Loi audiovisuelle : des « codes de bonne conduite » contre les pubs pour les aliments gras ou sucrés
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Le 14 octobre 2019 à 13h57
5 min
Droit
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Le gouvernement mise sur des « codes de bonne conduite » pour réduire l’exposition des jeunes aux publicités pour les boissons et aliments trop gras, salés ou sucrés. Certains parlementaires estiment pourtant que cette approche, purement volontaire, reste insuffisante pour lutter efficacement contre l’obésité infantile.
Le succès de l’application Yuka – téléchargée par plus de dix millions de personnes – le démontre une fois de plus : les consommateurs ont envie de savoir quels produits sont bons pour leur santé, et, au contraire, ceux qu’il leur vaudrait mieux éviter (parce que trop caloriques, trop salés, avec trop d’additifs potentiellement risqués, etc.).
Alors que les enfants sont régulièrement la cible des industriels de l’agroalimentaire, le gouvernement entend limiter leur exposition aux publicités pour les produits les moins recommandés. Le futur projet de loi de réforme de l’audiovisuel, dévoilé dans nos colonnes il y a peu, prévoit ainsi que des « codes de bonne conduite » seront promus par l’Arcom, l’institution qui détiendra les pouvoirs du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la Hadopi.
Une approche déjà jugée insuffisante lors des débats sur la loi Agriculture
Selon le texte que nous nous sommes procurés, ces sortes de chartes ont vocation à « réduire efficacement » l'exposition des enfants aux publicités audiovisuelles « relatives à des denrées alimentaires ou des boissons contenant des nutriments ou des substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique (...) dont la présence en quantités excessives dans le régime alimentaire global n'est pas recommandée ».
Cela concernera notamment « les matières grasses, les acides gras trans, le sel ou sodium et les sucres ».
À tout le moins, ces spots publicitaires ne devront pas mettre en évidence « le côté positif des aspects nutritionnels de ces denrées alimentaires et boissons ».
L’Arcom, la future « Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique », aura donc pour mission d’inciter les professionnels du secteur à adopter de tels « codes de bonne conduite ». Mais rien ne les obligera cependant à jouer le jeu...
« Demander aux industriels de l’agroalimentaire d’être vertueux face à nos enfants, c’est comme demander à une dinde de voter pour les fêtes de Noël : ce n’est pas possible. Ils n’iront jamais dans notre sens » avait ainsi raillé le député Richard Ramos, en juin 2018, lors de l’examen du projet de loi Agriculture. L’élu Modem soulignait alors « qu’un enfant, s’il regarde la publicité qui lui est destinée, ingère environ 300 calories de plus par jour ».
Le gouvernement opposé à une interdiction pure et simple
Fait plutôt rare : des élus de bords très différents (des écologistes à la droite, en passant par les centristes et certains membres de la majorité), députés comme sénateurs, s’étaient mobilisés afin que les publicités pour les produits trop gras ou sucrés soient purement et simplement interdites, dès lors que les enfants de moins de seize ans en auraient été les cibles.
« Se reposer sur les engagements volontaires des industriels ou sur les responsabilités des parents face à l’éducation alimentaire de leurs enfants ne suffira pas. Ce qu’il faut, c’est réguler l’environnement des enfants » avait martelé le sénateur communiste Fabien Gay. Avant d’être rejoint par François Bonhomme (LR) : « De nombreuses études ont montré que ces engagements volontaires étaient très insuffisants, voire inopérants, pour assurer une prévention efficace de marketing ciblant les enfants pour des aliments déséquilibrés. »
Des avancées « avec modération »
Le gouvernement s’était cependant opposé à une telle réforme, à l’Assemblée comme au Sénat. « Plutôt que d’inscrire dans la loi des interdictions et des obligations qui mettraient les gens dos au mur, nous préférons inciter, en travaillant avec les acteurs de fabrication de ces produits et le CSA, lequel, en vertu de son rôle de régulateur, peut aussi faire passer un certain nombre de messages », s’était alors justifié le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert.
