Comment fonctionnent les groupes de travail de Gaia-X et que font-ils ?
Quels-sont leurs réseaux ?
Notre dossier sur Gaia-X :
Le 22 juin 2020 à 10h16
9 min
Internet
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Au sein de l'initiative Gaia-X, une douzaine de groupes de travail planche actuellement sur les différents aspects du projet. Cela va « des règles de labellisation et de fonctionnement », aux catalogues fédérés, en passant par l’identification et l’autodescription des membres, les aspects réglementaires, etc. Mais comment s'articulent-ils ?
Pour clore ce dossier sur le projet européen Gaia-X qui se définit comme une « infrastructure de données en forme de réseau, berceau d’un écosystème européen vital », nous nous sommes penchés sur ses groupes de travail.
Ils prennent place au sein de l’association chapeautant l'ensemble et doivent adresser de nombreux sujets puisque l'objectif reste de répondre aux besoins des utilisateurs en essayant, dans la mesure du possible de « convenir aux besoins de tout le monde ». Un véritable défi, lorsqu'il faut traiter de technique, de juridique, commercial, etc.
Pour mieux comprendre ce dispositif, nous nous attarderons sur la question de l’efficacité énergétique des fournisseurs de service : alors que certains souhaitaient aller très loin dans les descriptions du fonctionnement des datacenters, le Green IT étant à l'honneur, d'autres ont jugé que cela allait trop loin et mis leur veto. Que sera-t-il décidé au final ?
- Gaia-X : genèse et ambitions du projet européen
- Cloud : le projet européen Gaia-X « ne veut pas réinventer la roue »
- Entre sac de « nœuds » et auto-descriptions, comment Gaia-X pourrait révolutionner le multi-cloud
- Comment fonctionnent les groupes de travail de Gaia-X et que font-ils ?
Gaia-X remonte pour rappel à l’été dernier (sous l’impulsion des Allemands), tandis que le projet a été présenté pour la première fois en octobre lors du Sommet Numérique. À l’époque, la structure de travail comprenait un « Board Technologie », une instance en charge « d’élaborer des convictions de base en tant que lignes directrices ».
Il comprenait un bureau du directeur technique (CTO), avec des experts en charge de valider « les résultats des groupes de travail. Ils définissent de nouvelles tâches et les délèguent aux groupes de travail ». Six groupes de travail étaient alors de la partie, chacun avec des objectifs ciblés :
- Logiciel et architecture : « exigences techniques et l’architecture fonctionnelle qui en résulte ainsi que des interfaces ».
- Operational Technology : « éléments principaux du centre de données requis (matériel, centre de données, réseau), travaille sur des thèmes du domaine du refroidissement et de l’énergie et définit les exigences en matière de sécurité du centre de données ».
- Storage Compute & Netz : « exigences applicables à un nœud Gaia-X dans le domaine de la technologie de réseau et de la sécurité hardware ».
- Certification et licences : « composants Open Source nécessaires et les caractéristiques des référentiels à créer et définit les composants d’un système de certification et de licences ».
- Product Board : « exigences en matière d’autodescription des nœuds Gaia-X du point de vue du client et élabore les composants de service spécifiques aux domaines ».
- Implémentation de test : « architecture élaborée à l’aide des exigences à partir d’un cas d’utilisation dans un environnement de test ».
Quels sont les groupes de travail actuels ?
Durant le webinaire sur le démonstrateur d’OVHcloud et Scaleway, Yohann Prigent (VP Front chez Scaleway) revenait sur les groupes de travail actuels, deux fois plus nombreux. Ils sont douze « sur des sujets d’actualités ».
Ce sont des « espaces d’échange et de réflexion ouverts […] sans ligne vraiment fixée », et avec des « réflexions d’assez haut niveau ». Les 22 membres fondateurs de Gaia-X ne sont pas les seuls présents, « il y a des boîtes de tous les pays, et pas seulement européennes ». Prigent ajoute que rien n’est gravé dans le marbre ; les « choses peuvent changer demain ».
