Le Nabaztag : 15 ans de morts et de résurrections
Un objet en avance qui prend du retard
Le 04 juin 2021 à 16h18
13 min
Sciences et espace
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Le Nabaztag. À l’évocation de ce nom, les geeks un peu âgés auront des étoiles dans les yeux : un des premiers objets connectés, français et mignon, un produit dont l’esthétique a été saluée. Mais qui a aussi vécu plusieurs vies (... et morts). Revenons donc sur l’histoire et la renaissance de ce produit mythique.
Commençons par la genèse de ce lapin. Le Nabaztag (une romanisation du mot lièvre -նապաստակ- en arménien) a été créé par la société Violet en 2005, et son design si reconnaissable vient de l’agence parisienne In Process.
Son nom n’est pas innocent : les deux fondateurs de Violet sont Olivier Mével et Rafi Haladjian, un entrepreneur d’origine arménienne, connu pour avoir des idées assez avant-gardistes mais souvent incapable de les faire prospérer. Ce n’est pas le premier objet connecté chez Violet : quelques années plus tôt, la lampe Dal avait ouvert la voie, mais elle était vendue à un prix prohibitif (pas loin de 800 euros) tout en préfigurant le lapin.
Une lampe connectée, un opéra, des lapin à la mode
Il y a plusieurs initiatives intéressantes à évoquer sur les Nabaztag. La première a été une opération de communication en 2008. Violet a fait décorer des lapins par des créateurs de mode pour une exposition itinérante qui a fait le tour du monde, en partant de Paris. On trouve dans la liste de grands noms comme Christian Audigier, Zadig et Voltaire, etc. (il y en a eu une soixantaine).
La seconde s’appelle Nabaz’mob. Il s’agit d’un opéra pour les Nabaztag, composé par Antoine Schmitt et Jean-Jacques Birgé. En partenariat avec Violet, ils avaient développé un serveur spécifique et une composition prévue pour être jouée par des centaines de lapins en parallèle.
Enfin, Violet avait dans ses cartons un objet connecté de plus, Dal:dal. Cette lampe, descendante spirituelle de la Dal, reprenait la base d’un Nabaztag, mais avec un « langage » plus lumineux.
La lampe dalle et un puce Ztamp:s
Les débuts du tout connecté
Revenons d'ailleurs à ce dernier. Il se connectait en Wi-Fi à une époque où personne n’avait de Wi-Fi - même chez Free ce n’était qu’une option avec les Freebox v3 et v4 - et il offrait des services pour les geeks, de la qualité de l’air à la météo, aux messages entre utilisateurs. Sa conception allait amener les problèmes à l’origine de sa première mort : une dépendance aux serveurs.
En 2005, le Raspberry Pi n’existe pas, les processeurs coûtent cher et les objets connectés n’envahissent pas encore nos maisons : fonctionnellement, le lapin se contente donc d’un microcontrôleur basique et d’une carte Wi-Fi interne, à la norme 802.11b, pour maintenir un budget faible (environ 130 €).
La solution de Sylvain Huet, qui a développé le système, passe par une machine virtuelle dans un langage propriétaire et une connexion à des serveurs. Sans ces derniers, le lapin ne sert à rien et peut juste allumer ses LED et bouger ses oreilles (amovibles et disponibles en plusieurs couleurs).
Le Nabaztag/tag et son nombril
La seconde génération (Nabaztag/tag) débarque assez rapidement, avec quelques optimisations : la partie interne est plus puissante, l’électronique ressemble moins à du bricolage, et Violet ajoute deux fonctions. D’abord, un microphone qui va pouvoir capter la voix des utilisateurs avec plus ou moins de bonheur.
Ensuite, un lecteur de puces RFID, qui permet l’arrivée des Nanoz:tag - de petits lapins colorés - et de livres de contes (les Book:z) en partenariat avec différentes maisons d’édition. Les Nanoz:tag peuvent être associés à des actions, et Violet propose aussi des timbres RFID (Ztamp:s) et même un lecteur externe pour PC, le Mir:ror.
Mais les bases du lapin ne bougent pas : l’électronique interne est extrêmement limitée et sert essentiellement à récupérer et transmettre les données aux serveurs. Le Nabaztag/tag est donc plus moderne, plus ouvert, mais toujours dépendant des serveurs de Violet, ainsi que de la présence d’un réseau Wi-Fi.
