Les éditeurs de presse français et allemands unis pour peser davantage
Amitié franco-allemande
Le 21 septembre 2012 à 07h13
4 min
Droit
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Cinq syndicats d’éditeurs de presse, trois français et deux allemands, viennent d’annoncer qu’ils travaillaient « de concert » pour que leurs autorités respectives adoptent les projets législatifs qu'ils portent, relatifs à la création d'un nouveau droit voisin du droit d'auteur. Un signe d'unité destiné à montrer la détermination d'une filière, même si ces réformes ne sont pas forcément soutenues par tous les professionnels du secteur, au contraire.
Depuis que l’Allemagne a adopté en conseil des ministres un projet de loi prévoyant que les agrégateurs d’information sur le net (Google News en tête) rétribuent les organes de presse en cas de citation, de nombreux éditeurs de presse français rêvent d’un même destin qu’outre-Rhin. Le texte allemand exclut certes les blogs, les associations, les cabinets d'avocats, les bénévoles ou les particuliers, mais il est suffisamment large pour s’appliquer à de nombreux services en ligne. Il doit désormais être voté par le Bundestag.
En France, deux projets de loi ont déjà été transmis à la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, et à la ministre déléguée à l’Économie numérique, Fleur Pellerin, par le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN). Le premier, « prévoit la création d'un "droit voisin" sur les portails agrégateurs d'information afin de défendre la propriété intellectuelle sur les contenus de presse », rapportait Le Monde au début du mois; quant au second, il « préconise la création d'une taxe sur les ordinateurs, tablettes et outils informatiques ».
Pressions bilatérales
Même si l’ensemble de ces projets est loin de susciter l’adhésion de l’ensemble des acteurs de la filière, cinq organisations françaises et allemandes viennent de s’associer pour peser encore plus en faveur de leurs projets respectifs. Et non pas des moindres : côté français, on retrouve le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), celui de la presse régionale (SPQR), ainsi que le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SPQM). Côté allemand, on distingue la Fédération des éditeurs de journaux et l’Association des éditeurs de magazines.
Dans un communiqué commun, ces organisations appellent tout simplement « leurs Gouvernements et Parlements à soutenir leurs projets législatifs de droits voisins ». Autrement dit, à bien vouloir mener à bien les réformes qu’ils proposent. « Avec la décision du Gouvernement d’Angela Merkel de porter devant le Parlement allemand le projet de droits voisins, un grand État se donne, pour la première fois, les moyens d’assurer la redistribution de la valeur captée aujourd’hui par les moteurs de recherche, au détriment des entreprises de presse et des rédactions », écrivent les éditeurs français et allemands. Ils soulignent ainsi que cette « configuration politique historique » leur apparaît comme particulièrement opportune pour imposer un « partage équitable de la valeur sur le marché du digital ». Une bonne solution selon eux : « La protection par le droit voisin du droit d’auteur ».
Avec cette association motivée à l'évidence par des intérêts communs, ces organisations de presse montent d’un cran dans leurs efforts visant à influencer les décideurs publics. Toutefois, des voix s'élèvent encore dans chaque pays pour souligner les conséquences de tels projets. « Si le modèle économique des éditeurs de presse sur internet ne fonctionne plus, vous ne pouvez pas commander une subvention de société privée à société privée - cela n'a aucun sens », faisait valoir l’association Digitale Gesellschaft, tandis que le syndicat professionnel allemand des technologies de l'information et de la communication, le Bitkom, parlait de « mauvais signal ».
En France aussi, des organisations comme le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne ont vu d’un très mauvais œil l’idée défendue par le syndicat de la presse nationale : une subvention déguisée via une rémunération sur l'indexation des contenus. Le syndicat - qui compte dans ses rangs des sites comme Atlantico, @rrêt sur images, Mediapart, Owni, Rue89, Slate ou Terra Eco - voit dans cette rente un déluge de « solutions inappropriées ». Pourquoi ? Car cette solution aurait des effets sur le terrain de la concurrence, en accentuant la prédominance de Google sur le marché tout en démultipliant encore la googlo-dépendance de la presse.
Les éditeurs de presse français et allemands unis pour peser davantage
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Pressions bilatérales
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 21/09/2012 à 07h35
Que c’est beau de pouvoir assister, 65 Millions d’années plus tard, à la tentative d’association de deux troupeaux de dinosaures pour espérer stopper l’astéroïde de l’Internet (dématérialisé) ! " />
Le 21/09/2012 à 07h43
Monsieur le ministre,
Je vous écris aujourd’hui pour vous demander de mettre en place rapidement une loi me concernant.
En effet je suis spolié dans ma vie de tous les jours par les sites internet qui se font injustement de l’argent sur mon dos.
