Déploiement de la 5G : l’Arcep met à jour son observatoire, les opérateurs corrigent leurs chiffres
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Le 15 janvier 2021 à 11h15
6 min
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Mi-décembre, le régulateur des télécoms publiait son premier observatoire du déploiement de la 5G, avec de fortes disparités entre les opérateurs, et donc des conséquences pour leurs clients. Il vient d’être mis à jour et les opérateurs en ont profité pour corriger certaines données.
Pour lancer son réseau 5G en décembre, Free Mobile avait massivement réutilisé des antennes dans les 700 MHz afin de couvrir une large proportion de la population rapidement : 40 % au lancement. Dans une moindre mesure, Bouygues Telecom avait fait de même avec les 1,8/2,1 GHz.
De leurs côtés, SFR et surtout Orange déployaient une proportion largement plus significative de sites dans la bande des 3,5 GHz, avec jusqu’à 73,5 % des sites pour l’opérateur historique. Cette bande est importante, car elle est au cœur de la 5G : les opérateurs ont plus d’espace et pourront proposer le plus de débit.
Un mois plus tard, qu’en est-il ?
8 675 sites 5G en services, dont 5 640 chez Free Mobile
Voici le bilan tel que donné par le régulateur des télécoms mi-janvier :
- Bouygues Telecom : 1500 sites en 5G (+ 79) en un mois, dont 145 sur les 3,5 GHz (9,7 %)
- Free Mobile : 5 640 sites 5G (+ 357), dont 322 sur les 3,5 GHz (5,7 %)
- Orange : 742 sites en 5G (+ 115), dont 579 en 3,5 GHz (78 %)
- SFR : 793 sites en 5G (+ 500), dont 152 en 3,5 GHz (19,2 %)
Premier point étonnant, les chiffres ne sont pas en phase avec ceux de l’observatoire du 15 décembre 2020. Si l’on soustrait la progression sur un mois, on n’arrive pas à ceux de décembre, il y a de petits écarts. En effet, Bouygues Telecom était à 1 344 sites activés mi-décembre (soit 156 de moins au lieu de 79), Free Mobile à 5 303 (337 de moins au lieu de 357), Orange à 646 (96 de moins au lieu de 115) et SFR à 278 (515 de moins au lieu de 500).
Nous avons contacté le régulateur pour obtenir des explications sur ces différences de quelques dizaines de sites.
Entre décembre et janvier, le compte n’est pas bon
Le service presse nous répond que « les opérateurs ont pu "corriger" leurs reportings entre ce qu’ils ont envoyé mi-décembre » et aujourd’hui ; dommage de ne pas l’avoir indiqué dans l’observatoire. Quoi qu’il en soit, les chiffres publiés en ce mois de janvier correspondent aux données envoyées « il y a trois jours » par Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR.
Voici les chiffres de décembre, en se basant sur les déclarations de janvier (nous avons pris le nombre de sites activés et soustrait la progression sur un mois) :
- Bouygues Telecom : 1 414 sites mi-décembre, au lieu de 1 344, soit un écart de 77 sites
- Free Mobile : 5 283 sites mi-décembre, au lieu de 5 303, soit un écart de - 20 sites
- Orange : 627 sites mi-décembre, au lieu de 646, soit un écart de - 19 sites
- SFR : 293 sites mi-décembre, au lieu de 278, soit un écart de 15 sites
Bouygues Telecom avait donc 77 sites 5G en services de plus que ce qu’il avait annoncé, contre 15 pour SFR. Par contre, Orange et Free Mobile étaient trop « optimistes », avec 19/20 sites en services de moins que ce qui avait été annoncé en décembre. Dans tous les cas, pas de quoi bouleverser l’ordre établi, mais on espère que les petits cafouillages du début seront rapidement supprimés.
Cet écart rend par contre caduque la comparaison sur le nombre de sites 5G en service sur les différentes bandes, et notamment celle des 3,5 GHz, celles au cœur de la 5G car les opérateurs ont entre 70 et 90 MHz de spectre, largement plus que dans les autres fréquences. En effet, l’Arcep ne donne la progression que pour l’ensemble des sites en services.
Les cartes de couvertures 5G en décembre, les mêmes en janvier
SFR à fond les ballons sur les 1,8/2,1 GHz
Quoi qu’il en soit, Orange est toujours largement en tête avec 579 sites 5G sur les 3,5 GHz, suivi par Free Mobile avec 322 (l’écart entre les deux opérateurs reste à peu près le même sur un mois). SFR et Bouygues Telecom sont toujours à bonne distance des deux premiers, avec respectivement 145 et 152 sites 5G sur les 3,5 GHz.