Les bonnes volontés peuvent venir apporter des contributions. Pour les personnes/sociétés intéressées, Pierre Gronlier (Cloud Solutions Architect chez OVHcloud) explique que les conditions d’acception des nouveaux membres sont « en train d’être définies ». Il y a deux chemins possibles. Le premier, « au niveau corporate », le second sur la partie technique, avec la mise à disposition de ressources (serveurs, développeurs, etc).
Un certain nombre de précisions sur les orientations des différents groupes de travail ont été données durant le webinaire, et Yohann Prigent nous en a par la suite précisé d’autres :
- Conceptualizing certification processes : c’est un peu « la base de Gaia-X ». Il s’agit de « définir les règles de labellisation et de fonctionnement de Gaia-X ».
- Accreditation, Registration, Self-Description Validation : comment « embarquer d’autres participants à Gaia-X et de les documenter ».
- Self-Description : référencer les différents fournisseurs, leurs services, leurs spécificités ; « on essaye de récupérer toutes les données qu’on peut avoir ».
- Continuous Monitoring : ce groupe n’a pas encore commencé, mais son but initial « semblait être la mesure de la qualité des providers […] mais le périmètre sera sans doute revu quand le travail commencera ».
- Gaia-X Monitoring : « pouvoir fournir des informations sur la qualité des services proposées ».
- User Interface : comment « mettre en place les interfaces utilisateurs pour les clients et les fournisseurs […] afin de répondre aux besoins des clients ».
- Interconnection and Network : travailler « avec les fournisseurs sur des solutions inter-cloud […], pourquoi pas des accords de peering ».
- Data Broker / Data Connector : mélanger des « data broker » et points de terminaison des données, listing des services et protocoles disponibles, en phase avec les différents concepts existants (IDS, Admin Shell I4.0, données de santé, etc.).
- Federated Catalog : « proposer un catalogue des différents services/fournisseurs. C’est le groupe de travail du prototype d’OVHcloud et de Scaleway ».
- Data Exchange Interoperability : « rendre nos différents produits les plus interopérables possible », ce qui est un des principaux enjeux de Gaia-X.
- IAM Framework : « solution IAM [Identity and Access Management, ndlr] commune entre les membres de Gaia-X pour utiliser les différents services ». Yohann Prigent ajoute que c’est « dans l’idée de FranceConnect », tandis que Pierre Gronlier précise que « chacun des pays a en général un équivalent à FranceConnect. On ne réinvente pas, chaque pays utilise ce qu’il a déjà ».
- IAM Policy and Rules est la partie régulation d’IAM : « c’est actuellement très académique au niveau gouvernance et réglementations. On y parle par exemple d’eIDAS, PCTF, INATBA… ».
Comme nous l’avons déjà expliqué précédemment, Gaia-X « ne veut pas réinventer la roue », les différents groupes ne travaillent donc pas à l’élaboration de nouveaux protocoles : « On ne va pas se dire "il y a un protocole qui existe pour l’object storage et qui s’appelle S3, allez en Europe on est plus fort on va faire S4 ».
Yann Lechelle, Directeur Général de Scaleway, nous a tenu le même discours : « Gaia-X n’a pas vocation à définir des standards », ce projet doit « identifier et s’appuyer » sur ceux existants… « c’est l’objectif » en tout cas. Il sera néanmoins intéressant de voir comment est perçue la dépendance à des acteurs extérieurs lorsque certaines solutions sont devenues des standards de fait, comme S3 d'AWS. L'entreprise reste seule maître de son évolution, qui s'impose ensuite à tous.
« Convenir aux besoins de tout le monde »
Selon Prigent, les groupes de travail partent d’une problématique simple pour avancer dans leurs travaux : « de quoi auraient besoin nos clients et les gens ? ». « Le but c’est de convenir aux besoins de tout le monde », affirme-t-il. Une intention louable, mais qui se heurtera forcément à la réalité du terrain à un moment donné.