Lors de ma navigation internet je parcours le web et visite un certain nombre de sites me bombardant de publicité, hors je viens d’apprendre que la consultation des publicités leur rapporte de l’argent.
Mais ceci est scandaleux car si je n’allais pas visiter leur site ils n’auraient pas un sous? Il est donc juste que je profite du gâteau et que je sois rémunéré au clic? J’ai déjà contacté ses sites et ils m’ont indiqué que si je n’étais pas content il me suffisait de ne pas aller cliquer chez eux!!!
Mais moi je veux des sous!!
D’ailleurs mon voisin soutient ma démarche ce qui prouve que nous agissons pour le développement du web.
En plus mon activité fonctionne mal, plutôt que de me remettre en question je trouve plus pratique d’être rémunérer par cette taxe sans revoir aucune de mes habitudes.
Pitié ne me laissé pas disparaître comme ce fut le cas jadis pour les cassettes audio qui auraient pu continuer à vivre si on avait taxé les cd à l’époque !
Vous remerciant par avance, si les sous pouvaient être envoyé directement à ma filiale au Luxembourg ça serait cool. J’aurais les boules de payer en plus des impôts dessus.
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Le 21/09/2012 à 07h43
Le 21/09/2012 à 07h48
Le lobbying de l’Etat pour s’accaparer sa machinerie à extorquer la richesse de ceux qui travaillent est un marché en plein boom : il est certainement plus facile de corrompre des politiciens économiquement ignares que de remettre en question son propre modèle de business.
Le 21/09/2012 à 07h50
Allez Google, désindexe moi tout ça ! popcorn
Le 21/09/2012 à 07h53
Le 21/09/2012 à 08h00
Oh ! Un 286e groupe de pression/lobbying à l’Assemblée nationale et au Parlement européen ! Je sens venir des palettes de propositions de lois archaïques et inefficaces pour protéger la presse traditionnelle… Tiens pourquoi pas en créant une nouvelle taxe sur un équipement technologique quasi indispensable ? Ce serait original " />
Le 21/09/2012 à 08h03
cinq organisations françaises et allemandes viennent de s’associer pour peser encore plus en faveur de leurs projets respectifs.
Normal. Les français n’ont pas le monopole des idées de merde…
Le 21/09/2012 à 08h09
“Faites-nous récupérer du fric sur le business-model des moteurs de recherche, sans qu’on ait à lever le petit doigt” ??? " />
Mais qu’ils crèvent !
Le 21/09/2012 à 08h41
Depuis que l’Allemagne a adopté en conseil des ministres un projet de loi prévoyant que les agrégateurs d’information sur le net (Google News en tête) rétribuent les organes de presse en cas de citation,
PUNAISE mais il est où le droit à la CITATION là ??? " />
Ca devient n’importe quoi tout ça !!! ça serait bien d’appeler au boycott !!
(mais de toute façon, je ne me fais pas d’illusion, chez Google ils sont pas fous, déjà que ça m’étonnerait que ça leur rapporter de l’argent Google News, alors si en plus ils sont taxés, ça va être direct la porte de sortie…)
Le 21/09/2012 à 08h42
Le 21/09/2012 à 08h45
Le 21/09/2012 à 08h46
Le 21/09/2012 à 08h56
Le 21/09/2012 à 09h22
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Mais arretez-les !
Le 21/09/2012 à 10h14
sachant que la presse se sert allègrement de tout le contenu posté par les utilisateurs, je trouve ça très mesquin de venir demander des sous pour des clics sur des liens.
surtout que comme je le disais l’autre jour, si la personne clique, c’est qu’elle va sur le site du journal. le journal se fait donc de la thune sur ses propres pubs, plus le fric que devrait lui donner google.
le beurre et l’argent du beurre.
c’est du gros foutage de gueule cette histoire. internet ne peut pas subventionner tous les secteurs à la déroute du siècle dernier. remettez-vous en question, innovez, au lieu de pomper le sang de ceux qui le font.
Le 21/09/2012 à 11h25
Le 21/09/2012 à 11h36
Alors on prend le fusil, on le charge, on s’apprête à viser… elle est où déjà la cible ? ah oui, hausse à -85°, distance 50cm. Ayet, j’ai mon pied dans le viseur, j’enlève la sécurité…
Et sur ce, après la désindexation massive, ceux qui avaient été exclus du partage de magot remercièrent le lobby des vendeurs de papier non-hygiénique, qui venait de leur offrir un surplus de visibilité inespéré.
Le 21/09/2012 à 11h41
Le 21/09/2012 à 16h57
Ca va beaucoup plus loin qu’on l’imaginait cette histoire.
Ils veulent une hadopi, une société de perception des droits, et également punir tout lien hypertexte de 300 000 € d’amende.
Source
Le 21/09/2012 à 17h12
Le 21/09/2012 à 17h19
Le 21/09/2012 à 19h50
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