En pourcentage, trois opérateurs ont augmenté le ratio de sites 5G en 3,5 GHz : Orange arrive à 78 % (+ 4,5 points), Bouygues Telecom à 9,7 % (+ 1,1 point) et enfin Free Mobile à 5,7 % (+ 1,5 point).
Ne reste donc que SFR qui passe de 34,9 % à 19,2 %, soit une baisse de 15,7 points. Cela s’explique simplement : sur les 500 sites supplémentaires revendiqués par la marque au carré rouge, une très large majorité d’entre eux réutilise des fréquences de 1,8/2,1 GHz.
Les autorisations à l’ANFR, les mises en service à l’Arcep…
Pour rappel, l’ANFR a récemment publié son observatoire des autorisations accordées sur la 5G, en date du 7 janvier… On se retrouve donc pour le moment avec un observatoire des sites mis en service à l’Arcep et un autre à l’ANFR pour les autorisations (alors que l’ANFR publie les autorisations et mises en services sur la 4G)… avec en prime des dates qui ne sont même pas alignées. On a vu plus pratique pour suivre et comparer.
Ce n’est pour rappel pas une surprise puisque Sébastien Soriano (ancien président de l’Arcep) avait déjà annoncé que l’Autorité « pren[ait] la main » sur l’Agence nationale des fréquences sur les mises en service.
« C’est un observatoire qui se fait en bonne intelligence avec l’ANFR et, si elle le souhaite (nous n’avons pas de retour d’eux sur ce point), nous pourrons inscrire des données que souhaiterait inscrire l’ANFR, si c’est pertinent », ajoutait-il. Pour le moment, ce n’est pas aussi simple… Voilà un autre sujet que va récupérer Laure de La Raudière si elle est confirmée comme présidente de l’Arcep.
On remarque que Free est toujours le seul à s’intéresser aux 700 MHz pour déployer de la 5G, les trois autres n’ayant aucune autorisation sur cette bande. De son côté, Free boude les fréquences de 1,8/2,1 GHz où il n’a aucune autorisation, contrairement à ses concurrents.
Sur les 3,5 GHz, Orange est en tête avec 1 309 autorisations, Free Mobile second avec 941, Bouygues Telecom troisième avec 821 et SFR quatrième avec 775. Attention, une autorisation ne signifie absolument pas qu’une antenne est en service, simplement que l’opérateur a obtenu le feu vert de l’ANFR.
Le bilan des autorisations au 7 janvier à gauche, les variations depuis le 1er décembre à droite
Déploiement de la 5G : l’Arcep met à jour son observatoire, les opérateurs corrigent leurs chiffres
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8 675 sites 5G en services, dont 5 640 chez Free Mobile
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Entre décembre et janvier, le compte n’est pas bon
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SFR à fond les ballons sur les 1,8/2,1 GHz
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Les autorisations à l’ANFR, les mises en service à l’Arcep…
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 15/01/2021 à 15h12
Ce qui est étonnant c’est de voir que les trois opérateurs autres que Free en veulent pour l’instant pas déployé le 700Mhz et préfère réutiliser d’autres fréquences. Je ne vois qu’une question de sous dans cette stratégie, c’est à dire qu’ils n’ont pas pour l’instant à payer de redevance pour l’utilisation des cette fréquences. Mais cela doit faire grincer des dents la TNT de voir que le 700Mhz n’est pas plus utilisé que ça depuis plusieurs années.
Un truc qui serait sympa serait que NXI interroge les opérateurs sur ce point, i.e l’utilisation de la bande 700MHz.
Le 15/01/2021 à 21h14
Sauf erreur les licences sont payés à l’acquisition donc ça change rien. Surtout que les 700Mhz et les 2100 sont les licences de la 4G voir même de la 3G pour la 2100.
Non le truc c’est que la “vraie” 5G c’est la 3500 (voir même 26Ghz mais pas encore légal) . La 2100 et la 700 sont des agrégé 5G/4G.
Et plus la fréquence est basse plus le débit est bas et la portée lointaine.
Pour terminer ce sont les mêmes antennes, sauf erreur, free a juste activé la fonction 5G de ces antennes.
Résultat les avantages de la 5G sont moindres chez free, pas de soulagement des fréquences ou des antennes, peu de gain de débit, …
Et tu te retrouve avec des tests comme ca ou la 4G orange est équivalente avec la 5G free :
Twitter
Pour résumé la stratégie de free c’est de sortir une 5G gratuite et qui porte le plus loin possible quitte à se que ça fasse pas mieux qu’une bonne 4G.