L’intéressé avait surtout assuré – sans avancer la moindre date – que ses services rencontreraient « très prochainement » le régulateur de l’audiovisuel afin de « faire le point et avancer ». « Nous en avons bien conscience, il faut aller plus loin », avait déclaré le ministre, évoquant la piste d’une diminution du nombre de publicités ciblant les enfants dans les créneaux horaires où ils sont susceptibles de regarder la télévision.
Certains parlementaires étaient montés au créneau avec des amendements de compromis : entrée en vigueur repoussée à 2020, introduction d’une dérogation pour certains aliments inscrits sur une liste fixée par arrêté ministériel, pris après avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, « compte tenu de leurs caractéristiques nutritionnelles », etc. Mais aucune de ces alternatives ne fut davantage retenue par les assemblées.
Force est toutefois de constater que le dossier n'a guère avancé depuis juin 2018... Si le gouvernement maintenait ces dispositions d'ici à la présentation du projet de loi audiovisuel en Conseil des ministres, la lecture de l'étude d'impact pourrait donc se révéler plutôt croustillante.
Loi audiovisuelle : des « codes de bonne conduite » contre les pubs pour les aliments gras ou sucrés
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Une approche déjà jugée insuffisante lors des débats sur la loi Agriculture
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Le gouvernement opposé à une interdiction pure et simple
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Des avancées « avec modération »
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 14/10/2019 à 14h55
Hors sujet (enfin presque) :
Je bloque sur l’application Yuka, à ma dernière utilisation c’était une simple appli avec compte obligatoire (et trackers associés) utilisant la db d’openfoodfact.
Ce alors qu’openfoodfact possède sa propre application, open source, sans compte obligatoire et libre de tout tracker.
La seule différence se fait sur une classification automatique des aliments assez bateau : trop de sel, trop de sucre (le sel de table est ainsi classé dans très mauvais…).
Bref, du vent, de la collecte de données, le tout sur le dos d’une db communautaire et libre…
Le 14/10/2019 à 16h47
« codes de bonne conduite »… Ils vont se torcher avec, comme toujours " />… tant que ça ne sera pas une obligation législative contraignante ! " />
Le 15/10/2019 à 05h34
Elle aura beau être contraignante si il y a pas de contrôle derrière, cela ne servira à rien.
Le 15/10/2019 à 08h32
C’est beau de faire autant confiance à des structures qui ont largement montré qu’on ne pouvait pas leur faire confiance. C’est beau aussi de ne pas écouter les parlementaires (pourtant issus de la volonté du peuple puisque nous sommes censément en démocratie).
Le 15/10/2019 à 10h55
Je ne suis pas très fan d’avoir encore une intervention de l’État et son côté nounou, comme si on était des enfants irresponsables à choyer (mais c’est un mouvement de fond depuis longtemps, comme avec la loi sur les piscines des particuliers).
Pas fan non plus de ces applis (Yuka et autres) qui ont des limites (cf les articles sur le sujet) et rendent les choses un peu trop binaires. Il suffit déjà de savoir lire une étiquette, on a la chance en France (et nos voisins je crois) d’avoir un étiquetage indiquant les calories, la teneur en plein de choses (sel, fibres, etc). Perso je le fais depuis que je fais mes courses moi-même.
Le 15/10/2019 à 10h56
Tu parles de quelles structures au juste, et en fonction de quels faits précis ?
Le 16/10/2019 à 10h54
Dans un monde parfait il n’y aurait pas besoin de régulation, mais les statistiques récentes sur l’obésité infantile ne laissent aucun doute: les gens sont bien des enfants irresponsables à choyer…
Ou alors juste pas assez éduqués. Ou les deux.
Le 16/10/2019 à 12h03
Le 16/10/2019 à 13h15
Le 16/10/2019 à 14h19
Le 16/10/2019 à 15h59
Le 16/10/2019 à 16h31
Le 16/10/2019 à 17h58
Le 17/10/2019 à 07h34
Le 18/10/2019 à 07h27
Le 18/10/2019 à 07h33
Je pense que ce n’est pas la raison.