Avant de nous intéresser à la dernière évolution du Nabaztag, il convient de parler de la communauté, qui n’a jamais voulu laisser mourir le lapin. Le Nabaztag/tag sort en 2006 et pendant quelques années, Violet arrive à gérer ses produits. Mais en 2009, elle fait faillite et est rachetée par Mindscape.
Nabatztag/tag VS Karotz : qui est qui ?
Cette dernière continue à superviser les serveurs, sans faire évoluer l’objet connecté, qui reste bloqué avec son Wi-Fi 802.11 g et sa compatibilité WPA (WEP uniquement pour le premier). Fin 2010, l’entreprise commence à parler du successeur, Karotz. Son fonctionnement diffère puisqu’il dépend moins des serveurs et intègre plus d’électronique.
Il fonctionne en effet sous Linux avec une plate-forme ARM : une carte exploitant un SoC Samsung S3C2440 (ARM9 à 400 MHz) avec 64 Mo de mémoire et 256 Mo de stockage flash. Un port USB est présent. Le Wi-Fi est assuré par une puce RT2571 (connectée en interne via le protocole USB).
Après quelques retards, il débarque en 2011 avec de gros défauts, et - au même moment - Mindscape n’arrive plus à prendre en charge les serveurs de feu Violet. Assez rapidement, c’est la débandade : la société est placée en redressement judiciaire en juin 2011 et les serveurs des Nabaztag (et /tag) ferment le 28 juillet.
Un peu plus tard, elle diffuse les sources des logiciels qui animent les serveurs et les lapins. Si l’idée semble bonne, le résultat est assez calamiteux : il ne s’agit pas de la dernière version et la structure (ainsi que l’absence de commentaires) rend le tout assez compliqué à comprendre.
Malgré tout, quelques développeurs tentent de proposer des solutions.
Karotz fonctionne sous Linux. Il est accessible en ligne de commande.
Nabizdead, Ope NabJab, WPA2, etc.
Le premier serveur alternatif portait le nom de Nabizdead (il n’est plus en ligne). Créé par Sylvain Huet, un ancien de chez Violet, il se basait sur une architecture centrée sur des messages (un peu à la manière de Twitter) et permettait de faire réagir les lapins assez facilement avec des serveurs beaucoup plus légers.
Le second, le plus connu, est OpenJabNab. Open source, il peut être utilisé par Internet ou en local, par exemple sur un Raspberry Pi. Enfin, il en existe aussi d’autres, comme Nabz Controller, OpenNag ou Open Karotz (pour les fans de la troisième version). En parallèle des serveurs alternatifs, un développeur a proposé un firmware pour le Nabaztag/tag qui offre une compatibilité WPA2 pour le connecter à un réseau Wi-Fi moderne.
La résurrection de 2020
Nous en arrivons à la raison pour laquelle ce dossier a été écrit : le projet TagTagTag. Il s’agit à l’origine d’une idée lancée pour la Maker Faire 2018 de Paris - un événement itinérant lié à la création, initiée par un magazine américain - par la société Enero, une agence de développement d’objets connectés qui a notamment conçu la station Sowee. Mais Enero a surtout été fondée par des anciens de chez Violet, dont Olivier Mével et Paul Guyot.
Le premier a cofondé Violet avec Rafi Haladjian, le second était CTO (Directeur des Nouvelles Technologies) sur les Nabaztag. À l’époque, l’idée était de ressusciter quelques lapins pendant l’événement, en remplaçant l’électronique par des composants standards. Le projet se basait sur une carte Raspberry Pi Zero, un DAC HiFiBerry et une partie logicielle en Python. Dès le départ, l’ensemble était open source, une volonté des créateurs.
Le but, dixit Olivier Mével que nous avons pu interroger, était de rendre le lapin indépendant : « Même 10 ans après, vous rebranchez votre lapin, il marche ! ». Étant donné le retour, et bien que seulement quelques modèles ont été modifiés durant la Maker Faire, un financement participatif est organisé.
Le succès est au rendez-vous : ils espéraient environ 150 commandes, il y en a eu pas loin de 800 (et près de 1 200 cartes en pratique). Une seconde campagne était lancée en 2020 pour les retardataires, mise en pause du fait du confinement. Elle n’a toujours pas été relancée. Dans un billet de blog publié il y a quelques jours, on apprenait qu'elle serait relancée cet été, à l'occasion de la sortie de la version 1.0 du logiciel (nous y reviendrons).