Hubert Tardieu, président d’Atos, indiquait lors de la conférence de lancement début juin que Gaia-X est pensé pour être « futur proof », livrant un exemple : « en 2025, la plupart des données ne seront plus stockées dans le cloud mais en périphérie de réseau (Edge computing), proche des capteurs et actionneurs ».
Un changement de paradigme important, « que nous avons décidé d’aborder dans Gaia-X ». Comment ? C'est à définir.
L'exemple du Green IT : quels critères ?
Autre exemple : lors du webinaire, une question a été posée sur le « Green IT » ou l’informatique « durable ». Si on se doute que cette notion sera évidemment intégrée d’une manière ou d’une autre dans Gaia-X, les questions soulevées et les pistes envisagées autour de cette problématique permettent d’avoir une vision du fonctionnement interne.
« Il y a eu des propositions d’aller assez loin dans le détail de description des nœuds, jusqu’au type de liquide utilisé dans les tuyaux de watercooling. La plupart des fournisseurs de cloud ont mis un veto […] Par contre on donnera un PUE [Power Usage Effectiveness, ou indicateur d'efficacité énergétique, ndlr] », explique l’intervenant de chez Scaleway.
Pierre Gronlier d’OVHcloud ajoutait ultérieurement qu'« à un moment donné, quelqu’un proposait d’avoir le débit du fluide dans les tuyaux de watercooling. La valeur ajoutée pour le client elle est nulle. On essaye d’aller le plus loin possible ». Encore faut-il que ce soit réalisable et utile. Un juste milieu à trouver, donc.
Et quand bien même, il faut ensuite s'entendre sur la manière de faire et la mise en place d’un encadrement strict : « dans l’industrie actuellement chacun raconte ce qu’il veut et le PUE ne donne pas le périmètre sur lequel il est calculé (serveur, salle, datacenter…) ». Suivant les cas, le ratio n’est évidemment pas le même.
« Le travail que doit faire le groupe sur le descripteur est de dire : "OK, très bien. On met un champ green IT ou sustainability ou PUE. La valeur c’est un flottant. La définition du PUE qu’on met dans le workingroup, c’est au niveau de la salle ou du datacenter pour être sûr de comparer les pommes et les pommes" ».
Un raisonnement qui doit être mené pour l’ensemble des services et fonctionnalités qui seront exposés via Gaia-X.
Comment fonctionnent les groupes de travail de Gaia-X et que font-ils ?
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Quels sont les groupes de travail actuels ?
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« Convenir aux besoins de tout le monde »
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L'exemple du Green IT : quels critères ?
Commentaires (6)
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Abonnez-vousLe 22/06/2020 à 11h14
“Objet storage”, “Board Technologie” ? C’est voulu ça ?
De loin ont dirait une bande de joyeux lurons qui vont monter une usine à gaz à vos frais. Si il arrive à sortir quelque chose.
Le 22/06/2020 à 11h20
« Board Technologie », c’est la manière dont c’est présenté en français dans le texte. Pour object c’est corrigé " />
Le 22/06/2020 à 12h18
Merci NI pour ce dossier Gaia-X en tout cas, c’est appréciable d’y voir un petit peu plus clair dans tout ce flou!
Le 22/06/2020 à 15h14
Donc en fait ils vont collaborer avec les amerloques.
Le 22/06/2020 à 15h15
Comme je l’avais dit dans le précédent article, ce projet est vraiment intéressant sur le papier. Il peut paraître lourd et complexe, mais en même temps vu ce que ça ambitionne de faire, c’est pas déconnant.
Si ce projet abouti bien, j’ose espérer que le client final n’aura qu’à faire “click => pay => enjoy” et la plateforme s’occupera du reste selon le besoin défini par celui-ci.
J’espère qu’une démo technique sera bientôt proposée pour voir un peu plus de concret.
Le 23/06/2020 à 07h40
Oulah ! Par expérience, faire travailler ensemble de manière synchrone et efficace autant de groupes avec des objectifs différents ça va être compliqué….
Il y aura beaucoup de yakafaukon cravatés, et cinq gugusses qui se tapent tout le travail…