La stratégie des trois autres étaient de sortir une 5G avec des réels gains au lancement pour valoriser cela financièrement et donc augmenter les factures et en réinvestir dans la 5G.
Mon point de vue : La stratégie de free va lui faire gagner des parts de marché mais va dévaloriser le produit 5G et donc ralentir les investissements (et les bénéfices) et va donner des arguments à ceux qui expliquent que la 5G sert à rien.
Le 15/01/2021 à 22h04
3G, 4G, 5G, 6G… moi j’m’en moque un peu.
Ce qui m’importe c’est :
et c’est le cas depuis quelques années
(dans mes métropoles habituelles
et sur les routes que j’emprunte habituellement)
ne plus perdre “mon” débit quand je reçois un SMS/MMS/appel.
Alors vivement cette amélioration, et qu’on arrête de me parler technique pour rien.
Le 16/01/2021 à 00h02
Un opérateur qui a promis de supporter prochainement la VoLTE/VoWifi sur un appareil particulier (de marque non majoritaire au hasard) ?
A ce jeu la, ils sont lamentables, Bouygues s’en sort un peu mieux, mais Orange / SFR, sorti de Apple / Samsung / Huawei, ils n’y a pas grand chose à en tirer. Ah et Free toujours pas de support tout court de ces techno à ce jour il me semble…
Il y a peu d’espoir à avoir avec un Google Pixel, One Plus, Nokia, … pris en charge (sauf Bouygues encore une fois).
Quand on demande des comptes, circuler, il y a rien à voir, certains avancent une responsabilité opérateur, constructeur (non support de la GSMA Centralized Device Settings Database notamment), désaccords commerciaux du coup aucun effort des deux cotés …
Exemple : Google
Ca serait bien que NextInpact fasse un article à ce sujet, aille titiller un peu les opérateurs, parle de la GSMA Centralized Device Settings Database :
https://www.xda-developers.com/gsma-device-settings-database/
https://www.gsma.com/futurenetworks/wp-content/uploads/2017/02/Device_Settings_Database.pdf
Je ne trouve pas de news sur le sujet : Next INpact
Le 16/01/2021 à 10h27
Je confirme, j’ai dû basculer de Sosh à Bouygues pour avoir le VoLTE sur mon ancien Pixel 3a XL.
J’ai acheté un Pixel 4a 5G depuis et j’ai maintenant en plus la VoWIFI et la 5G.
Pour le moment la 5G a furieusement la vitesse de la 4G quand je capte une antenne.
Le 16/01/2021 à 12h49
Merci pour ta super réponse :)
La “promesse” dont je parle je l’ai lue dans une liste des améliorations que la 5G devait apporter, je ne sais plus où… mais je me souviens que la source me semblait suffisamment fiable pour la croire.
J’avoue y avoir juste cru et ne pas avoir creusé du côté des opérateurs ou des constructeurs. Par contre quand j’ai testé il y a quelques semaines maintenant, j’ai été déçu de voir mon logo 5G disparaître et voir un logo 3G apparaître à la place (Free mobile + Oppo Find X2 Lite).
À suivre :)
Le 16/01/2021 à 12h53
Ah Ok, donc Bouygues gère ça ?
Franchement pas envie de basculer chez eux juste pour ça mais merci pour ta réponse :)
Chez Free mobile, la 4G et la 5G ont le même genre de débit aussi.
Le 17/01/2021 à 02h52
J’ai aussi lu un text pas très précis sur le sujet disant que la VoLTE était de base (obligatoire ?) dans la 5G voir qu’il y avait une autre norme de VoIP sur réseau 5G mais ca rentrait peu dans les détails…
Après à voir si ca serait géré de façon aussi bancale par les opérateurs / constructeur que la VoLTE
…
Le 18/01/2021 à 07h58
C’est un des gros problèmes de la 5G, on a signé pour un truc dont on ne connait pas le contenu technique précisément, Je parle même pas du côté “commercial”, là c’est du n’importe quoi.
Le 19/01/2021 à 08h43
https://lejournal.cnrs.fr/articles/a-quoi-sert-la-5g
Un article qui tombe à pic et résume très rapidement la chose.
edit : je viens de voir qu’il est aussi dans “lebrief”
Le 18/01/2021 à 23h41
Ce n’est pas comme si les informations étaient publiques….