L’installation de la carte TagTagTag
Nous avons pu installer la carte - vendue 90 euros en kit lors du financement - dans un Nabaztag/tag. Elle comprend un Raspberry Pi Zero WH et un PCB complet qui va remplacer l’électronique des lapins.
Le kit TagTagTag a la bonne idée de s’adapter aux deux premières générations, le Nabaztag et le Nabaztag/tag, mais pas au Karotz qui n’est pas un produit de chez Violet. L’installation nécessite un peu de temps, mais reste indolore pour le lapin - aucun animal n’a été blessé pendant la rédaction de ce dossier - et l’ensemble est bien documenté par les créateurs. Si vous êtes tenté, quelques conseils.
Tout d'abord, lisez bien les explications. Comme la carte est compatible avec deux modèles, le marquage n’indique pas le sens des connexions ou les couleurs des câbles, et elle varie en fonction des lapins. Vous allez devoir jouer avec un sèche-cheveux (les Nabaztag contiennent pas mal de colle) et bien vérifier le sens des prises, mais il n’y a rien à souder, le montage demeure à la portée de n’importe qui.
Olivier Mével nous a par ailleurs indiqué que la fiabilité des lapins était assez bonne, tout comme les cartes (moins de 1 % de retour sur les 1 200 kits). Les deux soucis principaux restent les alimentations qui tombent en panne - les Nabaztag/tag demandent du 8 V, une tension peu courante - et les moteurs des oreilles qui patinent. Au passage, le kit permet de réutiliser deux composants de la seconde génération : le lecteur de puces RFID et le microphone.
Une fois la carte montée, c’est le moment d’allumer le lapin. La documentation l’explique bien, et c’est un des soucis des solutions modernes, il faut nettement plus de temps qu’il y a 15 ans. Les premiers modèles démarraient en quelques secondes et se connectaient rapidement à Internet, les nouveaux peuvent demander quelques minutes pour s’initialiser. Nous vous recommandons de ne pas fermer le lapin lors du premier essai : la configuration du réseau Wi-Fi s’effectue sur la carte microSD du Raspberry Pi et si vous avez fait une erreur, vous devrez la sortir.
Une fois votre lagomorphe à la framboise connecté, son interface est accessible depuis un navigateur à travers une URL locale diffusée via le protocole Bonjour (il faut parfois installer Zeroconf sous GNU/Linux ou iTunes sous Windows) ou son adresse IP. L’interface permet de choisir la langue du lapin, ce qui a une influence sur les sons émis par ce dernier, et connecter l’appareil à Mastodon.
Un menu sert à vérifier le bon fonctionnement des LED et des oreilles (nous l’avons vu, certains moteurs peuvent poser des soucis), un autre propose la mise à jour des différents composants (pynab, l’interface, ainsi que les pilotes pour les oreilles ou l’audio). Par ailleurs, l’ensemble est open source et les plans pour la partie matérielle ainsi que tout ce qui concerne le logiciel se trouve sur Github.
Les fonctions des lapins
La branche 0.7.x mise en ligne début 2020 apportait la gestion des heures de lever et de coucher, la fréquence du taï-chi - des mouvements d’oreilles accompagnés de son - et des humeurs (de petits messages humoristiques), ainsi que deux services historiques, la météo et la qualité de l’air. La première se base sur une localisation manuelle (votre ville), la seconde sur une valeur automatisée approximative, l’adresse IP.
Si vous avez un Nabaztag/tag, le micro est utilisable avec quelques mots-clés. Attention, il ne s’agit pas d’un assistant vocal qui réagit directement : il faut presser le bouton qui active le microphone et poser des questions précises (ou simplement dire carotte). Le traitement s’effectue en local pour éviter la dépendance aux serveurs.
La version 0.8.x, stabilisée fin juin 2020, ajoutait notamment le support du lecteur RFID des Nabaztag/tag, permettant de réutiliser différents objets vendus à l’origine en complément (Nanoz:tag, Ztamp:s, Book:z, évoqué au début de l’article). Ces derniers activaient la lecture d’histoires par le lapin, avec la possibilité de changer de page avec les oreilles et deux livres fonctionnent : La belle lisse poire du prince de Motordu et Violette dans le noir.