Les graisses et les sucres sont addictifs. Les toxicos sont menteurs car leur cerveau biaise l’information pour avoir sa récompense.
Certaines familles pauvres tirent de la malbouffe le peu de joie que leur quotidien permet (c.a.d. pas grand chose d’autre).https://www.canalacademie.com/ida1622-Sociologie-de-la-malbouffe.html
Les aliments sont tellement transformés qu’à moins de tout cuisiner sois même, ce qui est tendu dans beaucoup de familles où le boulot est précaire et la fatigue importante (et c’est souvent plus cher aussi) il est impossible de se nourrir sans bouffer de la merde.
C’est plus un système qui pousse au nawak qu’un pb d’individus qui se laissent aller. Et il n’est donc pas étonnant que ce soient les populations les plus faibles (économiquement, intellectuellement, culturellement…) qui soient le plus touchées par l’obésité.
Le 14/10/2019 à 14h37
J’imagine la panique dans les conseils d’administration des géants de l’agroalimentaire face à cette menace de passage de messages du CSA.
Je pense qu’il faut envoyer une cellule d’aide psychologique.
Le 18/10/2019 à 10h13
Le 18/10/2019 à 10h24
Le 18/10/2019 à 11h29
Le 18/10/2019 à 13h00
Le 18/10/2019 à 13h51
Tu débarques d’où pour ne pas avoir entendu parler de ce problème ni d’avoir cherché des infos ?
Il y a des fois où je ne comprends pas ta démarche.
Regarde par exemple ici (INSERM)
ou globalement sur ce site (j’ai pas tout lu) qui parle de 80 % de l’offre actuelle en supermarché, y compris dans les rayons diététique, bio ou “végétarien”.
Allez, un dernier pour la route.
Edit : Les féliciter d’empoisonner les gens ?
Le 18/10/2019 à 15h12
Je demandais un exemple d’aliment “ultra-transformé” (déjà, la manie des “ultra” pour discréditer un truc, j’ai un peu de mal).
Bon avec ton premier lien, enfin une définition (merci) :
le groupe des « aliments ultra-transformés », qui comprend par exemple les sodas sucrés ou édulcorés, les légumes marinés conservés avec l’ajout de sauces contenant des additifs alimentaires, les steaks végétaux reconstitués avec l’ajout d’additifs, les confiseries et barres chocolatées et tous les produits transformés avec ajout de conservateurs autre que le sel (nitrites par exemple), ainsi que les produits alimentaires principalement ou entièrement constitués de sucre, de matières grasses et d’autres substances non utilisées dans les préparations culinaires telles que les huiles hydrogénées et les amidons modifiés.
C’est sûr que si on se gave de “confiseries et barres chocolatées” et “les produits alimentaires principalement ou entièrement constitués de sucre, de matières grasses”, transformés ou pas c’est pas l’idéal si ça constitue une part importante. C’est même pas la transformation le problème.
Et je trouve ça un drôle mélange :
les viandes fumées et/ou avec des nitrites et des conservateurs ajoutés, comme les saucisses et le jambon, sont classées comme « aliments ultra-transformés ».
[..] les soupes déshydratées sont classées comme « aliments ultra-transformés».
Les saucisses et le jambon, ce sont de vieux aliments qui n’ont pas attendu l’industrialisation agro-alimentaire pour exister. Le problème n’est pas tant leur côté transformé que le fait que c’est souvent gras et qu’il ne faut pas en abuser.
Et j’ai du mal à comprendre comment on peut classer une soupe déshydratée dans la “malbouffe” (même si c’est transformé) ; d’ailleurs elle ne l’est peut-être pas, faudrait demander.
Quant à ta question : “Les féliciter d’empoisonner les gens ?”, je sais qu’on est vendredi mais quand même.
Personne n’empoisonne personne, halte à ce genre de message.
Je disais que l’industrie agro-alimentaire permettait aussi de se nourrir moins cher (et pas forcément moins bien, je lis les étiquettes de ce que j’achète, et je me porte bien, tout en faisant attention au prix), si je suivais ce que disait celui à qui je répondais.