La vie privée, ça va payer
PDG + RGPD = ROI
Le 03 février 2021 à 09h30
7 min
Économie
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PricewaterhouseCoopers (PwC), l'un des quatre grands cabinets d'audit et de conseil, a identifié une liste de 7 « mégatendances » en matière de protection de la vie privée à l'horizon 2030. Cette « feuille de route pour les PDG » serait susceptible de leur faire gagner « des avantages concurrentiels durables » par rapport à ceux qui n'en ont cure.
PwC explique que son équipe de « plus de 600 professionnels de la protection de la vie privée dans plus de 40 pays » a identifié ces 7 « mégatendances » aux termes d'une analyse effectuée en trois étapes :
- Nous avons effectué une méta-analyse des rapports sur les mégatendances publiés par huit maisons de stratégie pour identifier les tendances potentielles;
- Nous avons construit un modèle de lien de cause à effet des tendances candidates pour identifier les relations entre elles; et
- Nous avons classé leur probabilité et leur impact sur les indicateurs du marché local à l'échelle mondiale.
Chacune d'entre elles est suivie de conseils destinés à aider les PDG à identifier les vecteurs et déclencheurs susceptibles de les déployer, mais qui concernent également l'ensemble des salariés, clients et consommateurs.
PwC estime au premier chef que « convertir les données en valeur de manière sûre et éthique est l'impératif commercial de la prochaine décennie. Celui qui contrôle le cycle de vie de ses données dirigera le plus son destin (...) à mesure que la valeur perçue des données augmente, elles deviendront une cible accrue de l'espionnage des entreprises et de cyberattaques étatiques », intensifiant le besoin d'intégrité et d'authentification des données.
D'autant que « dans le même temps, le déploiement croissant de l'intelligence artificielle, de la robotique et d'autres technologies ayant un impact sur la vie privée créera de nouveaux risques en matière d'éthique des données ».
Ce pourquoi les entreprises qui se positionneront « sur une éthique des données et des technologies alignées » auront des avantages par rapport à la concurrence.
Vers une « application automatisée de la confidentialité »
Il table, en second lieu, sur un régime « tripolaire » de réglementation de la protection de la vie privée autour des modèles européens, américains ou chinois.
Partant du constat que « les pays continueront à voir des avantages au cours de la prochaine décennie en adoptant de nouvelles réglementations sur la protection de la vie privée », les différentes exigences et l'application des trois pôles pousseront les multinationales à repenser la migration vers le cloud, et à « modifier l'équilibre du modèle opérationnel mondial entre ce qui est centralisé et ce qui est régionalisé ».
Troisième mégatendance : « l'application automatisée de la confidentialité ». PwC estime en effet que les entreprises seront confrontées à une exposition accrue sur ces questions : « les régulateurs sont à court de ressources et sous pression pour produire des résultats, et plusieurs d'entre eux obtiennent de plus grandes autorités d'application ainsi que des niveaux maximums d'amendes et de pénalités plus élevés ».
Dès lors, « les approches traditionnelles de la conformité à la vie privée qui se concentrent sur la documentation papier des politiques et des procédures se révéleront inadéquates à cet examen numérique continu ».
Les entreprises de la Big Tech seront au surplus « au centre des préoccupations des régulateurs et des militants et se trouveront exposées à des amendes, des sanctions, des poursuites et un examen public croissants ».
PwC anticipe, en quatrième lieu, le fait qu'« une part croissante des consommateurs sera prête à quitter les entreprises auxquelles ils sont fidèles s'ils trouvent un concurrent capable de leur offrir les mêmes ou de meilleures commodités, mais avec un contrôle et une valeur plus fiables de leurs données ».
Les entreprises qui ont le plus à gagner seront dès lors « celles qui peuvent dépasser leurs concurrents en offrant une meilleure combinaison de prix, de qualité de produit, de service et de flexibilité des contrôles de confidentialité, d'accès aux données, de portabilité, de correction, de restriction d'utilisation et d'effacement ».