Il y a quelques jours, c'est la version 0.9.0 qui était mise en ligne, avec de nombreuses améliorations. Elle a surtout été marquée par un changement dans l'organisation du développement : « Depuis quelques mois, Mehdi et Fabrice se sont joints activement à Paul et moi (enfin, surtout à Paul) et les choses se sont accélérées ! On a pu ainsi intégrer toutes les propositions d'améliorations (les Pull Requests comme on dit) des gentils contributeurs (merci @BoOsteous et @nguillaumin) qui patientaient depuis presque 1 an ».
La version 1.0 est donc le prochain objectif, chacun étant invité à proposer ses idées, faire des demandes. « On souhaiterait aussi poursuivre le développement des services du Nabaztag Canal Historique et pour cela je réalise un petit sondage sur le service à re-développer en priorité pour cette version 1. Vous pouvez répondre ici, un seul choix possible hein ! (et merci de ne pas voter mille fois avec des adresses différentes) ».
Tout ceci montre deux choses : que les utilisateurs restent très attachés à un objet connecté s’il est mignon, et que la fin des serveurs n’est pas nécessairement une fatalité pour un appareil abandonné : l’open source peut le sauver. Et certains fabricants feraient bien d’en prendre de la graine.
Le Nabaztag : 15 ans de morts et de résurrections
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Commentaires (18)
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Abonnez-vousLe 04/06/2021 à 17h49
A quand un Haroutag?
Le 05/06/2021 à 08h30
Un haroutag / tag plutôt
Le 04/06/2021 à 18h50
Et pendant ce temps, avec des trucs bien fermés comme Jawbone, on a des cale-porte à 50 balles
Le 04/06/2021 à 19h12
Une pensée à tous ceux qui ont acheté ce truc et qui n’a jamais servis.
C’est bien, c’est beau, c’est poubelle.
Hihi 🤣.
Ceci est une expérience personnelle
Le 04/06/2021 à 19h38
Et pour ceux qui n’ont pas de lapin, et ne sont pas chaud pour en prendre un d’occaz (car plus de SAV), y’a aucun industriel qui a sorti un équivalent, lapin ou non ?
Vu le succès à l’époque, j’ai du mal à le croire…
Le 04/06/2021 à 21h41
C’est assez proche de l’histoire du TuxDroid finalement.
Le 05/06/2021 à 03h58
dans le domaine domotique, on a la zibase qui a peu ou prou le même destin mais pas la même communauté donc, on perd un paquet de truc (notament le fonctionnement des LED qui me permettait de savoir quelles pieces étaient chauffées chez moi rapidement).
Et son fonctionnement dans le choix des protocoles, etc. une horreur !
Le 05/06/2021 à 06h55
Le 05/06/2021 à 12h14
Quand la carte « reboot » est sortie, ça avait du sens de partir sur un pi zéro (dispo, prix, etc.). Mais vu que ça implique des temps de démarrage extrêmement long, est-ce que le pi pico ne serait pas plus adapté (ne lui manque qu’un adaptateur wifi / bt, ça se gère très bien, et pour l’os un freertos ferait très bien l’affaire). Au moins ça booterait en un temps raisonnable…
Le 05/06/2021 à 12h42
Le Pi pico est plus rapide à démarrer?
Le 05/06/2021 à 16h11
Je n’ai pas encore testé le pi pico, donc je spécule un peu. Mais des microcontrôleurs de ce genre, on en utilise pas mal au taf, et avec un freertos, ça boote en moins d’une seconde.
Je ne vois pas trop pourquoi le pico serait différent. Bien sûr, le wifi sera un peu plus long à initialiser, mais on sera au moins un ordre de grandeur plus rapide qu’avec un zéro sous linux.
Le 10/06/2021 à 12h56
Je confirme pour en avoir un, ça boote à la vitesse de l’éclair. Je sais pas exactement combien mais de mon point de vue c’est instantané ou quasi.
Maintenant c’est sûr que c’est pas les mêmes performances qu’un Pi Zero
Le 05/06/2021 à 16h30
Le pi pico n’a rien de comparable au pi zero.
C’est un microcontroleur, donc il n’a pas de système linux embarqué.
Ca fait une grosse différence en terme de vitesse de boot, mais ça fait pas le même boulot non plus.
Si il y a de la reconnaissance vocale, un système de mise à jour automatique etc. Un pi zero a plus de marge en terme de puissance qu’un µC.
Et c’est sans doute plus simple de lui greffer des programmes ou autre en langage haut niveau.