Le 19/01/2021 à 08h25
Oui il suffit d’aller sur le site de l’ARCEP pour avoir des données techniques. Sur la bande des 700 Mhz et des 3,5 Ghz ca roule on sait à peu près où l’on va, même si sont sens que le mixe 4G/5G fait partie intégrante de la norme (entre coeur de réseau 4G et fréquence 4G d’accroche) et qu’il est toute à fait possible de te vendre un abonnement 5G (plus chère) alors que majoritairement tu tournes en 4G. Par contre dans le domaine des ondes millimétrique, la bande des 26 GHz, alors là par contre, le futur fait place au conditionnelle et l’aspect technique est très très floue, voir inexistant. Donc non le compte n’y est pas. D’ailleurs si on se penche sur la doc technique, le gain de vitesse est très conditionnelle et la rupture technologique me paraît énormément survendu. Peut être avec la bande des 26 Ghz mais à quel prix ! Mais au final ce qui me gène le plus c’est pour quoi faire ce débit supplémentaire, les utilisations avancés me semble dérisoire quand on voit le cout de l’infrastructure.
Le 19/01/2021 à 15h41
Je résume, l’intérêt pour l’utilisateur lambda (toi et moi), regarder des vidéos en 4K sur téléphone, la bonne blague, tout ca pour ca, soyons sérieux, déjà quel intérêt vu la taille de l’écran et je parle même pas du nombre d’écran 4K pour smarphone. Ensuite efficacité énergique pas mieux, voir pire que la 4G et comme le réseau s’additionne à la 4G. Risque sanitaire, on sait pas, on a rien constaté donc on imagine que ca va. On disait pareil pour l’amiante pendant des années.
Par contre j’avoue que pour les chercheurs, les professionnels, ça va le faire. Pour ma part je passe mon tour.
Le 19/01/2021 à 17h25
Je ne sais pas moi au hasard saturation des réseaux 4G, meilleur gestion et adaptation du réseau, connexions simultanées en hausse, ping plus rapide ouvrant la voix a d’autres types d’applications et sûrement d’autres.
Et sérieusement les comparaisons avec l’amiante…
Le 20/01/2021 à 10h59
Surement que la 5G est mieux optimisé et que l’ajout de la 5G va désengorger certaines cellules 4G notamment au endroit de forte densité. Mais je doute que le réseau 4G soit engorgé dans sa globalité, mais bon. Par contre ce qui me gène dans ton argumentaire c’est qu’au final tu trouves ça normal de crée un outil (la 5G) et puis de se dire que bon on verra bien pour l’usage, l’utilité, forcément on en trouvera. La finalité d’un outil c’est quand même l’utilisation que tu vas faire, le service qu’il va te rendre.
Pour la référence à l’amiante ce n’est pas une comparaison mais une analogie, en soit ce n’est pas important. Par contre ce qu’il est, c’est de vouloir mettre en place une norme dont le risque sanitaire n’est pas écarté. On pourrait prendre le temps.
Le 20/01/2021 à 11h25
Pas tout a fait. Quand une technologie émerge elle répond à des besoins à l’instant où on la met en place, des besoins qu’on imagine dans le futur et forcément des besoins que l’on n’imagien pas encore. Il suffit de regarder l’histoire d’internet. Pensez vous vraiment que ceux qui ont créé le premier réseau l’on fait pour tous les usages actuels ?. Pareil pour les premiers téléphones transportables. Les inventeurs du radicom 2000 n’imaginaient sûrement pas qu’avec un portable on peut faire du gps, aller sur internet, faire des photos etc etc
Pour le risque sanitaire combien de temps il faudrait attendre celon vous? 50 ans de recule déjà. 10 20 50 ans supplémentaires ? On ne pourra jamais écarter un risque sanitaire car par définition cela impose de poser une limite qui ne sera jamais assez basse pour certains. Rien n’est anodin dans la vie donc c’est toujours affaire de compromis. Je trouve toujours ce étranges que des personnes ne veulent pas prendre un risque de 1/ 100 000 alors que par ailleurs ils vont traverser la rue sans regarder avec casques sur les oreilles…
Le 20/01/2021 à 13h10
De mémoire, certains chercheurs demandaient un moratoire de 2 ou 3 ans. C’est quand même une technologie qui peu potentiellement impacter la vie de millions de gens. Que tu utilises ou pas la 5G tu vas la subir au niveau sanitaire. Et puis quand même la 5G va t elle sauver la vie de millions de gens ? Non on peut prendre le temps, et peut etre la lancer quand on aura un peu plus de certitude et du coup surement avoir un “vrai” 5G avec de “vrai” usage, utile.
Et pour finir celui qui traverse la rue avec son casque et sans regarder (il cumule), il est au courant du danger, il a choisi sa situation et il pourra s’en prendre qu’à lui même.