Vers une « pénurie de talents en ingénierie de la confidentialité »
PwC estime par ailleurs que « la pandémie COVID-19 a accéléré le suivi technologique des entreprises du statut et de la productivité des employés », et que « les technologies telles que la reconnaissance faciale et l'intelligence artificielle pourraient être utilisées pour accroître les disparités raciales et socio-économiques ».
Une cinquième mégatendance consisterait dès lors à déployer « un programme de protection de la vie privée des employés, une culture de confidentialité positive endémique, de performance et d'impact éthique des nouvelles technologies et des utilisations des données sur le lieu de travail ». Il s'agirait d'offrir aux employés « les moyens de gérer leur vie privée au travail et à la maison, y compris des moyens pour sécuriser le travail à domicile ».
Pour survivre et prospérer à travers les tendances susmentionnées, les entreprises les plus touchées « appliqueront de nouvelles normes plus strictes dans leur entreprise et à travers leurs chaînes d'approvisionnement et leurs chaînes de valeur des données ».
La sixième mégatendance viserait à « établir des normes technologiques de confiance, codes de conduite et programmes de certification » dans tous les aspects de l'entreprise afin de bénéficier d'« avantages concurrentiels auprès des entreprises clientes, des consommateurs finaux et des employés ».
PwC estime à ce titre que « la demande de personnes capables d'appliquer des exigences de confidentialité complexes à des problèmes commerciaux dépassera l'offre » et entraînera, septième mégatendance, une « pénurie de talents en ingénierie de la confidentialité ».
Les six autres mégatendances de la protection de la vie privée vont en effet « toutes dans cette direction : un besoin mondial et soutenu de concevoir de nouvelles technologies de confiance et de normes d'éthique des données ».
Dès lors, les besoins vont aussi augmenter en personnels formés en science, technologie, ingénierie et mathématiques, « déjà très demandés, ainsi que pour ceux formés en philosophie et en éthique ». De plus, les ingénieurs devront acquérir une expertise en matière de confidentialité, « tandis que les avocats devront acquérir une connaissance approfondie de la technologie et de l'éthique ».
Les multinationales qui « adoptent l'approche traditionnelle consistant à compter sur une ou deux personnes dans leur service juridique pour répondre à tous leurs besoins en matière de confidentialité ne répondront pas à leurs objectifs commerciaux 2030 liés à la technologie ou aux données ».
Ils seront même « surclassés par la concurrence, connaîtront des taux plus élevés d'attrition des consommateurs et des employés, et des cycles de vente plus lents », tout en absorbant « de plus en plus de risques ».
« Les entreprises qui naviguent le mieux dans ces sept mégatendances de la vie privée de la prochaine décennie obtiendront des avantages concurrentiels durables par rapport à celles qui poursuivent les approches de sprint qu'elles avaint suivies pour, par exemple, la préparation au RGPD », conclut PwC.
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Vers une « application automatisée de la confidentialité »
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Vers une « pénurie de talents en ingénierie de la confidentialité »
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 03/02/2021 à 10h44
“PwC anticipe, en quatrième lieu, le fait qu’« une part croissante des consommateurs sera prête à quitter les entreprises auxquelles ils sont fidèles s’ils trouvent un concurrent capable de leur offrir les mêmes ou de meilleures commodités, mais avec un contrôle et une valeur plus fiables de leurs données ».”
Comme toujours dans ces rapports, on enchaine pas mal de lieux communs, et c’est au moment de passer aux actes et d’implémenter que ça se complique toujours. Les opérationnels sont souvent bien au fait (depuis longtemps) des problématiques mises en avant par ces cabinets, c’est la prise en compte par le management qui a plus de mal à suivre (pour des tas de raisons plus ou moins entendables).
Reste qu’au moins, le fond va dans le bon sens, et c’est toujours une grosse voix de plus qui pousse dans la bonne direction (mais qui s’attendrait vraiment à un rapport public de ce genre concluant que la vie privée on s’en fout ?).
