Armées, de la Justice, et de l’Intérieur, mais également dans l’Énergie, les Télécom, et les Transports », mais également, à l'aune du salon MILIPOL 2023, comme l' « acteur français de référence du traitement massif de la donnée ».
L'entrepreneur chercherait en effet à récupérer ce que Challenges qualifie d' « appel d'offres de la décennie, lancé il y a plusieurs mois par les services de renseignements : un contrat à 40 millions d'euros pour remplacer le programme Gotham, produit phare de la société Palantir Technologies », que la DGSI voudrait pouvoir confier à un entrepreneur français.
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Une fortune estimée à 250 millions d'euros
« Je me suis passionné pour le régalien », explique sobrement Olivier Dellenbach, qui « aime l'idée de pouvoir monter un projet ambitieux », tout en ne se versant pas de salaire : la fortune professionnelle des époux Dellenbach est estimée à 250 millions d'euros dans le dernier classement des fortunes de Challenges, où ils figurent à la 466e position (sur 500).
Le groupe ChapsVision, dont le chiffre d'affaires devrait atteindre 180 millions d'euros en fin d'année, vise les 250 millions l'an prochain. « Je ne partirai pas à la retraite avant d'avoir fait entrer ChapsVision en Bourse », explique Olivier Dellenbach à Challenges, qui précise vouloir utiliser ses dividendes afin d'assurer des revenus permanents à la fondation philanthropique HappyCap (combinaison de Happiness et Handicap) qu'il a créée avec son épouse.
Parents d'une fille atteinte d'un handicap mental, ils l'ont en effet créée pour soutenir les enfants « qui n'ont pas accès à la parole, comme leur fille », et « former d'autres familles à la Communication Alternative et Augmentée (la CAA) », qui « cherche d'autres moyens et des solutions pour arriver à s’exprimer, à se faire entendre [...] afin que toute personne puisse s’exprimer ».
« Surveiller, mais avec le cœur »
Sur le site de la fondation, qui « porte fièrement ce message d’espoir : tout le monde peut communiquer ! », les époux Dellenbach expliquent qu'ils cherchaient depuis longtemps à « développer un projet philanthropique dans un domaine qui nous est cher, le handicap de développement mental et cognitif » :
« À la vente de notre précédente entreprise, eFront, en 2019, nous avons réfléchi à la meilleure façon d’apporter notre pierre à cet édifice. Serial entrepreneurs, nous avons immédiatement relancé deux projets : une nouvelle entreprise : ChapsVision et un projet philanthropique : HappyCap Foundation. Ces deux projets, initialement distincts, vont progressivement se rapprocher… »
Adosser une fondation permettant de communiquer avec des « enfants qui ne parlent pas » grâce à l'argent perçu par des entreprises de surveillance des télécommunications ? « L'entrepreneur n'y voit aucune contradiction », conclut Challenges :
« Nous avons mis en place une doctrine très claire sur ce point. Nous nous sommes séparés de certains clients et nous avons établi une liste noire par pays. Pas d'interception de masse, ni de logiciels d'intrusion à la Pegasus, le logiciel espion israélien qui fait scandale. Surveiller, mais avec le cœur. »
Le nouveau champion français de la cybersurveillance veut aider les handicapés mentaux à communiquer
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Objectif : récupérer le contrat de 40 millions d'euros de Palantir à la DGSI
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Une fortune estimée à 250 millions d'euros
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« Surveiller, mais avec le cœur »
Commentaires (4)
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Abonnez-vousLe 07/11/2023 à 10h25
Défiscalisation quand tu nous tiens….
Le 07/11/2023 à 15h11
classe.
Le 07/11/2023 à 18h19
Il a vraiment dit ça ? Ça me paraît gros quand même 🤔
Le 08/11/2023 à 07h55
Plus c’est gros, plus ça passe ! (Et je ne ferais pas la blague de beauf’ ! )