On pourrait très bien faire un lapin connecté avec plus ou moins les mêmes fonctionnalités avec un µControleur genre ESP32, mais c’est certainement un peu plus complexe. Moins de puissance = plus de temps à passer à optimiser
Le 05/06/2021 à 17h55
En effet. Disons que pour faire ce que faisait le nabaztag à sa sortie, un pico est largement suffisant. Si tu veux en faire un assistant complet façon alexa, effectivement, ça sera un peu léger.
Le 07/06/2021 à 06h08
On ressuscite un truc qui n’a jamais marché, mais on ne sait toujours pas à quoi ça sert !
L’échec du premier lapin c’est surtout la généralisation du smartphone : à quoi bon avoir un truc allumé en permanence pour te donner la météo, et éventuellement lire tes SMS alors que t’as un smartphone dans ta poche qui fait énormément de choses !
Après avoir acheté des déchets plastiques / électroniques en 2005, les possesseurs vont racheter de nouveaux futurs déchets électroniques pour retenter l’expérience…
Le 07/06/2021 à 07h13
Je suis assez d’accord. Sauf qu’à l’époque on ne pensait pas spécialement à un déchet plastique, j’imagine qu’ils pensaient apporter quelque chose au consommateur quand même
Le 07/06/2021 à 07h54
C’était plutôt les prémisses des assistants connectés (Google Home, Echo Dot, …)
Le 07/06/2021 à 08h33
Pour avoir vécu l’extinction des serveurs, à propos du code source, ce n’était pas si simple.
Il a fallu une pression constante et insistante pour espérer que Mindscape lâche un truc.
Car «truc», ce .zip qu’ils ont mis en téléchargement… était tout simplement inutilisable en l’état.
Outre le langage ésotérique comme décrit dans l’article, et le fait de présenter les sources d’une version vraiment pas optimale, c’est cette histoire de commentaires et de documentation avait bien agacé.
Clairement, c’était du caviardage.
Ah, et évidemment il manquait des libs externes.
En gros, Mindscape s’est acheté une bonne conduite, «regardez comment on est trop gentils, on file même nos sources»
Mais le truc fourni était inutilisable en l’état, et d’ailleurs, les premières versions des serveurs Java ne s’en servaient pas!
Ah, et dernière astuce: adieu les commandes vocales dans ces sources. C’était externalisé. Donc, adieu LE truc qui faisait l’attrait des tag:tag.
C’était du foutage de gueule, et vraiment, bravo aux acharnés du retro engineering d’avoir réussi à remonter le biniou!
Dernier point, et AMHA pas des moindres: pourquoi l’auteur ne parle pas de celui qui a éviscéré les lapins, à la fin?
Ça ne se fait donc pas de critiquer cette «belle pépite» de la french tech, Aldebaran Robotics ?
Car oui, bizarrement, c’est, dans ma mémoire, Aldebaran qui s’est foutu de la gueule de TOUT le monde.
Violet était une boite de rêveurs, mais ils n’ont pas pu/su rebondir. Ils sont ceux qui se sont le plus battus pour maintenir en vie les objets connectés. Il n’y a qu’à lire cet article.
Mindscape était à l’époque une plus grosse machine, les acquisitions de startups financièrement mal en point était monnaie courante, ils ont essayés. Et AMHA pas correctement pris en considération le coût d’hébergement de ce qu’ils venaient d’acheter.
Sur la fin, ils brûlaient dans les 20k€ juste pour ça, et se battaient avec l’hébergeur, qui avait le poing sur le gros bouton rouge depuis un moment.
Aldebaran Robotics est arrivé à ce moment-là. La bouche en cœur, tel un nouveau chevalier blanc.
On va sauver les lapins, achetez des Karotz (perso, je n’ai pas cédé à l’offre de Mindscape qui essayait de les refourguer coûte que coûte, pensant que en faisant des coupons de réduction aux déjà propriétaires de nabz’ ça irait mieux. On se rendra compte plus tard que c’était pour préparer la revente à Aldebaran) [mode Guignols de l’info de la belle époque] faites-nous connfiiannnceee [/mode]
Et évidemment, puisqu’on en est là, aucune promesse n’a été tenue, le but était visiblement de racheter les brevets et la techno…
Depuis, dès qu’un reportage montre Nao, ou en ce moment de Zora: ben je souhaite bonne chance aux clients, car Aldebaran Robotics nous a montré à l’époque combien ils estiment que leurs objets sont jetables, et qu’ils utilisent facilement leur droit de mort sur eux.