Le 03/02/2021 à 12h55
Plus de 600 professionnels pour avoir déterminés ces “mégatendances” ?
Ne serait-ce pas de la “mégabranlette” cette annonce ?
Le 03/02/2021 à 15h46
(http://www.pipotron.free.fr)
Le 03/02/2021 à 16h39
Merci pour cette perle que je ne connaissais pas!
Le 04/02/2021 à 09h02
comme ‘brassage d’air’, difficile de faire mieux !
“bien vu” !
Le 04/02/2021 à 11h24
Tellement réaliste celle là
Le 03/02/2021 à 13h54
Le 03/02/2021 à 14h32
Je suppose que c’est traduit en langage “business”, avec des mots tendance, tout en restant un peu vague pour pouvoir dire “on avait raison” a posteriori
Le 04/02/2021 à 12h22
Tu as megaraison !
Le 03/02/2021 à 15h09
Le 03/02/2021 à 17h00
Yeah, j’avoue ne rien savoir sur ces organismes, mais alors rien du tout. Quelles entreprises les écoutent (et, j’imagine, paient pour qqchose ?), un petit historique de leur fiabilité, du contexte, toussa toussa. C’est un peu comme Gartner ? Je vois ce nom souvent, mais pareil : qui paie pour ça, qui les écoute, etc. Cela me semble très obscur pour le néophyte.
Je me rappelle juste, un peu pour me moquer, que les cabinets de
prédictionconseil sont très doués pour expliquer pourquoi l’analyse de l’an dernier s’est révélée être fausse :-pLe 03/02/2021 à 18h12
oh tien un rapport des maitres du “parlé creux” (parlé pour ne rien dire), je vais leur répondre :
“Je prédit dans les années a venir une opportunité avec comme point centrale une mégatendance touchant a la confidentialité”.
Voila comme ca d’ici quelque années je pourrais ressortir ce commentaire en disant j’avais raison, reste plus qu’a attendre un article qui tombera dans les clou xD
Le 03/02/2021 à 18h15
D’habitude, j’adore lire les articles de JMM, mais là ça me semble être de la paraphrase du document original tout le lorg et on ne comprend pas mieux cette logorrhée technico-marketeuse.
Le 03/02/2021 à 18h29
Justement, si JMM nous livre un tel article, c’est pour mieux saisir le jus de cerveau plein de mots creux de ce rapport.
Perso, je peux pas dépasser 2 pages de telles conneries, ça sonne tellement creux. Mais PwC est écouté par des grands “décideurs” donc toujours utile de lire ce qu’ils chuchotent à leur oreilles.
Le 03/02/2021 à 20h09
En fait, pour ceux qui s’interrogent, cet genre de document n’est pas commandé, c’est produit par les cabinets tels que PwC comme une vision globale qu’ils ont à l’instant T concernant un sujet, ça leur sert un peu de “vitrine” en quelque sorte.
Ils vivent d’audits beaucoup plus spécifiques commandités par des entreprises privées ou des institutions diverses, quelques exemples pour PwC: cyber sécurité (et on peut décliner tout un catalogue de type et d’étendue) , audit financier, conseils en optimisation fiscale (si je ne m’abuse, l’auteur des luxleaks était un employé PwC), etc…
Le 04/02/2021 à 06h16
Quelqu’un peut traduire en français ?
Le 04/02/2021 à 09h19
Voir ici
Le 04/02/2021 à 12h50
:)
Le 04/02/2021 à 15h04
👌👌
Le 05/02/2021 à 07h40
Le 1er avril, c’est dans 54 jours.
L’un des “seniors partners” d’un cabinet d’audit célèbre que j’ai bien connu dans autre vie, (et que je ne nommerai pas, pour rester dans les clous du RGPD) avait comme devise “Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?”. Visiblement, il a fait des disciples.
Le 09/02/2021 à 18h19
C’est une tendance mille fois plus petite qu’une « gigatendance », mais mille fois plus grosse qu’une kilotendance.